AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Architecture résidentielle persane traditionnelle

L'architecture résidentielle persane traditionnelle désigne les formes architecturales et urbaines persanes.

Influence du climat

SituĂ©es au milieu de dĂ©serts et de rĂ©gions arides, les villes persanes (majoritairement dans l'Iran actuel) ont des Ă©tĂ©s chauds et des hivers froids et secs. L’architecture traditionnelle iranienne prend en compte ces conditions climatiques. Le tissu urbain traditionnel des villes iraniennes est composĂ© de ruelles tortueuses, les koutcheh (کوچه) (en), entourĂ©es de hauts murs d'adobe et de briques et recouvertes, Ă  intervalles plus ou moins rĂ©guliers, de toits. Cette forme urbaine Ă©tait optimisĂ©e pour empĂȘcher l'expansion du dĂ©sert et les effets des tempĂȘtes de sable, tout en crĂ©ant des espaces ombragĂ©s. Par ailleurs, cette architecture protĂšge aussi le tissu urbain des tempĂ©ratures hivernales.

Les maisons persanes du centre de l'Iran étaient équipées d'un systÚme de climatisation naturelle basé sur la différence entre la température extérieure et la température intérieure, et permettant de bénéficier de températures plutÎt fraßches aux étages inférieurs des bùtiments (badguir). Les murs épais permettent eux aussi de se protéger de la chaleur du soleil l'été et de conserver la chaleur intérieure pendant l'hiver.

Influence de la religion

Les nécessités de la défense des villes contre les fréquentes invasions étrangÚres, ainsi que l'influence de la religion musulmane, ont fortement contribué au développement de l'urbanisme persan traditionnel. Celui-ci vise à créer des demeures encloses de hauts murs, à l'abri des regards comme des tensions et des dangers de la vie urbaine. La maison et le jardin attenant s'apparentent ainsi à un espace de tranquillité protégé de l'extérieur.

La sĂ©paration forte entre espace intĂ©rieurs privĂ©s est liĂ©e en partie Ă  la sĂ©paration spatiale entre homme et femme qui existe dans de nombreux espaces en Iran. Cette sĂ©paration provient de l'idĂ©e d'honneur personnel propre Ă  la culture musulmane, ou la femme fait partie du patrimoine de l'homme au mĂȘme titre que sa maison[1]. En consĂ©quence, la maison doit disposer d'espace privĂ©s oĂč les femmes peuvent Ă©voluer Ă  l'abri des regards.

Les quartiers des anciennes villes persanes se sont souvent formés autour des temples érigés en l'honneur des saints. Tous les équipements publics, tels que les bains, les salons de thé, les bùtiments administratifs, les écoles ou les tekiyehs sont présents dans le quartier ainsi que, souvent, un petit bazar ("bazar-tcheh") et un réservoir d'eau ("ùb anbar"). La ville de Qazvin, par exemple, avait plus d'une centaine de ces réservoirs avant qu'un systÚme moderne de plomberie ne soit installé.

Matériaux utilisés et caractéristiques esthétiques

  • Toitures d'un quartier de Kashan. Le toit qui apparaĂźt au premier plan appartient Ă  un bain public de l'Ă©poque qadjare.
    Toitures d'un quartier de Kashan. Le toit qui apparaĂźt au premier plan appartient Ă  un bain public de l'Ă©poque qadjare.
  • Bas-reliefs en stuc de la maison des Boroudjerdi, Ă  Kashan.
    Bas-reliefs en stuc de la maison des Boroudjerdi, Ă  Kashan.
  • Les koutcheh offraient un refuge contre les tempĂȘtes de sable et le soleil intense. Photographie de Nain.
    Les koutcheh offraient un refuge contre les tempĂȘtes de sable et le soleil intense. Photographie de Nain.
  • La maison des Boroudjerdi de Kashan, datĂ© de 1857, est un des chefs-d'Ɠuvre de cette pĂ©riode.
    La maison des Boroudjerdi de Kashan, datĂ© de 1857, est un des chefs-d'Ɠuvre de cette pĂ©riode.
  • Vieille ville en ruine de Kharanaq, prĂšs de Yazd, avec une architecture en pisĂ© typique des villes du dĂ©sert.
    Vieille ville en ruine de Kharanaq, prÚs de Yazd, avec une architecture en pisé typique des villes du désert.

L'architecture traditionnelle iranienne compense des ressources naturelles rĂ©duites par une grande richesse artistique. Des centaines de maisons traditionnelles Ă  l'architecture Ă©lĂ©gante peuvent encore aujourd'hui ĂȘtre admirĂ©es dans les villes iraniennes, au milieu de constructions plus modernes. La plupart des chefs-d'Ɠuvre architecturaux de cette pĂ©riode sont faits en terre, le stucage en plĂątre Ă©tant la mĂ©thode la plus largement rĂ©pandue pour rĂ©aliser les ornementations des maisons persanes. Parmi les raisons invoquĂ©es, le coĂ»t plutĂŽt rĂ©duit des matĂ©riaux utilisĂ©s (le gypse, par exemple), ainsi que le fait que ces derniers n'ont pas besoin d'ĂȘtre portĂ©s Ă  trĂšs haute tempĂ©rature pour ĂȘtre transformĂ©s en enduit. En effet, la raretĂ© du bois dans le centre de l'Iran, par exemple, rend problĂ©matique l'usage de techniques faisant un usage intensif du feu. L'autre raison est que le stuc est mallĂ©able et peut ĂȘtre moulĂ© ou sculptĂ© par l'artisan pour prendre la forme dĂ©sirĂ©e. L'usage combinĂ© de ces techniques, maĂźtrisĂ©e depuis l'Ă©poque prĂ©-islamique par les artisans iraniens, permet de donner une apparence luxueuse aux murs bruts des maisons.

Kharanaq. Construction d'une voûte sans cintre.

La raretĂ© du bois a autorisĂ© le dĂ©veloppement de combles ou couvertures en voĂ»te, dont les plus petites sont construites sans cintre. Sur le toit, dans les demeures les plus cossues, l'espace entre les coupoles est comblĂ© pour y Ă©tablir une terrasse plane dĂ©limitĂ©e par un parapet, oĂč il est possible de prendre le frais ou mĂȘme de dormir[2].

La tradition artistique de la Perse combinĂ©e Ă  l'usage de techniques anciennes mais efficaces a ainsi permis de construire des bĂątiments ornĂ©s de portiques et de toitures Ă©quipĂ©es de puits de lumiĂšre, ainsi que de fenĂȘtres aux dessins complexes et de jeux de miroir, de peintures, de bas-reliefs. Les iwans en sont un exemple.

Alors que la rigueur géométrique des bùtiments de l'époque séfévide, tels que ceux d'Ispahan, évoque l'ordre parfait du monde céleste, les motifs végétaux appliqués sur les murs intérieurs des maisons témoignent de l'amour des Perses pour les jardins. Enfin, les stucs, les fresques et les peintures exécutés par les artisans royaux sont les meilleurs exemples de l'esthétique persane.

Malgré les efforts des architectes pour protéger leurs édifices, les tremblements de terre dont est réguliÚrement victime l'Iran ont détruit de nombreux bùtiments traditionnels. Il ne reste ainsi presque rien des palais de l'époque séfévide ou d'époque antérieure décrits par les voyageurs français et britanniques.

Les caractéristiques de l'architecture résidentielle traditionnelle persane

La résidence Khaneh Tabatabaei, à Kashan, date du milieu du XIXe siÚcle.

La grande majorité des maisons persanes respectent les principes de construction suivants :

  1. Hashti et Dalan-e-vorudi : en passant le palier, on entre dans un petit espace clos qui fait la transition avec l'intérieur, et qui s'appelle le hashti. Dans cet espace, la personne qui entre doit changer de direction pour accéder à la piÚce d'entrée proprement dite, le Dalan e voroudi. Dans les mosquées, le hashti permet à l'architecte de forcer le croyant à changer la direction de ses pas pour s'orienter correctement pour la priÚre, lui donnant ainsi l'occasion de se purifier avant d'entrer dans la mosquée.
  2. L'accÚs à l'ensemble des piÚces de la maison est aisé.
  3. Un bassin central est amĂ©nagĂ©e et entourĂ© de jardins agrĂ©mentĂ©s de figuiers, de grenadiers, de vignes, etc. Ce jardin Ă©tait un lieu de regroupement familial oĂč se pratiquait des activitĂ©s telles que la cuisine[3].
  4. Une distinction claire des espaces, notamment le birouni (l'extérieur) et l'andarouni (l'intérieur).
  5. Une orientation spécifique, dans l'axe de La Mecque.

La cour ou le jardin central dans la maison,

Notes et références

  1. Mina Saidi Shahrouz, « Les femmes et les espaces publics Ă  TĂ©hĂ©ran », Égypte/Monde arabe, no 9,‎ , p. 57-69 (lire en ligne)
  2. Jean Chardin. Voyages de monsieur le chevalier Chardin, en Perse, et autres lieux de l'Orient. Tome second, contenant le voyage de Paris à Ispahan, capitale de l'empire de Perse. Enrichi d'un grand nombre de belles figures en taille-douce, représentant les antiquités et les choses remarquables du pays. Consulter en ligne
  3. (en) Mohamad SEDIGHI et Dick van GAMEREN, « Unveiling iranian courtyard house : the example of kuy-e chaharsad-dastgah » [« DĂ©voiler la maison Ă  cour-jardin : l'exemple de chaharsad dastgah »], Journal of Architecture and Urbanism, no 43,‎ , p. 91-111

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.