Aman Resorts
Aman Resorts est une entreprise hôtelière (Aman Resorts Group Ltd.) de luxe dont le siège est en Suisse à Baar. Elle est fondée par l'indonésien Adrian Zecha (en) en 1988 et change plusieurs fois de propriétaire après, parfois, de multiples batailles judiciaires. Vladislav Doronin en est le président directeur général et propriétaire depuis le milieu des années 2010.
Historique
Fondée en 1988, la première destination d'Aman Resorts vient de la volonté de l'hôtelier Adrian Zecha[n 1] de construire une maison de vacances à Phuket. Ses plans se transforment avec Anil Thadani et deux autres amis, en une idée de construire quelque chose de plus grand[2]. Ils investissent alors leur propre argent dans l'entreprise car aucune banque ne souhaite prêter pour ce projet, en raison du petit nombre de chambres prévues. Le lieu, réalisé par l'architecte Ed Tuttle, ouvre ses portes sous le nom d'Amanpuri en 1988[3] - [4], avec des tarifs nocturnes cinq fois plus élevés que ceux des concurrents locaux.
En 1992, à la suite du succès du premier hôtel, le groupe s’élargit pour inclure plusieurs établissements, dont le second à Bali non loin d'Ubud : l'Amandari[1]. L'année suivante, le français Clément Vaturi, ami du fondateur, fait l’acquisition d'une participation majoritaire dans la société[5].
Passage de main en main
À partir de 1996, les choses se compliquent entre les différents propriétaires, alors principalement Clément Vaturi, Anil Thadani et Adrian Zecha. L'entreprise change de multiples fois de main, durant pratiquement deux décennies ; le fondateur démissionne et reviens à la tête de l'entreprise plusieurs fois de suite. Il faudra attendre le milieu des années 2010 pour que l'actionnariat se stabilise[n 2].
Vers les années 2000, malgré les batailles d'actionnaires pour la propriété de l'enseigne, les investissements perdurent : Aman Resorts lance des établissements au Cambodge, en Inde, au Bhoutan, au Sri Lanka, au Laos (l'Amantaka (en)) ou dans les Caraïbes ainsi qu'une adresse en Europe[4] puis inaugure l'Amanoi (en) dans un Parc national du Vietnam[10]. En 2014, l'enseigne compte 26 établissements[11] et six sont en construction l'année suivante[12].
Vladislav Doronin
Début , l'entreprise indienne Delhi Land & Finance, alors propriétaire de parts, vend Aman Resorts pour 358 millions de dollars à un consortium[n 3] dirigé par l'homme d'affaires Vladislav Doronin[20]. La vente intègre toutes les propriétés de la marque Aman, à l'exception de l'hôtel Lodhi à Delhi. DLF choisit de vendre Aman Resorts pour réduire sa dette et se recentrer sur l'immobilier, après son expansion dans les hôtels, les parcs éoliens ou la gestion des zones franches d'exportation. En avril, Adrian Zecha démissionne de nouveau[21]. L'entreprise déplace son siège social de Singapour à Londres deux mois plus tard. Par la suite, son siège social est transféré à Baar. Vladislav Doronin prend le poste de président et Olivier Jolivet[n 4] est nommé directeur général en 2014[20]. Olivier Jolivet quitte l'entreprise en 2017. L'année suivante, la marque compte 31 établissements dans le monde[21] et plusieurs projets existent, destinés à divers pays du monde[20].
Depuis le début, trois architectes travaillent plus particulièrement pour la marque : Jean-Michel Gathy, Ed Tuttle (en) et Kerry Hill (en)[3] - [2]. Lors du rachat en 2014 de nouveaux architectes sont envisagés[20]. Aman Resorts conserve l'habitude, depuis ses débuts, de s'installer dans des emplacements hors du commun comme le désert de l'Utah (Amangiri (en)), sur une falaise au Vietnam, dans une réserve de tigres en Inde (Aman‑i‑Khas), dans un palais de Venise ou à Turks-et-Caicos (Amanyara) et n'avoir alors jamais plus de quarante à cinquante chambres[1] - [3] - [4] - [2] - [21]. La notion d'« espace », puis d'« intimité », marquent plus particulièrement les lieux[1] - [20]. Nombres de personnalités connues fréquentent ces hôtels[1], la plupart en toute discrétion.
En 2020, Vladislav Doronin dévoile Janu, une marque dérivée pour exploiter des hôtels au design soigné, visant toucher une clientèle plus jeune et à devenir un complément plus abordable qu'Aman Resorts[22]. Trois hôtels sont alors en projet au Monténégro -, en Arabie Saoudite et au Japon[22] - [23]. La stratégie de diversification du groupe se poursuit en 2021 avec le lancement d'une ligne de vêtements, de cosmétiques puis d'une ligne de maroquinerie[24].
En est annoncé le contrat passé entre Aman avec le chantier naval italien T.Mariotti pour la construction d'un yacht de luxe et d'un bateau de croisière, sous le nom de « projet Sama ». Ce projet est une joint-venture entre Aman et Cruise Saudi et prévoit de créer un yacht de luxe de 600 pieds de long et de 23 000 tonnes pour accueillir une centaine d'invités[25].
Vladislav Doronin et Michael Shvo (en) achètent en 2015 certains étages[n 5] de l'ancien Crown Building (en), face à la Trump Tower afin d'en faire un hôtel[26] de 83 chambres et une vingtaine d'appartements : en , Aman New York ouvre ses portes[3] - [27].
- Piscine à Amandari
- Chambre à Amankila
- Piscine à Amankila (en)
- Aman Sveti Stefan
- Amangalla
- Amangiri
Notes
- Hôtelier ayant au préalable travaillé pour Marriott puis fondé l'entreprise asiatique Regent International Hotels revendue au milieu des années 1980[1].
- En 1996, environ les deux tiers de l'entreprise appartiennent à une holding, elle même détenue à 10 % par Adrian Zecha et 90 % par Clément Vaturi. Anil Thadani et d'autres proches détiennent environ le dernier tiers. Une part de ce que possède Clément Vaturi, qui est fortement endetté en France, se voit achetée par Colony Capital le fonds d'investissement américain d'immobilier, en 1996[5]. Durant deux ans, Colony, alors minoritaire, se soucie peu de la gestion d'Aman Resorts. Mais lorsque qu'une crise financière frappe l'Asie, Colony parvient par divers truchements à devenir propriétaire majoritaire en forçant Clément Vaturi à céder le reste de ses parts ; ce dernier intente une action en justice[5]. Le fondateur Adrian Zecha, en désaccord avec Colony, démissionne de son poste en octobre 1998 et poursuit d'autres intérêts pendant les deux années suivantes. La situation est alors toujours incertaine tel que l'explique Forbes en 2000 : « Colony contrôle la gestion d'Amanresorts, et la majorité des sièges au conseil d'administration, mais pas la majorité des actions. Zecha, Thadani et Vaturi contrôlent la plupart des actions mais seulement trois des sept sièges du conseil d'administration[5]. » En 2000, Colony Capital et Vaturi règlent leurs différents ; Clément Vaturi vend finalement ses parts à Lee Hing Development, une société d'investissement de Hong Kong. Avec enfin des investisseurs majoritaires permettant un contrôle total sur l'entreprise, Adrian Zecha revient en tant que président-directeur général. Le , DLF, la plus grande société immobilière indienne, achète la participation majoritaire de Lee Hing Development pour 400 millions de dollars, dont une dette de 150 millions de dollars. Puis Aman Resorts est remis en vente dès 2011[6] : elle doit être cédée par DLF, qui souhaite se désendetter, au groupe chinois HNA en 2012[7] mais la vente n'aboutit pas. Outre HNA, plusieurs entreprises étaient en lice pour le rachat des parts de DLF, dont LVMH qui a créé quelques années avant sa marque d’hôtellerie de luxe Cheval Blanc[8] - [9].
- Aman Resorts Group Limited (ARGL) (plus tard Amanresorts International Pte. Ltd. durant un temps) fondée par différents investisseurs et Omar Amanat (en) ; ce dernier fait entrer Vladislav Doronine dans l'affaire[13]. L'entente est de courte durée et une longue bataille judiciaire, en plusieurs étapes, divise ces deux principaux investisseurs[12] - [14] - [11]. En , Omar Amanat intente une action contre Vladislav Doronin, affirmant que ce dernier a commis des violations d'un pacte d'actionnaires et forcé l'éviction d'Adrian Zecha en tant que PDG pour prendre sa place[11] - [15]. La justice réintègre Zecha au poste de PDG, puis autorise une décision du conseil d'administration de remplacer Zecha par Olivier Jolivet[16]. En 2015, Vladislav Doronin (qui avait fait un prêt à Omar Amanat) revendique la pleine propriété d'Arman à la suite du transfert, jugé au départ illégal, des actions possédées par Amanat pour se rembourser[14] : Omar Amanat semble avoir menti et ne pas posséder les fonds nécessaires à l'investissement[12] - [16]. En , Omar Amanat est évincé d'Aman Resorts[17] - [18] et l'année suivante jugé coupable de fraude. Vladislav Doronin devient le propriétaire[19].
- Olivier Jolivet, hôtelier français, anciennement au Club Med et entré en 2008 chez Aman embauché à l'époque par le fondateur[20].
- Du quatrième au 24e.
Références
- Patrice Piquard, « Adrian Zecha (né en 1933) : ses hôtels hors de prix de la chaîne Aman ressemblent au paradis », sur capital.fr, (consulté le )
- Geneviève Brunet, « Aman, le groupe singapourien qui a renouvelé l’hôtellerie d’exception », sur thegoodlife.fr, (consulté le )
- Dorane Vignando, « Aman, des hôtels (très) particuliers », L'Obs, no 3042, , p. 100 (ISSN 0029-4713)
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- (en) « Poison in Paradise », sur forbes.com, (consulté le )
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