Aouda Abou Tayi
Aouda Abou Tayi (en arabe : عودة أبو تايه) (né le et mort le ) est le dirigeant de la tribu bédouine d'Arabie des Howeitat au début du XXe siècle. Il s'illustre durant la Révolte arabe lors de la Première Guerre mondiale[1].
Biographie
Il est fils de Harb Abou Tayi (?-1904) qui lutte pour le contrôle des Howeitat avec son frère[2]. Lorsque Aouda récupère le contrôle des Howeitat à la mort de son père, il se brouille rapidement avec les autorités ottomanes. En 1908, il tue deux soldats ottomans qui l'attaquent alors qu'ils essaient de prendre une taxe déjà payée par la tribu[3].
Son fils préféré, Annad, meurt au combat[4], et le fait entrer dans une profonde tristesse[5]. Selon Lawrence, il se marie vingt-huit fois et est blessé treize fois au combat[6].
Grande révolte arabe
Au début de la Révolte arabe, Aouda rejoint les troupes du chérif de La Mecque, Hussein ben Ali. Il apporte avec lui son savoir militaire d'une vie de raids et de combats ainsi que ses troupes, la tribu des Howeitat, qui passent alors pour être parmi les meilleurs guerriers Bédouins[6].
Au début de sa participation à la révolte, il envoie la déclaration suivante aux autorités ottomanes, écrite dans du sang de chèvre[7] :
« Par la grâce d'Allah, moi, Aouda Abou Tayi, je vous avertis de quitter l'Arabie avant la fin du Ramadan.
Nous, les Arabes, voulons ce pays pour nous-mêmes. A moins que ce territoire soit un désert, par la barbe du Prophète, je vous déclare proscrits, hors-la-loi, un gibier à tuer. »
Alors qu'il dîne avec Fayçal, le chef militaire de la révolte, il se rappelle que son dentier est un dentier turc ; il sort de la tente et détruit celui-ci avec un caillou. Il souffre ensuite pendant de longs mois, jusqu'à ce qu'un dentiste venu d'Égypte remplace son dentier[8].
Ses troupes prennent une part importante lors des chutes d'Aqaba (juillet 1917) et de Damas (octobre 1918) (voir Bataille d'Aqaba, Bataille de Damas (1918)).
Lawrence, dans Les Sept Piliers de la sagesse, déclare qu'Aouda est le plus grand combattant du nord de l'Arabie[6].
Œuvres tirées de ou inspirées par la vie de Aouda Abou Tayi
Son rôle dans Lawrence d'Arabie est joué par Anthony Quinn. Il y est dépeint comme un personnage complexe, à la fois sage et pirate.
Notes et références
- de son nom complet Auda ban harb al-abo seed al-mazro al-tamame abou Tayi
- (en) Frederick Gerard McGill University Library, A history of Trans-Jordan and its tribes Vol. 1, Amman : [publisher not identified], (lire en ligne)
- Michael R. Fischbach, State, society, and land in Jordan, Brill, (ISBN 1-4175-3680-2, 978-1-4175-3680-1 et 90-474-0062-3, OCLC 56480428, lire en ligne)
- Probablement avant la Révolte arabe.
- Thomas Edward Lawrence, Les sept piliers de la sagesse, BoD-Books on demand, (ISBN 978-2-322-04475-7 et 2-322-04475-X, OCLC 1140363215, lire en ligne) :
« Son visage était magnifique de rides et de creux. Il y était écrit à quel point la mort au combat d'Annad, son fils favori, avait répandu le chagrin sur sa vie tout entière, en mettant fin à son rêve de transmettre aux générations futures la grandeur du nom d'Abou Tayi. »
- Thomas Edward Lawrence (trad. de l'anglais), Les sept piliers de la sagesse, BoD-Books on demand, (ISBN 978-2-322-04475-7 et 2-322-04475-X, OCLC 1140363215, lire en ligne) :
« Aouda en était l'archétype. Son hospitalité était absolue, et même gênante, sauf pour des âmes insatiables. Sa générosité le maintenait toujours dans la pauvreté, malgré les profits de cent raids. Il s'était marié vingt-huit fois, avait été blessé treize fois ; et dans les batailles qu'il avait provoquées, on avait vu tous les hommes de sa tribu atteints, et la plupart de ses parents tués. Il avait mis à mort lui-même soixante-quinze hommes, Arabes, de ses propres mains, au combat ; et pas un seul hors des combats. Il ne pouvait pas préciser le nombre de Turcs morts : ils n'entraient pas en compte. Sous son commandement, ses Toweiha étaient devenus les premiers combattants du désert, avec une tradition de courage désespéré, un sentiment de supériorité qui ne les quittait jamais tant qu'il y avait de la vie, et du travail à faire, mais qui les avait réduits de douze cents hommes à moins de cinq cents en trente ans, à mesure que s'élevait l'étendard du combat nomade. Aouda faisait des raids aussi souvent qu'il en avait l'occasion, et aussi loin qu'il le pouvait. Il avait vu Alep, Basra, Wedjh et Wadi Dawasir au cours de ses expéditions, et prenait soin d'entretenir son inimitié avec presque toutes les tribus du désert, afin d'avoir un champ convenable pour ses incursions. »
- (en-US) « The Wildest Brigand of the Desert | Maclean's | MAY 1ST 1920 », sur Maclean's | The Complete Archive (consulté le )
- Thomas Edward Lawrence (trad. de l'anglais), Les sept piliers de la sagesse, BoD-Books on demand, (ISBN 978-2-322-04475-7 et 2-322-04475-X, OCLC 1140363215, lire en ligne) :
« Soudain Aouda sauta sur ses pieds en criant « Dieu me pardonne ! » et se précipita hors de la tente. Nous nous regardâmes, et un bruit de martèlement vint de l'extérieur. J'allai voir ce que cela signifiait, et Aouda était penché sur un rocher, mettant en morceaux ses fausses dents avec un caillou. « J'avais oublié », expliqua-t-il, « c'est Djemal Pacha qui me les a données. Je mangeais le pain de mon seigneur avec des dents turques ! » Malheureusement, il avait peu de dents à lui, si bien que par la suite il lui fut difficile et plus que pénible de manger de la viande, qu'il adorait, et il resta à demi affamé jusqu'à ce que nous ayons pris Akaba et que Sir Reginald Wingate lui envoyât d'Égypte un dentiste pour fabriquer un dentier allié. »
Articles connexes
- Le roman historique L'Étoile du matin (2008) en fait un personnage important pour les années 1919-1920