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Amphion (Honegger)

Amphion d'Arthur Honegger est un drame lyrique en trois parties, composé en 1929 et créé le à l'Opéra de Paris par la danseuse Ida Rubinstein. Devant le semi-échec que constitue cette œuvre, le compositeur en tire une suite pour orchestre, Prélude, Fugue et Postlude, créée par Ernest Ansermet à Genève en 1948.

Amphion
Description de cette image, également commentée ci-après
Amphion et sa lyre, dont le mythe sert d'argument au drame lyrique d'Arthur Honegger
Genre Drame lyrique
Musique Arthur Honegger
Livret Paul Valéry
Langue
originale
Français
Création
Paris (Opéra Garnier), Drapeau de la France France

Représentations notables

• Ida Rubinstein (1931)

Amphion

Genèse

L'Ă©crivain et poète français Paul ValĂ©ry travaille Ă  une idĂ©e d'« Ĺ“uvre totale Â» depuis 1891 et sollicite les avis de Claude Debussy et Pierre LouĂżs. Les trois hommes constatent que l'opĂ©ra de la fin du XIXe siècle est un monde Ă  ordonner[D 1] mais n'entrevoit pas la forme que peut prendre le but flou qu'ils poursuivent Ă  la charnière des diffĂ©rentes expressions artistiques, entre ballet, Ĺ“uvre lyrique et poĂ©sie. Il faut attendre 1922 et une collaboration entre l'Ă©crivain et le compositeur pour que ce projet prenne forme. Lors d'une confĂ©rence baptisĂ©e PoĂ©sie et langage, Honegger et ValĂ©ry se rencontrent[M 1] et s'entendent pour Ă©laborer une Ĺ“uvre commune mais il faut toutefois attendre sept ans avant que le projet ne se concrĂ©tise[M 1]. Honegger ne reçoit le manuscrit d'Amphion qu'en 1929[D 1] et deux ans après l'Ă©chec du drame lyrique Antigone, il met en musique le texte poĂ©tique appelĂ© Ă  cette tache par la danseuse Ida Rubinstein[D 1].

Le thème d'Amphion, ni homme ni dieu, ne constitue pas la matière idĂ©ale d'un drame lyrique et conviendrait davantage Ă  un ballet qu'Ă  une Ĺ“uvre chantĂ©e[M 2] d'autant que le langage clair et Ă©quilibrĂ© de ValĂ©ry s'accorde peu avec le « souffle tourmentĂ©, tumultueux Â»[M 2] du compositeur au point que les deux tempĂ©raments sont difficilement conciliables[M 2]. Honegger rĂ©ussit toutefois Ă  composer une Ĺ“uvre au langage dĂ©pouillĂ© de ses traits audacieux habituels (intervalles inusitĂ©s, cuivres, etc.)[M 2].

La partition est achevée en [T 1] mais la création n'a lieu que deux ans plus tard.

Création, réception et postérité

La danseuse Ida Rubinstein, créatrice de l'œuvre à l'Opéra Garnier

L'œuvre est créée à l'Opéra Garnier à Paris le avec la danseuse Ida Rubinstein et sa troupe avec les décors d'Alexandre Benois et la chorégraphie de Léonide Massine[T 2]. Le mariage voulu par Honegger et Valéry entre musique et spectacle rend difficile l'acceptation de la partition dont le sujet est précisément la musique[T 1]. Le spectacle est joué peu de fois, tout comme les autres pièces de la danseuse et n'est repris qu'en 1933 à Zurich[M 2].

Les critiques ne sont pas mauvaises pour autant, notamment celle d'Henry Prunières qui loue : « La concentration de la pensĂ©e musicale. L'art tumultueux d'Honegger se fait ici classique sans retour au poncif. Il se dĂ©pouille, il s'efforce de trouver comme le voulait Debussy la Chair nue de l'Ă©motion Â»[T 2].

Style

Selon Marcel Delannoy, la partition évoque l'opéra du Grand Siècle sous l'influence de Lully et de Rameau[D 2].

Argument

L'Ĺ“uvre a pour thème le mythe d'Amphion, fils de Zeus et d'Antiope. Si Paul ValĂ©ry conserve des Ă©lĂ©ments du mythe comme la musique qui demeure le personnage principal du rĂ©cit ou la ville de Thèbes, il introduit des Ă©lĂ©ments nouveaux comme la Mort personnifiĂ©e. Ni homme ni dieu, barbare et sauvage, Amphion reçoit la lyre d'Apollon et fait naĂ®tre la musique, et, de la musique, un temple. Les pierres s'assemblent par miracle pour former l'Ă©difice sorti du nĂ©ant par la grâce des notes. Le mythe relate qu'Amphion tue sa mère et bâtit les murailles de Thèbes avec sa lyre et sa flĂ»te. ValĂ©ry conserve la lyre et remplace les remparts par le temple. La seconde partie voit apparaĂ®tre les Muses qui figurent les colonnes du temple dominant la ville de Thèbes. Le hĂ©ros Amphion est louĂ© pour ses talents mais au moment d'approcher du temple, une femme voilĂ©e « L'Amour de la Mort Â» s'empare de la lyre qu'elle jette dans la fontaine et entraĂ®ne Amphion avec elle dans le nĂ©ant.

Structure et analyse

La partition se découpe en trois parties. La partition s'appuie sur cinq solistes, un récitant, un chœur et l'orchestre[T 1].

Première partie

Le bruissement des cordes graves (contrebasses et violoncelles) simule la naissance de la Musique[D 3] sur une image de chaos, la musique naissant du néant. Les contrebasses s'animent rythmiquement et les voix féminines des Sources s'élèvent sur cette basse. Le berger Amphion dort et rêve sur fond de harpe et cordes voluptueuses[D 3]. Les Muses approchent dans la Danse hiératique quand surgit, dans un grondement, la voix d'Apollon qui choisit Amphion pour lui confier la lyre. Celui-ci se réveille dans une danse légère[D 3] et saisit maladroitement l'instrument sur fond d'accord discordant[D 3] (cor, trombones, bassons). Une caresse d'Amphion sur les cordes provoque une harmonie à l'orchestre, avec les instruments à cordes augmenté de la harpe et du célesta, figurant la naissance de la Musique[D 3].

Deuxième partie

Amphion continue à jouer de la lyre sur fond de chromatisme à l'orchestre[D 4] : les blocs de pierre s'animent et le miracle de la construction du temple se produit. Cette Marche des Pierres est une fugue[D 4] stricte où le thème est introduit à quatre reprises. Un chœur de gloire fend le sillage de la marche. Surgissent du chaos des lignes mélodiques figurant les détails architecturaux[D 4], murs et frontons. Apparaissent le chœur des Muses figurant les colonnes du temple puis la façade.

Troisième partie

La fugue se poursuit et aboutit à l’Hymne au Soleil à l'unisson entonné par le peuple de Thèbes. Amphion est glorifié et porté en triomphe par le peuple. Au moment d'approcher du temple sacré surgit une femme portant un voile, personnifiant la Mort. Elle s'empare de la lyre qu'elle jette dans la fontaine et entraîne Amphion dans le néant, le privant de sa création victorieuse, sur l'avertissement sombre du saxophone[D 4].

Prélude, Fugue et Postlude

Prélude, Fugue et Postlude
Image illustrative de l’article Amphion (Honegger)
La Musique personnifiée ici par la Muse de la musique Euterpe, est le personnage central de l'œuvre lyrique et de la suite pour orchestre.

Genre Suite pour orchestre
Nb. de mouvements 3
Musique Arthur Honegger
Durée approximative 13 minutes
Dates de composition 1948
Création 1948
Genève, Drapeau de la Suisse Suisse
Interprètes Ernest Ansermet (direction), Orchestre de la Suisse romande

L'œuvre n'est reprise qu'en 1933 à Zurich[M 2] et ce semi-échec suggère à Honegger l'écriture d'une suite pour orchestre tiré du drame lyrique qu'il intitule Prélude, Fugue et Postlude. Cette œuvre est créée sous la direction d'Ernest Ansermet à Genève en 1948[M 2]. Bien que l'œuvre puisse être considérée comme une œuvre indépendante, Honegger introduit la partition par une résumé de son drame lyrique.

Discographie

Amphion

  • Amphion - L'ImpĂ©ratrice aux Rochers, label Timpani, 2010.

Prélude, Fugue et Postlude

Notes et références

Notes

    Sources et références

    1. p. 62
    2. p. 63
    1. p. 129
    2. p. 132
    3. p. 130
    4. p. 131
    1. p. 109
    2. p. 110

    Autres références

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