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Alexandre CĂ©sar Chavannes

Alexandre CĂ©sar Chavannes (1731 - 1800) est un thĂ©ologien et anthropologue suisse. Il est l’auteur d’une Anthropologie ou science gĂ©nĂ©rale de l’homme pour servir d’introduction Ă  l’étude de la Philosophie et des Langues, et de guide dans le plan d’éducation intellectuelle, publiĂ©e en 1788, qui l’a rendu cĂ©lĂšbre, en particulier parce que l’on y trouve une dĂ©finition trĂšs moderne de l’anthropologie, Ă  laquelle les anthropologues contemporains continuent de se rĂ©fĂ©rer[1] - [2]. Ce livre ne constitue cependant que la table des matiĂšres Ă©tendue d’un ouvrage beaucoup plus ample, puisqu’il compte 13 volumes de 300 Ă  400 pages chacun. DemeurĂ©s manuscrits et par consĂ©quent inĂ©dits, ces volumes reprĂ©sentent l’aboutissement d’un processus de redĂ©finition de l’anthropologie, qui fait la synthĂšse entre les deux traditions qui la constituaient jusque-lĂ  : une anthropologie physique (anatomie) et une science de l’ñme[3] - [4]. Cette «nouvelle science de l’homme», selon le terme qu’Alexandre CĂ©sar Chavannes, inclut notamment l’ « ethnologie », un nĂ©ologisme dont on lui doit l’introduction dans la langue française[5].

Alexandre CĂ©sar Chavannes
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  68 ans)
Lausanne
Nationalité
Activités
A. C. Chavannes, Ethnologie, page de titre, vol. 3 de l'Anthropologie, [1750-1788], [Lausanne].

Biographie

Alexandre CĂ©sar Chavannes est nĂ© le Ă  Montreux, dans une famille d’origine huguenote, Ă©tablie depuis le XVIIe siĂšcle dans la ville et ayant acquis la bourgeoisie de Vevey en 1723, fils du premier pasteur de l’Église de Montreux CĂ©sar Chavannes (1685-1761) et de Louise Cormod (1697-1776), issue d'une famille du Refuge Huguenot originaire de Beaurepaire dans la DrĂŽme.

Il entreprend des Ă©tudes de thĂ©ologie Ă  l’AcadĂ©mie de Lausanne, comme ses deux frĂšres Emmanuel Louis et François Chavannes. En 1753, il est consacrĂ© pasteur et assiste son pĂšre pendant dix ans dans sa charge. En 1763, il quitte la Suisse romande pour BĂąle, oĂč il est nommĂ© ministre de l’Église française[6]. Il y cĂŽtoie le pasteur J.-R; Ostervald, et rencontre le cĂ©lĂšbre Jean Bernoulli, professeur Ă  l'UniversitĂ© de BĂąle. Peu de temps aprĂšs, en 1766, il est Ă©lu professeur de thĂ©ologie Ă  l’AcadĂ©mie de Lausanne et occupe ce poste jusqu’à sa mort le . Au sein de l’AcadĂ©mie, il assume plusieurs fonctions, notamment celles de bibliothĂ©caire et de recteur (1781-1784). Il rĂ©dige Ă  ce titre le premier catalogue de la BibliothĂšque acadĂ©mique de Lausanne (1779), connue aujourd’hui sous le nom de BibliothĂšque cantonale et universitaire de Lausanne, mais aussi la premiĂšre Histoire de l’AcadĂ©mie de Lausanne (1780). Il est par ailleurs l’auteur de plus de 300 articles pour le compte de l’EncyclopĂ©die d’Yverdon, dirigĂ©e et Ă©ditĂ©e par Fortunato Bartolomeo De Felice. Il est restĂ© cĂ©libataire.

Son projet d'anthropologie

Pendant prĂšs de quarante ans, Alexandre CĂ©sar Chavannes pense et rĂ©dige son Anthropologie. Celle-ci combine l’anthropologie «à proprement dite», l’ethnologie, la philosophie («noologie» et «boulologie»), la linguistique («lexicologie», «glossologie», «étymologie», «grammatologie») ainsi que la mythologie.

Dans cet ouvrage, il a l’ambition de dĂ©finir une science gĂ©nĂ©rale, qui embrasse l’ensemble des connaissances sur l’homme, dans le but de destiner cette matiĂšre Ă  l’instruction des Ă©tudiants. HĂ©ritier d’une profonde rĂ©flexion pĂ©dagogique, particuliĂšrement vive en Suisse romande et qui traverse tout le XVIIIe siĂšcle, de Jean-Pierre de Crousaz Ă  Jean-Jacques Rousseau, Alexandre CĂ©sar Chavannes pense ainsi une nouvelle mĂ©thode d’enseignement, dans laquelle l’anthropologie constitue un outil propre Ă  organiser le savoir tout en structurant sa transmission, de telle maniĂšre qu’elle se combine avec la construction naturelle des connaissances humaines. Les prĂ©mices de ce projet d’anthropologie apparaissent en 1787 dans son Essai sur l’éducation intellectuelle avec le projet d’une science nouvelle oĂč il dĂ©crit sa structure et la dĂ©finit dĂ©jĂ  comme une «science nouvelle».

Notes et références

  1. Mondher Kilani, « Le discours anthropologique Ă  la fin du siĂšcle des LumiĂšres », Annales Benjamin Constant, no 13,‎ , p. 9-10
  2. Marco Cipollini, « The Old World and th New World: A Discursive Survey from Discovery to Early Anthropology », in Larry Wolff et Marco Cipollini, The Anthropology of the Enlightenment,‎ , p. 304
  3. Ferando Vidal, Les sciences de l'Ăąme. XVIe-XVIIIe siĂšcle, Paris, Champion,
  4. Claude Blanckaert, « L'histoire gĂ©nĂ©rale des sciences de l'homme. Principes et pĂ©riodisation », in Blanckaert, Claude & alli., L'histoire des sciences de l'homme: trajectoire, enjeux et questions vives,‎ , p. 23-60
  5. Pierre-AndrĂ© Gloor, « A.-C. Chavannes et le premier emploi du terme "ethnologie" en 1787: Ă  propos d'une note de Topinard en 1888 », in L'Antrhopologie, nos 74/3-4,‎ , p. 263-268
  6. Louis Junod, Histoire de l'Eglise française de Bùle, Lausanne, Bridel,

Bibliographie

ƒuvres imprimĂ©es

Lien Internet

Projet "Alexandre César Chavannes et sa Science générale de l'homme (1788)" sur la plateforme LumiÚres.Lausanne : lumieres.unil.ch/projets/chavannes

Littérature secondaire

  • Berthoud, GĂ©rald, «Une «science gĂ©nĂ©rale de l’homme». L’Ɠuvre d’Alexandre-CĂ©sar Chavannes», Annales Benjamin Constant, 13 (1992), p. 29-41.
  • Claude Blanckaert, «“Story” et “history” de l’ethnologie», Revue de synthĂšse, 109/3-4 (1988), p. 451-467.
  • Claude Blanckaert, «L’Anthropologie en France, le mot et l’histoire (XVIe-XIXe siĂšcles)», Bulletins et mĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d’Anthropologie de Paris, 1/3-4 (1989), p. 13-43.
  • Claude Blanckaert, «L’histoire gĂ©nĂ©rale des sciences de l’homme. Principes et pĂ©riodisation», in Claude Blanckaert et alii (dir.), L'histoire des sciences de l'homme: trajectoire, enjeux et questions vives, Paris [etc.], L’Harmattan, 1999, p. 23-60.
  • Bödeker, Hans Heinrich, BĂŒttgen, Philippe, Espagne, Michel (Ă©d.), Göttingen vers 1800. L’Europe des sciences de l'homme, Paris, Cerf, 2010.
  • Chappey, Jean-Luc, «L’Anthropologie et l’histoire naturelle de l’homme en 1800. Les enjeux d’un hĂ©ritage», Annales historiques de la RĂ©volution française, 320 (2000), p. 47-54.
  • Chappey, Jean-Luc, La SociĂ©tĂ© des observateurs de l’homme (1799-1804) : des anthropologues au temps de Bonaparte, Paris, SociĂ©tĂ© des Ă©tudes robespierristes, 2002.
  • Chappey, Jean-Luc, «De la science de l’homme aux sciences humaines: enjeux politiques d'une configuration de savoir (1770-1808)», Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 15/2 (2006), p. 43-68.
  • Fox, Christopher, Porter, Roy, and Wokler, Robert, Inventing human science: eighteenth-century domains, Berkeley; Los Angeles [etc.], University of California Press, 1995.
  • Kilani, Mondher, «Le discours anthropologique Ă  la fin du siĂšcle des LumiĂšres», Annales Benjamin Constant, 13 (1992), p. 9-28.
  • Olson, Richard, «The Human Sciences», The Cambridge History of Science, Eighteenth-Century Science, vol. 4, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 436-462.
  • Pagden, Anthony, «Eighteenth-Century Anthropology and the «History of Mankind»», in History and the Disciplines, The reclassification of Knowledge in Early Modern Europe, New York, The University of Rochester Press, 1997, p. 223-233.
  • Pitassi, Maria-Cristina, «ThĂ©ologie genevoise du XVIIIe siĂšcle et libĂ©ralisme: gĂ©nĂ©alogie ou mythologie?», Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 93 (2013), p. 519-536.
  • Rupp-Eisenreich, Britta, «Des choses occultes en histoire des sciences humaines: le destin de la «science nouvelle» de Christian Meiners», L’Ethnographie, 2 (1983), p. 131-183.
  • Rupp-Eisenreich, Britta, «Aux ‘origines’ de la Völkerkunde allemande: de la Statistik Ă  l’Anthropologie de Georg Forster», in Britta Rupp-Eisenreich (Ă©d.), Histoires de l’anthropologie: XVIe-XIXe siĂšcles. Colloque La pratique de l’anthropologie aujourd’hui, 19-, Paris, Klincksieck, 1984, p. 89-115.
  • Vermeulen, Han F. et Roldan, Arturo Alvarez, «The history of anthropology and Europe», in Han F. Vermeulen and Arturo Alvarez RoldĂĄn (Ă©d.), Fieldwork and Footnotes, Studies in the History of European anthropology, London and New York, Routledge, 1995, p. 1-13.
  • Vermeulen, Han F., «Origins and institutionalization of ethnography and ethnology in Europe and the USA, 1771–1845», in Han F. Vermeulen and Arturo Alvarez RoldĂĄn (Ă©d.), Fieldwork and footnotes. Studies in the history of European anthropology, London and New York, Routledge, 1995, p. 39-59.
  • Vermeulen, Han F., «The German Invention of Volkerkunde. Ethnological Discourse in Europe and Asia, 1740-1798», in Sara Eigen and Mark Larrimore (Ă©d.), The German Invention of Race, Albany, State University of New York Press, 2006, p. 123-145.


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