Bataille de La Fontaine du Cresson
La bataille de La Fontaine du Cresson est un affrontement militaire qui a eu lieu le . C'est une défaite largement due à « l'orgueil insensé du maître du Temple Gérard de Ridefort, qui estimait combattre l'ennemi, fût-on un contre cinquante, Roger de Moulins, maître des Hospitaliers, trouva une mort héroïque, avec la plupart de ses compagnons[1]. »
du Cresson
miniature par Jean Colombe vers 1474
Date | |
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Issue | massacre par les troupes de Saladin |
Templiers Hospitaliers | Ayyoubides |
Gérard de Ridefort Roger de Moulins | Saladin |
environ 150 chevaliers | 7 000 hommes |
survivent 3 Templiers et 5 Hospitaliers | faibles |
Période intermédiaire post-Deuxième croisade
Batailles
Coordonnées | 32° 44′ 06″ nord, 35° 21′ 16″ est |
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Contexte
Après la mort, à Saint-Jean-d'Acre, du jeune roi Baudouin de Montferrat, âgé de huit ans, le régent Raymond de Tripoli n'est pas reconnu, le trône échoit à Guy de Lusignan, nouvel époux de Sibylle, la sœur du roi Baudouin le Lépreux, à mi-. Le patriarche de Jérusalem, par reconnaissance pour la reine Agnès, mère de Sibylle, et les Templiers, par haine du comte de Tripoli, soutiennent Sibylle et Guy de Lusignan, les Hospitaliers, Raymond de Tripoli[2]:93. Il fallut, pour assurer la sécurité de la cérémonie de couronnement fermer les portes de Jérusalem. À cette nouvelle, les barons firent cause commune avec Raymond de Tripoli qui, menacé par Guy de Lusignan, appela Saladin à son secours[2]:94.
À la fin de 1186, Renaud de Châtillon, seigneur d'Outre-Jourdain et de Montréal, brise la trêve en vigueur depuis près de six ans entre Francs et musulmans en attaquant une caravane qui se rend du Caire à Damas et dans laquelle se trouvait la sœur de Saladin[2]:94.
Devant le danger, les barons rassemblés par Guy de Lusignan le exigent comme préalable une réconciliation entre Guy de Lusignan et Raymond de Tripoli, le plus expérimenté de tout le royaume. Les deux grands maîtres, Gérard de Ridefort et Roger de Moulins, Josse archevêque de Tyr, Balian d'Ibelin et Renaud de Sidon furent chargés de cette réconciliation et de se rendre à Tibériade auprès du comte de Tripoli[2]:95.
Bataille
Ne pouvant laisser cet affront impuni, Saladin réunit un peu plus de 12 000 soldats à Damas, puis dès le mois de mars assiège la citadelle de Kerak puis le krak de Montréal, avant de se diriger vers Baniyas près de Tibériade.
Les grands maîtres templier et hospitalier se mirent en route dès le , accompagnés de quelques chevaliers, pour satisfaire à leur mission. Ils devaient être rejoint plus tard par Josse, Balian d'Ibelin et Renaud Granier. Pendant ce même temps, Raymond de Tripoli avait autorisé l'incursion de 7 000 hommes[n 1] de Saladin sur le territoire de Tibériade avec l'obligation de revenir à la nuit tombée[2]:95. Raymond prévient aussitôt les grands maîtres de son accord. Quand Gérard de Ridefort apprend la nouvelle, il mobilisa les chevaliers du Temple qui se trouvaient dans la forteresse de Qaqun et celle d'Afula. Ils atteignent Nazareth le et avec une force d'environ 140 chevaliers, Gérard de Ridefort engage les troupes musulmanes, mais ils sont pris entre deux feux, 4 000 hommes dans la vallée, à La Fontaine du Cresson, et 3 000 autres qui campaient à Kefr Kenna. Ce fut un véritable massacre, les chevaliers furent taillés en pièces. Roger de Moulins fut tué, percé de flèches et d'un coup de lance dans la poitrine. Jacques de Mailly, maréchal du Temple, fut également tué, seul Gérard de Ridefort, deux Templiers et cinq Hospitaliers survécurent[2]:95.
Conséquences
À la suite de ce désastre, Raymond de Tripoli met ses forces à la disposition de Guy de Lusignan. Le , les Chrétiens sont prêts. Ils ont réuni une grande armée constituée de 2 000 chevaliers (dont 1 200 chevaliers Templiers et Hospitaliers commandés par Gérard de Ridefort et par le grand précepteur de l'Hospital Guillaume Borrel remplaçant Roger de Moulins) et 13 000 fantassins. Ils sont soutenus par 40 000 mercenaires, en majorité des musulmans, dont 2 500 cavaliers et 7 000 fantassins payés et armés par les Templiers et les Hospitaliers. En face, de nouvelles troupes ont rejoint Saladin, qui aligne une force de plus de 30 000 soldats. Cela va déboucher sur la défaite de la bataille de Hattin[3] - [4].
Localisation
La localisation de la bataille a longtemps posé un problème historique. Les historiens ont longuement débattu. Les chroniqueurs de l'époque (par exemple La chronique d'Ernoul) situent La Fontaine de Cresson au nord-est de Nazareth à l'écart de la route de Saint-Jean-d'Acre à Tibériade. Les travaux modernes des historiens sont plus en accord avec les sources d'Ayn Bayin ou d'Ayn ad-Daya coulant au pied du mont Thabor[5].
Notes et références
Notes
- David Nicolle (1993) p.57, estime qu'il faut diviser par 10 le nombre des troupes musulmanes.
Références
- Alain Beltjens, Prier et Combattre, p. 802.
- J. Delaville Le Roulx, Les Hospitaliers en Terre sainte et à Chypre, 1100-1310, Paris, Ernest Leroux, , 440 p. (lire en ligne), p. 93.
- (en) Jonathan Simon et Christopher Riley-Smith, The Crusades : A History, Yale University Press, , 353 p. (ISBN 978-0-30010-128-7, lire en ligne), p. 110.
- (en) Angus Konstam, Historical atlas of the Crusades, Londres, Mercury, coll. « Historical atlas », (1re éd. 2002), 191 p. (ISBN 978-1-904668-00-8), p. 119.
- Prier et Combattre, Pierre-Vincent Clavery, p. 363.
Sources
- Nicole Bériou (dir. et rédacteur), Philippe Josserand (dir.) et al. (préf. Anthony Luttrel & Alain Demurger), Prier et combattre : Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Fayard, , 1029 p. (ISBN 978-2-2136-2720-5, présentation en ligne)
- J. Delaville Le Roulx, Les Hospitaliers en Terre sainte et à Chypre, 1100-1310, Paris, Ernest Leroux, , 440 p. (lire en ligne).
- (en) Angus Konstam, Historical atlas of the Crusades, Londres, Mercury, coll. « Historical atlas », (1re éd. 2002), 191 p. (ISBN 978-1-904668-00-8)
- (en) David Nicolle, Hattin 1187 : Saladin's greatest victory, Londres, Osprey, coll. « Campaign » (no 19), , 95 p. (ISBN 978-1-85532-284-4)
- (en) Jonathan Simon et Christopher Riley-Smith, The Crusades : a history, London New York, Continuum, , 2e éd. (1re éd. 1987), 353 p. (ISBN 978-0-8264-7269-4 et 978-0-826-47270-0, lire en ligne)