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Alain Obadia

Alain Obadia, né le à Paris (18e arrondissement) est un syndicaliste et homme politique français. Cadre dans une entreprise publique, son parcours de militant syndical l'amène à la direction de l'UGICT-CGT et en 1982 à la direction nationale de la CGT. Ces responsabilités sont alors imbriquées avec celle de membre du Comité central du Parti communiste français. Son évolution personnelle lui fait renoncer en 1992 à ses responsabilités politiques publiques, puis en 1994, il démissionne du bureau confédéral de la CGT. Il reprend alors une vie professionnelle qui le conduit vers un cabinet ministériel, lors de la victoire électorale de la Gauche en 1997, puis dans la proximité de la direction de l'entreprise de ses débuts. Il renoue avec une fonction politique au PCF qu'il poursuit à ce jour.

En 2004, il est nommé par le Président de la République, au Conseil économique et social de la République française, et reconduit en .

Biographie

Origines

Alain Obadia est né à Paris dans le 18e arrondissement[1], fils d'un chauffeur de taxi et d'une employée de la Régie autonome des transports parisiens (RATP). Militant actif dans le bouillonnement des événements de Mai 1968, il renonce à son projet d'intégrer l'École nationale d'administration et s'inscrit à l'Institut d'études politiques dont il dort diplômé en 1970[2]. Après un rapide passage au Parti socialiste unifié, en 1970 il adhère et milite au Parti communiste français. En avril 1971 il devient cadre à la RATP.

Le responsable des ingénieurs et cadres CGT

Il prend rapidement[3] la carte syndicale de la CGT. Depuis le milieu des annĂ©es 1960, la centrale syndicale organise le syndicalisme parmi les ingĂ©nieurs et les cadres au sein d'une structure spĂ©cifique, l'UGICT CGT (Union gĂ©nĂ©rale des ingĂ©nieurs, cadres et techniciens CGT). Alain Obadia est naturellement amenĂ© Ă  prendre part Ă  la vie de l'UGICT, en plein essor. Il accède au Conseil national de cette organisation au congrès de , et remarquĂ© par Georges SĂ©guy, il est appelĂ© en Ă  assurer le secrĂ©tariat personnel du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Parfait « apparatchik Â» au sein de l'appareil syndical, qui plus est près du centre dĂ©cisionnel, il est Ă©lu Ă  la Commission exĂ©cutive de la CGT lors du 40e congrès de l'organisation syndicale, tenu Ă  Grenoble en 1978[4], et il est Ă©lu-promu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de l'UGICT CGT en 1979. Il parachève son ascension en devenant le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'UGICT-CGT en . L'organisation compterait 320 000 adhĂ©rents[5] et deux ministres Jean-Pierre Chevènement et Jack Ralite viennent Ă  son 8e congrès inaugurer une exposition scientifique et technique[6] Un mois plus tard, il accède au Bureau confĂ©dĂ©ral de la CGT lors du 41e congrès du syndicat[7] - [8] oĂą il intervient Ă  la tribune en ces termes :

« L'organisation syndicale doit s'emparer dans le cadre de ses prérogatives, du terrain de la gestion. Ce terrain stratégique, nous pouvons le disputer au patronat, en liaison étroite avec les revendications et l'intervention des travailleurs pour accroître l'efficacité. C'est parce que la crise est arrivée à ce point que la gestion est au cœur de l'affrontement de classe et qu'il faut retourner, contre le patronat et la droite, ces problèmes qui étaient jusqu'à présent leur apanage. »

— Alain Obadia[9]

Il est âgĂ© de 33 ans et aux cĂ´tĂ©s de Lydia Brovelli, du mĂŞme âge, passĂ©e elle aussi par l'UGICT CGT, il donne Ă  la ConfĂ©dĂ©ration une image rajeunie, parfaitement dĂ©calĂ©e avec le raidissement qu'Henri Krasucki semble lui insuffler. Pourtant les premières annĂ©es d'Alain Obadia dans ses responsabilitĂ©s se moulent dans une tradition politico-syndicale strictement conçue depuis 1945 selon des normes dites « lĂ©ninistes Â» : peu après sa promotion syndicale, le nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'UGICT entre au ComitĂ© central du Parti communiste. Durant 10 annĂ©es, il reprĂ©sente le syndicalisme cadre de la CGT. Le rĂ´le n'est pas toujours facile, dans une centrale syndicale oĂą la culture ouvrière prĂ©domine. Il n'en affirme pas moins ce qu'il observe :

« Il nous faut maintenant dépasser les pesanteurs héritées d'une ancienne démarche marquée par une conception d'alliance entre les cadres et la classe ouvrière qui considérait que l'activité en direction des ingénieurs et cadres relevait plus des relations publiques, du débat général sur les questions économiques que d'une activité syndicale revendicative concrète [...]. »

— Alain Obadia[10]

À partir de 1992, il transmet le secrétariat général de l'UGICT CGT à Maïté Demons, et prend en charge la direction de la communication de la centrale de Montreuil. À l'écoute des changements (dès 1984, il marque son intérêt pour les nanotechnologies, domaine sur lequel, 24 ans plus tard, il est rapporteur d'une étude au Conseil économique, social et environnemental), il estime que ce n'est paradoxalement pas dans son organisation syndicale que la nouveauté se fraye le meilleur passage[11].

De l'appareil syndical à l'appareil d'État ?

Le syndicaliste commence par les travaux pratiques induits par la Charte d'Amiens : il demande dès 1992 à ne plus appartenir au Comité central du Parti communiste français[12]. Considéré par les médias comme le Numéro 2 de la CGT, il démissionne du Bureau confédéral en , expliquant son geste par l'immobilisme de la première centrale syndicale française en matière d'écoute des salariés et de prise en compte des mutations sociales[13]. C'est le tournant de son activité, et il se tourne vers d'autres modes d'intervention, en gardant alors sa carte syndicale. Il participe aux travaux d'Assises pour la transformation sociale, initiées par un courant du Parti socialiste, puis lors de la victoire de la gauche aux élections de 1997, il intègre le cabinet ministériel de la ministre du Travail et de la solidarité, Martine Aubry, où il reste jusqu'en 1999.

De 1999 Ă  2002, il est conseiller dans le domaine social du prĂ©sident de la RATP, Jean-Paul Bailly. Il est ensuite chargĂ© d'une mission de « recherches sociales Â» dans cette entreprise. Parallèlement, il reprend des responsabilitĂ©s politiques en intĂ©grant en 2001 le comitĂ© national du Parti communiste français, dont il est toujours membre[14]

En , il est nommĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac, sur proposition du Premier ministre, membre du Conseil Ă©conomique, social et environnemental, au titre des « personnalitĂ©s qualifiĂ©es dans le domaine Ă©conomique, social, scientifique et culturel Â». Cette nomination est renouvelĂ©e en , en Conseil des ministres par le prĂ©sident de la RĂ©publique Nicolas Sarkozy, sur proposition du Premier ministre François Fillon.

Il est président d'une fondation de recherches sociales et historique, la fondation Gabriel-Péri depuis 2012[15] - [2].

DĂ©corations

Sources

  • Article paru dans Le Monde, , de Laetitia Van Ecckhaut : Alain Obadia, ancien secrĂ©taire de la CGT. Un syndicaliste au modernisme dĂ©rangeant.
  • Article paru dans le nouvel Observateur, , de Martine Gilson : Comment la CGT a dĂ©sespĂ©rĂ© Alain Obadia.
  • Fiche de prĂ©sentation individuelle des membres du Conseil Ă©conomique, social et environnemental, relevĂ©e le 18/12/2009.
  • Le Peuple, organe officiel bimensuel de la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail, numĂ©ros spĂ©ciaux parus pour le compte-rendu des Congrès.
  • la Vie Ouvrière, N° 1973, 21 - , SpĂ©cial 41e Congrès.
  • Guy Groux, RenĂ© Mouriaux, La CGT, crises et alternatives, Ă©ditions Economica, Paris, 1992 (permet de faire le point sur la CGT, alors qu'Alain Obadia est membre la direction nationale de la CGT

Notes et références

  1. Laetitia Van Eeckhout, « Un syndicaliste au modernisme dérangeant », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. « Extrait de la fiche de M. Obadia », sur lesbiographies.com, mis à jour le 19 mai 2016 (consulté le ).
  3. Dès « le deuxième jour Â» après son embauche, selon son tĂ©moignage citĂ© par le journaliste du Monde.
  4. Le Peuple, organe officiel de la CGT, compte rendu des travaux du 40e congrès, N° 1050/1051, 1er au 31 décembre 1978.
  5. compte-rendu du 8e congrès, l'Humanité, avril 1982.
  6. l'Humanité, avril 1982, article de Claudine Ducol, L'UGICT, une force d'innovation pour le changement.
  7. Le quotidien Le Monde daté des 20-21 juin 1982, en un article (page 12) signé Michel Noblecourt, publie un compte-rendu de ce Congrès en l'accompagnant de notices de présentation des nouveaux membres de la Direction nationale : Alain Obadia n'y figure pas au prétexte que sa biographie a été publiée deux mois auparavant,dans le N° daté du 27 avril 1982.
  8. Le Peuple, 41e congrès, Lille, 13-18 juin 1982, N° 1135/1136/1137 du 13 juin au 18 juillet 1982, compte rendu du congrès.
  9. ibid. pages 82-83
  10. "Rapport introductif au Xe Congrès de l'UGICT-CGT", résumé dans Options, journal de l'UGICT, N° 160, 28 décembre 1988.
  11. Cette phrase a une part de subjectivité, mais elle semble correspondre à la situation après 1988 et avant 1995. La contestation politique des modèles du "communisme est-européen", les interrogations sur les modèles productivistes et tayloriens transversaux aux processus d'accumulation du capital, s'effectuent plus rapidement au sein du PCF (où s'expriment des aspirations à rénovation dès 1984) qu'à la CGT, où la mise au pas précoce des contestations, vers 1981, a sans doute amoindri ou retardé des potentialités d'évolution.
  12. Les autres membres du bureau confédéral dans cette situation, Louis Viannet notamment, quittent le Bureau politique du PCF dans les années suivantes.
  13. Cf. article du journal Le Monde, signé Jean-Michel Normand, 10 octobre 1994, Chef de file des modernistes, Alain Obadia quitte le bureau confédéral de la CGT.
  14. Cf. Communistes, supplément hebdomadaire de L'Humanité, N° 400, 7 juillet 2010 : composition de l'exécutif national du PCF.
  15. « Alain Obadia. "Un lieu de réflexion ouvert" », sur humanite.fr, (consulté le ).
  16. DĂ©cret du 13 mai 2016 portant promotion et nomination

Liens externes

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