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Amarcord

Amarcord est un film franco-italien, une comédie dramatique, de Federico Fellini sorti en 1973. Il reçoit l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1975.

Amarcord
Description de l'image Federico Fellini - Amarcord.png.
RĂ©alisation Federico Fellini
Scénario Federico Fellini
Tonino Guerra
Acteurs principaux

Bruno Zanin
Pupella Maggio
Armando Brancia
Giuseppe Ianigro

Sociétés de production F.C. Produzioni
Productions et Éditions cinématographiques françaises
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Durée 127 minutes
Sortie 1973

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

En romagnol, « Amarcord » signifie à peu près « je me souviens » (en italien, (io) mi ricordo). Le film est une chronique d'un adolescent turbulent et attachant, Titta, qui pourrait bien être Fellini lui-même. Il grandit entouré de personnages excentriques habitant le village de Borgo San Giulano (situé près des anciens murs de Rimini, à 50 km de Forlì, à l'époque la capitale de la province), au fil des saisons, sous le fascisme triomphant des années 1920-30. Ainsi, la Romagne de Fellini rappelle celle d'Antonio Beltramelli, né à Forlì, comme on la trouve dans Gli uomini rossi ou Il Cavalier Mostardo.

Synopsis

Bruno Zanin dans le rĂ´le de Titta et Fellini lors du tournage.

Titta, un gamin à l'œil vif, s'échappe souvent de la pétaudière familiale pour aller rôder dans les rues et découvrir le monde. Il rencontre de drôles de gens : un colporteur mythomane, un accordéoniste aveugle, une buraliste à la poitrine accueillante, une religieuse naine, etc.

La vie provinciale en ce temps-là, c'est également le péril montant d'une parade fasciste, le fascinant passage, au large, d'un mystérieux transatlantique, des séances de cinéma agitées. Mais tout n'est pas drôle dans cette vie : la mère de Titta meurt, mais il se consolera vite au son de l'accordéon d'une noce campagnarde.

Magali Noël jouant La Gradisca.

Le fascisme ne nous saute pas aux yeux d'emblĂ©e. Les gens sont si dĂ©bonnaires et si drĂ´les. Le village prĂ©pare une fĂŞte, on s'assemble sur la place, on apporte des meubles pour le feu de joie, la fanfare joue, les hommes admirent La Gradisca, si belle dans son manteau rouge Ă  col de fourrure noire. Elle, elle rĂŞve Ă  Hollywood et Ă  Gary Cooper devant le cinĂ©ma dont le propriĂ©taire se fait appeler « Ronald Colman Â».

À l'école, les professeurs sont plus caricaturaux et ridicules les uns que les autres, avec une mention pour celui de grec ancien qui multiplie les grimaces à chacune de ses démonstrations de bonne prononciation. Les élèves, eux, semblent concourir à qui sera le plus cancre, visages ingrats, corps difformes. Ils passent leur temps en classe à se donner des coups, à péter, à uriner.

Mais, surtout, ils passent leur vie Ă  fantasmer sur les femmes du village et mĂŞme sur leur professeur de mathĂ©matiques. Tous les jours, mĂŞme sous la pluie, ils rendent visite au « Monument de la Victoire Â», ange aux superbes fesses nues et rebondies. L'obsession sexuelle et la frustration qu'elle entraĂ®ne dominent toute leur vie d'adolescent.

Dans l'observation acide de la province italienne, le dĂ®ner familial et la dispute qui l'Ă©maille reste un moment d'anthologie : La mère, Miranda, qui se met Ă  loucher lorsqu'elle crie « Je deviens folle », avant d'annoncer « je vous tuerai tous ! je mettrai de la strychnine dans le potage ! », tandis que le père, Aurelio, fait mine de vouloir se suicider en s'Ă©cartant les mâchoires des deux mains, tous deux incapables d'attirer l'attention de l'oncle ou des enfants qui, habituĂ©s Ă  un tel « cinĂ©ma Â» continuent Ă  manger, imperturbables, tandis que le grand-père choisit de sortir aĂ©rer ses sphincters.

Scène du mariage avec La Gradisca.

Mais le ton devient plus amer Ă  partir de la fĂŞte fasciste. Fellini tourne d'abord la manifestation en ridicule, avec les clones du Duce, le dĂ©filĂ© au pas de course Ă  la « bersaglieri Â», les discours enflammĂ©s et convenus. Le ton devient doux-amer lorsqu'est Ă©rigĂ© l'immense visage du Duce composĂ© de milliers de fleurs, mais dont les yeux, Ă©normes et fixes, font penser au Big Brother de George Orwell. Et alors que la nuit est tombĂ©e et que les rĂ©jouissances fascistes se poursuivent, un violon se fait entendre, surgi de nulle part, et Ă©grène les notes de l'Internationale. L'Ă©motion et la poĂ©sie se rejoignent en cet instant avant que la comĂ©die ne tourne Ă  l'aigre, car comme nous le montre Fellini sans avoir besoin de nous le dire, la poĂ©sie et l'Ă©motion n'ont pas droit de citĂ© dans l'Italie mussolinienne. Un dĂ©luge de feu sur le clocher de l'Ă©glise oĂą se cache le gramophone sacrilège, puis l'interrogatoire musclĂ© Ă  coups d'huile de ricin du père de Titta, viennent soudain nous rappeler Ă  la triste rĂ©alitĂ© historique.

Amarcord est une chronique de l'Italie campagnarde et fasciste. Une chronique tantôt hilarante, tantôt amère voire inquiétante lorsque les manifestations du fascisme quotidien nous sont montrées dans toutes leurs brutalités.

C'est aussi sans aucun doute le film le plus politique de Fellini, peut-être le seul. Mais, ici, le fascisme fait partie du décor, dans un village dont on nous dit que « 99 % des habitants sont inscrits au Parti ».

Fiche technique

Distribution

  • Bruno Zanin (VF : Thierry Bourdon) : Titta
  • Pupella Maggio (VF : Sylvie Deniau) : Miranda, mère de Titta
  • Armando Brancia (VF : Albert MĂ©dina) : Aurelio, père de Titta
  • Stefano Proietti : Oliva, frère de Titta
  • Giuseppe Ianigro (VF : Henri Labussière) : le grand-père de Titta
  • Nando Orfei : « Il Pataca », l'oncle de Titta
  • Ciccio Ingrassia : Teo, l'oncle « fou » de Titta
  • Carla Mora (VF : Jeanine Forney) : Gina, la domestique
  • Magali NoĂ«l : « La Gradisca »
  • Alvaro Vitali : Beppo
  • Maria Antonietta Beluzzi (VF : Paule Emanuele) : la buraliste
  • Josiane Tanzelli : « La Volpina »
  • Domenico Pertica : l'accordĂ©oniste aveugle
  • Gennaro Ombra : Biscein
  • Luigi Rossi (VF : Henri Virlojeux) : « L'avocat »
  • Gianfilippo Carcano (VF : Claude Joseph) : le curĂ©, Don Balosa
  • Dina Adorni (VF : Paule Emanuele) : Mme de Leonardis, le professeur de MathĂ©matiques
  • Antonio Faa Di Bruno (VF : Jean-François Laley) : le comte de Lovignano
  • Carmela Eusepi : la fille du comte de Lovignano
  • Francesco Maselli (VF : Roger Lumont) : Bongionanni, le professeur de sciences naturelles
  • Francesco Vona : Candela
  • Bruno Lenzi : Gigliozzi
  • Lino Patruno : Bobo
  • Armando Villella : le professeur de grec
  • Francesco Magno : le directeur de l'Ă©cole
  • Gianfranco Marrocco : le jeune comte Poltavo
  • Fausto Signoretti : le cocher Madonna
  • Donatella Gambini : Aldina Cordini
  • Fides Stagni (VF : HĂ©lĂ©na Manson) : le professeur d'histoire de l'art
  • Fredo Pistoni : Colonia
  • Ferruccio Brembilla (VF : Serge Sauvion) : le dignitaire fasciste
  • Mauro Misul : le professeur de philosophie
  • Antonio Spaccatini : le policier
  • Marcello Di Falco : le prince
  • Aristide Caporale : Giudizio
  • Bruno Scagnetti : Ovo
  • Alvaro Vitali : Naso
  • Fernando De Felice (VF : Marcelle Lajeunesse) : Ciccio
  • Mario Silvestri (VF : Albert Augier) : le professeur d'italien
  • Dante Cleri (VF : Georges Riquier) : le professeur d'histoire
  • Mario Liberati : le propriĂ©taire du cinĂ©ma Fulgor
  • Fiorella Magalotti (VF : Sylvie Feit) : la sĹ“ur de « La Gradisca »
  • Marina Trovalusci (VF : Jeanine Forney) : la petite sĹ“ur de « La Gradisca »
  • Vincenzo Caldarola : le mendiant
  • Mario Milo (VF : Marcel Lestan) : le photographe
  • Cesare Martignoni (VF : Fred Pasquali) : le premier barbier
  • Mario Jovinelli : le second barbier
  • Costantino Serraino : Gigino Penna Bianca
  • Amerigo Castrichelle : un ami de « Il Pataca »
  • Dario Giacomelli : un ami de « Il Pataca »
  • Giuseppe Papaleo : le dandy
  • Mario Nebolini : le secrĂ©taire de mairie
  • Bruno Bartocci : le mari de « La Gradisca »
  • Torindo Bernardi : le prĂŞtre
  • Marcello Bonini Olas : le professeur de gymnastique
  • Marco Laurentino : le mutilĂ© de la grande guerre
  • Ferdinando Villetta (VF : Claude Bertrand) : Fighetta, le professeur de grec
  • Riccardo Satta (VF : Pierre Collet) : le marieur
  • Paolo Baroni : un Ă©tudiant (non crĂ©ditĂ©)

Musique

La musique d’Amarcord a été composée par Nino Rota, qui n'en était pas à sa première composition pour Fellini.

La musique se compose de deux thèmes

  1. Le thème principal, nommé Amarcord, lent et doux, il ouvre le film.
  2. Un thème secondaire, nommé Tutti I Vedere (qui vient de l'italien « tout voir » ou « tout pour voir »), lui plus vivace et rapide.

Ces deux thèmes sont départagés en fonction des actions qui se déroulent.

Hal Willner rend hommage dans w:Amarcord Nino Rota en 1981, au compositeur italien Nino Rota interprétant sa musique de films de Federico Fellini par des musiciens de jazz dont : Wynton et Branford Marsalis ; Carla Bley ; Muhal Richard Abrams ; Bill Frisell ; Steve Lacy ; et Jaki Byard ; avec l'auteure-compositrice-interprète Deborah Harry[1].

Distinctions

Accueil

Les critiques lors de la sortie sont généralement positives.

« Assemblage de vérité et de fiction, ce film est une recherche pittoresque et attendrissante du temps perdu. Federico Fellini y mêle ses souvenirs d'enfance à son imagination truculente et poétique. »

— Michel Duran, Le Canard enchaîné, 22 mai 1974

« Les arbres sont faux, la séquence de la mer a été tournée en studio, tout est recréé. Plus : la voix des acteurs non plus n'est pas la leur : ils ont été doublés en romagnole ; on pourrait opposer tout ceci à un film de Visconti, La Terra Trema qui lui aussi était parlé en patois (sicilien) mais pour donner une impression de cinéma vérité tandis que là, c'est un jeu. Mais ce n'est pas gratuit, au contraire, car si Amarcord est irréaliste, il est profondément vrai. »

— Libération, 15 mai 1974

« Moins spectaculaire, moins fastueux que Roma ou le Satyricon, Amarcord nous envoûte par la seule magie de sa mise en scène. L'extravagance et la démesure ne sont jamais ici préméditées : elles naissent spontanément du glissement de la réalité au rêve, du regard tour à tour ironique et attendri que pose l'auteur sur son adolescence. Onirisme, humour, tendresse : voilà bien les mots-clés de ce fabuleux pèlerinage aux sources. Si l'on aime Federico Fellini, comment ne pas aimer Amarcord ? »

— Jean de Baroncelli, Le Monde, 11 mai 1974

« Le souvenir se mêlant à l'imaginaire, le récit à la fable, c'est tout naturellement que le film devient fabuleux. La féerie de la mémoire confère aux gens et aux choses des dimensions irréelles. Gamins obèses, énormes femelles, bonnes sœurs naines, accordéoniste aveugle, les monstres se prennent à proliférer — on sait combien l'imagination de Federico Fellini peut se montrer tératogène. »

— Jean-Louis Bory, Le Nouvel Observateur, 7 mai 1974

Plus rĂ©servĂ©, Jacques Lourcelles dans son Dictionnaire du cinĂ©ma note que le film « volontairement invertĂ©brĂ© est parfois difficile Ă  supporter Â», le spectateur devant endurer les dĂ©ficiences du rythme. Pour lui, « chaque sĂ©quence prise isolĂ©ment vaut mieux que l'ensemble du film Â»[2].

Autour du film

  • Lors de sa sortie en Union soviĂ©tique, deux scènes furent censurĂ©es, au grand dam de Federico Fellini, invitĂ© officiellement, qui essaya de convaincre les autoritĂ©s de revenir sur leur dĂ©cision : la scène de masturbation dans la voiture et la scène chez la buraliste Ă  l'imposante poitrine.
  • SĂ©quence fameuse : lorsque doit passer au large le paquebot, le Rex, qui fait la fiertĂ© de l'Italie, tous les habitants du village montent dans des barques pour approcher et admirer cette image du luxe qu'ils n'atteindront jamais.
  • Dans le film Le PĂ©ril jeune de CĂ©dric Klapisch sorti en 1994, deux rĂ©fĂ©rences sont faites au film. Tout d’abord Tomasi (Romain Duris) l'Ă©voque lors d’une discussion avec un de ses camarades de classe en le qualifiant de « film gĂ©nial ». Ensuite, une rĂ©fĂ©rence est faite au film lorsque Tomasi grimpe sur un panier de basket situĂ© dans la cour de rĂ©crĂ©ation et s’ecrie « Voglio una donna! » (« je veux une femme »).

Notes et références

  1. "Hal Wilner". Issue Project Room at the Old American Can Factory. March 2009. Archived from the original on January 17, 2010.
  2. Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont, 1992

Voir aussi

Liens externes

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