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Ancienne Ă©glise des Dominicains de Strasbourg

L’ancienne église des Dominicains de Strasbourg est un édifice disparu autrefois situé à l’emplacement du Temple-Neuf à Strasbourg, dans le Bas-Rhin. Construite au début de la deuxième moitié du XIIIe siècle, l’église fait l’objet d’une importante campagne d’agrandissement dès la première moitié du XIVe siècle, devenant ainsi la deuxième plus grande église de la ville après la cathédrale. En 1531, le Magistrat transfère l’église aux protestants et le reste du couvent à l’université, celle-ci transformant également du chœur, inutilisé par la culte réformé, en salle des fêtes. À la fin du XVIIIe siècle, l’édifice devient une bibliothèque et abrite de nombreux trésors littéraires et artistiques. Le bâtiment et son contenu sont détruits pendant le bombardement de la ville par les Prussiens en 1870. Les ruines sont alors rasées et une nouvelle église, le Temple-Neuf, construite par-dessus.

Ancienne Ă©glise des Dominicains de Strasbourg
Image illustrative de l’article Ancienne église des Dominicains de Strasbourg
L’église des Dominicains en 1850.
Présentation
Culte catholique romain et protestant
Dédicataire saint Barthélemy
Type Église conventuelle
Rattachement Ordre des PrĂŞcheurs
DĂ©but de la construction 1254
Fin des travaux 1260
Autres campagnes de travaux 1308-1325 : agrandissement
Style dominant gothique
Date de désacralisation 1793
Date de démolition 1873
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Circonscription administrative Bas-Rhin
Commune Strasbourg
CoordonnĂ©es 48° 35′ 00″ nord, 7° 44′ 54″ est[1]

Historique

Les Dominicains arrivent à Strasbourg au plus tard en 1224[2] ; il s’agit alors du troisième établissement de la province de Teutonia, après Friesach en 1217 et Cologne en 1222[3]. De manière inhabituelle, l’ordre s’établit en-dehors des murs de la ville sur un terrain humide du Finkwiller, où il construit d’abord une chapelle puis une église vers 1238, cette dernière ayant peut-être été en bois[4] - [2]. Cette situation, liée au fait que l’évêque ne voulait guère des ordres mendiants dans sa ville, dure plus d’une décennie et ne commence à se résoudre que le , lorsque Gauthier de Hunebourg leur fait don d’un terrain au centre de la ville. Ce terrain, trop exigu pour y installer un établissement, est étendu par des dons et des achats successifs entre 1248 et 1252[4].

Le , les frères reçoivent du légat du pape l’autorisation de bâtir un couvent et le creusement des fondations commence le . Les travaux sont suffisamment avancées à l’été pour permettre de poser le la première pierre du chœur de la nouvelle église, dédiée à saint Barthélemy[4]. Le terrain disponible restant limité, cette église, qui est consacré le par l’évêque de Metz, est de dimension moyenne, avec une grande nef de dix travées, mais un petit chœur d’une seule travée[5] - [6].

De fait, l’église se révèle rapidement trop exiguë pour héberger un chapitre en pleine croissance. Il est par ailleurs apparu en Alsace dans les années 1280 la mode des chœur à travées multiples et les concurrents des Dominicains se sont rapidement dotés de tels édifices. Des travaux d’agrandissement de l’église commencent donc en 1308[5] - [6] - [4]. Lors de ces travaux, le bas-côté sud de la première église est remplacée par un second vaisseau de nef, lui-même doté d’un bas-côté ; l’ancien chœur est également démoli et remplacé par un grand chœur de cinq travées. À la fin de cette campagne d’agrandissement en 1325, l’église des Dominicains est alors le deuxième plus grand édifice cultuel de la ville, après la cathédrale[7].

L’église après le bombardement de 1870 photographiée du nord par Charles Winter.

Au début du XVIe siècle, les lieux ne sont plus occupés que par quelques moines, qui fortement critiqués par les bourgeois pour leur manque de respect des règles de leur ordre et de piété en général. Finalement, en 1531, les derniers frères acceptent la pension que leur propose le Magistrat s’ils quittent les lieux. La Ville affecte alors les bâtiments à d’autres usages, le chœur de l’église étant attribué au chapitre de Saint-Thomas qui permet entre 1538 et 1563 aux réfugiés protestants, dont Jean Calvin, d’y célébrer le culte[5]. À cette date l’église est rendu aux catholiques, ceux-ci ayant été évincés de la cathédrale. La situation se retourne après l’annexion de Strasbourg en 1681, Louis XIV ayant immédiatement ordonné de rendre la cathédrale au catholicisme. Les protestants n’ayant pas d’intérêt pour le chœur, celui-ci est investi par l’université de Strasbourg, qui y organise des fêtes[8]. Entre 1793 et 1795, lorsque le culte est interdit, l’église est vidée de son mobilier et sert de grenier à blé et de porcherie[9].

Par la suite le chœur, puis l’ensemble de l’église servent de bibliothèque à l’université, à laquelle est adjointe la bibliothèque de la ville en 1835[8] - [9]. Le réaménagement intérieur pour cet usage et la volonté d’améliorer l’éclairage intérieur entraînent la vente des vitraux subsistants en 1832[10]. L’église échappe en grande partie à l’incendie de 1860 qui détruit le reste du couvent, mais est totalement détruite dans la nuit du pendant le bombardement de la ville par les Prussiens. Les ruines sont rasées et des fouilles archéologiques effectuées à leur emplacement entre l’été 1873 et le début de l’année 1874 puis l'église protestante du Temple-Neuf est construite à la place à partir de [11].

Une nouvelle église des Dominicains est réalisée boulevard de la Victoire en 1930.

Architecture

Dominicains I

La première église élevée sur le site est composée d’une nef dotée d’un vaisseau central et de bas-côtés au nord et au sud. Longue de dix travées, elle est entièrement voûtée d’ogives, ce qui est inhabituel car contraire aux règles de l’ordre. Les voûtes sont contrebutées par des arcs-boutants dont les volées sont couvertes par la toiture des bas-côtés. La nef ouvre à l’est sur le chœur, qui comprend une seule travée prolongée d’une abside. Son chevet est à sept pans de dodécagone, une disposition là encore peu habituelle, l’usage à cette époque étant plutôt cinq pans d’octogone[6].

Mobilier

Vitraux

Le SĂ©minaire protestant affectataire de l’église au dĂ©but du XIXe siècle ayant dĂ©cidĂ© de ne pas conserver les vitraux, ceux-ci sont vendus en Ă  l’Œuvre Notre-Dame pour 33 000 francs, soit 200 francs le mètre carrĂ©. Sur un total de 292 panneaux, 98 sont immĂ©diatement rĂ©employĂ©s pour garnir les fenĂŞtres de la cathĂ©drale, notamment dans la chapelle Saint-Laurent et le reste est mis en dĂ©pĂ´t dans l’éventualitĂ© d’une revente profitable[10]. Dans les dĂ©cennies suivantes, une partie des panneaux est employĂ©e dans la cathĂ©drale, 122 Ă©tant en particulier placĂ©s dans les fenĂŞtres des tours de la façade, plus pour faciliter le stockage toutefois qu’à des fins rĂ©ellement esthĂ©tiques[12]. Tout au long du XIXe siècle, des projets de vente ou d’utilisation dans d’autres Ă©glises de la ville sont Ă©laborĂ©s, mais ne sont jamais menĂ©s Ă  terme[13].

En 2022, les panneaux appartenant à l’Œuvre Notre-Dame se trouvent dans trois lieux : dans la chapelle Saint-Laurent, le narthex et la galerie du chevet de la cathédrale, en dépôt au Musée de l’Œuvre Notre-Dame et en réserve à la Maison de l’Œuvre Notre-Dame. Par ailleurs, le Musée de l’Œuvre Notre-Dame a acquis de son côté quelques panneaux qui avaient été distraits de l’ensemble avant sa vente à l’Œuvre et quelques autres ont été identifiés dans les collections du Württembergisches Landesmuseum de Stuttgart et dans la Burrell Collection de Glasgow. Enfin, un panneau se trouve dans l’église Saint-Trophime d'Eschau, sans qu’il soit établi comment il y est arrivé[14] - [15].

Références

  1. GĂ©oportail
  2. Beyer 2007, p. 11.
  3. Recht 1971, p. 105-106.
  4. Recht 1971, p. 106.
  5. Braun 2002, p. 159.
  6. Rieger 1974, p. 99.
  7. Rieger 1974, p. 99-100.
  8. Beyer 2007, p. 13.
  9. Braun 2002, p. 160.
  10. Beyer 1957, p. 144.
  11. Braun 2002, p. 160, 162.
  12. Beyer 1957, p. 144-145.
  13. Beyer 1957, p. 145-146.
  14. Beyer 2007.
  15. (en) Bénédicte Bonnet Saint-Georges, « Two Stained-glass Windows Pre-empted by the Musée de l’Oeuvre Notre-Dame in Strasbourg », sur www.thearttribune.com, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Victor Beyer, « La dĂ©pose des vitraux de l'Ă©glise des Dominicains et la verrière de la vie de saint BarthĂ©lemy », Cahiers alsaciens d’archĂ©ologie, d’art et d’histoire,‎ , p. 143-162 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Victor Beyer, « La verrière du Jugement dernier Ă  l'ancienne Ă©glise des Dominicains de Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archĂ©ologie, d’art et d’histoire, no 9,‎ , p. 33-44 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Victor Beyer, Les vitraux de l’ancienne Ă©glise des Dominicains de Strasbourg, vol. France IX 2, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Corpus Vitrearum », (ISBN 978-2-86820-357-1).
  • Suzanne Braun, Églises de Strasbourg, Strasbourg, Oberlin, (ISBN 2-85369-237-X).
  • Roland Recht, « Note sur l’implantation urbaine des ordres mendiants en Alsace », Cahiers alsaciens d’archĂ©ologie, d’art et d’histoire, no 15,‎ , p. 101-108 (ISSN 0575-0385, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • ThĂ©odore Rieger, « L’église-halle en Alsace du XIIIe siècle au XVIIIe siècle », Cahiers alsaciens d’archĂ©ologie, d’art et d’histoire, no 18,‎ , p. 85-122 (ISSN 0575-0385, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Daniel Zimmer, « Le tympan de l’ancienne Ă©glise des Dominicains (Temple-Neuf) de retour Ă  Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archĂ©ologie, d’art et d’histoire,‎ , p. 221-222.
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