Ascaris du chien
Toxocara canis
Toxocara canis, aussi appelé couramment ascaris du chien, est une espèce de nématodes dont l'adulte parasite l'intestin du chiot ou du chat et dont les premiers stades larvaires peuvent évoluer chez l'Homme en déterminant la toxocarose humaine, dont il existe des formes graves (avec des conséquences neuropsychiques[1] quand le parasite pénètre le système nerveux central, dont le cerveau par exemple[2]). C'est le parasite nématode le plus commun du chien et du chat[3].
D'autres hôtes peuvent être accidentellement parasités dont l'Homme et les rongeurs. Le comportement de la souris infectée est modifié[4].
Histoire de l'espèce
L'espèce est scientifiquement décrite en 1782 par le naturaliste Paul Christian Friedrich Werner.
Sprent en 1958 publie ses observations sur le développement de ce ver chez le chien[5].
Description
Morphologie
L'adulte mesure de 10 à 18 cm de longueur pour 1 à 2 mm de diamètre et présente une couleur blanc nacré. Il est souvent observé partiellement enroulé sur lui-même. L'extrémité antérieure portes deux ailes cervicales latérales dites en fer de lance. La bouche est entourée de trois lèvres développées.
Répartition géographique et importance
Cosmopolite, comme le chien, Toxocara canis est un parasite très répandu et très fréquent. L'affection humaine, également cosmopolite, est au contraire sporadique et accidentelle, et tire son importance de sa symptomatologie déroutante et des difficultés du diagnostic et du traitement.
Cycle de vie
Le chien adulte développant une très forte immunité, seul le chiot est parasité. L'homme et surtout l'enfant, s'infecte en avalant les œufs éliminés avec les déjections du chien qui souillent les aliments ou les mains. Libérés par la digestion, les jeunes larves tentent d'effectuer leur périple migratoire, mais désorientées par la topographie des organes, elles errent dans le foie, le poumon, les autres viscères et même parfois le système nerveux central. Puis, au bout de quelques semaines ou de quelques mois, parfois même de quelques années, elles meurent et se calcifient.
Clinique
La maladie peut s'observer à tous âges, mais elle est plus fréquente chez l'enfant, du fait de l'étroitesse de ses contacts avec le chien.
- Habituellement, l'attention est attirée par des signes généraux : asthénie, perte d'appétit, fléchissement de l'état général accompagné par une fièvre capricieuse et des troubles de type allergique (crise d'urticaire, rash, œdème de Quincke, etc.). L'examen du malade met en évidence une hépatomégalie nette, sensible, et quelquefois une splénomégalie, plus percutable que palpable.
- Dans les autres cas, le tableau est dominé par un syndrome de Löffler typique et très important. Les examens paracliniques montrent :
- une hyperéosinophilie sanguine considérable, atteignant 70 à 80 %,
- une hyperleucocytose,
- une augmentation de la VS et des gamma-globulines.
- L'évolution, après des phases d'exacerbation et de sédation alternée, se fait vers la disparition progressive, le plus souvent en quelques mois, des troubles cliniques.
Diagnostic
Le diagnostic est difficile. En l'absence du syndrome de Löffler, on pense surtout, en Europe occidentale, à une distomatose à Fasciola hepatica. Mais la sérologie spécifique reste muette et le traitement émétinien est sans effet.
La ponction-biopsie du foie, si on la pratique, peut parfois apporter la confirmation diagnostique en montant un granulome inflammatoire centré sur une larve, typique avec ses ailerons latéraux. Mais, bien souvent l'examen passe à côté, et ne montre que l'état très congestif du parenchyme hépatique.
L'immunoélectrophorèse (à l'antigène spécifique Toxocara), d'un grand secours si on songe à la pratiquer, a un résultat plus spécifique que l'immunofluorescence indirecte.
Traitement (1980)
Le traitement est décevant : la plupart des anthelmintiques ont peu d'effet en raison du métabolisme réduit des larves[6].
Les antihistaminiques et les corticoïdes sont employés avec profit contre les troubles allergiques.
Épidémiologie
Les enfants de moins de 4 ans, qui portent beaucoup leurs doigts à la bouche sont ceux qui sont le plus souvent infestés. Ils peuvent facilement être contaminés notamment dans les environnements domestiques ou publics (aires de jeu par exemple) où les chiens sont également présents[3]. Lors d'une étude américaine faite en 1975, 20 % des excréments de chiens examinés contenaient des œufs d'Ascaris du chien ; plus de 30 % des échantillons de sol d'un parc urbain (Rittenhouse Square de Philadelphie, en Pennsylvanie) où jouent les enfants et où les chiens font leurs besoins en contenait aussi.
Notes et références
- (en) Marmor, M, Glickman L, Shofer F, Faich LA, Rosenberg C, Cornblatt B. & Friedman S. « Toxocara canis infection of children: epidemiologic and neuropsychologic findings » American journal of public health 1987;77(5):554-9.
- (en) Hill IR, Denham DA. & Scholtz CL. « Toxocara canis larvae in the brain of a British child » Trans R Soc Trop Med Hyg. 1985;79(3):351-4. résumé). (
- (en) Dubin S, Segall S. & Martindale J, « Contamination of soil in two city parks with canine nematode ova including Toxocara canis: a preliminary study » American journal of public health 1975;65(11):1242-5.
- (en) Burright RG, Donovick, PJ, Dolinsky Z, Hurd Y, & Cypess R. « Behavioral changes in mice infected with Toxocara canis » J Toxicol Environ Health 1982;10(4-5):621-6.
- (en) Sprent JFA, « Observations on the development of Toxocara canis (Werner, 1782) in the dog » Parasitology 1958;48(1-2):184-209.
- Laëtitia Gignac, « Traitement de la toxocarose larvaire des carnivores domestiques : médecine factuelle », Faculté de médecine de Créteil, , p. 48 (lire en ligne)
Voir aussi
Liens externes
- (en) Référence Fauna Europaea : Toxocara canis (Werner, 1782) (consulté le )
- (en) Référence Animal Diversity Web : Toxocara canis
- (en) Référence NCBI : Toxocara canis (taxons inclus)
Bibliographie
- (en) Badley JE, Grieve RB, Rockey JH. & Glickman LT. « Immune‐mediated adherence of eosinophils to Toxocara canis infective larvae: the role of excretory‐secretory antigens » Parasite immunology 1987;9(1):133-143. (résumé).
- (en) Bowman DD, Mika-Grieve M. & Grieve RB. « Circulating excretory-secretory antigen levels and specific antibody responses in mice infected with Toxocara canis » The American journal of tropical medicine and hygiene 1987;36(1):75 (résumé ).
- (en) Glickman LT. & Schantz PM. « Epidemiology and pathogenesis of zoonotic toxocariasis » Epidemiologic Reviews 1981. (résumé AGRIS/FAO).
- (en) Maizels RM, Kennedy MW, Meghji M, Robertson BD. & Smith HV. « Shared carbohydrate epitopes on distinct surface and secreted antigens of the parasitic nematode Toxocara canis » The Journal of Immunology 1987;139(1):207-14. (résumé).
- (en) Page AP, Rudin W, Fluri E, Blaxter ML. & Maizels RM. « Toxocara canis: A labile antigenic surface coat overlying the epicuticle of infective larvae » Experimental parasitology 1992;75(1):72-86 (résumé ).
- (en) Thompson DE, Bundy DA, Cooper ES. & Schantz PM. « Epidemiological characteristics of Toxocara canis zoonotic infection of children in a Caribbean community » Bulletin of the World Health Organization 1986;64(2):283.
- (en) Vidal JE, Sztajnbok J. & Seguro AC. « Eosinophilic meningoencephalitis due to Toxocara canis: case report and review of the literature » American Journal of Tropical Medicine and Hygiene 2003;69(3):341-3.
- (en) Worley G, Green JA, Frothingham TE, Sturner RA, Walls KW, Pakalnis VA. & Ellis GS. « Toxocara canis infection: clinical and epidemiological associations with seropositivity in kindergarten children » Journal of infectious diseases 1984;149(4), 591-597 (résumé).
- (en) Yamasaki H, Araki K, Lim PKC, Zasmy N, Mak JW, Taib R. & Aoki T. « Development of a Highly Specific RecombinantToxocara canis Second-Stage Larva Excretory-Secretory Antigen for Immunodiagnosis of Human Toxocariasis » Journal of clinical microbiology 2000;38(4):1409-13.