Azusa Ono
Azusa Ono (ć°éæą, Ono Azusa), nĂ© le et dĂ©cĂ©dĂ© le , est un intellectuel, juriste et homme politique japonais de lâĂšre Meiji. Proche et conseiller dâĆkuma Shigenobu, il participa aux dĂ©bats sur les rĂ©formes et la rĂ©daction d'une premiĂšre constitution pour le Japon aprĂšs la restauration Meiji de 1868 qui a vu la fin du rĂ©gime des shoguns. SpĂ©cialiste du droit international, Azusa Ono prĂŽnait lâinstauration dâun rĂ©gime parlementaire fondĂ© sur le respect des droits du peuple, inspirĂ© par le modĂšle britannique. Il joua ensuite un rĂŽle important dans la fondation du Parti progressiste constitutionnel (le Rikken KaishintĆ) ainsi que la crĂ©ation de l'UniversitĂ© Waseda.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 33 ans) |
Nom dans la langue maternelle |
ć°éæą |
Nationalité | |
Activités |
Conseiller juridique, intellectuel |
Biographie
Azusa Ono naĂźt Ă Sukumo, petit village de pĂȘcheurs de Shikoku, dans une famille de marchands aisĂ©s devenue samouraĂŻ associĂ© du domaine de Tosa[1]. Il sert lors de la guerre de Boshin (guerre civile) de 1868-1869[2]. Il part jeune faire ses Ă©tudes au ShĆheikĆ de Tokyo, puis Ă Osaka oĂč il apprend lâanglais. En 1871, il part aux Ătats-Unis Ă©tudier le droit avant de se rendre Ă Londres de 1872 Ă 1874 pour apprendre lâĂ©conomie et le systĂšme bancaire. Durant ce sĂ©jour, il en profite pour voyager en Europe et dĂ©couvrir les diffĂ©rents systĂšmes politiques occidentaux[3].
De retour au Japon Ă Tokyo, il obtient un poste au ministĂšre des Finances en 1876, puis est rapidement chargĂ© de rĂ©diger un nouveau code civil pour le ministĂšre de la Justice. Sa connaissance du droit international lui vaut une rapide ascension dans la hiĂ©rarchie, si bien quâil cĂŽtoie rapidement divers dirigeants de lâĂšre Meiji, dont Ćkuma Shigenobu, ministre des Finances. Les deux hommes ayant des similaritĂ©s de vues, Azusa Ono est transfĂ©rĂ© en 1880 dans son ministĂšre sous ses ordres, oĂč il occupe une position importante[3].
AprĂšs le tournant politique de 1881 oĂč lâempereur dĂ©cide de la formation dâune assemblĂ©e nationale au Japon, Azusa Ono dĂ©missionne avec dâautres de lâadministration en 1882 et participe Ă la fondation dâun parti politique, le Rikken KaishintĆ (Parti progressiste constitutionnel), autour dâĆkuma Shigenobu[4] - [5]. Il sâimplique Ă tous les niveaux pour la crĂ©ation du parti et en devient dâailleurs le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral[2]. Pour Isao Ito, il nâest « pas exagĂ©rĂ© de considĂ©rer Ono Asusa comme le « vrai » fondateur du parti », tant son rĂŽle fut prĂ©pondĂ©rant[1].
Il assiste Ă©galement Ćkuma Shigenobu dans lâouverture dâun Ă©tablissement dâenseignement Ă Tokyo en 1882, le Tokyo senmon gakkĆ (Ă©cole spĂ©cialisĂ©e de Tokyo), assurant les dĂ©marches administratives et prĂ©sidant de facto lâĂ©tablissement Ă la place dâĆkuma Shigenobu. LâĂ©cole deviendra lâuniversitĂ© Waseda[2]. Il meurt en 1886 Ă lâĂąge de trente-trois ans dâune tuberculose chronique[2].
Positions politiques et intellectuelles
Dans les annĂ©es 1870 et 1880, de nombreux dĂ©bats existaient au Japon sur la forme de gouvernement que le pays devait adopter aprĂšs la chute du shogunat Tokugawa et la restauration Meiji. Fortement influencĂ© par ses sĂ©jours Ă lâĂ©tranger, Azusa Ono participe aux discussions et publie de nombreux articles proposant un point de vue proche du modĂšle britannique. Cela se matĂ©rialise dĂšs son retour au Japon par la fondation dâun groupe de jeunes intellectuels, nommĂ© KyĆzon dĆshĆ«, qui organise des confĂ©rences, publie un journal dâopinion et ouvre une bibliothĂšque publique[3]. Ce groupe prend modĂšle sur la SociĂ©tĂ© des Ă©tudiants japonais quâil avait crĂ©Ă©e Ă Londres lors de ses Ă©tudes avec un compatriote, Baba Tatsui[6]. Dans un article de 1875, il se prononce sur lâimportance du respect des droits naturels du peuple et de la libertĂ© individuelle, et soutient fermement lâabolition de la torture en 1879[7].
Il contribue essentiellement aux rĂ©flexions sur lâorganisation du gouvernement et lâĂ©criture dâune constitution pour le Japon. LĂ encore, sa proximitĂ© avec le modĂšle britannique est tangible : dans son essai de constitution de 1881 rĂ©digĂ© avec Miyoshi TaizĆ et Iwasaki TaizĆ, il propose ainsi un parlement Ă©lu par le peuple, une chambre haute nommĂ©e par lâempereur, un cadre rigoureux pour lâadministration de lâĂtat et insiste Ă©galement sur lâimportance des droits de lâindividu (en reprenant des idĂ©es de la Constitution amĂ©ricaine)[3]. Il affirme Ă©galement lâimportance dâun cabinet ministĂ©riel unifiĂ© et issu de partis politiques, en remplacement de lâadministration territoriale dĂ©rivĂ©e des clans fĂ©odaux qui ont dirigĂ© le Japon pendant de nombreux siĂšcles[3]. En ce sens, il sâoppose fortement aux dĂ©fenseurs dâun gouvernement oligarchique liĂ© aux grands clans et fustige Ă plusieurs reprises les pratiques fĂ©odales quâil juge mauvaises pour les libertĂ©s du peuple[8]. Grand dĂ©fenseur des droits individuels et de la libertĂ©, il reste donc trĂšs proche des modĂšles occidentaux ; toutefois, il souligne Ă©galement les dangers dâune occidentalisation Ă marche forcĂ©e et favorise plutĂŽt des rĂ©formes qui conservent lâesprit japonais, notamment le rĂŽle central de lâempereur[8]. Câest aussi une raison pour laquelle le modĂšle français, nĂ© dâune RĂ©volution particuliĂšrement radicale, nâavait pas la prĂ©fĂ©rence dâĆkuma Shigenobu et Ono[1].
Comme il lâa Ă©tĂ© dit, Azusa Ono devient vers 1880 un conseiller privilĂ©giĂ© dâĆkuma Shigenobu, et les deux hommes sâaccordent sur de nombreux points[2] - [1]. Ćkuma Shigenobu, personnalitĂ© Ă©minente du dĂ©but de lâĂšre Meiji, reste connu entre autres pour son mĂ©moire remis Ă lâempereur en 1881 qui prĂŽne dâinstauration rapide dâune assemblĂ©e nationale, la rĂ©daction dâune constitution et lâimportance de partis politiques. Le rĂŽle dâAzusa Ono fait dĂ©bat dans la rĂ©daction de cet important mĂ©moire, qui reçoit un accueil favorable de la part de lâopinion et de lâempereur. Sâil est impossible dâaffirmer quâil a participĂ© Ă sa rĂ©daction ou non, il sây trouve quoi quâil en soit nombre des idĂ©es discutĂ©es entre Ono et Ćkuma Shigenobu[3].
Notes et références
- (en) Isao Ito, « The Constitutional Reform Party and Ćkuma Shigenobu », Sophia law review, vol. 7, nos 1-2,â , p. 58-94 (ISSN 0447-7588, lire en ligne)
- (en) « Azusa Ono (1852-1886): The Founding Father of the School », université Waseda (consulté le )
- (en) Sandra T. W. Davis, « Azusa Ono and the Political Change of 1881 », Monumenta Nipponica, vol. 25, nos 1/2,â , p. 137-154 (lire en ligne)
- (en) Helen Hardacre et Adam L. Kern, New Directions in the Study of Meiji Japan, BRILL, , 782 p. (ISBN 978-90-04-10735-9, présentation en ligne), p. 403-404
- (en) Janet E. Hunter, Concise Dictionary of Modern Japanese History, University of California Press, , 347 p. (ISBN 978-0-520-04557-6, présentation en ligne), p. 159
- (en) Andrew Oguma, The Japanese Discovery of Victorian Britain : Early Travel Encounters in the Far West, Psychology Press, , 257 p. (ISBN 978-1-873410-81-3, présentation en ligne), p. 160
- (en) Richard H. Mitchell, Janus-Faced Justice : Political Criminals in Imperial Japan, University of Hawaii Press, , 235 p. (ISBN 978-0-8248-1410-6, présentation en ligne), p. 7-9
- (en) Eiji Oguma, A Genealogy of âJapaneseâ Self-Images, Trans Pacific Press, , 435 p. (ISBN 978-1-876843-04-5, lire en ligne), p. 14
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (ja) Shinji Nishimura, ć°éæąćł (Azusa Ono den), FuzanbĆ,â
- (en) Sandra T. W. Davis, Azusa Ono : a Meiji intellectual, université de Pennsylvanie, (thÚse)
- (en) Sandra T. W. Davis, Intellectual Change and Political Development in Early Modern Japan : Azusa Ono, a Case Study, Fairleigh Dickinson Univ Press, , 327 p. (ISBN 978-0-8386-1953-7, présentation en ligne)