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Baasisme

Le baasisme, baathisme ou, plus fidèlement, ba'thisme[4] (en arabe : البعثية al-baʿṯiyyaḧ, dérivé de بعث baʿṯ, « résurrection »[5]) désigne l'idéologie politique de la mouvance politique nationaliste arabe connue comme Baas (Parti socialiste de la résurrection arabe, en arabe حزب البعث العربي الاشتراكي, ḥizb al-baʿṯ al-ʿarabī al-ištirākī).

L'idéologie baasiste prône «l'illumination des Arabes» ainsi que la renaissance de leur culture, de leurs valeurs et de leur société. Il prône également la création d' États à parti unique et rejette le pluralisme politique dans un laps de temps indéterminé – le parti Baas utilise théoriquement un laps de temps indéterminé pour développer une société arabe « éclairée ». Le baasisme est basé sur les principes de la laïcité, du nationalisme arabe, du panarabisme et du socialisme arabe. Le baasisme préconise des politiques économiques socialistes telles que la propriété de l'État sur les ressources naturelles, le protectionnisme, la distribution des terres aux paysans et favorise les économies planifiées. Bien qu'inspirés par les penseurs socialistes occidentaux, les premiers théoriciens baasistes ont rejeté le concept marxiste de lutte des classes, arguant qu'il entrave l'unité arabe. Les baasistes soutiennent que le socialisme est le seul moyen de développer la société arabe moderne et de l'unir[6].

Histoire

L'idée du Baas ou de la résurrection[7] (de la nation arabe) nait en Syrie au début du XXe siècle.

L'Empire ottoman qualifié d'« homme malade de l’Europe » tire clairement vers sa fin et les puissances occidentales commencent à occuper l'Afrique du Nord et encerclent le Moyen-Orient. En Turquie, le mouvement des Jeunes-Turcs fondé en 1889 réagit à l'autoritarisme interne et à la faiblesse du sultan Abdul Hamid II (1842-1918) face à l'agressivité des empires et des nationalismes européens en alimentant un nationalisme turc [8]. Ce mouvement est accueilli par une vague d'enthousiasme dans l'ensemble des provinces arabes, dans un premier temps. Mais l'enthousiasme dure peu, car l'arrivée au pouvoir, en 1909, du Comité de l'Union et du Progrès (CUP) et ses politiques de « turquification de l'Empire » vont très vite décevoir les élites arabes[9].

Une conscience nationale arabe, commence à prendre forme, selon les historiens, avec l'organisation en 1919 à Paris du Congrès général arabe[9]. Mais avec le temps le nationalisme arabe se divisera en plusieurs courants.

Parmi les nombreuses personnalités intellectuelles pan-arabistes, les précurseurs du modèle Baassiste de réunification de la « Oumma » ou « grande nation arabe » sont les intellectuels syriens Michel Aflak, Salah Eddine Bitar et Zaki al-Arzouzi.

Le premier Parti Baas (ou, plus précisément, Ba'th) est créé en 1947 à Damas, et il a pour but l'unification des différents États arabes en une seule et grande nation : la Oumma[2].

Idéologie

La doctrine baassiste s'inscrit dans la logique du nationalisme arabe et du panarabisme mais s'inspire aussi des idéaux d'égalité et de justice sociale du socialisme[10] en général et du socialisme arabe en particulier[2]. « Par conséquent le nationalisme oriental n’a pas de préférence déterminée pour ce qui est propre à la nation à laquelle on appartient. Il ne condamne pas non plus les doctrines nouvelles et les institutions du progrès. Il est foncièrement libéral, il ne connaît d’ennemi que la domination étrangère et le conservatisme fanatique et moyenâgeux. Il se propose de briser les chaînes qui pèsent sur lui de l’asservissement de l’Occident en réformant les fondements de son existence nationale[11]. » Les fondateurs de ce mouvement appartiennent à différents groupes culturels et religieux et considèrent la laïcité comme un des piliers de base d'une unité dont le ciment a été non pas l'appartenance religieuse mais la culture et la langue arabe[3]. Même si les fondateurs du baassisme sont en général chrétiens, druzes et musulmans appartenant à des schismes minoritaires, une place spéciale est réservée à la religion musulmane. « Je suis musulman avant d’être arabe parce que l’islam est la religion de l’humanisme. L’humanisme prime sur le particularisme. Si le nationalisme est une échelle vers cette religion, je suis le premier à sacrifier ma plume, ma langue, mes biens et mon sang pour mon arabisme qui n’a jamais cessé de combattre l’injustice et la tyrannie ; combat qui est l’une des caractéristiques de l’Islam. »[11] » La devise du parti est Wihda, Hurriya, Ishtirrakiya (وحدة حرية اشتراكية) ou « Unité, Liberté, Socialisme »[12].

Diffusion

La doctrine baasiste a connu une large diffusion au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Le Parti Baas prend le pouvoir en Syrie en 1963 et en Irak en 1968 (Coup d'État de 1968 en Irak). Des sections du Parti Baas sont créées également dans plusieurs autres pays du monde arabe:

Sources, références et bibliographie

Références

  1. (en) « Is Syria No Longer a Pariah State? », World Politics Review, (lire en ligne)
  2. Michel Aflak, Textes (lire en ligne)
  3. Mohammad Imara, « Signification du nationalisme arabe », www.ism-france.org (traduit du site Free Arab Voice), (lire en ligne)
  4. Olivier Carré, L'Orient arabe aujourd'hui, , page 37
  5. Kazimirski, Dictionnaire arabe français, page 141.
  6. « Bashar’s Syria: The Regime and its Strategic Worldview » [archive du ] (consulté le ) : « In practice, the economic doctrine of the Ba’th eschewed private enterprise and called for a state directed economy, much like the USSR. According to the basic documents of the party: the national wealth is the property of the state; the traditional distribution (i.e. the holding of most arable land by absentee landowners who leaded the land out to the peasants) is unjust and therefore it must be corrected; farming land should be allocated according to the capability to husband it; factories will be cooperative; trade will be controlled by the state. », p. 364, 365
  7. « Traduction de "résurrection" en Arabe », sur Reverso Dictionnaire (consulté le )
  8. Lisa Romeo, « Jeunes-Turcs et révolution de 1908 dans l’Empire ottoman », Les clés du Moyen-Orient, (lire en ligne)
  9. Lisa Romeo, « Nationalisme arabe : les origines », Les clés du Moyen-Orient, (lire en ligne)
  10. (en) Michel Aflak, Textes (lire en ligne), On Socialism
  11. Ihsan al-Djabri, « Nationalisme arabe et nationalisme occidental », La Nation Arabe, juillet-août-septembre 1932 (lire en ligne)
  12. « La constitution officielle du Parti Baas arabe socialiste », sur Site du Parti Baath

Bibliographie

  • Thierry Zarcone, La Turquie: De l'Empire ottoman à la République d'Atatürk, Paris, Gallimard, 2005, 160 p. (ISBN 2070306585)
  • Charles Saint-Prot, Le Mouvement national arabe. Émergence et maturation du nationalisme arabe de la Nahda au Baas, Paris, Ellipses, 2013.
  • Youssef M. Choueiri, Arab Nationalism: A History Nation and State in the Arab World, Wiley, 2001 - 284 pages (en).
  • Vincent Cloarec, Henry Laurens, Le Moyen-Orient au 20e siècle, Paris, Armand Colin, 2005.
  • Catherine Kaminsky, Simon Kruk, Le Nationalisme arabe et le nationalisme juif, Paris, Presses Universitaires de France, 1983.
  • Henry Laurens, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Paris, Armand Colin, 2004.
  • Pierre Guingamp, Hafez El Assad et le parti Baath en Syrie, édition L'Harmattan, 1996, (ISBN 2738446787).

Liens externes

Voir aussi

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