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ArrĂȘt Croissant du 7 juillet 1978

L'arrĂȘt Klaus Croissant prononcĂ© le par le Conseil d'État français est un des Grands arrĂȘts de la jurisprudence administrative, dans lequel le Conseil reconnaĂźt que les conventions et traitĂ©s internationaux ont une autoritĂ© supĂ©rieure aux lois qui leur sont antĂ©rieures.

ArrĂȘt Croissant du 7 juillet 1978
Titre Klaus Croissant
Code N° 10079
Pays Drapeau de la France France
Tribunal (fr) Conseil d'État
assemblée
Date
Personnalités
Composition de la cour Pdt: M. Chenot ; Rapporteur : M. Bernard ; commissaire du gouvernement : M. Morisot
Autre personne Klaus Croissant : demandeur
DĂ©tails juridiques
Solution Les conventions et traités internationaux ont une autorité supérieure aux lois antérieures.
Voir aussi
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ArrĂȘt du 7 juillet 1978

Contexte et dĂ©cision du Conseil d'État

L'arrĂȘt s'inscrit dans le cadre de la contestation par Klaus Croissant de son extradition de la France vers l'Allemagne. En l'occurrence, Croissant contestait la lĂ©galitĂ© du dĂ©cret d'extradition.

Le Conseil d'État rejette le recours de Croissant, estimant que la procĂ©dure suivie par le ministre de la Justice Alain Peyrefitte n'Ă©tait pas illĂ©gale et avait respectĂ© la loi du sur l'extradition. Il retient, au passage, qu’il n’y a pas lieu de vĂ©rifier si le dĂ©cret d’extradition respecte certaines conditions de forme prĂ©vues par cette loi mais ne figurant pas dans le traitĂ© d’extradition, puisque la disposition de la loi en cause « ne saurait prĂ©valoir sur [les dispositions] de la convention [d’extradition], qui sont plus rĂ©centes et qui, en vertu de l'article 55 de la Constitution du 4 octobre 1958, ont une autoritĂ© supĂ©rieure Ă  celle de la loi ».

PortĂ©e de l'arrĂȘt

Dans cet arrĂȘt rendu par la section du contentieux, c'est-Ă -dire la formation la plus solennelle, la haute juridiction retient que, dans le cas d’un conflit de norme entre une loi et un traitĂ© ou une convention internationale qui lui est postĂ©rieur, ce dernier prĂ©vaut. Il s’agit donc d’un revirement partiel de la jurisprudence des semoules de 1968, par laquelle le Conseil d’État refusait en tout Ă©tat de cause qu’un traitĂ© primĂąt sur la loi.

L'arrĂȘt a Ă©tĂ© publiĂ© au recueil Lebon, 1978, p. 292. Il figure au rang des « Grands arrĂȘts de la jurisprudence administrative » et est citĂ© dans la note consacrĂ©e Ă  l'arrĂȘt Gomel (CE ) et Ă  l'arrĂȘt Prince NapolĂ©on. Il a Ă©tĂ© abondamment commentĂ© dans les revues juridiques spĂ©cialisĂ©es.

Cet arrĂȘt est emblĂ©matique de l'Ă©volution du contrĂŽle du juge administratif sur les engagements internationaux et son articulation avec les normes internes.

Il prĂ©figure grandement l'arrĂȘt Nicolo de 1989, par lequel le Conseil d’État reconnaĂźtra la suprĂ©matie des traitĂ©s sur l’ensemble des lois, fussent-elles postĂ©rieures.

ArrĂȘt Croissant rendu par la Cour de cassation

Il convient de noter qu'il ne faut pas confondre cet arrĂȘt avec un autre arrĂȘt rendu en 1978 par la Cour de cassation, concernant Klaus Croissant, Ă  la suite d'une dĂ©cision de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris.

Dans cet arrĂȘt, la chambre criminelle eut Ă  statuer sur le motif politique ou de droit commun de la demande d'extradition.

Plus prĂ©cisĂ©ment, sur les deux motifs invoquĂ©s par l'État allemand, la Cour de cassation rejeta l'un des motifs comme Ă©tant politique, mais admit le second comme Ă©tant de droit commun, avec une possibilitĂ© pour la justice allemande de condamner Klaus Croissant Ă  la peine maximale de 5 ans d'emprisonnement (il fut finalement condamnĂ© Ă  2 ans et demi d'emprisonnement).

L'arrĂȘt de la Cour de cassation n'est pas un arrĂȘt de principe car elle s'est contentĂ©e d'appliquer des critĂšres jurisprudentiels connus et balisĂ©s (au contraire de l'arrĂȘt du Conseil d'État, rendu par l'assemblĂ©e du contentieux qui offre une rĂ©ponse de principe Ă  la question de savoir si un traitĂ© international prime sur une loi française postĂ©rieure qui lui est contraire).

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