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Arsenal VG 33

L’Arsenal VG 33 est un avion de chasse français de la Seconde Guerre mondiale. Plus performant que son contemporain, le Dewoitine D.520, il ne put être mis en service, produit en nombre trop faible avant l'Armistice du 22 juin 1940.

Arsenal VG 33
Vue de l'avion.
Le prototype de l'Arsenal VG 30 au salon de l'aéronautique de Paris de 1938

Constructeur Arsenal de l'aéronautique
RĂ´le Chasseur
Premier vol
Mise en service
Date de retrait
Nombre construits Voir texte
Équipage
1
Motorisation
Moteur Hispano-Suiza 12Y-31
Nombre 1
Type 12 cylindres en V
Puissance unitaire 860 ch
Dimensions
Envergure 10,80 m
Longueur 8,55 m
Hauteur 3,31 m
Surface alaire 14,0 m2
Masses
Ă€ vide 2 050 kg
Maximale 2 656 kg
Performances
Vitesse maximale 558 km/h
Vitesse de dĂ©crochage 125 km/h
Armement
Interne 1 canon Hispano-Suiza HS-404 de 20 mm, 4 mitrailleuses MAC 34 de 7,5 mm

Le contexte

En janvier 1937, l’Arsenal de l'aéronautique obtint un marché d’État pour un chasseur monoplace construit en bois et entraîné par deux moteurs Hispano-Suiza 12X de 590 ch montés en tandem dans le fuselage. Ce projet développé par l’ingénieur Jean Galtier sous la houlette de l’ingénieur général de l'Air Marius Vernisse, d'où les initiales VG, devait aboutir à la réalisation d’un banc d'essai volant pour un programme plus ambitieux, le VB-10. Le VG 10 fut abandonné en juin 1937 pour le VG 20, projet de chasseur lourd bimoteur équipé de deux moteurs Hispano-Suiza 12Y de 900 ch en tandem. Les travaux furent stoppés début 1938, mais les études réalisées servirent au développement du VB-10 et d'un monoplace de chasse plus léger, le VG 30.

Parallèlement aux projets précédents, l’ingénieur général de l’Air Michel Vernisse travaillait en effet depuis 1936 sur un projet de chasseur léger capable de concurrencer le Morane-Saulnier MS.405. La maquette grandeur d’un monoplan à aile basse caractérisée par un revêtement travaillant en bois fut présentée en novembre 1936 au 15e Salon de l'aviation de Paris et fit une certaine impression auprès des spécialistes.

Or, en 1936, les responsables de l'armée de l'air française prirent conscience avec la guerre civile espagnole du retard pris par la France en matière de défense aérienne. On vit donc réapparaitre l'idée du Chasseur Jockey, un appareil léger et facile à produire en grande série dont les performances et le nombre pouvait compenser les faiblesses de l'armement. Pour réaliser un tel appareil, l'Arsenal de l'aéronautique mit en avant la technique de construction en bois moulé qui devait offrir les avantages suivants :

  • L'abondance du matĂ©riau, supprimant les problèmes d'approvisionnement ;
  • La possibilitĂ© de faire rĂ©aliser des sous-ensembles complets, par une main-d’œuvre très qualifiĂ©e rĂ©partie dans des ateliers de menuiserie-Ă©bĂ©nisterie sur tout le territoire ;
  • La dispersion des lieux de production Ă©vitait le blocage de la production par bombardements aĂ©riens.

Dans la pratique cette idĂ©e allait se heurter Ă  une dure rĂ©alitĂ©. L'industrie aĂ©ronautique française ayant depuis longtemps adoptĂ© le mĂ©tal pour la rĂ©alisation des structures d'avions, les essences de bois appropriĂ©es (en particulier l’épinette rouge en anglais : red spruce (en), indispensable pour la fabrication des couples) n'Ă©taient plus cultivĂ©es dans le pays, il fallut s'approvisionner en Grande-Bretagne, au Canada ou Outre-Mer. On tenta Ă©galement d'acheter du bois en Roumanie, mais la faible qualitĂ© des premières livraisons devait entraĂ®ner l'abandon rapide de cette source d'approvisionnement. D'autre-part la dispersion des lieux de production nĂ©cessitait une excellente logistique de transport des sous-ensembles vers le point d'assemblage.

Un programme d'urgence

Début 1937, le ministère de l’Air publia la fiche-programme A.23 portant sur un chasseur léger monoplace, dont les contours reprenaient dans ses grandes lignes le projet de l’Arsenal de l'aéronautique. Ce programme attira l'attention de plusieurs bureaux d’études :

Arsenal VG 30

Le prototype VG 30-01 fut mis en chantier au dĂ©but de l’étĂ© 1937 et devait initialement recevoir un moteur 12 cylindres Ă  plat refroidi par air Potez 12Dc dĂ©veloppant 610 ch Ă  1 000 m d’altitude. L’armement devait se composer de 4 mitrailleuses de 7,5 mm en voilure et un canon Hispano-Suiza HS-404 de 20 mm dans le moyeu de l’hĂ©lice.

Si le prototype fut achevĂ© en un an Ă  peine, le moteur Potez se fit attendre, et quand il apparut que le Caudron C.714, premier choix du ministère de l'Air, ne serait pas disponible en quantitĂ© avant 1939, il fut dĂ©cidĂ© de modifier le VG-30 pour adapter un Hispano-Suiza 12Xcrs de 690 ch afin d’accĂ©lĂ©rer les essais en vol. Le prototype prit donc l’air Ă  Villacoublay le 1er octobre 1938 et, après quelques modifications en usine, effectua ses essais officiels entre les 24 mars et 17 juillet 1939. Ces essais rĂ©vĂ©lèrent d’excellentes performances, bien qu'infĂ©rieures Ă  celles attendues en raison d'une hĂ©lice inadaptĂ©e. Le prototype fut chronomĂ©trĂ© Ă  485 km/h Ă  4 950 m et 805 km/h en piquĂ© prolongĂ© dĂ©but juillet.

Arsenal VG 31

Le VG 30 souffrant de problèmes de centrage, il fut envisagé de déplacer vers l’arrière le radiateur et de réduire l’aile de m2 sur un appareil recevant un moteur Hispano-Suiza 12Y31 de 860 ch et deux mitrailleuses d’aile seulement. Les essais en soufflerie montrèrent qu’un tel appareil aurait été excessivement instable et le prototype ne fut pas achevé. La voilure fut utilisée pour des essais statiques et le fuselage récupéré pour construite le VG 33-03, qui ne devait jamais voler.

Arsenal VG 32

C'est avec l'idĂ©e de multiplier les sources d'approvisionnement en moteurs et, probablement, de rĂ©server les moteurs Hispano-Suiza Ă  d'autres avions, que naquit l'idĂ©e d'Ă©quiper un VG 30 d'un moteur Allison V-1710-C15 de 1 400 ch, qui entraĂ®nait un allongement du fuselage de 42 cm vers l’avant. Le prototype VG 33-05 fut donc conservĂ© en usine et reçut 2 canons de 20 mm et 2 mitrailleuses de voilure. Il attendait toujours son moteur dans un hangar de Villacoublay Ă  l'arrivĂ©e des troupes allemandes. MalgrĂ© les craintes sur l’approvisionnement en moteurs amĂ©ricains, 400 appareils Ă  produire Ă  partir de dĂ©cembre 1940 par Michelin Ă  Clermont-Ferrand avaient Ă©tĂ© mis en commande sous la dĂ©signation VG 32.

Arsenal VG 33

C’est donc le 25 avril 1939 que le VG 33-01, premier appareil dĂ©rivĂ© du VG 30 effectua son premier vol Ă  Villacoublay. Cet appareil recevait un moteur Hispano-Suiza 12Y-31, le fuselage du VG 31 et la voilure de 14 m2 du VG 30. Les essais au CEMA dĂ©butèrent le 11 juin 1939, les essais de tir eurent lieu en octobre, le programme des essais officiels fut achevĂ© en mars 1940. L’avion Ă©tait stable, facile Ă  piloter, avec des commandes de vol prĂ©cises. Il atteignit 558 km/h Ă  5 200 m durant les essais officiels en aoĂ»t 1939 et pouvait grimper Ă  9 000 m. Dès le 12 septembre 1939, le ministère de l’Air passa commande de 220 chasseurs Ă  construire par l’usine SNCAN de Sartrouville (ex CAMS) avant mai 1940. 200 avions supplĂ©mentaires furent commandĂ©s le 17 septembre pour assurer le remplacement complet des Morane-Saulnier MS.406 dès 1941.

Cinq prototypes furent construits. Prototype d’un intercepteur Ă  haute altitude (VG 34), le VG 33-02 prit l’air en janvier 1940 avec un moteur Hispano-Suiza 12Y-49 et un compresseur Szydlowski-Planiol. RĂ©alisĂ© avec le fuselage du VG-31, le VG 33-03 ne vola jamais, envoyĂ© Ă  la SNCAN pour servir de maquette de production. Le VG 33-04 reçut un Hispano-Suiza 12Y-51 de 1 000 ch. Prototype du VG 35, il prit l’air le 25 fĂ©vrier 1940 mais fut capturĂ© par la Luftwaffe en juin 1940. Enfin le VG 33-05 devait servir de prototype au modèle VG 32.

Une carrière fantomatique

Prévue pour novembre 1939, la livraison du premier appareil de série fut reportée à janvier 1940, le premier appareil de série ne prenant finalement l’air que le 21 avril 1940. Un second appareil de série fut livré début mai par la SNCAN à l’EAA-301, ces deux appareils permettant la formation de sept pilotes. Les avions no 2 et 4 ne pouvant être livrés comme prévu au GC I/2, premier groupe devant remplacer ses MS.406 par des chasseurs Arsenal, les quelques avions disponibles furent finalement utilisés par des unités improvisées de Défense Aérienne du Territoire, formées avec des pilotes polonais, qui assurèrent quelques patrouilles au-dessus de Villacoublay et d’Orléans.

Cinq appareils, dont les no 01, 6 et 7, furent Ă©vacuĂ©s vers Bordeaux oĂą un Groupe de Chasse GC I/55 fut constituĂ© le 17 juin 1940. 36 missions auraient Ă©tĂ© effectuĂ©es jusqu’au 24 juin 1940 par cette formation particulièrement Ă©phĂ©mère, puis les chasseurs furent dĂ©sarmĂ©s et stockĂ©s. On en perd la trace après l’occupation de la Zone Sud en 1942. Ils furent probablement dĂ©truits par l'Occupant, qui connaissait dĂ©jĂ  bien l'appareil. En effet un des cinq exemplaires saisis en juin 1940, le no 5, avait Ă©tĂ© longuement testĂ© au centre d'essais en vol de Rechlin.

Production et valeur

Le , l’usine de Sartrouville avait produit 40 avions, stockĂ©s au CRAS (Centre de rĂ©ception des avions de sĂ©rie) en attente de pièces diverses ou d’armement. 167 exemplaires Ă©taient Ă  des stades divers de montage au moment de l’Armistice sur 820 commandĂ©s. Quand l’usine de Sartrouville dut ĂŞtre Ă©vacuĂ©e, l'ArmĂ©e de l'Air avait pris en compte 5 appareils, dont les deux prototypes, qui se trouvaient au centre des essais en vol d’OrlĂ©ans-Bricy. On est donc assez loin des 350 chasseurs Ă  produire mensuellement selon les prĂ©visions du ministère de l’Air. L'ArmĂ©e de l'Air ayant officiellement pris en compte 10 appareils jusqu’au 22 juin 1940, on peut penser que 19 appareils, prototypes compris, furent achevĂ©s.

L’Arsenal VG 33 n’ayant pas participé aux opérations, les spéculations restent ouvertes quant à la valeur réelle de cet appareil. On peut simplement penser que, bien que moins lourdement armé que le Messerschmitt Bf 109, sa maniabilité et sa vitesse, supérieures à celles du Dewoitine D.520, en auraient fait un adversaire redoutable entre les mains de pilotes expérimentés. Pour ce qui est de la tenue dans le temps d’un chasseur construit en bois, on peut supposer qu’elle aurait été comparable à des chasseurs similaires, tels le Yak-3.

Arsenal VG 34

Le 20 janvier 1940, dĂ©butèrent les essais en vol de ce nouveau modèle, Ă©quipĂ© d’un moteur Hispano-Suiza 12Y-45 de 910 ch. Quelques jours plus tard, il atteignait 575 km/h Ă  6 200 m. Le sort de ce prototype est inconnu.

Arsenal VG 35

Le VG 33-04 fut achevĂ© avec un moteur Hispano-Suiza 12Y-51 de 1 000 ch et prit l’air le 25 fĂ©vrier 1940. Le prototype se trouvait au CEV de OrlĂ©ans-Bricy Ă  l’arrivĂ©e des Allemands et on en perd alors la trace.

Arsenal VG 36

Doté du même moteur que le VG 35, ce nouvel appareil qui effectua son premier vol le 14 mai 1940 comportait diverses modifications par rapport à ses prédécesseurs : fuselage arrière modifié, radiateur plus large et moins profond…

Arsenal VG 37

Projet d’une version à long rayon d’action et moteur turbocompressé du VG 36.

Arsenal VG 38

Projet Ă  moteur Hispano 12Y-53 ou -77.

Arsenal VG 39

Effectuant son premier vol le 3 mai 1940, ce nouveau prototype se distinguait assez sensiblement de ses prĂ©dĂ©cesseurs : Si la forme de l’aile n’était pas modifiĂ©e, sa structure Ă©tait entièrement redessinĂ©e, en particulier pour loger 6 mitrailleuses, le fuselage lĂ©gèrement redessinĂ© pour recevoir un moteur 12 cylindres Hispano-Suiza 12Y-89ter de 1 200 ch avec un arbre d’hĂ©lice allongé… Cet appareil, qui a atteint 625 km/h Ă  5 750 m durant ses courts essais, qui aurait dĂ» recevoir en sĂ©rie sous la dĂ©signation VG 39bis un Hispano-Suiza 12Z-17 de 1 600 ch, le radiateur du VG 36 et un canon de 20 mm dans le moyeu d’hĂ©lice en plus des 6 mitrailleuses d’aile.

Arsenal VG 40

ÉtudiĂ© sous l’occupation, ce chasseur monoplace Ă  moteur Rolls-Royce Merlin III ou Hispano-Suiza 12Z de 1 200 ch se distinguait du VG 33 par une voilure agrandie.

Arsenal VG 50

Projet sous l’occupation d’un VG 40 Ă  moteur Allison V-1710 de 1 200 ch. Probablement pour des raisons de camouflage, la mĂŞme dĂ©signation fut attribuĂ©e Ă  un projet de quadrimoteur transatlantique.

Références

  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 3 : La Seconde Guerre mondiale - France, Allemagne, Angleterre, etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN 978-2-8003-0387-1), p. 266.
  • BĂ©nichou et Ducrey 1997 : Michel BĂ©nichou et Thibaud Ducrey, Toulouse, aoĂ»t 1940, Le Fanatique de l'aviation, no 327, fĂ©vrier 1997, p. 56
  • (en) AndrĂ© Jouineau et Dominique Breffort, French aircraft 1939-1942, vol. 1 : From Amiot to Curtiss, Paris Poole, Histoire & Collections Chris Lloyd, coll. « Planes and pilots » (no 7), (ISBN 978-2-915239-23-2).
  • (en) John Brindley (ill. Thomas Brittain, Terence Hadler, Michael Trim), French fighters of World War Two, Windsor, Eng, Hylton Lacy Publishers, coll. « Men & machines series », (ISBN 978-0-85064-015-1, OCLC 774499574).
  • Cuny, Raymond 1986a : Jean Cuny et Raymond Danel, Les Arsenal VG 30 Ă  VG 70 (1), Le Fanatique de l'Aviation, no 197, avril 1986, p. 17
  • Cuny, Raymond 1986b : Jean Cuny et Raymond Danel, Les Arsenal VG 30 Ă  VG 70 (2), Le Fanatique de l'Aviation, no 198, mai 1986, p. 20
  • Cuny, Raymond 1986c : Jean Cuny et Raymond Danel, Les Arsenal VG 30 Ă  VG 70 (3), Le Fanatique de l'Aviation, no 199, juin 1986, p. 20
  • Cuny, Raymond 1986c : Jean Cuny et Raymond Danel, Les Arsenal VG 30 Ă  VG 70 (4), Le Fanatique de l'Aviation, no 200, juillet 1986, p. 45
  • William Green, War Planes of the Second World War : Fighters : Vol 1, Place of publication not identified, Macdonald, (ISBN 978-0-356-01445-6, OCLC 500375468).
  • (en) Alain Pelletier, French fighters of World War II in action, Carrollton, Squadron/Signal Publications, coll. « Squadron/Signal Publications : Aircraft » (no 180), (ISBN 978-0-89747-440-5, OCLC 474576509).
  • Revue Avions, hors sĂ©rie no 7 : La chasse française inconnue de mai-juin 1940. LELA presse (1998)
  • Revue AĂ©ro files no 1, l'Arsenal VG 33. AĂ©ro-Ă©ditions (1998)
  • Revue AĂ©ro-journal no 46, L'arsenal VG 33. AĂ©ro-Ă©ditions (dĂ©cembre 2005)

Liens externes

Voir aussi

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