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Alexandre Drevet

Alexandre Drevet né le à La Ricamarie (Loire), est un combattant volontaire de la Résistance, interné et déporté de la guerre 1939-1945. Il est mort le à Romans-sur-Isère où il résidait avec son épouse.

Alexandre Drevet
Biographie
Naissance

La Ricamarie
Décès
Pseudonyme
Alex
Nationalité
Activité
Autres informations
Parti politique
Conflit
Seconde Guerre Mondiale
Distinction
Croix du Combattant 39-45
Croix du Combattant Volontaire de la RĂ©sistance
MĂ©daille de la RĂ©sistance
Croix de Guerre 39-45 avec Palme
MĂ©daille Militaire
Croix de Chevalier de la LĂ©gion d'Honneur
Alexandre Drevet dans sa prison militaire en 1941

Biographie

Fils aîné de Mélina et Paul Drevet. Son père Paul Drevet, né à Lyon (Rhône) s'engage pour cinq ans dans 29e régiment de dragons de 1909 à 1914 et reprend du service la même année dans le 31e régiment de dragons jusqu’en 1919. À l’issue de ces dix années passées sous les drapeaux il épouse Mélina Pigeon, employée aux Tramways Stéphanois. Ils s'installent à La Ricamarie où ils ouvrent une épicerie. Alexandre, naît le 30 avril 1920 et Jean-Marie, son frère, le 31 mai 1923. En juin 1926, Mélina et Paul Drevet font l'acquisition d'un café à Saint-Étienne (Loire) où la famille s'installe.

Engagement politique

Alexandre Drevet, après son certificat d'études, intègre une école professionnelle pour apprendre la mécanique. Adolescent, il suit avec intérêt depuis 1934 l'évolution des partis de gauche qui ont décidé de s'unir contre le danger fasciste et qui mettent en place le Gouvernement de Front populaire. Il rejoint les Jeunesses communistes (JC) où il acquiert les bases d'organisation, de solidarité et de lutte contre la précarité [1]. Il obtient son premier emploi aux Cars Rouges de Saint-Étienne.

Le , la France déclare la guerre à l'Allemagne. Édouard Daladier prononce la dissolution du Parti communiste le . Paul Drevet, le père d'Alexandre, est arrêté le comme membre du parti communiste clandestin[2]. Il est écroué et transféré rapidement au camp d'internement de Nexon en Haute-Vienne. Tout en veillant sur sa mère et son jeune frère, Alexandre continue à militer en participant clandestinement à la rédaction et la diffusion de tracts.

RĂ©sistance

Son père interné, Alexandre continue à militer activement et participe à la rédaction et au collage d'affiches dans la région stéphanoise. Il est arrêté une première fois le à Saint-Étienne par la police de Vichy et traduit devant le Conseil de Guerre de Clermont-Ferrand en . Il est condamné à 1 an de prison et 10 ans de privation de droits civils et civiques. Il est transféré dans le camp d'internement de Mauzac en Dordogne d'où il sera libéré à l’issue de sa peine le .

Alexandre Drevet rejoint Saint-Étienne où il connaît une période de sérieuses difficultés, ne parvenant pas à se procurer un emploi stable en raison de son récent séjour en prison. Il se cantonne dans une période d'inactivité apparente destinée avant tout « à se faire oublier » de la police de Vichy toujours aux aguets mais reprend clandestinement ses activités politiques. Il participe à une grande manifestation anti-collaboration organisée le à Saint-Étienne. Manifestation dont on parlera à la radio de Londres. Les actions d'Alexandre et de ses camarades deviennent plus difficiles en novembre 1942 lorsque les Allemands arrivent et occupent Saint-Étienne. Paul Drevet, le père d'Alexandre est transféré au camp d'internement de Saint-Paul-d'Eyjeaux en Haute-Vienne où il connaît les terribles conditions de détentions des indésirables français. Il décide de s'évader et prend contact avec le Front national pour installer les bases d'un maquis FTPF en Haute-Loire. En , la milice française, force armée pour traquer les résistants, est créée par Pierre Laval. Le mois suivant, un décret est publié qui oblige les jeunes au STO (Service du Travail Obligatoire). Alexandre Drevet ira de nombreuses fois diffuser des tracts et essayer de convaincre les jeunes de ne pas partir en Allemagne et de rejoindre les maquis qui vont s'implanter.

En , Alexandre prend un train en direction des gorges de l'Allier avec sept camarades et son père Ă©vadĂ© du camp d'internement de St-Paul d'Eyjeaux[3]. ArrivĂ©s Ă  destination, ils brĂ»lent leurs papiers et prennent des noms de code[4]. Alexandre Drevet devient Alex, Paul Drevet devient Antoine. Ils installent leur campement et le baptisent quelque temps plus tard camp Wodli maquis FTPF en mĂ©moire de Georges Wodli, un cheminot alsacien assassinĂ© par la Gestapo. Une dizaine de camarades viennent grossir les rangs de la troupe[5]. C'est alors qu'ils dĂ©cident d'organiser la première Ă©vasion de la prison du Puy-en-Velay qui permet Ă  26 dĂ©tenus de retrouver la libertĂ© le [5]. S'ensuit une vaste opĂ©ration franco-allemande qui lance 5 Ă  6 000 hommes contre les maquisards. Après cette chasse Ă  l'homme, Alex est arrĂŞtĂ© une deuxième fois avec son père, le et incarcĂ©rĂ© Ă  la prison du Puy-en-Velay[6].

Le 2 octobre 1943, les maquisards du camp Wodli dont l'effectif s'est renforcĂ©, organisent la deuxième et cĂ©lèbre Ă©vasion collective de la prison du Puy-en-Velay qui va libĂ©rer 80 dĂ©tenus et qui permettra Ă  Alex et son père de retrouver la libertĂ©. Paul Antoine monte dans l'un des trois camions qui les attendaient en partance pour le Puy-de-DĂ´me. Alex et un groupe d'une trentaine de rĂ©sistants partent Ă  pied car leur camion tombe en panne. Ils mettent plus de deux jours pour rejoindre le camp Wodli dans la forĂŞt du Meygal, traquĂ©s, les pieds en sang, Ă  environ 25 kilomètres de la prison. C'est lĂ  qu'Alex apprend fortuitement qu'il vient d'ĂŞtre condamnĂ©, par contumace cette fois, aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©. Les FTPF du Wodli sont alors pourchassĂ©s sans rĂ©pit dans la Loire et la Haute-Loire par les forces allemandes, la milice et les GMR depuis l'Ă©vasion massive. Alex, qui a la responsabilitĂ© d'un groupe, et ses camarades, nomadisent dans la rĂ©gion du Meygal et la Haute Ardèche durant l'hiver 1943. Beaucoup sont en Ă©tat de misère physiologique, dĂ©munis de chaussures, souffrant de la faim et du froid. Des paysans se mettent Ă  l’œuvre pour les secourir.

Le , au retour d'une mission sur Saint-Étienne, une Ă©quipe spĂ©ciale du Camp Wodli est prise sous le feu de la milice[7]. Alex est au volant, John Ă  ses cĂ´tĂ©s, deux autres Ă  l'arrière. Sous les rafales des mitraillettes, ceux de l'arrière sont touchĂ©s mortellement ; Alex, touchĂ© Ă  la nuque et au bras, s'Ă©croule sur le volant. BlessĂ©, il reprend connaissance et remet la voiture en route. Celle-ci parcourt 200 mètres avant de tomber en panne, le moteur criblĂ© de balles. Alex et John s'Ă©chappent et trouvent un mĂ©decin pour soigner le blessĂ©[8]. Le mĂ©decin explique Ă  Alex qu'il a eu Ă©normĂ©ment de chance, que la balle qui a frĂ´lĂ© le bulbe rachidien est ressortie sous l'oreille, quant Ă  l'autre, dans le bras, est ressortie Ă©galement sans trop faire de dĂ©gâts. Alex et John rejoignent le Camp Wodli et continuent la lutte armĂ©e. Ă€ la suite d'une attaque contre le maquis Vaillant-Couturier, Paul Drevet, rĂ©fugiĂ© chez un paysan, est arrĂŞtĂ© par les gendarmes de Courpierre (Puy de DĂ´me) et Ă©crouĂ© Ă  la prison de Thiers. Alex est arrĂŞtĂ© une troisième fois par la milice le Ă  Saint-Étienne. Compte tenu des dossiers dĂ©tenus sur lui par la milice et la Gestapo, il subit de nombreux et pĂ©nibles interrogatoires.

DĂ©portation

Alexandre est transfĂ©rĂ© Ă  la prison Saint-Paul Ă  Lyon, oĂą se trouve Ă©galement son père, transfĂ©rĂ© de la prison de Thiers. Le , il fait partie, avec son père, des 722 dĂ©tenus livrĂ©s aux Allemands par les autoritĂ©s françaises. Ils sont entassĂ©s dans un wagon de bois fermĂ©, Ă©quipĂ© de projecteurs et de mitrailleuses pour Ă©viter les Ă©vasions. Les dĂ©portĂ©s arrivent Ă  Dachau le sans avoir reçu ni nourriture, ni boisson. Les dĂ©tenus dĂ©posent leurs effets personnels et reçoivent, après avoir Ă©tĂ© rasĂ©s et dĂ©sinfectĂ©s, des hardes innommables avec l'inscription KLD (camp de concentration de Dachau) peintes au dos de la veste. Les dĂ©portĂ©s sont enregistrĂ©s, ils ne sont plus des hommes mais des numĂ©ros. Alexandre Drevet reçoit le matricule 76 126, Paul Drevet le numĂ©ro 75 712. Ă€ partir de ce moment commence la pĂ©riode de quarantaine.

Lorsqu'elle prend fin, Alexandre et Paul Drevet sont, avec 300 détenus, affectés le dans un Kommando extérieur en Haute Bavière : Kempten[9]. La moyenne d'âge du Kommando est peu élevée car beaucoup n'ont pas atteint la majorité légale, quatre pères sont accompagnés de leurs fils, dont Alexandre et Paul Drevet[10]. Arrivé à Kempten, Alexandre Drevet, son père et les déportés français peuvent rester ensemble et sont groupés dans une bâtisse. Cette situation va peser très lourd en faveur de la survie des déportés français de Kempten[11]. Alexandre Drevet vit alors une expérience unique de solidarité et de fraternité qui va transformer 300 condamnés en une communauté survivante mise en œuvre par deux groupes responsables : les communistes et les gaullistes (chrétiens ou non) dont la réserve et la méfiance réciproques vont laisser la place à une étroite et solide entente. Alexandre Drevet fait la connaissance de Hildebert Chaintreuil, communiste cégétiste, meneur d'hommes et de Louis Terrenoire, gaulliste, avec qui il fera équipe au Kommando de la terrasse[12]. Alexandre Drevet lutte de son mieux dans l'enfer nazi mais, comme ses compatriotes, il maigrit à vue d'œil. Le travail s'étale sur douze heures avec une petite louche de soupe à midi et une seule tranche de pain journalière le soir accompagnée de dix grammes de margarine[13]. Au mois d', les bombardements de l'armée américaine deviennent de plus en plus fréquents. Le , les S.S. décident de se replier et emmènent avec eux les déportés de Kempten. Le lendemain, Alexandre Drevet s'échappe avec un groupe de déportés. Ils rassemblent leurs dernières forces pour retrouver la liberté et se cachent dans des fermes abandonnées. Au lever du jour, avec un fanion bleu blanc rouge marqué d'une croix de Lorraine confectionné de façon rudimentaire et attaché à un bâton, Alexandre Drevet et une centaine de déportés français forment les rangs et s'avancent en clopinant vers leurs libérateurs en chantant la Marseillaise[14].

Libéré et rapatrié à Saint-Étienne le en très mauvais état physique, il est envoyé en convalescence à Saint-Alban-les-Eaux, petite station thermale de la Loire, avec d'autres camarades déportés. C'est à l'Hôtel des Princes qu'Alexandre retrouve tout doucement ses forces. Après avoir vécu en enfer, il a du mal à réaliser qu'il est revenu à la vie. L'hôtel du Parc, établissement voisin, est tenu par des réfugiés lorrains depuis 1940. Alexandre Drevet y fait la connaissance de Renée Grandhomme, leur fille, qu'il épouse le .

Depuis son retour des camps, Alexandre Drevet n'a jamais cessé de combattre pour les idéaux qui ont motivé son engagement dans la Résistance. Installé par la suite à Romans-sur-Isère dans la Drôme, il est l'un des membres du comité directeur de l'Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes Drôme Ardèche, au sein duquel il a consacré tous ses efforts pour la transmission du témoignage ; il fut membre fondateur du Musée de la Résistance et de la Déportation de Romans-sur-Isère, inauguré par Jacques Debû-Bridel, membre du Conseil national de la Résistance, le .

Alexandre Drevet est mort le à l'âge de 71 ans, à Romans-sur-Isère où il résidait avec son épouse.

Distinctions

Alexandre Drevet a reçu successivement la Croix du Combattant 1939/1945, la Croix du combattant volontaire de la Résistance, la Médaille de la Résistance, la Croix de Guerre 1939/1945 avec Palme, la Médaille militaire, la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Sources

  • CEDMO42, Historique des Jeunesses Communistes de la Loire 1939-1945, CEDMO42, , 109 p. (ISBN 978-2-9536256-0-8), p. 5 Ă  6 & 29 & 55 & 66 & 68
  • Louis Terrenoire, Sursitaires de la mort lente, Seghers, , 238 p., p. 235
  • Joseph Sanguedolce, RĂ©sistance : de Saint-Étienne Ă  Dachau, Éditions sociales, , 174 p., p. 66 Ă  71
  • Joseph Sanguedolce, La rĂ©sistance Ă  Dachau-Allach : contre la mort programmĂ©e, Lyon, MĂ©diris, , 213 p. (ISBN 978-2-912859-01-3, LCCN 99159526), p. 64 Ă  70
  • Jean-Louis Michel, RĂ©sistance en Haut-Allier 1940-1944 : l’exemple de la famille Fabre, Editions du Roure, , 160 p. (ISBN 978-2-906278-72-1 et 978-2-9062-7872-1), p. 27 Ă  30 & 47
  • Association nationale des anciens combattants de la RĂ©sistance, MĂ©morial de la RĂ©sistance de la Loire, ANACR, ComitĂ© de la loire, , 172 p., p. 84-84
  • Nathalie Forissier, La dĂ©portation dans la Loire, 1940-1944 : le mĂ©morial des dĂ©portĂ©s, Saint-Étienne, PU Saint-Étienne, , 199 p. (ISBN 978-2-86272-376-1, lire en ligne), p. 74 & 101
  • Nom de code Alex, documentaire homologuĂ© par le Ministère de la DĂ©fense, rĂ©alisĂ© par Alexandra Rollet et Ă©ditĂ© par la FNDIRP

Notes et références

  1. CEDMO42, Historique des Jeunesses Communistes dans la Loire 1939-1945, pp. 29 & 68
  2. Nathalie Forissier, La déportation dans la Loire, Éditions Presses Universitaires, p. 101
  3. Joseph Sanguedolce, Résistance de Saint-Étienne à Dachau, Éditions Sociales, pp. 66-68
  4. Joseph Sanguedolce, Résistance à Dachau-Allach, Éditions Médiris et Spirale, p. 67
  5. Jean-Louis Michel, Résistance en Haut-Allier 1940-1944, Éditions du Roure, p. 29
  6. Ibid., pp. 46-47
  7. ANACR, MĂ©morial de la RĂ©sistance Loire, pp. 83-84
  8. 1944-1945 Maquis - prison - déportation
  9. Louis Terrenoire, Sursitaires de la mort lente, Éditions Seghers, 1976, pp. 52-235
  10. Ibid. p. 43
  11. Ibid. p. 46
  12. Ibid. p. 52
  13. Ibid. p. 55
  14. Ibid. p. 200

Liens externes

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