Bataille de Picotin
La bataille de Picotin se déroule le 22 février 1316 au nord-ouest du Péloponnèse entre les forces catalanes de l'infant Ferrand de Majorque, prétendant à la principauté d'Achaïe, et les forces fidèles à la princesse Mathilde de Hainaut, constituées de levées autochtones provenant des barons fidèles à la princesse, ainsi que de chevaliers bourguignons. La bataille se solde par une victoire écrasante de Ferrand, mais ce dernier est ensuite attaqué et tué par les troupes du mari de Mathilde, Louis de Bourgogne, lors de la Bataille de Manolada.
Date | |
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Lieu | Picotin, près de la cité antique d'Élis. |
Issue | Victoire des Catalans |
Royaume de Majorque | Principauté d'Achaïe |
Ferrand de Majorque | Inconnu(s) |
500 cavaliers, 500 fantassins | 700 chevaliers Bourguignons, levées féodales autochtones achéennes |
Inconnues | 500 Bourguignons et 700 Achéens morts |
Campagne de Ferrand de Majorque en Morée
Contexte
En 1278, à la mort du prince Guillaume II de Villehardouin, sans descendance mâle, par le traité de Viterbe, le titre princier d'Achaïe, située dans le sud de la Grèce, passe au roi angevin de Sicile, Charles d'Anjou[1]. En 1289, les Angevins passent le contrôle de la principauté à la fille aînée de Guillaume, Isabelle de Villehardouin, ainsi qu'à ses descendants, mais conservent leur suzeraineté sur le territoire d'Achaïe. Après la mort d'Isabelle en 1312, sa jeune sœur, Marguerite de Villehardouin, revendique la principauté, ou du moins une partie de celle-ci, en tant qu'héritage, mais ses revendications sont rejetées par les Angevins, qui soutiennent la succession de la fille d'Isabelle, Mathilde de Hainaut[2].
Afin de gagner du soutien pour ses revendications, Marguerite se rend en Sicile en février 1314 afin d'organiser le mariage de sa fille unique, Isabelle de Sabran, avec l'infant Ferrand de Majorque qui, en tant que prince sans terre, est désireux de revendiquer le titre princier d'Achaïe. Le mariage est célébré en grande pompe à Messine en février 1314. Marguerite leur transmet ses titres et prétentions, et retourne en Achaïe. À son retour, confrontée à l'hostilité des barons achéens à son égard à la suite de ses actions en Sicile, elle est emprisonnée par le bailli angevin Nicolas le Maure au château de Chlemoútsi, où elle meurt en mars 1315[3][4]. Peu après, Ferrand envahit l'Achaïe, afin de tenter de réclamer la principauté à Mathilde et à son mari, Louis de Bourgogne, toujours absents de Grèce. Ayant débarqué fin juin, en août, Ferrand prend possession de la ville de Glaréntza, ainsi que du cœur de la principauté, les plaines fertiles d'Élis[5][6].
Bataille et suites
Les Ă©vĂ©nements qui suivent sont dĂ©crits dans la version aragonaise de la Chronique de MorĂ©e. Fin 1315, la princesse Mathilde arrive en AchaĂŻe, dĂ©barquant Ă Port-de-Jonc avec 1 000 soldats bourguignons, en tant qu'avant-garde de son mari. Nicolas le Maure, ainsi que plusieurs autres barons achĂ©ens, ayant reconnu la souverainetĂ© de Ferrand, viennent alors lui demander sa grâce. De son cĂ´tĂ©, Ferrand rĂ©agit en s'emparant du château de ChalandrĂtsa, dont le baron fait dĂ©fection vers Mathilde, et en le garnissant de 1 500 hommes. Il assiège ensuite Patras, qui est dĂ©fendue avec succès par son archevĂŞque, RĂ©nier[7][8][9].
Au dĂ©but de l'annĂ©e 1316, la princesse nomme un commandant, qui dirige les Bourguignons, ainsi que les levĂ©es fĂ©odales des barons AchĂ©ens fidèles envers sa personne, vers le nord. L'armĂ©e loyaliste campe dans un village appelĂ© Picotin, situĂ© près de PalaiĂłpolis (anciennement connue sous le nom d'Élis), et le 22 fĂ©vrier, Ferrand part d'AndravĂda Ă leur rencontre, accompagnĂ© de 500 cavaliers et 500 fantassins Almogavres. Selon la Chronique, afin d'accĂ©lĂ©rer leur progression, Ferrand ordonne Ă ses cavaliers que chacun prenne des membres de l'infanterie sur leurs chevaux, lui-mĂŞme donnant l'exemple. Lorsqu'il voit les Catalans approcher, le capitaine de la princesse range les 700 Bourguignons en première ligne et charge l'armĂ©e catalane qui avance, laissant les troupes achĂ©ennes en deuxième ligne. Les Bourguignons font chuter leur montures 300 Catalans lors du premier assaut, mais les cavaliers une fois remis Ă pied, accompagnĂ©s des Almogavres, utilisent leurs lances afin de tuer les montures des chevaliers bourguignons avec un terrible rĂ©sultat : en moins de deux heures, selon la Chronique, les Catalans tuent 500 Bourguignons et 700 soldats autochtones, dont Gilberto Sanudo, frère du duc de Naxos, ainsi que bien d'autres nobles. Les Catalans auraient comptĂ© 700 chevaux morts sur le champ de bataille. Les restes de l'armĂ©e de la princesse se retirent en toute hâte, poursuivis par les Catalans pendant un certain temps, avant que ces derniers ne rebroussent chemin afin de piller le campement abandonnĂ© des AchĂ©ens[7][8][10].
Ă€ peu près au mĂŞme moment que la bataille de Picotin, une tentative de RĂ©nier de Patras et de ses hommes afin de s'emparer de ChalandrĂtsa, alors que Ferrand est occupĂ© par l'armĂ©e princière, Ă©choue[8][11]. Les barons achĂ©ens vaincus se replient de nouveau vers le sud, en MessĂ©nie. LĂ -bas, ils sont bientĂ´t rejoints par Louis et son armĂ©e principale, qui dĂ©barque en Grèce Ă peu près au moment de la bataille. BĂ©nĂ©ficiant du renfort de troupes byzantines venant de Mystrás, Louis jouit d'une grande supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, et Ă la Bataille de Manolada, le 5 juillet 1316, Ferrand est vaincu et tuĂ©. Les Catalans abandonnent les forteresses qu'ils contrĂ´lent et quittent l'AchaĂŻe quelques mois plus tard[12][13].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Picotin » (voir la liste des auteurs).
Références
- Bon 1969, p. 137.
- Topping 1975, p. 110–111.
- Topping 1975, p. 111.
- Bon 1969, p. 190–191.
- Topping 1975, p. 111–112.
- Bon 1969, p. 191–192.
- Topping 1975, p. 112.
- Bon 1969, p. 192.
- Morel-Fatio 1885, p. 128–129.
- Morel-Fatio 1885, p. 129–131.
- Morel-Fatio 1885, p. 129–130.
- Topping 1975, p. 113–114.
- Bon 1969, p. 192–193.
Annexes
Bibliographie
- Antoine Bon, La Morée franque. Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d'Achaïe, Paris, De Boccard, (OCLC 869621129, lire en ligne)
- Alfred Morel-Fatio (dir.), Libro de los fechos et conquistas del principado de la Morea compilado por comandamiento de Don Fray Johan Ferrandez de Heredia, maestro del Hospital de S. Johan de Jerusalem : Chronique de Morée aux XIIe et XIVe siècles, publiée & traduite pour la première fois pour la Société de l'Orient Latin par Alfred Morel-Fatio, Genève, Jules-Guillaume Fick, (lire en ligne)
- (en) Peter Topping, A History of the Crusades, Volume III: The fourteenth and fifteenth centuries, University of Wisconsin Press, , 104–140 p. (ISBN 0-299-06670-3), « The Morea, 1311–1364 »