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Article 301 du code pénal turc

L’article 301 est un article controversé du code pénal turc rendant illégal d'insulter la Turquie, l'identité turque ou les institutions turques. Il est entré en application le et fut introduit au sein d'une réforme de la loi pénale préalable à l'ouverture des négociations en vue de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne pour amener la Turquie au niveau des exigences européennes[1] - [2].

Manifestation contre l'article 301 devant l'ambassade de Turquie en Allemagne.

Contenu

Selon le texte du [3], la loi Ă©tablit que :

  • Le dĂ©nigrement public de la nation turque, de l’État de la RĂ©publique Turque ou de la Grande AssemblĂ©e Nationale Turque et des institutions juridiques de l’État sera puni de six mois Ă  deux ans d’emprisonnement.
  • Le dĂ©nigrement de l’armĂ©e et des organisations de police de l’État recevra la mĂŞme peine.
  • L’expression d’une pensĂ©e Ă  visĂ©e critique ne constitue pas un dĂ©lit.
  • Les inculpations au nom de cet article doivent recevoir l’approbation du ministre de la Justice.

Cas célèbres

L'écrivain Turc Orhan Pamuk est passé en jugement pour ses déclarations à propos du Génocide arménien.

L'Union europĂ©enne Ă©tait spĂ©cialement critique envers cette loi lorsqu'en , le romancier Orhan Pamuk fit l'objet d'un procès Ă  la suite de commentaires sur le gĂ©nocide armĂ©nien reconnaissant la mort de 30 000 Kurdes et un million d'ArmĂ©niens.
Le commissaire européen à l'élargissement Olli Rehn et les membres du Parlement européen qualifièrent alors ce cas de « regrettable », « malheureux » et « inacceptable »[4]. Après que l'affaire eut été abandonnée quatre mois plus tard, le [2], le ministre des Affaires étrangères turc Abdullah Gül indiqua que la Turquie pourrait abroger ou modifier l'article 301, établissant que « il peut y avoir besoin d'une nouvelle loi[5] ». En , le Parlement européen appela à l'abolition des lois, tel l'article 301, « qui menace les normes européennes de liberté d'expression[6] ».

Kemal Kerinçsiz (en), un avocat ultra-nationaliste, et d'autres membres de la Büyük Hukukçular Birliği (Grande Union des Juristes) menée par Kerinçsiz, « était derrière presque tous les procès [liés à l'article 301][7] ». En , Kerinçsiz a été arrêté pour avoir participé à une organisation ultra-nationaliste clandestine, Ergenekon, qui était prétendument impliquée dans les attaques du Conseil d'État turc et du journal Cumhuriyet[8], dans l'assassinat de plusieurs missionnaires chrétiens et du journaliste arméno-turc Hrant Dink[9] (lui-même poursuivi sous le coup de l'article 301), ainsi que dans le complot visant à assassiner Orhan Pamuk, devenu lauréat du prix Nobel le [10] - [11].

Évolution de la loi depuis sa mise en place

Dans sa version initiale[3] (traduction Amnesty International) la loi disposait que :

  • Le dĂ©nigrement public de l’identitĂ© turque, de la RĂ©publique ou de la Grande AssemblĂ©e nationale turque sera puni de six mois Ă  trois ans d’emprisonnement.
  • Le dĂ©nigrement public du gouvernement de la RĂ©publique de Turquie, des institutions judiciaires de l’État, des structures militaires ou sĂ©curitaires, sera puni de six mois Ă  deux ans d’emprisonnement.
  • Dans les cas oĂą le dĂ©nigrement de l’identitĂ© turque sera commis par un citoyen turc dans un autre pays, la peine sera accrue d’un tiers.
  • L’expression d’une pensĂ©e Ă  visĂ©e critique ne constitue pas un dĂ©lit.

Le , le parlement rĂ©forma l'article 301 car le dĂ©nigrement de « l'identitĂ© turque » se rĂ©vĂ©lait une notion jugĂ©e juridiquement trop floue[12]. D'après cette rĂ©forme, insulter explicitement la « nation turque », plutĂ´t que la « turquitude », est un crime et la peine maximum a Ă©tĂ© rĂ©duite Ă  deux ans de prison[12] (trois ans auparavant). Le nouveau texte rĂ©prime les insultes visant « la nation turque », après autorisation prĂ©alable du ministre de la Justice. Cette rĂ©forme Ă©tait rĂ©clamĂ©e par la Commission europĂ©enne depuis 2005, notamment depuis l'affaire Orhan Pamuk. Selon le ministère de la Justice, 1 189 personnes ont Ă©tĂ© poursuivies Ă  ce titre pendant le seul premier trimestre 2007. NĂ©anmoins, cet article et deux autres, le 216 et le 305, restent controversĂ©s dans le domaine de la libertĂ© d'expression.

Sources

Références

Bibliographie

  • (en) Jonny Dymond, « EU blasts Turkish author's trial », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « Turkey insult law 'may be dumped' », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « New EU warning on Turkey reforms », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « EU hails Turkey free speech move », BBC News,‎ (lire en ligne)
  • (en) « In Turkey, ultra-nationalist lawyer wins supporters as enthusiasm for the EU falls », International Herald Tribune,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Mustafa Akyol, « The Turkish Leviathan under arrest? », Turkish Daily News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Sabrina Tavernise, « 13 Arrested in Push to Stifle Turkish Ultranationalists Suspected in Political Killings », New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « Plot to kill Orhan Pamuk foiled », Times of India,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Richard Lea, « 'Plot to kill' Nobel laureate », The Guardian,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Articles connexes

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