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Autocarretta OM 32-35-36-37

L'Autocarretta OM, littéralement charrette motorisée, est un véhicule léger de transport de troupes conçu à la fin des années 1920 en prévision d'une future guerre en terrain montagneux.

Autocarretta OM
32 - 35 - 36 - 37
Autocarretta OM 32-35-36-37
Un Autocarretta OM lors d'un rassemblement de véhicules militaires.

Marque Officine Meccaniche
Années de production 1930 - 1944
Production Environ 5 500 exemplaire(s)
Classe Camion léger
Moteur et transmission
Énergie Essence
Moteur(s) Fiat-OM
CylindrĂ©e 1 616 cm3
Puissance maximale Ă  2400 tr/min : 20 Ă  23 ch DIN
Transmission Intégrale
Poids et performances
Poids Ă  vide 1 580 Ă  1 660 kg
Vitesse maximale 38 Ă  40 km/h
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Châssis cabine
Dimensions
Longueur 3 890 mm
Largeur 1 520 mm
Hauteur 2 300 mm
Chronologie des modèles

Contexte historique

Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'état major des armées du Roi d'Italie prévoyait que le prochain conflit auquel devrait faire face le pays se déroulerait principalement dans les Alpes. Pour cela, il était nécessaire de développer un camion léger capable d'évoluer sur les chemins muletiers dans le but de motoriser l'infanterie, les fameux bersagliers.

C'est vers 1925, dans le cadre du renouvellement du parc des vĂ©hicules logistiques que l'armĂ©e dĂ©finit un programme de dĂ©veloppement de nouveaux vĂ©hicules qui aboutit, en 1927, Ă  un cahier des charges prĂ©cis concernant un petit camion de 700 Ă  800 kg de charge utile destinĂ© Ă  remplacer les vieilles charrettes Ă  traction animale. Parmi les exigences, le vĂ©hicule devait avoir un moteur quatre cylindres refroidis par air et quatre roues motrices et directrices. Le bulletin officiel de janvier 1928 prĂ©cisait que les projets des diffĂ©rents industriels participant Ă  l'appel d'offre devaient ĂŞtre prĂ©sentĂ©s sous un an. Ce mĂŞme bulletin indiquait que le vĂ©hicule devait ĂŞtre adaptĂ© Ă  la marche en terrain accidentĂ© et capable de tracter des pièces d'artillerie lĂ©gère sur route de montagne.

Dans le bulletin de janvier 1929, le Ministère de la Guerre précisait qu'il commandait aux finalistes de l'appel d'offre deux prototypes pour mener les essais. Les quatre projets retenus étaient ceux de Fiat, Ceirano, Lancia et Ansaldo.

  • Le modèle 1014 proposĂ© par Fiat, composĂ© d'un tracteur et d'une remorque articulĂ©e propulsĂ© par le moteur du Fiat 614, fut Ă©cartĂ© dès 1930.
  • Ceirano, qui faisait partie du consortium Fiat, proposa le modèle 1015 Ă  quatre roues motrices et directrices dont les deux prototypes furent livrĂ©s en 1931 et Ă©cartĂ©s après essais.
  • Le projet Lancia fut Ă©galement abandonnĂ© au premier semestre 1931.
  • Le modèle Ansaldo fut quant Ă  lui dĂ©veloppĂ© par le bureau d'Ă©tudes fondĂ© par l'ingĂ©nieur Giulio Cesare Cappa après avoir dĂ©missionnĂ© de chez Fiat.

Les essais du premier prototype Ansaldo débutèrent en décembre 1929 dans la région de Pignerol, tout près de Turin et démontra des aptitudes hors du commun en tout terrain.

Ă€ la suite des difficultĂ©s financières provoquĂ©es par la crise de 1929, la sociĂ©tĂ© « Ansaldo Automobili S.p.A. » de Turin fut mise en liquidation et le contrat fut repris par la sociĂ©tĂ© OM de Brescia, qui apporta quelques modifications au projet avec notamment l'augmentation de la cylindrĂ©e du moteur de 1.350 Ă  1 616 cm3 Ă  la demande de l'armĂ©e. Le 1er juillet 1931, OM avait livrĂ© les trois prototypes modifiĂ©s pour les essais d'homologation, dont un avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au Salon des IngĂ©nieurs Italiens de Rome le .

Le 1er janvier 1932, les trois prototypes OM avaient terminé avec succès les essais sur terrain accidenté et chemins muletiers à forte pente (jusqu'à 42%). (NDR : à titre de comparaison, le cahier des charges du Hummer américain a fixé cette barre à 40%). Le véhicule fut adopté le et baptisé "Autocarretta mod.32" (littéralement « autocharrette », camion léger de montagne).

La première commande fut passée à OM au cours du premier semestre 1931. Ce premier lot fut réparti dans plusieurs unités qui testèrent l'autocarretta sur le terrain durant les grandes manœuvres d'août 1932. Un deuxième lot fut commandé en juillet 1933 et livré entre 1934 et 1935. En 1933, la société OM passe sous le contrôle de Fiat V.I..

Le modèle connaîtra plusieurs séries dans le temps avec les modèles 32 - 35 - 36 - 37 - ainsi qu'une version draisine blindée pour chemin de fer.

Caractéristiques techniques de l'Autocarretta OM 32

Le châssis de l'Autocarretta OM 32 Ă©tait composĂ© de tĂ´les d'acier embouties formant deux longerons reliĂ©s par plusieurs traverses. Le moteur, refroidi par air, se trouvait en porte-Ă -faux sur l'avant. C'Ă©tait un quatre cylindres essence Ă  soupapes en tĂŞte dont le rĂ©gime Ă©tait limitĂ© Ă  2 400 tr/min par un limiteur de vitesse centrifuge. Son refroidissement Ă©tait Ă  air, une originalitĂ© Ă  l'Ă©poque en Italie. L'allumage Ă©tait assurĂ© par un magnĂ©to "Marelli SA4" et le mĂ©lange par un carburateur "Memini CMS30". L'alimentation se faisait par gravitĂ© depuis le rĂ©servoir de 35 litres situĂ© derrière le siège conducteur.

Depuis l'arbre moteur, le mouvement Ă©tait transmis via un embrayage monodisque Ă  sec Ă  la boĂ®te de vitesses situĂ©e au centre du châssis. La boĂ®te, comprenant quatre rapports avant plus une marche arrière, attaquait le rĂ©ducteur situĂ© dans le mĂŞme carter, qui transmettait Ă  son tour le mouvement aux deux diffĂ©rentiels, un Ă  l'avant et l'autre Ă  l'arrière, identiques et donc interchangeables. Les deux diffĂ©rentiels Ă©taient munis d'un système de blocage commandĂ© par le conducteur. Chacun d'eux transmettait le mouvement aux demi-essieux de leur pont respectif. Les suspensions indĂ©pendantes Ă©taient assurĂ©es sur chaque pont par deux ressorts Ă  lames transversaux montĂ©s sous et sur le carter du diffĂ©rentiel. Ce système permettait de soulever une roue de 25 cm tandis que les trois autres restaient plaquĂ©es au sol. La direction Ă  vis sans fin agissait Ă  la fois sur les roues avant et arrière.

L'Ă©clairage du vĂ©hicule Ă©tait assurĂ© par un phare acĂ©tylène placĂ© au-dessus de la calandre, deux lampes Ă  pĂ©trole fixes, de part et d'autre de la calandre, et une lampe Ă  pĂ©trole mobile Ă  l'arrière. Le caisson en bois mesurait 1,69 m de long sur 1,2 m de large et 0,5 m de haut. Seule la ridelle arrière, composĂ©e de deux battants, pouvait ĂŞtre ouverte.

Les différentes versions

OM 32

Ce fut la version de base qui, après que les 2 premiers lots furent mis à l'épreuve sur le terrain, permirent d'apporter des adaptations mineures qui firent évoluer le projet.

OM 35

Recevant les remarques des utilisateurs de la première version OM 32, la version OM 35 sera prĂ©sentĂ©e Ă  Milan en 1935. Elle disposait de voies Ă©largies de 100 mm afin d'augmenter la stabilitĂ© transversale. Quelques rĂ©glages permirent d'amĂ©liorer la tenue de route et l'Ă©clairage fut revu. Après les essais de rigueur, l'engin fut qualifiĂ© d'excellent pour sa maniabilitĂ©, mobilitĂ© sur tous terrains difficiles et son entretien rĂ©duit. Son seul handicap rĂ©sidait dans sa vitesse jugĂ©e trop faible.

OM 36 DM

L'Autocarretta 36 DM - Division Infanterie motorisĂ©e - est une adaptation de la version "35" souhaitĂ©e par les "Grandes UnitĂ©s motorisĂ©es", qui devaient recevoir 2.000 exemplaires de l'OM 35. Les modifications consistèrent Ă  augmenter le nombre de soldats transportĂ©s, le remplacement des pneumatiques pleins par des pneus "Artillerie", une vitesse plus Ă©levĂ©e et l'ajout des Ă©lĂ©ments pour installer deux mitrailleuses Breda M1930 de 6,5 mm. Cette version fut largement utilisĂ©e par l'armĂ©e italienne en Italie et en Libye. Elle fut Ă©galement remarquĂ©e par les armĂ©es alliĂ©es durant la Seconde Guerre mondiale pour sa robustesse et ses capacitĂ©s de franchissement hors du commun. Quelques exemplaires furent "rĂ©cupĂ©rĂ©s" et analysĂ©s de très près par des constructeurs Ă©trangers.

L'OM 36 MT fut réalisée en 21 variantes :

  • OM 36 Mt (MatĂ©riel) pour le transport de matĂ©riel avec une benne en bois de 800 kg de charge utile,
  • OM 36 P (Personnel) pour le transport des soldats. La capacitĂ© passa de 6 places de l'OM 35 Ă  9 plus le chauffeur et chef de vĂ©hicule, placĂ©s Ă  l'avant. Les soldats Ă©taient disposĂ©s sur 3 banquettes de 3 places.

OM 37

L'OM 37 sera la dernière version prĂ©sentĂ©e en 1938. Cette version optimisait le transport de matĂ©riel sur les terrains europĂ©ens et pas coloniaux. Elle se caractĂ©risait avec le retour des pneus pleins, la suppression du parebrise, une augmentation du volume du rĂ©servoir de carburant Ă  41 litres et une augmentation de la charge utile portĂ©e Ă  900 kg. Un certain nombre d'OM 37 fut commandĂ© par les Pompiers.

Draisine blindée OM 42

Draisine blindée OM 42

En 1942, OM prĂ©senta un prototype d'Autocarretta ferroviaire blindĂ©e Ă  la demande du Commandement SupĂ©rieur des Forces ArmĂ©es italiennes de SlovĂ©nie et Dalmatie, qui devait remplacer les blindĂ©s Fiat Ansaldo AB40 sur les voies ferrĂ©es Ă  voie Ă©troite (76 cm) en HerzĂ©govine. TestĂ©e par les rĂ©giments du GĂ©nie Ferroviaire italiens dans les montagnes de Val Gardena, le vĂ©hicule fut certifiĂ© le comme "Autocarretta ferroviaire blindĂ©e Mod. 42.

Construite sur la base de l'OM 36, elle avait une tourelle avec une mitrailleuse Breda Mod. 38. L'équipage était composé de deux personnes, un conducteur et un mitrailleur. Le véhicule pouvait transporter des hommes de troupe et/ou du matériel dans le compartiment arrière comprenant des râteliers pour les chargeurs et des écoutilles de tir. La vitesse était limitée à 15 km/h.

N'étant pas équipée de double poste de conduite, l'OM 42 était équipée d'un chariot secondaire et d'un vérin qui lui permettait de se soulever et de pivoter de 180° sur la voie ferrée pour changer de direction.

L'armée italienne disposa de 20 exemplaires qui ont tous été récupérés par la Wehrmacht.

Modèle Longueur (mm) Empattement (mm) Largeur (mm) Voies av/ar (mm) Hauteur totale (mm) Garde au sol (mm) Poids à vide (kg) Capacité de transport
Hommes de troupe/charge utile (kg)
Puissance (ch) Vitesse maxi (km/h) Autonomie (km)
OM 32 3770 2000 1300 1000 2200 450 1580 800 20 25 160
OM 35 3770 2000 1300 1100 2200 450 1580 800 23 22 160
OM 36 Mt 3910 2000 1420 1070 2100 450 1660 800 23 34 220
OM 36 P 4170 2000 1420 1070 2100 450 1650 23 34 220
OM 37 3780 2000 1400 1070 2200 450 1600 900 23 36 160

Production

En novembre 1937, la capacité de production mensuelle du constructeur OM ne dépassait pas 100 unités. Au 1er octobre 1937, le besoin des armées était estimé à 9.640 unités. Pour tenter de compléter les organigrammes et de remplacer les pertes, l'armée commanda 700 OM 37. Entre mai 1935 et octobre 1939, le Regio Esercito ne fit l'acquisition que de 2.000 Autocarrettes OM. Toutes versions confondues, la production des "Autocarette OM" dépassa les 5.000 unités.

Comme de coutume, aucun constructeur italien ne communique le nombre exact des matériels militaires produits mais il devrait se situer aux environs de 5.500 unités.

Utilisateurs

Utilisation sur les terrains militaires

Les camions légers de montagne OM 32 et 35 connurent leur baptême du feu lors de la campagne d’Éthiopie. Au début du conflit, les Autocarrettes OM équipaient le 51e groupe sur les 5 engagés ; 3 autres groupes représentant 360 véhicules furent envoyés en renfort d'octobre 1935 à février 1936. En mai 1936, on comptait 178 Autocarrettes OM 32 équipées de citernes et 1366 OM 32 et 35 sur le front Nord et 78 en Somalie. En théorie, chaque division d'infanterie nationale italienne participant à la campagne d’Éthiopie était dotée de 72 camions légers de montagne. Durant les opérations en Éthiopie, les autocarrette se révélèrent très maniables, faciles d'emploi et utilisables sur des terrains très variés. Le seul reproche qui lui était fait concernait sa vitesse insuffisante.

Entre 1936 et 1939, les Autocarrettes OM 32 et 35 furent employées en Espagne. Au total, 328 exemplaires furent envoyés dans la péninsule ibérique. Durant la bataille de Guadalajara en mars 1937, 18 furent perdues. Au 25 octobre 1938, il restait 230 unités opérationnelles. Certaines furent utilisées pour le transport des canons de 65/17. L'utilisation des Autocarrettes OM en Espagne démontra leurs qualités de maniabilité et leur souplesse d'utilisation sur route comme en tout terrain.

Lors des grandes manœuvres de l'été 1937, des OM 36P et Mt furent testées par la division motorisée Po, qui ne les jugea pas entièrement satisfaisantes. Lors des manœuvres en Libye du 11 au 24 mai 1938, les dix OM 36 furent critiquées pour leur visibilité due à leur silhouette trop haute et pour leur conduite difficile. Le compte-rendu des manœuvres de 1939 reporte que les Autocarrettes OM avaient en général donné satisfaction pour leur bon comportement, sauf le modèle 36, jugé peu stable à cause de ses suspensions trop souples et de sa grande hauteur. La conclusion de ce rapport évoque la nécessité de les remplacer par les camions légers Fiat SPA 38R et SPA CL39.

Lorsque l'Italie entre dans la seconde guerre mondiale le 10 juin 1940, le Regio Esercito disposait d'un total de 2.751 Autocarrettes OM, en plus des 1.471 prĂ©sentes en Afrique orientale Italienne. Lors de la bataille des Alpes en juin 1940, la Division motorisĂ©e Trieste disposait encore des Autocarrettes OM 36P. Il faut noter que les Autocarrettes OM Ă©taient alors les seuls vĂ©hicules motorisĂ©s capables d'atteindre le fort du Mont Chaberton situĂ© Ă  3,219 m d'altitude.

En Russie, les Autocarrettes OM 36 et 37 équipaient le CA Alpino durant l'été 1942. Chaque division alpine était dotée de 300 exemplaires.

Notes et références

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • (it) Nicola Pignato et Filippo Cappellano, Gli Autoveicoli da combattimento dell’Esercito Italiano, t. 1 & 2, Ufficio Storico Stato Maggiore dell’Esercito,
    • Mezzi dell'Esercito Italiano 1935-45, Ugo Barlozzetti & Alberto Pirella, Editoriale Olimpia, 1986
    • Le Autocarette del Regio Esercito, Nicola Pignato, GMT, 2000
    • OM, Una storia nella storia..., Costantino Squassoni & Mauro Squassoni Negri, Edizioni Negri, 1991
    • Immagini ed evoluzione del corpo automobilistico, Volume II (1940-1945), Valido Capodarca, Comando traporti e materiali dell'esercito, 1995
    • L'autocarretta Ansaldo, Un piccolo autocarro per tutti i terreni, Bruno Benvenuti & Andrea Curami, Storia Militare no 11, 1994
    • La motorizzazione dell'esercito e la conquista dell'Etiopia, Gen. Angelo Pugnani, Edizioni della rivista trasporti e lavori pubblici, 1936
    • Istruzioni per l'uso e manutenzione della autocarretta 32, OM, 1935
    • Article et photos en français sur le site Italie 1935-45
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