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Alfred Blau

Alfred Blau, né le à Blois et mort le à Bruxelles, est un dramaturge et librettiste français.

Alfred Blau
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Henry Théodore Alfred Blau
Surnom
BaĂĽl
Nationalité
Domicile
Activités
Parentèle
Édouard Blau (cousin germain)
signature d'Alfred Blau
Signature de Blau dans son dossier de Légion d’honneur (1888).

Biographie

Avocat de formation, Alfred Blau avait plaidĂ© une ou deux fois dans sa jeunesse. Commis d’office auprès d’un vagabond, il s’était hasardĂ© Ă  bâtir sa plaidoirie sur l’idĂ©e que tout le monde Ă©tait plus ou moins dans le cas de son client. — Parlez pour vous, maitre Blau, l’ayant sèchement interrompu le prĂ©sident, il a refusĂ©, Ă  la suite de cette plaidoirie originale mais ineffective, de continuer Ă  pratiquer[1].

MontĂ© Ă  Paris, vers 1849-50, il s’est rapidement abouchĂ© avec le groupe d’Henry Murger, Alexandre Schanne et Champfleury. ThĂ©odore Massiac dĂ©crit son physique comme celui d’« un petit homme potelĂ©, blond et rose, avec des Ă©paules rondes, presque pas de cou, une figure aimable, quoique peu communicative, des yeux bleus voilĂ©s aux trois quarts par des paupières bridĂ©es qui lui donnaient un air lĂ©gèrement endormi. Mais pour qui savait voir, le regard Ă©tait plein de finesse et de malice. Il marchait d’un pas assez lourd et lent, sans faire attention Ă  ce qui se passait autour de lui[2]. Â» Ă€ cette Ă©poque, ses amis l’ont surnommĂ© « BaĂĽl Â», sorte d’anagramme de son patronyme.

Son intimité avec Murger l’a amené à faire la connaissance d’Hippolyte de Villemessant, dont il a fait partie de l’entourage intime[3]. C’est lui qui, en réalité, a écrit les feuilletons dramatiques du critique du Journal des débats durant la dernière année d’existence de Clément Caraguel, trop malade pour pouvoir le faire. Cependant, n’ayant consenti, par délicatesse, à suppléer son ami qu’à l’expresse condition que sa signature serait conservée, ceci lui a nui lorsque, à la mort de Caraguel, il a tenté en vain de lui succéder[2].

Ayant tout lu, tout vu, il connaissait le théâtre mieux que quiconque, sachant une foule de dessous de l’histoire dramatique de la dernière moitiĂ© du XIXe siècle, qu’il contait avec une verve calme et sournoise, d’un effet souvent dĂ©sopilant. Lui se contentait de sourire en tirant une bouffĂ©e de cigarette[2]. Ce « gourmet de lettres[4] Â» avait de nombreux sujets de pièces en tĂŞte, mais n’arrivait pas Ă  Ă©crire les comĂ©dies ou les drames qu’il avait imaginĂ©. ArrivĂ©, un jour, chez Caraguel avec un scĂ©nario de drame corsĂ© Ă  l’extrĂŞme, ce dernier lui dit : « Il faut aller montrer ça Ă  d’Ennery ! », en lui remettant une lettre d’introduction. ArrivĂ© chez « le maitre », il voit, pendant qu’il expose son affaire, d’Ennery se poser devant sa cheminĂ©e en train de se livrer Ă  un travail qu’il ne comprend pas tout d’abord : le cĂ©lèbre dramaturge passait lentement de gauche Ă  droite de sa cheminĂ©e, en tenant une de ses mains derrière son dos. Enfin, d’Ennery s’arrĂŞte, Blau voit d’étranges scintillements sur la cheminĂ©e, et s’approche : c’étaient tous les Ă©crins de ses dĂ©corations que d’Ennery venait d’ouvrir. SuffoquĂ©, il s’est levĂ©, a rempochĂ© son scĂ©nario et saluĂ© d’Ennery en lui disant : « Pardon, j’ai oubliĂ© mes insignes de l’AcadĂ©mie de Blois Â», avant de s’en aller[2].

Blau était, en effet, membre de l’Académie de Blois. À sa réception, il a fustigé ses nouveaux confrères en prononçant un discours de remerciements développant la thèse selon laquelle les académies étant parfaitement inutiles, ne devaient se composer que de membres incapables de remplir d’autres fonctions sociales. « C’est mon cas, messieurs, disait-il en terminant, aussi me trouvé-je fort honoré que vous m’ayez reconnu digne d’entrer en votre honorable compagnie, à laquelle je m’engage à ne pas déchoir dans l’avenir. » Ce discours a produit une très vive sensation à Blois[2].

Il est l’auteur du scénario de Sigurd et de celui d’Esclarmonde[5], dont les poèmes ont été écrits par Camille du Locle et par Louis de Gramont. Il a montré, à ce propos, un dévouement admirable envers Ernest Reyer, ne parlant jamais, à propos de Sigurd, que de l’auteur de la partition, devant lequel il s’effaçait complètement[2]. Il est aussi l’auteur d’un livret d’opérette, le Moulin de la Galette[6]. Sur la fin de 1887, il a été en négociations avec Emmanuel Chabrier au sujet projet de livret sur le thème de La Tempête de Shakespeare, qui n’a pas abouti[7] - [8].

LiĂ© avec tout le monde des théâtres, Blau dominotier passionnĂ©, Blau Ă©tait du domino Ă  quatre de Raymond Deslandes, qui se tenait toutes les après-midi, Ă  cinq heures, au cafĂ© AmĂ©ricain[9]. Au moment des dernières rĂ©pĂ©titions d’une pièce nouvelle, il arrivait parfois que Deslandes Ă©tait en retard et ne venait qu’à cinq heures et demie ou mĂŞme Ă  six heures. c’étaient alors des altercations terribles. Blau accablait d’invectives ce pauvre Deslandes. — Si vous recommencez demain, je vous fais expulser manu militari ! Et Deslandes mettait, le lendemain, la rĂ©pĂ©tition Ă  onze heures du matin, au grand effarement de ses comĂ©diens, qui ne comprenaient les motifs de sa dĂ©termination qu’en le voyant, Ă  quatre heures 45, se frotter les mains en allant, une fois la rĂ©pĂ©tition levĂ©e, retrouver ses amis « Ă  la partie ».

Bien que natif de Blois, Blau était l’un des Parisiens les plus Parisiens de Paris, n’aimant que Paris, ne connaissant que Paris, et encore le Paris compris entre les grands boulevards, la Butte, le faubourg Montmartre et la rue de Clichy. Le reste n’était plus Paris à ses yeux. Quand ses affaires l’appelaient, par exemple, chez Hartmann, dont la maison d’édition musicale se trouvait rue Daunou, il disait gravement : — Je vais sur la rive gauche[2]. Il allait pourtant, presque tous les hivers, assister à quelques représentations de la Monnaie[6]. C’est là qu’il est mort subitement, à l’hôtel du Grand-Monarque, où il était descendu depuis plusieurs jours, venu assister à la représentation de Tannhauser et comptant rester à Bruxelles jusqu’après la première de Thaïs[10].

DĂ©crit comme « un esprit très fin et un cĹ“ur excellent[11] Â», il a succombĂ© Ă  une pneumonie compliquĂ©e de congestion cĂ©rĂ©brale[12]. Ses obsèques ont eu lieu Ă  Bruxelles[6]. Il Ă©tait chevalier de la LĂ©gion d’honneur, depuis le [13]. Il Ă©tait le cousin-germain d’Édouard Blau[14].

Notes et références

  1. « Messieurs les juges n’ont point voulu me comprendre, disait-il quand il parlait de cet Ă©pisode de sa vie. Je me suis rendu compte que nous ne pourrions jamais nous entendre, et je leur ai sacrifiĂ© ma robe. Â» Voir Massiac, op. cit.
  2. Théodore Massiac, « Mort d’Alfred Blau : souvenirs d’un vieux librettiste », Gil Blas, vol. 18, no 5944,‎ , p. 2 (ISSN 1149-9397, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Courrier des théâtres », Figaro, no 55,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Un disparu d’hier : Alfred Blau », La Presse, no 1369,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Annegret Fauser et Cary C Boshamer, Musical Encounters at the 1889 Paris World’s Fair, Boydell & Brewer, , 391 p. (ISBN 978-1-58046-185-6, présentation en ligne), p. 68.
  6. « Théâtres », Le Temps, no 12688,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Emmanuel Chabrier (dir.) et Thierry Bodin, Correspondance, Paris, Klincksieck, , 1261 p. (ISBN 978-2-252-02966-4, lire en ligne), p. 401.
  8. The Opera Quarterly, t. 12, University of North Carolina Press, (lire en ligne), p. 3.
  9. Situé dans le recoin qui se trouvait à côté du théâtre du Vaudeville et qui est devenu un passage du café au vestibule du théâtre.
  10. « Nouvelles diverses : Étranger », Le Ménestrel, vol. 62, no 9,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Brionne, « Deuil », Gil Blas, vol. 18, no 5943,‎ , p. 2 (ISSN 1149-9397, lire en ligne, consulté le ).
  12. « Nos échos », Le Journal, vol. 5, no 1246,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Archives nationales, « Dossier LH/256/11 », sur Base Léonore, (consulté le ).
  14. « Théâtres », L’Intransigeant, no 5705,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).

Livrets

Liens externes

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