Antioche de Pisidie
Antioche de Pisidie (Antiocheia ou Antiochia ad Pisidiam en latin) est une ancienne cité de Pisidie, la région des lacs en Turquie, la province moderne d'Isparta. Elle se situait à la croisée des mers Méditerranée et Égée, ainsi que dans la région centrale d'Anatolie, près de l'ancienne frontière entre la Pisidie et la Phrygie. De ce fait, elle est connue jusqu'au début du Ier siècle sous le nom d'Antioche de Phrygie[1].
Antioche de Pisidie | |||
Site d'Antioche de Pisidie. | |||
Localisation | |||
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Pays | Turquie | ||
RĂ©gion antique | Pisidie | ||
Province | Isparta | ||
District | Yalvaç | ||
Coordonnées | 38° 18′ 16″ nord, 31° 11′ 18″ est | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Turquie
GĂ©olocalisation sur la carte : province d'Isparta
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Le site se trouve à environ 1 km au nord de Yalvaç (ou Yalobatch), ville moderne de la province d'Isparta. Antioche de Pisidie était située sur une colline dont le point le plus haut est à 1 236 m. La ville était bordée à l'est du ravin profond de la rivière Anthius qui se jette dans le lac d'Eğirdir (en turc : Eğirdir Gölü).
Fondation
Fondée en 280 av. J.-C., par Antiochos Ier, fils de Séleucos Ier, l'un des généraux d'Alexandre le Grand, qui lui donna son nom tout comme à la ville d'Antioche sur l'Orontes (Antakya). Selon Strabon elle est fondée par des citoyens de Magnésie sur le Méandre. Elle est refondée comme colonie romaine en 19 av. J.-C., dans le cadre de fondations de colonies de vétérans en Asie, en Grèce, Anatolie et Syrie notamment. Selon Pline l'Ancien, il s'agit de la capitale de la province romaine de Pisidie, nommée Antiochea Cæsarea. À la veille de la bataille d'Actium en 31 av. J.-C., Octave constate que l'Orient romain est inégalement urbanisé, en particulier à l'intérieur de l’Anatolie où les cités sont rares. Il se consacre donc, sans créer de nouvelles poleis (en dehors de Nicopolis d'Épire), à la restauration et fondation de colonies romaines telles qu’Antioche. Cela s'explique par la nécessité de lotir les nombreux vétérans démobilisés au lendemain de la bataille d'Actium et, dans le but de devenir des foyers de romanisation autour de villes peuplées de citoyens romains. C'est ainsi qu'en installant des vétérans de la Ve Gallica et de la VIIe légion, Auguste créa le réseau de colonies en Pisidie, et à Antioche dès 25 av. J.-C.
Culture et religion
Les effets culturels sont en fait limités puisqu'il est observé que partout le grec supplante le latin à partir du règne d'Hadrien. Rien ne témoigne non plus d'une diffusion des cultes romains, en dehors des cultes qui ne sortent pas des milieux de soldats et vétérans. On peut cependant noter la présence d'un culte local important, celui du dieu Men.
La ville fut fondée probablement sur le site d'un ancien sanctuaire phrygien dédié au dieu Men, on y retrouve d'ailleurs de nombreuses inscriptions[2].
Les Actes des Apôtres nous apprennent que Paul de Tarse (saint Paul) et saint Barnabé se sont rendus deux fois à Antioche en 46 apr. J.-C., mais qu'à leur première visite ils ont été chassés par les Juifs fort nombreux dans cette ville[3]. Il fonde plusieurs communautés chrétiennes au cœur des territoires non évangélisés. Antioche fut l'une des premières villes d'Anatolie à adopter le christianisme. La première et la plus grande église dédiée à saint Paul fut construite plus tard à l'emplacement où ce dernier prononça son sermon.
Fin d’Antioche et ruines
Lors d'une campagne de conquête dirigée par le calife omeyyade Al-Walid ben Abd al-Malik, la ville fut rasée en 713. Des tentatives furent faites pour la reconstruire, mais elle ne retrouva pas sa splendeur passée. Elle fut finalement abandonnée lorsque Yalvaç fut fondée à proximité au XIIIe siècle.
De nos jours, il reste un certain nombre de ruines antiques des murailles, un aqueduc, un petit théâtre, mais également les propylées de l'acropole, la place dite Auguste Platea d'où s'élevait un temple probablement consacré à Auguste (ou Dionysos), la place Tiberia Platea en l'honneur de Tibère, et à proximité les restes de deux basiliques byzantines et les ruines d'une église du IVe siècle dédiée à saint Paul.
Notes et références
- François Kirbihler et al., L'Asie mineure dans l'Antiquité : populations et territoire, Presses universitaires de Rennes, p. 273, n. 48
- Aperçu des sanctuaires, reliefs rupestres et inscriptions de Pisidie.
- À cause de leur annonce du salut et de la résurrection en Jésus : voir Actes des apôtres 13,15-41 Actes mais pas forcément mal reçus : voir Actes des apôtres 13,42-44. C'est les chefs Juifs qui les chassèrent : voir Actes des apôtres 13,45-50.
Annexes
Bibliographie
- Stephen Mitchell, Marc Waelkens: Pisidian Antioch. The site and its monuments. Duckworth, Londres 1998, (ISBN 0-7156-2860-7).
- Actes du Ier Congrès international sur Antioche de Pisidie. Paris 2002, (ISBN 2-911971-04-3).
- Voir Ă©galement Richard Stillwell, ed. Princeton Encyclopedia of Classical Sites, 1976: "Antioch, Phrygia, Turkey".
Articles liés
Liens externes
- Ressource relative à la géographie :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Extraits des Actes des Apôtres traitant du passage de Paul dans la cité.
- Photos des ruines et paysages d'Antioche, BibléLieux.com
- (en) [PDF] Inscription honorifique en latin d'un gouverneur romain au Ier siècle ap. J.-C. dans la colonie d'Antioche de Pisidie, University of Chicago Press
- (en) « Isparta Yalvaç Psidia Antiokheia », sur « Republic of Turkey Ministry of Culture and Tourism ».
- (en) « Isparta→Antiokheia », sur « Republic of Turkey Ministry of Culture and Tourism ».