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Arthur Griffith

Arthur Griffith (irlandais : Árt Ó GrĂ­ofa) ( Ă  Dublin - ) est un journaliste et homme d'État irlandais Ă  l’origine de la fondation du Sinn FĂ©in. Il dirige, avec Michael Collins, la dĂ©lĂ©gation irlandaise chargĂ©e de nĂ©gocier le traitĂ© anglo-irlandais de 1921 et occupe le poste de prĂ©sident du second DĂĄil Éireann de janvier Ă  .

Arthur Griffith
Illustration.
Arthur Griffith en , un mois avant sa mort.
Fonctions
PrĂ©sident du DĂĄil Éireann
–
LĂ©gislature 3e et 4e
PrĂ©dĂ©cesseur Éamon de Valera
Successeur William T. Cosgrave
Ministre des Affaires Ă©trangĂšres
–
Biographie
Nom de naissance Art Ó Gríobhtha
Date de naissance
Lieu de naissance Dublin, Leinster
Date de décÚs
Lieu de décÚs Dublin
Nationalité Irlandaise
Parti politique Sinn FĂ©in

Biographie

NĂ© Ă  Dublin en 1872, Arthur Griffith reçoit une formation d’imprimeur avant de se tourner vers le journalisme et l’écriture.

En 1893, il participe Ă  la fondation de la Celtic Literary Society et devient rapidement un membre de la Gaelic League, une organisation ayant pour but de restaurer la langue irlandaise, et de l’Irish Republican Brotherhood (IRB, une fraternitĂ© luttant pour la mise en place d’une rĂ©publique indĂ©pendante et souveraine en Irlande, qu’il quitte en 1910[1].

Griffith Ă©migre ensuite en Afrique du Sud, entre 1896 et 1898, pendant la guerre des Boers oĂč il s’engage contre les Britanniques. Cette pĂ©riode de sa vie marque aussi la naissance de son admiration pour Paul Kruger, le prĂ©sident de la rĂ©publique sud-africaine du Transvaal.

À son retour en 1899, Griffith reprend l’hebdomadaire The United Irishman fondĂ© en 1848 par John Mitchell[2] un des premiers intellectuels Ă  avoir dĂ©veloppĂ© l’idĂ©e d’un nationalisme unitaire par le biais de Jeune Irlande, un parti politique fondĂ© au milieu du XIXe siĂšcle[1].

En 1900, Griffith fonde sa premiĂšre organisation politique, le Cumann na nGaedhael (la famille des GaĂ«ls), chargĂ© d’unifier les groupes nationalistes et sĂ©paratistes d’Irlande[3].

En 1903, Griffith est Ă  l’origine de la crĂ©ation du National Council mis en place pour manifester contre la venue du roi Édouard VII en Irlande.

En 1906, The United Irishman, devenu le journal officiel du Sinn FĂ©in], fait faillite. Griffith le refonde en 1907 et le baptise Sinn FĂ©in pour affirmer l’engagement du journal au cĂŽtĂ© du jeune parti nationaliste. Le journal subsiste jusqu’à son interdiction par le gouvernement britannique en 1914. Il est Ă  nouveau refondĂ© et porte ensuite le nom de Nationality.

En 1913, il soutient la formation des Irish Volunteers, un corps de volontaires fondĂ© par de nombreux mouvements nationalistes en rĂ©ponse Ă  la crĂ©ation de l’UFV (Ulster Volunteer Force) par les Unionistes d’Ulster et participe aux incidents de Howth. C'est dans ce port situĂ© dans la baie de Dublin, en , que le romancier Robert Erskine Childers a fait dĂ©barquer de son yacht Asgard 900 fusils achetĂ©s en Allemagne pour les Irish Volunteers. Cet Ă©change provoque une intervention de l’armĂ©e britannique qui fait 3 victimes[4].

Arthur Griffith est donc un nationaliste irlandais inscrit dans divers mouvements prĂŽnant une certaine indĂ©pendance pour l’Irlande. Cependant, il est Ă  la marge des indĂ©pendantistes qui veulent une rupture complĂšte des relations avec l’empire britannique car Griffith penche pour des idĂ©es plus nuancĂ©es et qui serviront de pilier Ă  la construction du Sinn FĂ©in.

Arthur Griffith et le Sinn FĂ©in

Le est fondĂ© le Sinn FĂ©in, qui veut dire « nous-mĂȘmes » en gaĂ©lique, par Arthur Griffith et Bulner Hobson.

Ce parti a pour objectif de faire atteindre Ă  l'Irlande son indĂ©pendance culturelle et Ă©conomique. Il regroupe diffĂ©rents groupes de FĂ©niens, des membres du Parti nationaliste, des fĂ©ministes, des pacifistes ainsi que plusieurs groupes radicaux comme le Dungannon clubs, le National Council, l’Inghinidhe na hEirann et le Cumann na nGaedhael.

Le programme du parti est essentiellement inspirĂ© des idĂ©es de Griffith, exprimĂ©es dans une suite d’articles publiĂ©s l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente et regroupĂ©s dans un ouvrage, The Resurrection of Hungary : A Paralell for Ireland.

  • L’Irlande doit devenir un partenaire Ă©gal de la couronne britannique par le biais d’une double monarchie (dual monarchy).
  • L’Irlande doit dĂ©velopper ses propres ressources et s’appuyer sur le marchĂ© intĂ©rieur. De cette façon la construction d’une industrie nationale, protĂ©gĂ©e par des tarifs Ă©levĂ©s, serait possible. Tout cela permettrait Ă  l’Irlande de subvenir Ă  ses moyens et stopperait l’émigration.
  • Le Sinn FĂ©in appelle Ă  une rĂ©sistance passive. Les dĂ©putĂ©s irlandais doivent ainsi quitter le Parlement britannique pour former une assemblĂ©e nationale en Irlande tandis que la population a pour devoir d’abandonner sa coopĂ©ration avec les institutions du gouvernement en faveur des institutions irlandaises.

Griffith prend rapidement la tĂȘte de ce parti, les idĂ©es du journaliste Ă©tant le ciment de ce nouveau groupuscule. Bien que le Sinn FĂ©in influe fortement certains votants en raison de son nom, il obtient peu de soutien. En , il n'a que 515 membres dans toute l'Irlande dont 211 Ă  Dublin. Jusqu'en 1915, le parti souffre de sĂ©rieuses difficultĂ©s financiĂšres, au point de ne pas pouvoir payer le loyer de ses locaux Ă  Dublin[5].

L'insurrection de PĂąques 1916

Le , lundi de PĂąques, une insurrection est lancĂ©e par l’Irish Republican Brotherhood (IRB). Les insurgĂ©s s’emparent de plusieurs points stratĂ©giques de Dublin avant de proclamer devant l’HĂŽtel des Postes la naissance de la rĂ©publique Irlandaise. Refusant l’usage de la violence et regardant d’un mauvais Ɠil l’expansion de la guĂ©rilla et du terrorisme en Irlande, Griffith refuse de participer au soulĂšvement qu’il juge prĂ©maturĂ©[6].

La rĂ©action de l’armĂ©e britannique ne se fait pas attendre puisque le soulĂšvement est Ă©crasĂ© en cinq jours et les signataires de la dĂ©claration d’indĂ©pendance ainsi que les chefs militaires de l’insurrection sont fusillĂ©s[7]. Ces exĂ©cutions retournent l’opinion publique qui fait des victimes de vĂ©ritables martyrs.

Griffith est arrĂȘtĂ©, la population et la police britannique pensant que le Sinn FĂ©in Ă©tait Ă  l’origine de l’insurrection[8]. Cette confusion alimentĂ©e par les Britanniques dans le but de jeter le discrĂ©dit sur Griffith et son parti ne contribue cependant qu’à renforcer son influence.

AprÚs sa libération, il devient le président du Sinn Féin, à présent constitué en une organisation républicaine[6].

La guerre d'indépendance

Le , lord French est nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral d’Irlande. À la suite d'une rĂ©organisation du chĂąteau de Dublin, oĂč siĂšge le pouvoir britannique, l’administration fait Ă©tat d’un complot dirigĂ© contre le nouveau vice-roi et utilise ce prĂ©texte pour arrĂȘter la nuit du une centaine de chefs nationalistes dont Griffith. Pendant sa dĂ©tention, il est Ă©lu dĂ©putĂ© de l’East Cavan[8].

Le , Ă  l’HĂŽtel de Ville de Dublin le Sinn FĂ©in se constitue (en toute illĂ©galitĂ©) en assemblĂ©e souveraine (premier DĂĄil ou DĂĄil Éireann) ayant pour but de ratifier la mise en place de la RĂ©publique Irlandaise qui avait Ă©tĂ© proclamĂ©e durant l’insurrection de PĂąques 1916. Est Ă©galement crĂ©Ă© un vĂ©ritable ministĂšre rĂ©publicain sous la direction d’Éamon de Valera dans l’optique de mener une lutte toujours plus active contre les Britanniques. Cet Ă©vĂšnement est considĂ©rĂ© comme le point de dĂ©part de la guerre d’indĂ©pendance Irlandaise. Griffith, alors libĂ©rĂ©, accĂšde Ă  la prĂ©sidence du DĂĄil en , en remplacement de De Valera, parti pour les États-Unis[9].

À la suite d'une sĂ©rie d’assassinats et d’attentats perpĂ©trĂ©s par l’armĂ©e rĂ©publicaine irlandaise (IRA, Irish Republican Army) en , Griffith est arrĂȘtĂ© le et emprisonnĂ© avec les autres leaders du Sinn FĂ©in tel qu’Eoin MacNeill et Eamon Dugan. S’il est libĂ©rĂ© quelque temps avant la fin de la guerre anglo-irlandaise, son emprisonnement engendre d’irrĂ©mĂ©diables sĂ©quelles sur sa santĂ©[10].

Le traité de Londres 1921

En , Éamon de Valera, plutĂŽt que de se rendre lui-mĂȘme Ă  Londres, envoie Michael Collins et Griffith nĂ©gocier un traitĂ© de paix avec l’empire britannique. Durant les nĂ©gociations, David Lloyd George rĂ©ussit Ă  leur faire accepter le statut de dominion pour l’Irlande et le retour dans l’État libre d'Irlande des comtĂ©s de Tyrone, de Fermanagh, une portion d’Armagh et les villes de Newry et de Derry, obligeant ainsi les comtĂ©s protestants Ă  se dĂ©tacher de l’empire.

Pour Griffith, le traité est le meilleur qui puisse exister, le gouvernement britannique ne gardant le monopole des décisions que lorsque celles-ci concernaient des questions impériales.

Le traitĂ© divise l’Irlande en deux camps : De Valera, Austin Stack et Brugha s’opposent Ă  Griffith et Collins. Étrangement les dĂ©bats qui eurent lieu entre le et le portent essentiellement sur les signes d’appartenance Ă  la couronne, autrement dit, au statut de dominion, liĂ© Ă  la couronne par un serment de fidĂ©litĂ©.

Le , le DĂĄil ratifie le traitĂ©. Le lendemain, De Valera, excĂ©dĂ©, dĂ©clare qu’il n’acceptera jamais « l’autodĂ©termination avec un canon (de pistolet) pointĂ© sur lui ». Le 9 il dĂ©missionne de son poste de prĂ©sident du DĂĄil et Griffith le remplace le jour qui suit Ă  la suite d'Ă©lections et forme un nouveau gouvernement.

Le 16, les membres du gouvernement provisoire sont reçus au chĂąteau de Dublin, siĂšge du gouvernement britannique en Irlande et assistent Ă  un transfert de pouvoir symbolique. Le 1er fĂ©vrier, Collins et Griffith rencontrent une dĂ©lĂ©gation de nationalistes du nord et leur assurent que les six comtĂ©s d’Ulser seront ralliĂ©s Ă  l’État libre d'Irlande[11].

L’effort l'ayant progressivement affaibli, Griffith meurt d’une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale le [12], en plein dĂ©but de la guerre civile irlandaise, peu avant que Collins ne soit tuĂ©.

D’aprĂšs l’historien Diarmaid Ferriter, Griffith fut rapidement “effacĂ©â€ de l’histoire irlandaise mĂȘme si on lui doit la crĂ©ation du Sinn FĂ©in. Sa veuve dut en effet se battre pour obtenir une pension auprĂšs des anciens collĂšgues de son mari. Il faut d’ailleurs attendre 1968 pour qu’une plaque commĂ©morative soit fixĂ©e sur la maison familiale des Griffith[13].

Plusieurs rues et lieux publics portent son nom aujourd’hui comme Griffith Avenue au Nord de Dublin ou Arthur Griffith Park Ă  Lucan dans le comtĂ© de Dublin.

Un obĂ©lisque fut Ă©rigĂ© en son honneur en 1950 Ă  Leinster House ainsi qu’en celui de Michael Collins[14].

Un homme politique paradoxal

Il faut pourtant nuancer le portrait de Griffith, celui-ci ayant été utilisé à des fins politiques de nombreuses fois.

Griffith Ă©tait un nationaliste avant d’ĂȘtre un dĂ©mocrate mĂȘme s’il est vu comme un des pĂšres fondateurs de la RĂ©publique d’Irlande. Il pensait que les droits de l’État venaient avant ceux de l’individu[8].

Le Sinn FĂ©in n’était pas au dĂ©part rĂ©publicain et Arthur Griffith Ă©tait prĂȘt Ă  s’accommoder avec la Constitution de 1782 qui maintenait le lien monarchique entre l’Irlande et l’empire britannique. De plus, les accusations portĂ©es contre le Sinn FĂ©in Ă  la suite de l'insurrection de PĂąques 1916 Ă©taient sans fondement puisque le parti Ă©tait un mouvement pacifique[15].

La possibilitĂ© d’appliquer les idĂ©es de double monarchie et d’une Ă©conomie autosuffisante ont souvent Ă©tĂ© remise en question[16] d’autant que ses thĂ©ories Ă©conomiques s'appuyaient sur une lecture erronĂ©e de Friedrich List (National System of Political Economy, Londres, 1885) et ses connaissances sur la Hongrie contemporaine Ă©taient incomplĂštes[17].

On a aussi prouvĂ© rĂ©cemment que Griffith avait peu de considĂ©ration pour les Unionistes car il estimait qu’il n’y avait pas de conflits d’intĂ©rĂȘt au sein de la communautĂ© irlandaise[16].

Les accusations d'antisémitisme

On accuse aussi souvent Griffith d’avoir Ă©tĂ© antisĂ©mite. Ces accusations s'appuient sur le comportement qu’a eu le journaliste face Ă  des Ă©vĂ©nements divers.

Durant l’affaire Dreyfus, Griffith exprima Ă  travers une sĂ©rie d’articles publiĂ©s dans The United Irishman une vĂ©ritable haine des Juifs. Et mĂȘme aprĂšs qu’Alfred Dreyfus fut graciĂ©, il resta profondĂ©ment antidreyfusard. Il va mĂȘme jusqu’à Ă©crire en 1899 dans son hebdomadaire :

« J’ai souvent affirmĂ© ces derniĂšres annĂ©es que les Trois Influences DĂ©moniaques de ce siĂšcle Ă©taient les Pirates, les Francs-Maçons et les Juifs. » [18]

Il eut aussi un comportement antisĂ©mite durant les Ă©meutes de Limerick : en , le pĂšre John Creagh de Limerick critiqua violemment le rĂŽle des Juifs dans l’histoire de l’Irlande.

Il les accusa de vouloir « boire le sang » des Irlandais et appela au boycott des magasins juifs. S’ensuivit la nuit mĂȘme une explosion de violence contre la petite communautĂ© juive de Limerick qui ne put jamais se reconstituer Ă  cause de la crise Ă©conomique dĂ©coulant du boycott. Arthur Griffith Ă©crivit alors dans The United Irishman des articles qui soutenaient la dĂ©marche du pĂšre Creagh. Il affirmait ainsi que chaque Irlandais et Irlandaise pouvait s’inquiĂ©ter de l’arrivĂ©e massive des Juifs en Irlande. Il dĂ©clara ensuite que les Juifs Ă©taient des Ă©conomistes diaboliques («economic evil») et qu’ils resteraient toujours des Ă©trangers. Une semaine plus tard, il nomma les Juifs « ces vautours »[19].

Notes et références

  1. CONNOLLY S. J., The Oxford Companion to Irish History, Oxford University Press, 2007, p. 241
  2. GUIFFAN Jean, L’Irlande contemporaine de A à Z, dictionnaire d’Histoire et de civilisation contemporaine des pays Celtiques, Tome 1, Éditions Armeline, 2006, p. 93-94
  3. BARTLETT Thomas, Ireland, a History, Cambridge University Press, 2010, p. 352
  4. GUIFFAN Jean, L’Irlande contemporaine de A à Z, dictionnaire d’Histoire et de civilisation contemporaine des pays Celtiques, Tome 1, Éditions Armeline, 2006, p. 103
  5. CONNOLLY S. J., The Oxford Companion to Irish History, Oxford University Press, 2007, p. 542-544
  6. JOANNON Pierre, Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Édition Perrin, 2006, p. 391
  7. GUIFFAN Jean, L’Irlande contemporaine de A à Z, dictionnaire d’histoire et de civilisation contemporaine des pas celtiques, Tome 1, Éditions Armeline, 2006, p. 69
  8. CONNOLLY S. J., The Oxford Companion to Irish History, Oxford University Press, 2007, p. 241-242
  9. JOANNON Pierre, Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Édition Perrin, 2006, p. 393
  10. BEW Paul, Ireland, the politics of Enmity 1789-2006, Oxford University Press, 2007 - p. 410
  11. BEW Paul, Ireland, the politics of Enmity 1789-2006, Oxford University Press, 2007, p. 419-422
  12. JOANNON Pierre, Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Édition Perrin, 2006, p. 431-432
  13. FERRITER D. The Transformation of Ireland 1900-2000, 2004, p. 260
  14. The OPW: A History of Service, The Office of Public Works, 2006 p. 5.
  15. JOANNON Pierre, Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Éditions Perrin, 2006, p. 390
  16. CONNOLLY S. J., The Oxford Companion to Irish History, Oxford University Press, 2007, p. 242
  17. BARTLETT Thomas, Ireland, a History, Cambridge University Press, 2010, p. 353
  18. DERMOT Keogh, Jews in Twentieth-century Ireland: Refugees, Anti-semitism and the Holocaust, Cork University Press, 1998, p. 22
  19. BEW Paul, Ireland, the politics of Enmity 1789-2006, Oxford University Press, 2007, p. 364

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