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Antoine Rey-Dussueil

Antoine François Marius Rey-Dussueil (1798 - 1851) est un journaliste et romancier français.

Antoine Rey-Dussueil
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  52 ans)
Paris
Nationalité
Formation
Activité

Biographie

Il voit le jour à Marseille le (ou 24 messidor An VI), rue des Phocéens, dans le quartier du Panier[1]. Son père est né à Marseille d'une famille originaire du Rouergue (Compeyre, Aveyron), établie depuis peu dans cette ville, tandis que par sa mère, Antoinette Élisabeth Dussueil, il appartient à une famille qui réside dans la cité phocéenne depuis le début du XVIIIe siècle[2].

Son père est receveur de la Loterie royale et du côté de sa mère, les métiers de la famille se rattachent à la marine ou à la savonnerie.

Il est élève au lycée Thiers, à l'époque unique lycée de Marseille[3]. Selon divers auteurs, la famille du jeune Antoine François Marius aurait souhaité en faire un juriste et il aurait poursuivi des études juridiques à Aix-en-Provence et à Paris où il aurait peut-être accompagné son ami Joseph Méry, également parti de Marseille pour étudier le droit[4].

Séjournant tantôt à Paris et tantôt en Provence, on ignore à la suite de quelles circonstances il décida d'abandonner la filière juridique pour s'orienter vers le journalisme et l'écriture. On ne sait pas non plus le contexte qui l'a conduit à posséder une parfaite maîtrise de la langue italienne qui lui a permis de faire une traduction remarquée des Fiancés de Manzoni qui continue à faire autorité de nos jours.

Alors que, comme certains de ses amis journalistes ou hommes de lettres, il aurait pu se choisir un pseudonyme, il préféra se faire connaître en réunissant les patronymes de ses parents.

Le , il Ă©pouse Ă  Paris Élisabeth Carrin, parente de Jean-Guillaume Hyde de Neuville[5], dont il eut deux filles dont, Ă  ce jour, on ignore la destinĂ©e[6]. Sur le plan matĂ©riel, la vie de A.F Marius devint plus difficile après la rĂ©volution de 1830 oĂą un changement de lĂ©gislation mit fin Ă  l'activitĂ© du bureau de Loterie royale qui faisait vivre sa famille : « Il vivait dans l'aisance, grâce au produit d'un excellent bureau de loterie, tenu par sa famille Ă  l'entrĂ©e de la rue d'Aix; la suppression de ces bureaux, après la rĂ©volution de juillet, le mit Ă  la gĂŞne; ce qu'il retirait de ces Ă©crits, l'empĂŞchant tout au plus de mourir de faim, Ă  Paris oĂą il Ă©tait allĂ© chercher fortune » [4].

Sa situation personnelle ne cessa de se dégrader avec le temps; il est vraisemblable qu'il perdit son épouse et que « l'existence épuisante du journalisme parisien »[4] finit par altérer sa raison.

Dans son Histoire de la littérature dramatique, Jules Janin écrit : « En ce lieu (un asile honorable, non loin des Petites-Maisons), végétait déjà un homme d'un vrai talent, qui avait fait des livres que le public avait lus avec grand plaisir (...) nous voulons parler de M. Rey-Dussueil, un enfant de Marseille. »

On lit, plus nettement, par ailleurs :  Il Ă©tait fou depuis longtemps, et sans les secours qui lui Ă©taient accordĂ©s par le ministère de l'IntĂ©rieur, il se serait trouvĂ© dans la plus affreuse misère[7].

Il meurt à Paris le dans sa cinquante-troisième année[6].

Carrière

Le journaliste

Avec son ami le poète Joseph MĂ©ry, il crĂ©a, en 1820, Ă  Marseille le journal  Le CaducĂ©e  dont les idĂ©es politiques libĂ©rales furent rapidement censurĂ©es par le gouvernement de l'Ă©poque.

Il vint ensuite Ă  Paris oĂą il s'attacha vers 1826, Ă  la rĂ©daction du Mercure, auquel il travailla trois ou quatre ans et il y donna, entre autres articles, des Lettres sur les théâtres lyriques. Au Mercure de France[7], il fut plus spĂ©cialement chargĂ© de la critique des scènes d'opĂ©ra comique bien que, pour certains, sa culture musicale Ă©tait un peu insuffisante.

Il quitta cette spĂ©cialitĂ© pour s'orienter vers la politique avec les Provençaux, LĂ©on Gozlan et Louis Reybaud[8]. Il coopĂ©ra alors Ă  la rĂ©daction du Corsaire , de La RĂ©volution, de La Gazette littĂ©raire, de La Tribune et fournit quelques nouvelles Ă  La Revue de Paris[7].

Il donna des  morceaux Ă  divers recueils littĂ©raires, tels que « Le Livre des Cent-et-un » (le Siècle ou bal dans le tome X), dans le « Salmigondis » (Un dĂ©jeuner d'huitres dans le tome IV)[7].

Il affiche clairement des idées libérales, hostiles à la Restauration.

Le romancier

Entre 1826 et 1843, il publie les ouvrages suivants :

  • RĂ©sumĂ© de l'histoire d'Égypte depuis les temps fabuleux jusqu'Ă  nos jours  (1826) dans lequel, Ă  propos de la construction des pyramides Ă©gyptiennes, il Ă©crit : « On doit bien se garder de juger des choses d'autrefois avec les idĂ©es d'aujourd'hui. ».
  • La ConfrĂ©rie du St Esprit, chronique marseillaise  (1829).
  •  La Fin du Monde, Histoire du temps prĂ©sent et des choses Ă  venir  (1830), oĂą  l'auteur passe en revue toutes les querelles politiques et morales qui s'agitent et il finit par conclure que la fin du monde peut seule nous tirer de cet inextricable labyrinthe[9].
  •  Samuel Bernard et Jacques Borgarelly, Histoire du temps de Louis XIV (1830).
  • AndrĂ©a, Histoire du temps de l'Empire  (1831).
  • Le CloĂ®tre St Merri  (1832). Pour beaucoup, ce fut son Ĺ“uvre majeure. Elle relate un Ă©pisode de l'insurrection rĂ©publicaine des 5 et . Ce roman historique dans lequel il dĂ©fendit la cause des combattants lors de l'affrontement de , lui valut d'ĂŞtre accusĂ© de provocation Ă  la guerre civile, Ă  la haine et au mĂ©pris du gouvernement du roi. AccusĂ© (...), il a Ă©tĂ© acquittĂ©. Me Joly avocat, dĂ©putĂ© appartenant Ă  l'opinion rĂ©publicaine a dĂ©fendu M. Rey-Dussueil qui a aussi prononcĂ© un discours pour sa dĂ©fense[10].

Cette Ĺ“uvre eut un retentissement certain et on note que l'Ă©pisode de la barricade de Victor Hugo, dans Les MisĂ©rables, est construite sur le modèle de St Merri : structure gĂ©nĂ©rale, place stratĂ©gique du cafĂ© qui fait office de fonderie, d'ambulance, de cantine et de bastion ultime, phases du combat et caractĂ©ristiques de l'assaut final. Sur la foi de la description de l'Ă©vĂ©nement par Rey-Dussueil qui y a sans doute participĂ© personnellement, on sait que Victor Hugo n'a pas omis de prĂ©ciser que le drapeau tricolore – et non le drapeau rouge – flottait sur la barricade[11]. Dans ce roman, « Joseph, 16 ans, a servi de modèle au Gavroche des MisĂ©rables : Joseph brandit le drapeau de la SociĂ©tĂ© des Droits de l'Homme »[12]. Victor Hugo a donc trouvĂ© une partie de son inspiration chez Rey-Dussueil et une autre chez Louis Blanc.

  • L'Angelus, opĂ©ra comique en un acte dont il Ă©crit les paroles sur une musique de Casimir Gide.
  • Le Monde Nouveau  (1831).
  •  Les Trois Amis, histoire du temps de l'Empire (1831), oĂą il Ă©crit notamment : « la libertĂ© ne se demande pas, elle se prend ! ».
  • Estrella  (1843).

Notes et références

  1. Archives départementales des Bouches-du-Rhône (Marseille Midi -Naissances 1,1798 f°132)
  2. Geneanet (famille Dussueil)
  3. Biographie universelle et portative des contemporains; ou, Dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts depuis 1788 jusqu'à nos jours : qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, Chez l'Éditeur, (lire en ligne)
  4. Le Caducée
  5. Bibliographie universelle et portative des contemporains d'Alphonse Rabbe, 1834
  6. Archives de la ville de Paris (V3E/D1276 f°2 – V3E/M869 f°23)
  7. La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants; Joseph Marie Quérard, Paris 1835.
  8. Encyclopédie des Bouches-du-Rhône
  9. Revue des Romans, recueil d'analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers 1839.
  10. Les Échos de la Fabrique - 10 mars 1833 N° 10.
  11. Les 5 et 6 juin 1832. L'évènement et les Misérables de Thomas Bouchet.
  12. Paris révolutionnaire – rue Saint-Merri
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