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Bataille d'Issos (194)

La bataille d’Issos est la derniĂšre grande bataille entre Septime SĂ©vĂšre proclamĂ© empereur en 193 Ă  Rome et Pescennius Niger proclamĂ© empereur par ses troupes en Syrie.

Bataille d’Issos
Informations générales
Date 194
Lieu Plaine d’Issos
Casus belli Usurpateur
Issue Victoire de Septime SĂ©vĂšre
Belligérants
Septime SĂ©vĂšre LĂ©gions du DanubePescennius Niger LĂ©gions de Syrie, Cappadoce, Egypte
Commandants
Valérianus (cavalerie) et Anulinus (infanterie)[1]Pescennius Niger[1]
Pertes
20 000[2]

Campagnes de Septime SĂ©vĂšre

Batailles

Cyzique, Nicée, Bataille de Lugdunum

CoordonnĂ©es 36° 50â€Č 18″ nord, 36° 09â€Č 52″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Turquie
(Voir situation sur carte : Turquie)
Bataille d’Issos

Le contexte

Le 31 décembre 192, l'empereur Commode est déclaré ennemi du Sénat et mauvais empereur et est assassiné. Son successeur Pertinax est assassiné aprÚs trois mois de rÚgne. Didius Julianus lui succÚde.

En 193 à Carnuntum, en Pannonie supérieure, Septime SévÚre apprend les meurtres de Commode et de Pertinax. Ses légions acclament leur chef comme empereur. Il reçoit le soutien des légions du Rhin et de Germanie et décide de marcher sur Rome.

Septime SévÚre se présente à Rome avec ses légions le . Un prétorien assassine Didius Julianus. Septime SévÚre invite la garde prétorienne à un banquet dans son camp. Il fait cerner les lieux par ses soldats, désarme les prétoriens et fait exécuter les meurtriers de Pertinax. Il licencie les effectifs de la garde prétorienne, qui sont remplacés par des Pannoniens.

Pescennius Niger, lĂ©gat de Syrie, refuse d'acclamer Septime SĂ©vĂšre. Son armĂ©e le proclame empereur. Il est bientĂŽt soutenu par l'Égypte. Septime SĂ©vĂšre dĂ©cide de partir en campagne pour Ă©liminer ce rival.

Les prémices

Lorsque Pescennius Niger apprend que Septime SĂ©vĂšre a Ă©tĂ© nommĂ© empereur par le SĂ©nat, il ordonne aux gouverneurs de province de garder les frontiĂšres et les ports. Il demande de l’aide au roi des Parthes, Ă  celui des ArmĂ©niens et Ă  celui des HatrĂ©niens[3]. Le roi d’ArmĂ©nie veut rester neutre. Le roi des Parthes VologĂšse V promet un soutien militaire. Quant au roi BarsĂ©mius des HatrĂ©nien, il envoie un corps d’archers. Le reste des troupes dont dispose Niger sont des volontaires recrutĂ©s surtout Ă  Antioche, mais sans expĂ©rience de la guerre[4].

Pescennius Niger fait fermer les dĂ©filĂ©s des Portes ciliciennes dans les Monts Taurus et il envoie des troupes pour dĂ©fendre Byzance. De son cĂŽtĂ©, Septime SĂ©vĂšre avance Ă  marches forcĂ©es vers Cyzique contournant ainsi Byzance par le sud. Le lieutenant de Pescennius Niger se dirige vers Cyzique avec toutes les forces dont il dispose. C’est une dĂ©route pour les troupes de Pescennius Niger[5].

Les habitants de NicĂ©e accueillent des fuyards dans leurs murs. Il s’ensuit une nouvelle bataille et une nouvelle dĂ©faite pour les partisans de Pescennius Niger. Une partie des restes de l’armĂ©e en dĂ©route traverse la Cappadoce pour se rĂ©fugier derriĂšre les retranchements des Monts Taurus. Pescennius Niger laisse un contingent qu’il pense suffisant et se dirige vers Antioche. L’armĂ©e de Septime SĂ©vĂšre est bloquĂ©e par la dĂ©fense des Portes ciliciennes[6].

Deux contretemps vont affaiblir Pescennius Niger. Les habitants de Laodicée se révoltent et proclament Septime SévÚre comme empereur. Pescennius Niger détache une partie de ses troupes pour mater cette rébellion avec l'ordre de massacrer tous les habitants, de piller et d'incendier les villes. Pendant ce temps, Septime SévÚre reste bloqué. La chance lui sourit alors : une averse particuliÚrement forte fait gonfler le torrent et provoque la fonte des neiges. La riviÚre déborde et emporte les fortifications qui barraient le passage. Les défenseurs découragés se retirent et laissent la voie libre aux troupes de Septime SévÚre[5].

La bataille

Pescennius Niger part d’Antioche avec les troupes qu’il a pu rassembler et rencontre celles de Septime SĂ©vĂšre dans la plaine d’Issos.

« Les deux armées établirent leur camp, vers le soir, vis-à-vis l'une de l'autre ; toute la nuit se passa des deux cÎtés en précautions et en craintes. Au lever du soleil, les deux partis, guidés et animés par leurs chefs, se mettent en mouvement et s'attaquent avec la plus vive fureur ; ils paraissaient deviner que, dans cette derniÚre bataille, la fortune encore allait décider de la possession d'un empire. Le combat fut long; le carnage fut terrible; les fleuves qui traversent la plaine ne semblaient rouler vers la mer que des flots de sang ; les Orientaux enfin furent mis en déroute. Les Illyriens les poursuivent, ils en blessent et en jettent une partie jusqu'à la mer; ils pressent l'épée dans les reins ceux qui fuient du cÎté des montagnes, et les égorgent avec un grand nombre d'hommes du pays, qui, accourus des villes et des campagnes environnantes, s'étaient rassemblés sur les coteaux, croyant qu'ils pourraient y contempler la bataille en sûreté.
Niger, montĂ© sur un cheval vigoureux, parvient Ă  Antioche avec une suite peu nombreuse. LĂ  il trouve les dĂ©bris fugitifs d'un peuple entier (si mĂȘme il en restait des dĂ©bris) ! Il voit la dĂ©solation, il entend les plaintes d'une foule de malheureux pleurant leurs fils et leurs frĂšres. DĂ©sespĂ©rĂ©, il s'enfuit lui-mĂȘme d'Antioche, il se cache dans un faubourg; mais il est dĂ©couvert par les cavaliers romains qui le poursuivent, et on lui tranche la tĂȘte. Telle fut la fin de ce prince ; c'est ainsi qu'il subit la peine de ses retards et de sa funeste indolence. Du reste, il fut, dit-on, homme de bien dans sa vie privĂ©e comme dans ses fonctions publiques. »

— HĂ©rodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitres 13-14 ».

Le rĂ©cit de la bataille par Dion Cassius prĂ©sente quelques diffĂ©rences. Au dĂ©but du combat c’est Pescennius Niger qui semble avoir l’avantage car il est sur une hauteur, mais une pluie d’orage vient frapper de face l’armĂ©e de Pescennius Niger alors qu’elle ne gĂšne pas les combattants de l’autre camp. À la suite de ce phĂ©nomĂšne, l'armĂ©e de Pescennius Niger commence Ă  reculer, c'est alors que la cavalerie menĂ©e par ValĂ©rianus arrive sur ses arriĂšres et entraĂźne sa dĂ©route complĂšte.

La mort de Pescennius Niger est aussi un peu diffĂ©rente, il n’est pas repris dans une cache Ă  Antioche mais alors qu’il est en fuite vers l’Euphrate, son crane va servir d’épouvantail devant les murs de Byzance[7].

Suite et conséquences

Une partie des armées de Pescennius Niger trouve refuge chez les Parthes. Leur présence expliquerait le renforcement et la résistance des Parthes contre les romains dans les combats futurs[8].

Septime SĂ©vĂšre chĂątie les villes qui avaient pris le parti de Pescennius Niger en leur imposant des impĂŽts Ă©levĂ©s qui vont contribuer Ă  son impopularitĂ©[2]. Le siĂšge de Byzance se prolonge jusqu'Ă  ce que les habitants aient Ă©puisĂ© leur rĂ©serves, Dion Cassius Ă©voque des actes d'anthropophagie[9]. Ce siĂšge, commencĂ© au dĂ©but de l'an de Rome 947 (194 apr. J.-C.) ne s'est terminĂ© qu'en fin de l'an de Rome 949 (196 apr. J.-C.) et a durĂ© presque trois ans. Septime SĂ©vĂšre qui est encore Ă  guerroyer contre les Parthes en MĂ©sopotamie, fait raser les murailles de Byzance qui avaient Ă©tĂ© si difficiles Ă  prendre. Byzance est rĂ©duit Ă  l'Ă©tat d'une simple bourgade[10]. Plus tard le mĂȘme fera reconstruire des murailles et fera construire un hippodrome et des palais.

Septime SĂ©vĂšre remet Ă  plus tard la conquĂȘte des royaumes Parthes et HatrĂ©niens car il doit encore asseoir son pouvoir Ă  Rome[11]. AprĂšs avoir assurĂ© son pouvoir Ă  Rome, il revient en Orient pour mener une campagne contre les Parthes. Il vainc les Parthes[12], mais il Ă©choue dans sa tentative de siĂšge d'Hatra en l'an 952 de Rome (199 apr. J.-C.)[13].

Notes et références

  1. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXIV, chapitre 7 »
  2. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXIV, chapitre 8 »
  3. HatrĂ©niens Ă©crit AtrĂ©niens dans la traduction d’HĂ©rodien disponible en ligne sur le site « L'antiquitĂ© grecque et latine ». Dans le texte grec on trouve : (gĂ©nitif pl.) áŒˆÏ„ÏÎ·Îœáż¶Îœ. On retrouve la mĂȘme graphie dans le texte grec de Dion Cassius publiĂ© dans le mĂȘme site. Hatra y est Ă©crit ጌτρα (Atra). Peut-ĂȘtre faudrait-il Ă©crire et lire ጉ, ግ, au lieu de ገ, ጌ pour justifier du H initial ? L’arabe Ű§Ù„Ű­Ű¶Ű±, al-កaឍr est translitĂ©rĂ© avec un ក Ű­ et non avec H ه.
  4. Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 1 »
  5. Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 3 »
  6. Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 11 »
  7. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXIV, chapitres 7-8 »
  8. Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 15 »
  9. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXIV, chapitre 12 »
  10. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXIV, chapitre 14 » et Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 19 »
  11. Hérodien, « Histoire romaine, Livre III, chapitre 16 »
  12. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXV, chapitre 9 »
  13. Dion Cassius, « Histoire romaine, Livre LXXV, chapitres 10-12 »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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