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Aristobule de Cassandréia

Aristobule de CassandrĂ©ia (en grec ancien ៜΑρÎčστόÎČÎżÏ…Î»ÎżÏ‚ / Aristoboulos), nĂ© vers 380 av. J.-C., mort vers 290, est un historien grec, contemporain d’Alexandre le Grand et des diadoques. Il a rĂ©digĂ© des MĂ©moires, aujourd'hui perdues, source historique de premier plan au sujet des conquĂȘtes d’Alexandre dont s'est notamment inspirĂ© Arrien dans l’Anabase.

Aristobule de Cassandréia
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
AprĂšs
Activités
Période d'activité
IVe siĂšcle av. J.-C.

Biographie

Peut-ĂȘtre natif de Phocide[1], Aristobule est ingĂ©nieur et architecte dans l’armĂ©e macĂ©donienne pendant toutes les campagnes d'Asie[2]. Il est un ami proche d'Alexandre le Grand, jouissant de sa confiance. Il est chargĂ© de la rĂ©paration du tombeau de Cyrus le Grand, Ă  Pasargades.

AprĂšs la mort d’Alexandre en 323 av. J.-C., il retourne en MacĂ©doine et s’installe dans la citĂ© de CassandrĂ©ia, fondĂ©e par synƓcisme sur le site de l'ancienne PotidĂ©e en 316. Il Ă©crit ensuite Les MĂ©moires, un rĂ©cit principalement gĂ©ographique et ethnologique[3]. Son Ɠuvre ne survit qu'en Ă©tant citĂ©e par d'autres auteurs, qui peuvent ne pas tous avoir fidĂšlement retranscrit le travail original. Son travail a largement inspirĂ© Arrien. Plutarque l'a Ă©galement utilisĂ© comme rĂ©fĂ©rence[3].

Il serait mort Ă  l’ñge de 90 ans.

Les MĂ©moires

Une histoire des conquĂȘtes d'Alexandre

À l'Ăąge de 84 ans[2], Aristobule entreprend de publier un rĂ©cit de la conquĂȘte d'Alexandre le Grand bien qu'il commence visiblement Ă  en rĂ©diger un compte-rendu dĂšs le rĂšgne d'Alexandre. La datation est nĂ©anmoins controversĂ©e, plusieurs savants supposent qu'il a dĂ» attendre la mort de Cassandre pour Ă©crire ses MĂ©moires plutĂŽt favorables Ă  Alexandre[4] - . PubliĂ©es dans la pĂ©riode de 305 Ă  295 av. J.-C., ses MĂ©moires et celles de PtolĂ©mĂ©e inspirent plus tard Arrien dans l’Anabase et Plutarque dans la Vie d'Alexandre. Elles reprĂ©sentent une tradition historique diffĂ©rente de celle de Clitarque (dont est issue la Vulgate d'Alexandre), mĂȘme si ce dernier semble avoir consultĂ© l'ouvrage d'Aristobule au moment d'achever la derniĂšre partie de son Histoire d'Alexandre. ConsidĂ©rĂ© comme un tĂ©moin digne de foi par les anciens et les modernes, malgrĂ© quelques affabulations, Aristobule a pu rendre compte de la complexitĂ© des opĂ©rations militaires menĂ©es par Alexandre. Son Ɠuvre est souvent citĂ©e par AthĂ©nĂ©e dans les Deipnosophistes, par Strabon dans la GĂ©ographie (surtout pour les descriptions de l’Orient et de l'Inde)[5] ainsi que par Plutarque dans sa Vie Alexandre. Arrien montre dans la prĂ©face de l’Anabase le crĂ©dit qu'il accorde Ă  Aristobule :

« Dans l'ouvrage qu’ils ont consacrĂ© chacun Ă  Alexandre, fils de Philippe, il y a des passages oĂč PtolĂ©mĂ©e fils de Lagos, et Aristobule fils d’Aristobule, sont tous deux d'accord : ces passages-lĂ , je les suivrai dans mon rĂ©cit comme entiĂšrement vĂ©ridiques ; mais, oĂč ils divergent, je choisirai la version qui me paraĂźtra la plus digne Ă  la fois d'ĂȘtre crue et d'ĂȘtre mentionnĂ©e. Il existe, c'est certain, des ouvrages variĂ©s sur Alexandre, et il n'y a pas un personnage qui ait suscitĂ© plus d'historiens et de tĂ©moignages contradictoires ; mais PtolĂ©mĂ©e et Aristobule m'ont semblĂ© les plus dignes de foi dans leur exposĂ© des faits, l'un Aristobule, parce qu'il a pris part Ă  l'expĂ©dition du roi Alexandre, l'autre PtolĂ©mĂ©e, parce qu'il a non seulement pris part Ă  l'expĂ©dition mais que, roi lui-mĂȘme, il Ă©tait plus dĂ©shonorant pour lui de mentir ; en outre, vu qu'ils ont Ă©crit tous les deux aprĂšs la mort d'Alexandre, dĂ©former les faits n'Ă©tait pour eux ni une nĂ©cessitĂ© ni une source de profit. »

Critiques

L'Ɠuvre d'Aristobule a parfois Ă©tĂ© jugĂ©e dans l'AntiquitĂ© comme Ă©tant trop favorable Ă  Alexandre, et mĂȘme assimilĂ©e Ă  de la flatterie. Si Aristobule constitue sans doute une source riche et fiable, nul doute cependant qu'il eut Ă  cƓur de dĂ©fendre la figure d'un roi que des pamphlets ont attaquĂ© aprĂšs sa mort[6]. Selon Lucien de Samosate[7], Aristobule aurait par exemple inventĂ© l'Ă©pisode du combat singulier entre Alexandre et PĂŽros Ă  la bataille de l'Hydaspe[8]:

« C'est ainsi qu'Aristobule, ayant dĂ©crit le combat singulier d'Alexandre et de Poros, et lisant spĂ©cialement au roi ce morceau de son ouvrage, dans l'espoir qu'il lui concilierait surtout la faveur du prince, en raison des mensonges qu'il avait inventĂ©s pour rehausser la gloire d'Alexandre, et de l'exagĂ©ration qu'il avait donnĂ©e Ă  ses exploits rĂ©els, le roi prit le livre et le jeta dans l'Hydaspe, sur lequel ils se trouvaient naviguer, ajoutant : Je devrais, Aristobule, t'y jeter aussi la tĂȘte la premiĂšre, pour t'apprendre Ă  me faire soutenir de pareils combats et tuer des Ă©lĂ©phants d'un seul coup de javelot. »

Notes et références

  1. Waldemar Heckel, Who's Who in the Age of Alexander the Great : Prosopography of Alexander's Empire, Blackwell Publishing, 2006.
  2. Lucien de Samosate 2015, p. 883
  3. (en) « Aristobule de Cassandréia », dans EncyclopÊdia Britannica, 1911 [de Cassandréia (en) Lire en ligne sur Wikisource].
  4. Paul Goukowsky, « Le portrait d'Alexandre », Revue des Ă©tudes grecques, t. 79,‎ , p. 497-498 (lire en ligne)
  5. Strabon le cite aux livres XV, XI et XVII.
  6. Janick Auberger 2001, p. 366-367.
  7. Lucien de Samosate 2015, p. 883, 884.
  8. Cet épisode a été repris par Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], 12, 8.

Annexes

Sources antiques

Bibliographie

  • Suzanne Amigues (trad. du grec ancien), Recherches sur les plantes : À l’origine de la botanique, Paris, Belin, , 432 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7, BNF 42195704). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Janick Auberger, Les historiens d'Alexandre, Paris, Belles lettres, coll. « Fragments », , 518 p. (ISBN 978-2-251-74200-7), p. 366–451 (traduction des fragments avec texte bilingue).
  • Paul PĂ©dech, Historiens compagnons d'Alexandre CallisthĂšne, OnĂ©sicrite, NĂ©arque, PtolĂ©mĂ©e, Aristobule, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Ă©tudes anciennes / grecque » (no 99), , 2e Ă©d., 416 p. (ISBN 978-2-251-32679-5).
  • (en) Lionel Ignacius Cusack Pearson, The lost histories of Alexander the Great, Blackwell in Komm., (OCLC 917452427), p. 150-187.
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