Attentat au gaz sarin de Matsumoto
L'attentat au gaz sarin de Matsumoto est une tentative de magnicide perpĂ©trĂ© par des membres de la secte Aum ShinrikyĆ Ă Matsumoto, dans la prĂ©fecture de Nagano, durant la nuit du . Huit personnes sont tuĂ©es[1] - [2] et plus de 500 personnes sont blessĂ©s par du sarin sous forme d'aĂ©rosol diffusĂ© depuis un camion de rĂ©frigĂ©ration trafiquĂ© dans la rĂ©gion de Kaichi Heights. L'attaque a lieu neuf mois avant l'attentat au gaz sarin dans le mĂ©tro de Tokyo.
Attentat au gaz sarin de Matsumoto | |
Localisation | Matsumoto (Japon) |
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CoordonnĂ©es | 36° 14âČ 35âł nord, 137° 58âČ 18âł est |
Date | Vers 22 h 40 (UTC+9) |
Armes | sarin |
Morts | 8 |
Blessés | > 500 |
Organisations | Aum ShinrikyĆ |
Attaque au sarin
Lâattaque au sarin sâest produite dans un quartier rĂ©sidentiel calme de la ville de Matsumoto, dans la prĂ©fecture de Nagano. Aum ShinrikyĆ avait deux buts : attaquer trois juges qui surveillaient un procĂšs concernant un litige immobilier qui devait aller Ă l'encontre du culte, et tester l'efficacitĂ© de son sarin â que le culte fabriquait dans l'une de ses installations â en tant qu'arme de meurtre de masse[3]. Les citoyens de Matsumoto avaient irritĂ© le fondateur de la secte, ShĆkĆ Asahara, en sâopposant vigoureusement Ă son projet de crĂ©er un bureau et une usine dans le sud de la ville. Les opposants au plan ont rassemblĂ© 140 000 signatures lors d'une pĂ©tition anti-Aum ShinrikyĆ, soit 70% de la population de la ville Ă cette Ă©poque[4].
Le plan initial du culte qui consistait Ă libĂ©rer l'aĂ©rosol dans le palais de justice de Matsumoto a Ă©tĂ© modifiĂ© lorsque les membres du culte sont arrivĂ©s dans la ville aprĂšs la fermeture du bĂątiment. Les membres de la secte ont dĂ©cidĂ© de cibler un immeuble de trois Ă©tages dans lequel les juges de la ville rĂ©sidaient. Ă 22 h 40, des membres d'Aum ShinrikyĆ ont utilisĂ© un camion frigorifique trafiquĂ© pour libĂ©rer un nuage de sarin flottant prĂšs du domicile des juges. L'espace de chargement du camion contenait un engin de chauffage spĂ©cialement conçu pour transformer 12 litres de sarin liquide en aĂ©rosol et des ventilateurs pour diffuser l'aĂ©rosol dans le voisinage des juges[4].
Ă 23 h 30, la police de Matsumoto reçoit un rapport urgent des ambulanciers paramĂ©dicaux selon lequel plusieurs blessĂ©s seraient transportĂ©s Ă l'hĂŽpital. Les patients souffraient d'une perte de la vision, de douleurs aux yeux, de maux de tĂȘte, de nausĂ©es, de diarrhĂ©e, de myosis et d'un engourdissement des mains. Certaines victimes ont racontĂ© avoir vu un brouillard flotter avec une odeur Ăącre et irritante. Au total, 274 personnes sont traitĂ©es. Cinq rĂ©sidents dĂ©cĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans leurs appartements et deux sont dĂ©cĂ©dĂ©s Ă l'hĂŽpital immĂ©diatement aprĂšs leur admission. Une huitiĂšme victime, Sumiko Kono, est restĂ©e dans le coma pendant 14 ans et est dĂ©cĂ©dĂ©e en 2008[2].
Le lendemain de l'attaque, des poissons morts sont trouvĂ©s dans un Ă©tang prĂšs de la scĂšne. Les corps de chiens, d'oiseaux et un grand nombre de chenilles sont retrouvĂ©s dans la rĂ©gion. L'herbe et les arbres sont fanĂ©s et les feuilles des arbres dĂ©colorĂ©es. Presque toutes les victimes avaient Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans un rayon de 150 mĂštres du centre, prĂšs de l'Ă©tang. Des personnes proches de fenĂȘtres ouvertes ou dans des piĂšces climatisĂ©es avaient Ă©tĂ© exposĂ©es Ă lâaĂ©rosol. Une enquĂȘte mĂ©dico-lĂ©gale utilisant la chromatographie en phase gazeuse-spectromĂ©trie de masse a rĂ©vĂ©lĂ© que le poison Ă©tait du sarin, un agent neurotoxique[5].
Yutaka Kobayashi, un salaryman ùgé de 23 ans, et Mii Yasumoto, une étudiante en médecine de 29 ans, font partie des victimes[6].
Investigation
En septembre 1994, deux lettres anonymes envoyĂ©s aux plus grands mĂ©dias japonais implique Aum ShinrikyĆ. Elles affirment que la secte est Ă l'origine de l'attaque et elles disaient que « Matsumoto Ă©tait vraiment une expĂ©rimentation. Le rĂ©sultat de cette expĂ©rience dans un espace dĂ©couvert : sept morts, plus de 200 blessĂ©s. Si le sarin est libĂ©rĂ© dans un espace clos, disons dans un mĂ©tro bondĂ©, il est facile d'imaginer une catastrophe massive. »[7].
AprĂšs l'incident, la police concentre son enquĂȘte sur Yoshiyuki KĆno, dont l'Ă©pouse Ă©tait une victime plongĂ©e dans le coma par l'aĂ©rosol. On a dĂ©couvert que KĆno avait stockĂ© une grande quantitĂ© de pesticides dans sa rĂ©sidence. Bien que le sarin ne puisse pas ĂȘtre fabriquĂ© Ă partir de pesticides, Keiichi Tsuneishi, un historien japonais, a prĂ©tendu que l'agent neurotoxique Ă©tait synthĂ©tisable Ă partir de pesticides organophosphorĂ©s[8] - [9] et que KĆno Ă©tait surnommĂ© par certains mĂ©dias « l'homme au gaz toxique » et recevait des courriers haineux, menaces de mort et une pression lĂ©gale intense. Une fois la vĂ©ritĂ© connue, tous les principaux journaux japonais ont prĂ©sentĂ© des excuses Ă KĆno, y compris ceux qui ne l'avaient pas dĂ©signĂ© comme suspect.
AprĂšs l'attaque du mĂ©tro de Tokyo en 1995, le culte Aum ShinrikyĆ devient responsable. Le chef de la police, au nom du dĂ©partement de la police et des mĂ©dias, sâexcuse publiquement auprĂšs de KĆno. Sa femme s'est rĂ©veillĂ©e plus tard du coma, mais sans retrouver l'usage de la parole et en restant paralysĂ©e. Elle dĂ©cĂšde en 2008[1] - [2].
Plusieurs membres d'Aum ShinrikyĆ ont Ă©tĂ© reconnus coupables d'avoir prĂ©sidĂ© les deux attaques. Ensemble, les attaques ont entraĂźnĂ© 21 dĂ©cĂšs et des milliers d'hospitalisations et de traitements ambulatoires. Le principal motif de l'incident de Matsumoto Ă©tait de tuer les juges chargĂ©s des accusations de fraude contre Aum, portĂ©s par des propriĂ©taires terriens Ă Matsumoto, afin d'empĂȘcher le tribunal de publier le verdict prĂ©vu.
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Matsumoto sarin attack » (voir la liste des auteurs).
- "Main Matsumoto sarin victim dies 14 years after attack" The Yomiuri Shimbun (August 6, 2008).
- "Survivor of Aum's '94 sarin attack dies while in coma"
- Kyle B. Olson, "Aum Shinrikyo: Once and Future Threat?", Centers for Disease Control and Prevention, Research Planning, Inc., Arlington, Virginia
- Paul Murphy, Japan Times, « Matsumoto: Aum's sarin guinea pig », Yukiko Ogasawara,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Seto, Yasuo. "The Sarin Gas Attack in Japan and the Related Forensic Investigation." The Sarin Gas Attack in Japan and the Related Forensic Investigation. Organisation for the Prohibition of Chemical Weapons, June 1, 2001. Web. February 24, 2017.
- Kyodo News, "Matsumoto gassings remembered", Japan Times, June 28, 2009, p. 2.
- Amy E. Smithson and Leslie-Anne Levy, Ataxia: The Chemical and Biological Terrorism Threat and the US Response, Henry L. Stimson Centre, , 91â95, 100 (lire en ligne), « Chapter 3 â Rethinking the Lessons of Tokyo »
- (ja) Tsuneishi Keiichi, « ăăŸăźææŻăŹăčă§ïŒäșșæ»äșĄăèŸČèŹäžæŻă«äŒŒăăæŸæŹćžăźäœćź èĄ Â», The Asahi Shimbun, evening edition,â
- (ja) Tsuneishi Keiichi, « ćžèČ©èŹă§ăäœăăçæŻă”ăȘăłăç„èăç”éšăăă°ćŻèœăæŸæŹăźäžæŻæ» », The Asahi Shimbun, morning edition,â