Bataille de Mohács (1526)
La bataille de Mohács (en hongrois : Mohácsi csata) voit s’opposer, le [1], les forces de l’Empire ottoman, menées par Soliman le Magnifique, et celles du royaume de Hongrie, commandées par le roi Louis II.
Royaume de Hongrie Royaume de Croatie Couronne de Bohême Saint-Empire romain germanique Duché de Bavière États pontificaux Royaume de Pologne | Empire ottoman Khanat de Crimée |
Louis II Jagellon †Pál Tomori †Georges Zápolya †Étienne Báthory (en) | Soliman le Magnifique Pargali Ibrahim Pacha Ayas Mehmed Pacha Behram Pacha Malkoçoğlu Bali Bey |
20 000 / 35 000 hommes, 180 canons (53 utilisés) | 60 000 / 100 000 hommes, 160 canons |
de 14 000 Ă 20 000 hommes | 2 000 hommes |
Coordonnées | 45° 56′ 29″ nord, 18° 38′ 50″ est |
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La victoire des Ottomans entraîne la partition de la Hongrie entre l’Empire ottoman, les souverains Habsbourg d’Autriche et la principauté de Transylvanie.
Contexte
L'Empire ottoman connait un essor rapide au cours du xve siècle, notamment à partir de la prise de Constantinople (1453), qui devient, dès lors, la base de leur expansion en Europe. Ils s'emparèrent progressivement des États voisins de la Hongrie : la Serbie en 1459 et la Bosnie en 1463[2].
L'Empire ottoman est alors animé par un esprit de conquête qui avait notamment pour point de mire Vienne. L'expansion ottomane permettait l'acquisition de butin, de nouveaux territoires, et elle contentait de larges couches de la société dont les kuls, une élite administrative et militaire dont le statut social reposait sur les esclaves et les revenus générés par les conquêtes. Les victoires pouvaient par ailleurs conforter le pouvoir du sultan et sa légitimité[3].
La question de savoir si la Hongrie était un objectif de conquête pour les Ottomans ou si elle n'était qu'une étape sur la route de Vienne fait l'objet de débats[2]. Pour l'historien Géza Perjés (hu), le sultan Soliman le Magnifique, qui monta sur le trône en septembre 1520, aurait proposé aux Hongrois de leur conférer un statut privilégié dans son empire en échange d'un droit de passage vers Vienne[4]. Il est avéré, en tout cas, qu'à la fin de l'année 1520, les Ottomans avaient décidé de se lancer à la conquête du royaume de Hongrie[3].
Avant la bataille de Mohács, les Turcs s'étaient déjà emparés en 1521 des forteresses de Sabacz et Belgrade[5].
DĂ©roulement
Troupes en présence
Le sultan ottoman Soliman le Magnifique quitte Constantinople en avec son ami, le Grand vizir Pargali Ibrahim Pacha avec une armée composée entre 60 000[6] et 100 000 hommes[5]. Les Ottomans s’emparent en juillet de la forteresse de Peterwardein. Louis II de Hongrie réunit difficilement 20 000 hommes[5] - [7] (35 000 hommes selon Britannica[6]), des troupes de barons et des comitats qui sont placés sous le commandement de l’archevêque de Kalocsa, Pál Tomori (août). Néanmoins des renforts viennent gonfler les rangs des Hongrois jusqu'à la rencontre entre les deux armées, le nombre de soldats dans le camp de Louis II est estimé à 40 000-50 000 hommes[7] durant la bataille.
Confrontation des deux armées
Les deux armées se rencontrent à Mohács le 1526. Le commandement hongrois, conscient de la supériorité numérique des Ottomans, avait prévu d'attaquer l'armée ennemie au fur et à mesure de son arrivée sur le champ de bataille, avant que toutes les troupes ne soient rassemblées. L'armée hongroise se confronta cependant au feu de l'artillerie de campagne ottomane et à celui des janissaires. Dans un premier temps, les cavaliers hongrois avaient réussi à percer le flanc gauche de l'armée ottomane composée de timariotes de Roumélie. Mais les Hongrois, au lieu de se lancer à leur poursuite, se livrèrent à un pillage sur place et ils furent anéantis par le feu des janissaires[2].
La bataille dura en tout deux heures. La fine fleur de la noblesse hongroise est décimée : 28 barons périrent. L'armée hongroise finit par fuir vers des marais et Louis II, âgé de vingt ans, mourut noyé avec son cheval, aux côtés de deux autres nobles hongrois : István Aczél et András Trpka[8]. Les chefs de l’armée et la moitié des soldats furent mis à mort.
Pest est prise () et la frontière ottomane est repoussée aux portes de Vienne. Quinze jours plus tard, Soliman reprend le chemin de Constantinople.
Conséquences
Mohács est la plus grave défaite hongroise depuis la bataille de Mohi, en 1241 contre les Mongols. Elle marquait en effet l'échec de la lutte des Hongrois, qui tentaient d'arrêter l'avancée ottomane et de protéger les frontières sud de leur pays depuis un siècle et demi[2].
Soliman soutient Szapolyai, voïvode de Transylvanie, contre Ferdinand de Habsbourg pour succéder à Louis II. Jean Szapolyai est élu sans difficulté roi de Hongrie à la diète de Székesfehérvár (), mais la veuve de Louis II, Marie de Habsbourg, soutient son frère et convoque une autre diète à Presbourg, présidée par le palatin de la reine, qui proclame Ferdinand roi de Hongrie ()[8].
Les Jagellon perdent les couronnes de Bohême et de Hongrie au profit des Habsbourg, conformément au traité de Vienne de 1515. La Hongrie est divisée : Ferdinand de Habsbourg règne à l’ouest et Jean Szapolyai à l’est, en Transylvanie.
Notes et références
- « Battle of Mohacs », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
- Gabor Agoston, « La frontière militaire ottomane en Hongrie », Histoire, économie & société,‎ , p. 38-39 (lire en ligne)
- Olivier Chaline et Marie-Françoise Vajda, « La Hongrie ottomane XVIe – XVIIe siècles. Introduction », Histoire, économie & société,‎ , p. 5-18 (lire en ligne)
- Géza Perjés, The Fall of the Medieval Kingdom of Hungary : Mohács, 1526, Buda, 1541, Boulder, 1989.
- Universalis, « Bataille de Mohacs » (consulté le )
- (en) « Battle of Mohacs | Summary », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
- (en) « MOHAÇ MUHAREBESİ - TDV İslâm Ansiklopedisi », sur islamansiklopedisi.org.tr (consulté le )
- Catherine Horel, « Mohà cs 1526. Mort de la nation hongroise et introspection victimaire. », dans Béatrice Heuser, Batailles : une histoire des grands mythes nationaux, Paris, Belin, 2020, p. 172.
Annexes
Bibliographie
- Dénes Harai, « Mohács, 1526 : les coulisses d'une défaite dans les ouvrages historiques de trois hommes d'État hongrois des XVIe et XVIIe siècles », dans Jean-Marie Le Gall (dir.), La défaite à la Renaissance, Genève, Droz, coll. « Cahiers d'Humanisme et Renaissance » (no 128), , 374 p. (ISBN 978-2-6000-1967-5), p. 277-292.