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Asturien (Préhistoire)

L’Asturien est une culture ÉpipalĂ©olithique ou MĂ©solithique qui s'est dĂ©veloppĂ©e proche de la cĂŽte (maximum 10 km de la mer), dans l'est des Asturies, l'ouest de la Cantabrie et une petite partie du Portugal.

DĂ©but et fin

Des dates ont Ă©tĂ© Ă©tablies par Ortiz et al. (2009) Ă  l'aide de mesures du taux de racĂ©misation de l'acide aspartique dans les patelles des amas coquilliers. Pour la grande majoritĂ© des sites, l'Asturien commence vers 9500–9300 AP et se termine vers 6000 AP. Mais les sites de Entecueva, Juan de Covera-2, La Cabrera-2 et Carmona indiquent un dĂ©but vers 9800 Ă  10200 AP ; et ceux de La Cabrera-2 et de Cordoveganes indiquent une fin vers 5500 AP[1].

Entre 9500 to 8500 AP, il est contemporain de l'Azilien. Straus (1979) suggĂšre que les mĂȘmes groupes humains pourraient ĂȘtre responsables des deux cultures - mais plusieurs autres auteurs dĂ©crivent une transition rapide entre ces deux cultures[1].

Principales caractéristiques

Il est caractérisé par le pic asturien, dont on pense qu'il servait à ramasser des coquillages et plus particuliÚrement à les décoller du rocher (patelles) ; et par la présence de grands amas coquilliers (concheros en espagnol) qui dans certains cas peuvent remplir les grottes jusqu'au plafond.

DĂ©couverte, fouilles, nom

Le premier lieu asturien découvert est la grotte El Penicial, fouillée par Ricardo, alors comte de la Vega del Sella, qui devient plus tard duc d'Estrada. Il fouille aussi les sites de Colomba, d'Arnero, de Leona, Alloru, Fonfria, la Riera (es), Balmora et la Franca (grotte de Mazaculos (es)), situées sur le littoral cantabrique (province d'Oviedo)[2].

En 1925, R. de Serpa Pinto prospecte au Portugal (Ancora) ; et E. Jalhay, qui fouille en Galice, établit le tracé de la ligne de démarcation de la culture asturienne vers le sud, le long du rivage atlantique de la cÎte ibérique[3].

Le nom vient de l'archéologue allemand Hugo Obermaier, qui travaillait en Espagne, dans son livre El Hombre fósil (1916, traduit en anglais en 1924)[4].

Outillage, mode de vie

Le pic asturien est façonnĂ© dans du quartzite. Sa longueur moyenne est de 8,5 cm. L'une des extrĂ©mitĂ©s est taillĂ©e en pointe. L'usure constatĂ©e montre que c'est la pointe qui est utilisĂ©e. C'est une exception dans l'outillage lithique de l'Ă©poque. Son utilisation la plus probable est de dĂ©tacher les patelles de leurs rochers. Les outils en os et autres types d'outils Ă  lames sont notablement rares aux alentours des amas coquilliers[5] : quelques poinçons de formes simples et des bois de cerf perforĂ©s. Des grattoirs et des racloirs sont Ă©galement prĂ©sents[2].

On trouve aussi des amas coquilliers sur les sites aziliens, mais la géologie est différente : le silex y est abondant mais pas la quartzite ; de plus les estuaires de riviÚres y sont plus larges et offrent des moules et des huitres, plus faciles à ramasser et plus appétents que les patelles[6].

Depuis quelques dizaines d'annĂ©es un dĂ©bat a lieu quant Ă  ce que ces sites cĂŽtiers asturiens oĂč les pics ont Ă©tĂ© trouvĂ©s, sont utilisĂ©s de façon saisonniĂšre ou permanente. Il est suggĂ©rĂ© que les fruits de mer sont consommĂ©s Ă  la fin de l'hiver et dĂ©but printemps, quand les autres nourritures sont rares[7], et que les populations migraient ailleurs pendant le reste de l'annĂ©e ; mais Ă  ce jour il y a peu de vestiges de sites Ă  l'intĂ©rieur des terres (au contraire de l'Azilien et du MagdalĂ©nien qui prĂ©cĂšdent)[8]. Les Ă©tudes de l'isotope de l'oxygĂšne dans les coquillages suggĂšrent que ces coquillages n'ont pas Ă©tĂ© ramassĂ©s en Ă©tĂ©, mais ceci ne permet pas de rĂ©pondre Ă  la question[9].

Les vestiges de poissons sont Ă©galement abondants, avec plus de 20 espĂšces marines sur un des sites[10].

Le cerf élaphe est le principal gibier, avec le chevreuil, le sanglier, l'aurochs et, plus rare, l'ibex[10]. La région était alors trÚs boisée, ce qui induit le cerf élaphe à adopter un mode de vie plus solitaire que la vie en troupeaux en usage dans les paysages plus ouverts des plaines existant au Magdalénien[11].

La culture asturienne ne semble pas avoir produit quelque forme d'art, pas mĂȘme les classiques galets peints aziliens[12].

Voir aussi

Bibliographie

  • [Arias et al. 2016] Pablo Arias, Miriam Cubas, Miguel Ángel Fano et al., « Une nouvelle approche pour l’étude de l’habitat mĂ©solithique dans le Nord de la pĂ©ninsule IbĂ©rique. Recherches dans le site de plein air d’El Alloru (Asturies, Espagne) », dans ArchĂ©ologie des chasseurs-cueilleurs maritimes. De la fonction des habitats Ă  l’organisation de l’espace littoral (Actes de la sĂ©ance de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française de Rennes, 10-11 avril 2014), (lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org), p. 159-190.
  • [Bailey & Spikins 2008] Geoff Bailey et Penny Spikins, Mesolithic Europe, Cambridge University Press, (ISBN 0521855039). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Do Paço, Ribeiro & Roche 1961] A. Do Paço, O. Ribeiro et abbĂ© J. Roche, « Les industries palĂ©olithiques des plages quaternaires du Minho », ComunicaçÔes dos Serviços GeolĂłgicos de Portugal, vol. 46,‎ .
  • [Clark 1974] Geoffrey A. Clark, « L'Asturien de Cantabrie: État de la recherche actuelle », State University,‎ .
  • [Clark 1983] Geoffrey A. Clark, Asturian of Cantabria : Early Holocene Hunter-Gatherers in Northern Spain (monographie), Tucson (Arizona), The University of Arizona Press, coll. « Anthropological papers of the University of Arizona » (no 41), , 185 p. (ISBN 0-8165-0800-3, lire en ligne [PDF] sur arizona.openrepository.com).
  • [Fano 2019] Miguel Ángel Fano, « The Mesolithic “Asturian” culture (North Iberia), one century on », Quaternary International, vol. 515,‎ , p. 159-175 (rĂ©sumĂ©). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Ferrier 1950] J. Ferrier, « Contribution Ă  l'Ă©tude de l'Asturien », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 47, nos 1-2,‎ , p. 74-89 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Maury 1976] Jean Maury, « Profil archĂ©ologique de l'Asturien du Portugal », Travaux de l'Institut d'Art PrĂ©historique de l'UniversitĂ© de Toulouse, vol. 18,‎ , p. 103-138.
  • [Maury 1977] Jean Maury, « Typologie et prĂ©histoire de l'Asturien du Portugal », British Archaeolog. Reports,‎ .
  • [Morales et al. 2004] Manuel Gonzalez Morales, Lawrence G. Straus, AgustĂ­n Diez Castillo et Jesus Ruiz Cobo, « Postglacial Coast & Inland: The Epipaleolithic-Mesolithic-Neolithic Transitions in the Vasco-Cantabrian Region », Munibe, no 56,‎ , p. 61-78 (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Ortiz et al. 2009] J. E. Ortiz, T. Torres, M. R. GonzĂĄlez-Morales, J. Abad, I. Arribas, F. J. Fortea, F. GarcĂ­a-Belenguer et I. GutiĂ©rrez-Zugasti, « The aminochronology of man-induced shell middens in caves in northern Spain », Archaeometry, vol. 51, no 1,‎ , p. 123–139 (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net, consultĂ© le ). (Carte des sites p. 127) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Pinto 1930] R. de S. Pinto, « Observations sur l'Asturien du Portugal », Compte-rendu du Ve CongrĂšs International d'ArchĂ©ologie, Separata, Alger,‎ .
  • [Vega del Sella 1924] Conde De La Vega Del Sella, « El Asturiense, nueva industria preneolitica. Comision de Investigaciones paleontolĂłgicas y prehistĂłrias, », Comision de Investigaciones paleontolĂłgicas y prehistĂłrias « mĂ©moire n° 32 »,‎ (prĂ©sentation en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Notes et références

Notes

    Références

    1. Ortiz et al. 2009, p. 135.
    2. Vega del Sella 1924.
    3. Ferrier 1950, p. 74.
    4. Fano 2019.
    5. Morales et al. 2004, p. 67-68.
    6. Morales et al. 2004, p. 68.
    7. Lawrence Guy Straus, dans Bailey & Spikins 2008, p. 317.
    8. Morales et al. 2004, p. 69-70.
    9. Lawrence Guy Straus, dans Bailey & Spikins 2008, p. 317-318.
    10. Morales et al. 2004, p. 70.
    11. Morales et al. 2004, p. 70, 72-73.
    12. Morales et al. 2004, p. 73.
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