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Anténor (mythologie)

Dans la mythologie grecque, AntĂ©nor (en grec ancien áŒˆÎœÏ„ÎźÎœÏ‰Ï / AntáșżnĂŽr) est un noble troyen, mari de ThĂ©ano et beau-frĂšre de Priam.

Anténor
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Biographie
Famille
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PĂšre
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Statut
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Conflit

Famille et descendance

Anténor eut dix-neuf fils parmi lesquels :

RĂŽle dans la guerre de Troie

Anténor fait partie des vieux princes qui aux cÎtés de Priam observent la guerre au loin, en raison de leur ùge, alors qu'ils sont perchés sur les Portes Scées de la ville de Troie[1]. Il accompagne Priam sur un char pour assister dans la plaine des combats au duel entre Pùris et Ménélas et cautionner le serment du sort de l'affrontement entre les deux[2].

Anténor fut accusé d'avoir trahi sa patrie, non seulement parce qu'il reçut chez lui les ambassadeurs venus pour redemander HélÚne, mais aussi parce que, ayant reconnu dans Troie le roi Ulysse déguisé, il n'alerta pas les Troyens. Deux auteurs antiques, DarÚs le Phrygien[3] et Dictys de CrÚte[4], ont précisé l'histoire d'Anténor. Ils ont ainsi imaginé son rÎle dans la guerre de Troie dont il était un des puissants. Mal vu de Priam, il souhaita protéger sa personne et ses biens et trahit sa cité, en permettant l'introduction du cheval fatal à la ville. Lors de la prise de la ville, il livra PolyxÚne et s'exila avec douze mille Troyens[5].

Anténor dans l'historiographie antique

Le monument appelé Tombe d'Anténor, à Padoue.
Plaque sur le pavage de la piazza Antenore, Ă  Padoue, avec le texte de Virgile et sa traduction en italien.

AprĂšs la prise de cette ville, il s'embarqua avec ceux de son parti, vint aborder en Italie sur les cĂŽtes des VĂ©nĂštes, et fonda une ville de son nom, qui depuis est appelĂ©e Padoue. Ainsi, Tite-Live qui Ă©tait lui-mĂȘme originaire de Patauium (Padoue) Ă©crit[6] :

« AprĂšs la prise de Troie, tous ses habitants furent victimes de sĂ©vices, sauf ÉnĂ©e et AntĂ©nor. Cela pouvait s'expliquer par les rĂšgles qui rĂ©gissent d'anciens liens d'hospitalitĂ© et parce que ces deux Troyens avaient toujours dĂ©fendu l'idĂ©e de rendre HĂ©lĂšne pour rĂ©tablir la paix. C'est pourquoi les AchĂ©ens s'abstinrent envers eux de toute maltraitance qu'autorisent les lois de la guerre. AprĂšs quoi, AntĂ©nor vĂ©cut diverses aventures. De nombreux ÉnĂštes l'avaient suivi : chassĂ©s de Paphlagonie par une rĂ©volution, ils Ă©taient Ă  la recherche d'une nouvelle patrie, d'un chef aussi, car PylĂ©mĂšne, leur gĂ©nĂ©ral, avait disparu Ă  Troie. Ils abordĂšrent au fin fond de l'Adriatique. AprĂšs avoir chassĂ© les EuganĂ©ens, Ă©tablis entre la mer et les Alpes, ÉnĂštes (Eneti) et Troyens occupĂšrent ce territoire. L'endroit oĂč ils ont dĂ©barquĂ© se nomme Troie. C'est pourquoi on appelle troyen l'arriĂšre-pays, et VĂ©nĂštes (Veneti) l'ensemble de ses occupants. »

Plusieurs autres tĂ©moignages antiques prĂ©sentent Ă©galement AntĂ©nor comme le fondateur de Padoue. Il faut citer Virgile[7] et Tacite[8]. D'autres Ă©crivains antiques comme Justin[9], Caton l'Ancien[10], Solin[11] ou Strabon font des Troyens d'AntĂ©nor les ancĂȘtres de l'ensemble des VĂ©nĂštes de l'Adriatique. AntĂ©nor joue un rĂŽle important dans la lĂ©gende de l'origine troyenne des VĂ©nĂštes et des VĂ©nitiens mais il intervient Ă©galement dans d'autres rĂ©cits relevant du mythe de l'origine troyenne des peuples.

À Padoue, un monument mĂ©diĂ©val du XIIIe siĂšcle, situĂ© sur la Piazza Antenore, est appelĂ© Tombe d'AntĂ©nor (it). Lors de la dĂ©couverte en 1274 d'un sarcophage, l'humaniste Lovato Lovati proposa d'y voir la sĂ©pulture du fondateur mythique de la ville. On construisit un monument pour abriter le sarcophage.

Anténor dans l'historiographie médiévale

L'affirmation selon laquelle AntĂ©nor est le fondateur de villes en VĂ©nĂ©tie remonte Ă  l'AntiquitĂ©. Mais cela n'a pas empĂȘchĂ© certains auteurs mĂ©diĂ©vaux d'en faire le hĂ©ros de leur rĂ©cit. Ainsi, Dudon de Saint-Quentin[12] en fait l'ancĂȘtre des Normands, tandis qu'Aimoin de Fleury, Sigebert de Gembloux[13], Jean de Courcy[14], NoĂ«l de Fribois[15] en font l'ancĂȘtre des Français. Jacques Millet lui donne une Ă©paisseur humaine dans son MystĂšre de la destruction de Troie[16]. En revanche, pour Vincent de Beauvais comme pour les Grandes Chroniques de France, il n'est qu'un des barons qui quittĂšrent Troie la Grant.

Plus conforme Ă  la tradition antique, des auteurs mĂ©diĂ©vaux ont affirmĂ© qu'AntĂ©nor avait participĂ© Ă  la fondation de Venise. On peut par exemple citer une chronique de l'extrĂȘme fin du XIIIe siĂšcle, appelĂ©e la Cronaca di Marco[17].

Selon cette chronique, certains Troyens, fuyant la destruction de leur ville, parvinrent à un tas de terre entre terre et mer. Ils délibérÚrent entre eux sur la situation de l'endroit qui bien que peu accueillant offrait une grande liberté d'installation. Ils décidÚrent finalement de s'y installer et introduisirent sur l'ßle le nécessaire pour aménager une véritable colonie de peuplement.

GrĂące au renfort d'autres rescapĂ©s troyens, une nouvelle citĂ© jaillit de terre. La crainte et la mĂ©fiance habitent toujours les habitants de la nouvelle citĂ©. Ainsi, chaque arrivĂ©e d'un nouveau contingent de rescapĂ©s troyens donnait lieu Ă  des manifestations de joie cependant mĂȘlĂ©es de larmes, de soupirs et de lamentations. En effet, le souvenir de l'anĂ©antissement tragique de leur patrie et de la mort cruelle des Troyens Ă©tait ravivĂ© Ă  chaque scĂšne de retrouvailles.

Des rĂ©actions semblables marquĂšrent en particulier l'arrivĂ©e d'un Troyen prestigieux : AntĂ©nor. AprĂšs la destruction de Troie, il avait errĂ© pendant cinq longues annĂ©es avant d'arriver Ă  Venise. AntĂ©nor fut nĂ©anmoins Ă©lu par la communautĂ© troyenne comme roi et la ville prend alors le nom d'AntĂ©noride. L'afflux de population fut alors tel que les Troyens essaimĂšrent dans toute la VĂ©nĂ©tie oĂč, guidĂ©s par AntĂ©nor, ils fondĂšrent de nombreuses citĂ©s.

Notes

  1. HomÚre, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], III, 147-150.
  2. Iliade, III, 261-263.
  3. DarÚs le Phrygien, Histoire de la destruction de Troie [détail des éditions] [lire en ligne].
  4. Dictys de CrĂšte, ÉphĂ©mĂ©ride de la guerre de Troie [dĂ©tail des Ă©ditions] [lire en ligne].
  5. La thÚse de la trahison d'Anténor remonte à Lycophron.
  6. Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne], I, 1, 1-3, trad. D. De Clercq, 2001.
  7. Virgile, ÉnĂ©ide [dĂ©tail des Ă©ditions] [lire en ligne], I, 247-248.
  8. Tacite, Annales [lire en ligne], XVI, 21, 1.
  9. Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 1, 8.
  10. Caton l'Ancien, Origines, II, fr. 12.
  11. Solin, II, 10.
  12. Dudon de Saint-Quentin, De moribus et actis primorum Normaniane ducum, éd. J.-A. Lair, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 3e série, t.3, Caen, 1864, p. 129 à 130.
  13. Sigebert de Gembloux, P.L., t. 160, c. 59-60.
  14. Jean de Courcy, La BouquechardiĂšre.
  15. Noël de Fribois, Miroir historial.
  16. MystĂšre de la destruction de Troie Jacques Millet
  17. A. Carile, Aspetti della cronachistica Veneziana nei secoli XIII e XIV, dans A. Pertusi [Éd.], La storiografia Veneziana fino al secolo XVI. Aspetti e problemi, Florence, 1970, p. 75-126 (CiviltĂ  veneziana. Saggi, 18). L'Ă©dition du texte latin de la Cronaca di Marco se trouve aux pages 121-126.

Bibliographie

  • Lorenzo Braccesi, La leggenda di Antenore. Da Troia a Padova, Padoue, Signum, 1984, 163 p., 10 pl.
  • Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine [dĂ©tail des Ă©ditions] [lire en ligne]

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