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Anthime l'IbĂšre

Anthime l'IbĂšre[1], en roumain Antim Ivireanul, est un religieux chrĂ©tien orthodoxe d'origine gĂ©orgienne qui s'Ă©tablit dans la principautĂ© de Valachie (actuelle Roumanie) et fut mĂ©tropolite d'Ungro-Valachie de 1708 Ă  1716. Il s'illustra dans des activitĂ©s de typographe, et aussi dans l'Ă©loquence religieuse. Il mourut assassinĂ© en septembre ou octobre 1716. Il a Ă©tĂ© canonisĂ© en 1992 par l'Église orthodoxe roumaine (en mĂȘme temps que Constantin BrĂąncoveanu) et est cĂ©lĂ©brĂ© le .

Anthime l'IbĂšre
Le métropolite Anthime
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
ანთიმოზ ივერიელი
Activités
Statut
Autres informations
Étape de canonisation
FĂȘte
Blason

Biographie

Son surnom renvoie Ă  l'« IbĂ©rie », nom donnĂ© dans l'AntiquitĂ© Ă  une partie de la GĂ©orgie actuelle. Il y naquit vers le milieu du XVIIe siĂšcle, fut capturĂ© dans sa jeunesse par les troupes ottomanes, et fut conduit Ă  Constantinople. Il entra alors en religion (adoptant le nom grec d'Anthime) et servit dans le clergĂ© du patriarcat ƓcumĂ©nique, oĂč il acquit une solide formation dans plusieurs domaines. Vers 1690, il fut appelĂ© Ă  Bucarest par le voĂŻvode de Valachie, Constantin II BrĂąncoveanu, et se vit confier l'atelier d'imprimerie princier fondĂ© par Matthieu Basarab.

Entre 1691 et 1694, il mit sous presse quatre volumes dans cet atelier : l'un contenant les Instructions Ă  son fils LĂ©on de l'empereur Basile le MacĂ©donien (texte grec) ; un autre contenant les Actes de sainte ParascĂšve d'Épibates et de saint GrĂ©goire le DĂ©capolite (texte roumain) ; un Ă©vangĂ©liaire bilingue grec-roumain ; et un psautier roumain.

En 1696, il devint higoumÚne du monastÚre de Snagov (situé sur une ßle d'un lac à 40 km au nord de Bucarest). Il y fit transférer l'imprimerie et poursuivit ses activités dans ce domaine, réalisant encore quinze volumes entre 1696 et 1701 (sept en grec, cinq en roumain, un en slavon, un en slavo-roumain, et un bilingue grec-arabe). Revenu à Bucarest avec son matériel entre 1701 et 1705, il y produisit encore quinze livres (onze en grec, deux en roumain, un en slavo-roumain et un autre bilingue grec-arabe). Ce sont tous des livres religieux (littérature liturgique, hagiographique ou ascétique). Il imprima notamment le premier Nouveau Testament en roumain en 1703. Autre fait remarquable : à la demande des chrétiens melkites de Syrie (notamment du patriarche d'Antioche Athanase Dabbas), il fit graver des caractÚres arabes et produisit dans cette langue deux livres liturgiques : un missel (1701) et un livre d'heures (1702) ; ce sont les premiers livres à caractÚres arabes imprimés en Orient. Ensuite, en 1704, Athanase Dabbas obtint de Constantin Brùncoveanu de pouvoir faire transporter une presse, et sans doute des caractÚres typographiques, à Alep.

Le , il devint Ă©vĂȘque de RĂąmnicu VĂąlcea et y poursuivit ses activitĂ©s dans l'atelier typographique du monastĂšre de Govora (Ă  8 km Ă  l'ouest de la ville)[2]. De 1705 Ă  1708, il y imprima neuf nouveaux livres (trois en roumain, trois en slavo-roumain et trois en grec).

Le , il fut Ă©lu mĂ©tropolite d'Ungro-Valachie (installĂ© dans son siĂšge le ). Il emporta encore une fois son matĂ©riel typographique Ă  TĂąrgoviște, le siĂšge mĂ©tropolitain, et produisit encore dix-huit livres jusqu'en 1715 (onze en roumain, cinq en grec, un en slavo-roumain, et un en slavo-roumain et grec). Revenu Ă  Bucarest en 1715, il y imprima encore deux livres en grec. Ses soixante-trois publications en plusieurs langues (et plusieurs alphabets) font de lui le plus grand typographe de la Roumanie prĂ©-moderne avec Coresi. De plus, il a traduit en roumain, pour une part, les textes qu'il a imprimĂ©s dans cette langue, contribuant Ă  en faire une langue littĂ©raire et Ă  l'imposer comme la langue liturgique de l'Église orthodoxe roumaine. Il forma comme apprenti le sous-diacre Mihail Stefan, qui en 1699 alla installer un atelier d'imprimerie Ă  Alba Iulia, capitale de la Transylvanie.

Il a Ă©galement laissĂ©, malgrĂ© son origine Ă©trangĂšre, une Ɠuvre littĂ©raire originale en roumain, considĂ©rĂ©e comme importante dans les dĂ©buts de la littĂ©rature dans cette langue : un recueil de vingt-huit sermons (Didahii) prononcĂ©s dans la cathĂ©drale mĂ©tropolitaine les dimanches et jours de fĂȘte, parfois en prĂ©sence du prince et des grands dignitaires ; ce sont des prĂȘches moralistes sĂ©vĂšres, n'Ă©pargnant personne (ce qui a peut-ĂȘtre contribuĂ© Ă  sa perte), intĂ©ressants par l'image vivante qu'ils donnent de la sociĂ©tĂ© roumaine contemporaine. Il s'est illustrĂ© d'autre part dans plusieurs disciplines artistiques (peintre, sculpteur, graveur sur bois, calligraphe), et a notamment copiĂ© et enluminĂ© des manuscrits.

AprÚs la chute de Constantin Brùncoveanu (exécuté à Constantinople avec ses fils et son principal ministre le ), le métropolite Anthime, lié à sa politique suspecte aux Ottomans, fut ensuite rapidement destitué par le nouveau prince Nicolas Mavrocordato. Condamné au bannissement dans le monastÚre Sainte-Catherine du Sinaï, il fut en fait assassiné quelque part en Thrace, et son corps jeté dans la Maritsa ou la Toundja.

Édition

  • Gabriel Strempel (Ă©d.), Antim Ivireanul. Opere, Bucarest, Éd. Minerva, 1972.

Bibliographie

  • Émile Picot, « Notice biographique et bibliographique sur l'imprimeur Anthime d'Ivir, mĂ©tropolitain de Valachie », Nouveaux mĂ©langes orientaux publiĂ©s par les professeurs de l'École spĂ©ciale des langues orientales vivantes, Paris, 1886, p. 513-560.
  • Ecaterina Lung, « Le mĂ©tropolite roumain Anthime Ivireanu sur les femmes : une vision mĂ©diĂ©vale au seuil de l'Ă©poque moderne », dans MatĂ©rialitĂ© et immatĂ©rialitĂ© dans l'Église au Moyen Âge. Actes du colloque tenu Ă  Bucarest les 22 et , p. 307-313.
  • George Călinescu, Histoire de la littĂ©rature roumaine (Bucarest, 1968, p. 19).

Notes et références

  1. Dit aussi, dans d'anciennes publications, Anthime d'Ivir.
  2. On y imprima vers 1640 le Pravila de la Govora, le plus ancien code de lois roumain.
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