AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Amae

Amae (甘え) est un mot japonais qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  un sentiment plaisant d'attachement ou de dĂ©pendance. Ainsi, le verbe amaeru dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement le comportement d'un enfant vis-Ă -vis de ses parents et notamment de sa mĂšre. Un tel sentiment de proximitĂ© Ă©motionnelle peut cependant exister entre des adultes (mari et femme, maĂźtre et subordonnĂ©).

Sans affirmer que ce sentiment Ă©tait totalement absent dans d'autres cultures, Takeo Doi a proposĂ© que l’amae Ă©tait un concept central pour comprendre la culture japonaise.

L’amae a Ă©galement fait l'objet d'une certaine attention dans le cadre des dĂ©bats sur l'universalitĂ© des Ă©motions.

Introduction

Notion essentielle dans les relations sociales japonaises — fondĂ©es sur les valeurs confucĂ©ennes de « bĂ©nĂ©volence » (du latin bene volens, « vouloir du bien »), de courtoisie, de loyautĂ©, de fidĂ©litĂ© et d'obĂ©issance mutuelles —, de la famille Ă  la sociĂ©tĂ© civile, l'idĂ©e d’amae tourne autour du paradoxe d'indulgence musclĂ©e et de douce rigueur. Une bonne comprĂ©hension de cette notion nĂ©cessite de longs dĂ©veloppements et une multitudes d'exemples concrets de ses manifestations.

Enjeux Ă©conomiques et sociaux

On ne soulignera jamais assez l'importance de l'amitié dans l'approche culturelle des pays asiatiques : il s'agit là d'une conclusion ouverte de diplomatie internationale.

Afin de rendre compte de l'importance de l'amitié dans le processus socioéconomique d'un pays, on peut porter l'éclairage sur la notion de créativité, trop souvent réduite à l'unisson entre parties, lorsqu'elle n'est pas le prétexte à l'agitation. Faire preuve de créativité n'est pas créer n'importe quoi mais prendre en compte les contraintes existantes, et apporter l'élément nouveau qui permettra de les faire fonctionner harmonieusement.

Importance de l'amitié

Cette mutualitĂ© confucĂ©enne s'illustre aussi dans le couple « droit et devoir » que l'Occident a nĂ©gligĂ© au profit du droit. En effet, l'Occident met l'accent sur les droits de la personne, dĂ©connectĂ©s des devoirs de la personne prĂ©sents avec les droits en ExtrĂȘme-Orient chinois et sinisĂ©.

De la famille à l'entreprise, la moindre erreur et le plus petit manquement donnent lieu à de gentilles remarques, en signe d'encouragement, pour mieux faire la prochaine fois en suivant l'exemple de la personne qui a émis ces remarques. Ceci fait partie de la bienveillance, de la courtoisie et de la loyauté dans la relation sociale. En effet, l'absence de remarque exprime l'indifférence à l'autre dans sa conduite.

En Occident, ces remarques sont interprétées comme dénigrements malveillants et ces remarques restent souvent de vagues opinions non étayées qui ne sont pas suivies d'un encouragement et d'aides effectives pour mieux faire.

Dans les entreprises commerciales et industrielles japonaises, le groupe de travail fonctionne sur cette idĂ©e d’amae, ainsi que ces fameux « cercles de qualitĂ© ».

Dans la famille et pour la scolaritĂ© des enfants, c'est toute une institution oĂč il ne s'agit pas, pour les parents, d'envoyer le rejeton dans sa chambre faire les travaux scolaires, mais de travailler avec lui sur la table de cuisine, en toute convivialitĂ©.

En Occident, la discipline est considĂ©rĂ©e comme une contrainte pĂ©nible. En ExtrĂȘme-Orient, la discipline est un outil de dĂ©veloppement personnel, social et Ă©conomique.

L'exemple militaire historique est la relation entre les anciens du 100e Bataillon d'Hawaii et les jeunots de la 442 RCT des Nippo-Américains de la Seconde Guerre mondiale.

L’idĂ©e typiquement japonaise d’amae est communĂ©ment comprise comme une dĂ©pendance indulgente. Elle est particuliĂšrement fondamentale dans la production et la reproduction de la culture japonaise. Le postulat commun est que le lien social japonais soit façonnĂ© par l’expĂ©rience primale mĂšre-enfant. Les rĂ©sultats de cette commande affective suggĂšrent un scĂ©nario complexe de la confirmation de l’identitĂ© de l’un par rapport Ă  celle de l’autre dans la dĂ©pendance mutuelle de rapports fusionnels entre parent-enfant, employeur-employĂ©, maĂźtre-disciple, etc.

En psychanalyse, Takeo Doi interprĂšte cette notion comme une dĂ©pendance affective mutuelle. Ainsi, un adulte nippo-amĂ©ricain de statut social Ă©levĂ© vivant en Californie avec ses vieux parents serait considĂ©rĂ©, en psychanalyse, comme ayant des troubles d’individuation, de sĂ©paration et mĂȘme d’adulescence. Mais, dans la tradition confucĂ©enne des droits et devoirs mutuels, il s’agit du devoir filial de garder ses vieux parents Ă  la maisonnĂ©e familiale pour ne pas les envoyer dans une maison de retraite pour personnes ĂągĂ©es. Voir le trĂšs beau film La Ballade de Narayama, traitant du devoir filial envers ses vieux parents dans des conditions socio-Ă©conomiques difficiles. Ce devoir filial correspond au droit de l’enfant au confort et Ă  la sĂ©curitĂ©, auquel rĂ©pond le devoir parental envers l’enfant.

Le couple droit-devoir est dans une interaction complĂ©mentaire en creux et relief des grandes diffĂ©rences. Il y a antagonisme dans l’interaction symĂ©trique en miroir de la rivalitĂ© dans de grandes similitudes, comme l’escalade de la course aux armements oĂč un bouclier plus Ă©pais rĂ©pond Ă  une flĂšche plus puissante et comme la surenchĂšre des vantardises oĂč Ă  un exploit imaginaire rĂ©pond un exploit au moins Ă©gal et tout aussi imaginaire.

« Une interaction symĂ©trique se caractĂ©rise par l’égalitĂ© et la minimisation de la diffĂ©rence, tandis qu’une interaction complĂ©mentaire se fonde sur la maximalisation de la diffĂ©rence. Dans la relation complĂ©mentaire, il y a deux positions diffĂ©rentes possibles. L’un des partenaires occupe une position qui a Ă©tĂ© diversement dĂ©signĂ©e comme supĂ©rieure, premiĂšre ou « haute » (one-up), et l’autre la position correspondante dite infĂ©rieure, seconde ou « basse » (one-down). Ces termes sont trĂšs commodes Ă  condition qu’on n’en fasse pas des synonymes de « bon » ou « mauvais », « fort » ou « faible ». Le contexte social ou culturel fixe dans certains cas une relation complĂ©mentaire (par exemple mĂšre-enfant, mĂ©decin-malade, professeur-Ă©tudiant) ou bien ce style de relation peut ĂȘtre propre Ă  une dyade dĂ©terminĂ©e. Soulignons dans les deux cas la solidaritĂ© de cette relation oĂč des comportements dissemblables, mais adaptĂ©s l’un Ă  l’autre, s’appellent rĂ©ciproquement. Ce n’est pas l’un des partenaires qui impose une relation complĂ©mentaire Ă  l’autre : chacun d’eux se comporte d’une maniĂšre qui prĂ©suppose, et en mĂȘme temps justifie, le comportement de l’autre ; leurs dĂ©finitions de la relation sont concordantes. »

— Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Donald D. Jackson, Une logique de la communication, p. 67, Seuil, Paris, 1972

Cette notion d’amae illustre une interaction complĂ©mentaire coopĂ©rative qui enveloppe des relations rivalitaires d’une interaction symĂ©trique.

Le sociologue Amitai Etzioni a étudié la « compliance » qui est une interaction complémentaire du couple autorité-obéissance, comme dans celui de domination-subordination et celui de pourvoyeur-bénéficiaire, etc.

Voir aussi

Bibliographie

  • Mitchell Deutsch, BanzaĂŻ, le dĂ©fi Japonais, Flammarion, 1988.
  • Takeshi Muramatsu, La ManiĂšre de penser des Japonais, Service de Presse de l'Ambassade du Japon en France, 1975.
  • Takeo Doi, Le Jeu de l'indulgence. Étude de psychologie fondĂ©e sur le concept japonais d'amae, L'AsiathĂšque, 1991, prĂ©face d'Yves PĂ©licier, traduction de Dale Saunders.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.