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Barrage de Maisons-Rouges

Le barrage de Maisons-Rouges aussi appelĂ© barrage du Bec-des-Deux-Eaux[1] est un ancien barrage situĂ© sur la Vienne, Ă  750 mètres Ă  l'aval de la confluence de la Vienne et de la Creuse[2], dans le dĂ©partement d'Indre-et-Loire sur les communes de Ports et de Nouâtre. Il a Ă©tĂ© dĂ©truit entre et pour permettre une meilleure continuitĂ© Ă©cologique, notamment des poissons. C'est avec le barrage de Saint-Étienne-du-Vigan, le premier barrage notable dĂ©truit intentionnellement en France.

Barrage de Maisons-Rouges
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Coordonnées
47° 00′ 43″ N, 0° 33′ 52″ E
Cours d'eau
Barrage
Hauteur
(lit de rivière)
3,80 m
Hauteur
(fondation)
m
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Localisation sur la carte de l’Indre-et-Loire
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Caractéristique

Le barrage possède une retenue d'eau d'une hauteur de 3,80 mètres de haut[3] pour 200 mètres de large. Il est construit pour fournir de l'Ă©lectricitĂ© aux papeteries situĂ©es Ă  proximitĂ©[4]. Son lac de retenue s'Ă©tend au-delĂ  de la confluence de la Vienne et de la Creuse, sur respectivement 7 et km[4]. Il Ă©tait utilisĂ© pour l'irrigation et dans une moindre mesure pour le tourisme[1]. La production d'Ă©lectricitĂ© est cependant son activitĂ© principale avec une production de 18 millions de kWh par an[1], grâce Ă  3 turbines Francis.

Histoire

Construction des différents équipements du barrage

Le barrage de Maisons-Rouges est construit en 1920 pour alimenter des papeteries[4]. À la construction du barrage, celui-ci empêche la présence de poissons migrateurs en amont, malgré la construction de 5 passes à poissons[5] - [6]. Le barrage est détruit partiellement en 1922[1]. La première échelle à poissons est construite peu de temps après sa construction, la deuxième avant 1930, toutes les deux n'ayant pas fonctionné. En 1948, EDF prend possession du barrage[1]. En 1950, une troisième passe à poissons est construite, elle permet qu'aux aloses et lamproies de passer en période de crues[1]. En 1957, une quatrième passe à poissons est construite, sans grande efficacité hors période de crues[1].

En 1963, une observation montre que le barrage bloque la migration de deux espèces aloses (grande alose et alose feinte), engendrant une hybridation stérile des deux espèces[1].

Le barrage est automatisé en 1980[4]. En parallèle, le ministère de l'environnement établit le « plan Saumon » en 1975 et le retour aux sources en 1981[2]. En 1987, une cinquième échelle à poissons est construite dans le sillage du plan Saumon. Cette échelle a eu une plus grande efficacité pour les grands individus notamment des lamproies et de quelques truites de mer et saumons[2].

Annonce de la suppression du barrage

Entre 1993 et 1994, un renouvellement de la concession advient, juste avant le plan Loire Grandeur Nature[1] - [4]. Celui-ci en , annule plusieurs projets de barrages sur le bassin versant de la Loire et annonce la destruction du barrage de Maisons-Rouges[4]. La concession du barrage à EDF n'est ainsi pas prolongée[4].

Cette décision s'exprime par le faible intérêt économique du barrage[4], couplé à son ancienneté[4] et à la barrière qu'il constitue pour les migrations fluviales des poissons[4] - [5].

Cette annonce de suppression suscita une opposition locale importante dès 1994, soutenue par les maires de Port-de-Piles et de Ports, cette dernière commune touchant 80 000 francs par an de taxe professionnelle grâce au barrage[1]. L'opposition est Ă©galement soutenue par le prĂ©sident du Conseil GĂ©nĂ©ral de la Vienne Ă©galement prĂ©sident du SĂ©nat, RenĂ© Monory, la rĂ©gion Poitou-Charentes et de nombreux maires du canton[1].

À l'inverse la destruction du barrage est soutenue par la fédération de pêche d'Indre-et-Loire, la région Centre, en plus de bien sûr l'État. L'État confirme sa décision d'arasement du barrage en 1995, puis la même année la gèle[1]. En 1996, une étude estime que le coût de la remise en état du barrage est de 40 millions de francs contre 22 à 23 millions pour sa suppression et ses compensations[1]. En , la préfecture interdit l'accès des berges de la confluence jusqu'à km en aval, pour des raisons de sécurité, liées au mauvais état du barrage[1]. La centrale hydroélectrique est mise à l'arrêt ce même mois[1]. En 1997, l'Epala, favorable à la suppression du barrage, confirme les coûts de l'arasement et annonce des coûts de réparations de l'ordre de 50 millions de francs[1].

Entre 1994 et 1997, des études sont réalisées sur la composition chimique des sédiments accumulés, remis en suspension par la destruction du barrage. Elles ne révèlent pas de pollution majeure (excepté la présence faible de cadmium)[2] - [5].

DĂ©cision finale et suppression

La décision finale de destruction du barrage est prise uniquement en , par le premier ministre Lionel Jospin et la ministre de l'environnement, Dominique Voynet[1]. En , une enquête publique est lancée sur la suppression du barrage[1]. En , les turbines sont démontées[1].

Le barrage est détruit entre et , déconstruction qui comprend le barrage à proprement parler mais également le bâtiment du centre hydroélectrique, le clapet et les passes à aiguille[4] - [1]. La partie droite du barrage a été détruite en premier, en [3]. La partie gauche qui intègre des passes à poissons et les bâtiments hydroélectriques a été détruite à la fin de 1998[3]. La destruction du barrage a nécessité la construction de digues de protection sur les berges, mais également pour permettre la mise à sec du chantier[4] - [3]. La démolition s'est faite à la pelleteuse, alors que les palplanches sont découpées, au chalumeau[7] - [8]. Une dalle en béton a également été posée pour limiter l'érosion du site[4] Une reconstitution paysagère du site du barrage a également été engagée en fin de chantier[3].

Le coût de la destruction du barrage a été de 17,1 millions de francs soit 2,6 millions d'euros, avec 14,2 millions de francs pour les travaux, 1,8 million pour les acquisitions foncières et 1,1 million de francs pour les études. Ces coûts sont assumés à 65 % par l'État, à 23 % par EDF et à 12 % par l'agence de l'eau[4]. Le chantier de déconstruction et la maitrise d'œuvre étaient gérés par EDF, alors que la maitrise d'ouvrage est gérée par l'État[3] - [8]. La destruction du barrage se fait également en parallèle de projet de développement économique de 10 millions d'euros pour compenser les recettes liées à la taxe professionnelle versée précédemment par EDF[3] - [6]. Plusieurs sources marquent le peu de retombées des mesures compensatoires[9].

Conséquences

Les Ă©tudes de suivi, mises en place entre 1999 et 2005, puis en 2009, ont mis en avant le changement des sĂ©diments situĂ©s en amont du barrage, avec l'apparition de radier ayant une granulomĂ©trie Ă©levĂ©e, au lieu du sable qui prĂ©dominait du temps du barrage[4]. La libĂ©ration de ces sĂ©diments retenus par le barrage (soit 400 000 m2 sur 900 000 m2 de sĂ©diments retenus) a rĂ©duit temporairement la biodiversitĂ© en aval, jusqu'Ă  ce que ces Ă©lĂ©ments sĂ©dimentaires soient mieux dispersĂ©s dans le lit de la rivière entre 2002 et 2005[4]. Ces sĂ©diments mettront cependant plusieurs annĂ©es ou dĂ©cennies avant d'atteindre la mer.

En termes de prĂ©sence de poissons migrateurs, la destruction du barrage a permis le retour d'un certain nombre d'entre eux en amont dont l'alose dès 1999 sur 35 km en amont[6]. La recolonisation la plus impressionnante est celle de la lamproie marine[6]. Le saumon a Ă©galement recolonisĂ© une partie des cours d'eau en avant dès 1999, avec 9 individus recensĂ©s cette annĂ©e[6]. Et la dernière espèce ayant recolonisĂ© l'amont du barrage est le mulet porc[4]. Le coĂ»t de ces Ă©tudes de suivi tant gĂ©omorphologiques que biologiques ont Ă©tĂ© de 50 000 euros en prenant l'Ă©tude de 2009 comme rĂ©fĂ©rence[7]. C'est l'universitĂ© de Tours qui assure ce suivi[7].

Entre 2004 et 2007, la passe Ă  poissons automatisĂ©e du barrage de Châtellerault, situĂ©e en amont sur la Vienne, enregistre entre 3 500 et 9 500 aloses, entre 8 300 et 41 600 lamproies marines, entre 2 et 12 truites de mer et entre 2 et 11 saumons[5]. En 2007, la passe Ă  poissons automatisĂ©e du barrage de Descartes, en amont sur la Creuse, a enregistrĂ© 9 000 aloses, 51 200 lamproies marines, 4 truites de mer et 60 saumons.

Voir aussi

Notes et références

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