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Agriculture au Venezuela

L'agriculture du Venezuela a une part beaucoup plus faible de l'Ă©conomie que dans n'importe quel autre pays d'AmĂ©rique latine. Depuis la dĂ©couverte du pĂ©trole au Venezuela au dĂ©but du XXe siècle jusqu'aux annĂ©es 1940, l'importance de l'agriculture a diminuĂ© rapidement et avec le dĂ©but de dĂ©veloppement industriel Ă  grande Ă©chelle dans les annĂ©es 1940, l'agriculture et la rĂ©forme agraire a Ă©tĂ© largement nĂ©gligĂ©e par les gouvernements successifs (mĂŞme si en 1960 une loi sur rĂ©forme agraire permet Ă  200 000 familles de recevoir des terres, en grande partie au dĂ©but des annĂ©es 1960). Le pays importe la plupart de ses produits alimentaires, principalement de Colombie et des États-Unis[1]. Depuis 1999 et la RĂ©volution bolivarienne du prĂ©sident Hugo Chávez, l'agriculture a une prioritĂ© un peu plus Ă©levĂ©e.

Topographie du Venezuela

Histoire

Égrenage des épis de maïs à la main en 1901 au Venezuela.

Avant les annĂ©es 1950 et le lancement des exportations de pĂ©trole Ă  grande Ă©chelle, l'agriculture, la pĂŞche et l'industrie forestière sont au cĹ“ur de l'Ă©conomie vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, produisant plus de la moitiĂ© du produit intĂ©rieur brut (PIB). Dans les annĂ©es 1930, l'agriculture fourni 22 % du PIB et occupe 60 % de la population active. Comme l'industrie pĂ©trochimique connait une expansion rapide dans les annĂ©es 1970 et 1980, toutefois, la proportion de la population active dans l'agriculture a diminuĂ© d'un cinquième Ă  un dixième. En 1988, l'agriculture contribue seulement 5,9 % du PIB, employant 13 % de la population active et fournit Ă  peine 1 % du total des exportations. L'agriculture continue de baisser et reprĂ©sente environ 5 % du PIB et 10 % de l'emploi en 2004[1] Selon une enquĂŞte gouvernementale de 1997, 3,4 millions d'hectares de terres sont propices Ă  l'agriculture (plus 17,1 millions appropriĂ©es au pâturage), mais seulement 700 000 ha ont Ă©tĂ© employĂ©es dans la production de cĂ©rĂ©ales[2].

Campagne dans les environs de Merida.

Le Venezuela a vu plusieurs tentatives de rĂ©forme agraire avant 1998. Au cours de la brève pĂ©riode avant la dĂ©mocratie (El Trienio Adeco (en), 1945-1948), le gouvernement d'action dĂ©mocratique redistribue les terres qui, selon lui, avait Ă©tĂ© acquises illĂ©galement par des membres des gouvernements prĂ©cĂ©dents et Ă  la mi-1948, il promulgue une loi de rĂ©forme agraire. La plupart des terres redistribuĂ©es de cette manière ont Ă©tĂ© rendues Ă  leurs anciens propriĂ©taires lors de la dictature de Marcos PĂ©rez JimĂ©nez de 1948 Ă  1958. Après la restauration de la dĂ©mocratie en 1958, une nouvelle loi foncière est adoptĂ©e en , avec des rĂ©formes au dĂ©but des annĂ©es 1960 concentrĂ©es dans les Ă©tats du nord : Miranda, Aragua et Carabobo, venant en grande partie d'expropriations de propriĂ©tĂ©s privĂ©es. La rĂ©forme est accompagnĂ©e d'une augmentation considĂ©rable de la production agricole[3]. En fin de compte la rĂ©forme voit environ 200 000 familles recevoir des transferts de terres, principalement au dĂ©but des annĂ©es 1960[4].

RĂ©volution bolivarienne

Silos de grains aux couleurs du Venezuela.

Dans le Venezuela d'aujourd'hui, l'agriculture est caractĂ©risĂ©e par l'inefficacitĂ© et la faiblesse des investissements, avec 70 % des terres agricoles dĂ©tenues par 3 % des propriĂ©taires agricoles (l'un des plus hauts niveaux de concentration des terres en AmĂ©rique latine). Selon la loi de rĂ©forme agricole et foncière de 2001 (voir Mission Zamora (en)), les terres publiques et privĂ©es qui sont rĂ©putĂ©es ĂŞtre improductives ou dĂ©tenues illĂ©galement doivent ĂŞtre redistribuĂ©es[1]. De 1999 Ă  2006, 130 travailleurs sans terre ont Ă©tĂ© assassinĂ©s par des sicaires payĂ©s par les opposants Ă  la rĂ©forme[5]. En , le gouvernement vĂ©nĂ©zuĂ©lien redistribue près de 2,7 millions d'hectares de terres en friche (soit près de â…“ des latifundiums existant avant 1998) Ă  180 000 familles paysannes sans terre[6].

Cultures au bord du rio Chama.

Une nouvelle mission bolivarienne, la Mission Vuelta al Campo (en) est annoncĂ©e en 2005, elle vise Ă  encourager les pauvres et les chĂ´meurs urbains VĂ©nĂ©zuĂ©liens Ă  retourner de plein grĂ© Ă  la campagne. Cela implique l'utilisation des terres rĂ©cupĂ©rĂ©es auprès de propriĂ©taires privĂ©s dont la propriĂ©tĂ© n'a pas pu ĂŞtre dĂ©montrĂ©e, ainsi que la nationalisation. Par exemple, en 2008, le gouvernement a expropriĂ© El Frio, un domaine de 63 000 ha dans l'Apure (plus grand que l'Ă®le touristique de Margarita), dont les propriĂ©taires (Nelson Rockefeller est rĂ©putĂ© en faire partie) n'ont pu prouver avoir un titre foncier lĂ©gal[7]. Le gouvernement vĂ©nĂ©zuĂ©lien a Ă©galement eu recours Ă  l'expertise Ă©trangère pour dĂ©velopper le potentiel agricole du Venezuela, par exemple en travaillant avec des agronomes vietnamiens sur les techniques de plantation et les hybrides de semences de riz appropriĂ©es aux conditions agricoles vĂ©nĂ©zuĂ©liennes[8]. Le programme de rĂ©forme agraire a nĂ©anmoins fait l'objet de critiques de la part de diverses sources, dont des agriculteurs manquant d'un soutien gouvernemental suffisant[9], en particulier dans le cas des citadins se rendant Ă  la campagne pour crĂ©er des coopĂ©ratives agricoles.

Cacao séchant sur la Plaza de Secado (place de séchage) en face de l'église de Chuao au Venezuela.

En 2008, le Venezuela était autosuffisant dans ses deux céréales les plus importantes, le maïs et le riz, avec des augmentations de production de 132 % pour le maïs et entre 71 et 94 % pour le riz depuis 1998. Le pays a également atteint l'autosuffisance en viande de porc, ce qui représente une augmentation de la production de près de 77 % depuis 1998. Le pays est également en voie d'atteindre l'autosuffisance dans un certain nombre d'autres importants aliments de base, y compris le bœuf, le poulet et les œufs, pour lesquels la production nationale arrive actuellement à 70, 85 et 80 % de la demande nationale respectivement. La production de lait a augmenté de 900 % à 1,96 million de tonnes, réalisant 55 % de la demande nationale. Beaucoup d'autres cultures ont connu des augmentations importantes au cours de la dernière décennie, y compris les haricots noirs (143 %), les légumes-racines (115 %), et le tournesol pour la production d'huile de cuisson (125 %)[6] - [10].

Vignoble vénézuélien

En 2010, le gouvernement annonce une augmentation de 48 % des terres cultivées depuis 1998. Sur la même période, la production de certains produits de base a considérablement augmenté : « La production de riz a augmenté de 84 %, pour atteindre près de 1,3 million de tonnes par an alors que la production de lait a augmenté à 2,18 millions de tonnes, une augmentation de 47 % »[11].

Après les élections législatives de 2010, le gouvernement vénézuélien intensifie ses efforts pour restructurer le secteur agricole en nationalisant la plus grande entreprise d'approvisionnement agricole du pays (renommée Agropatria (en)) et la société d'engrais FertiNitro (en).

Références

Sources bibliographiques

  • (en) Robert J. Alexander, « Nature and Progress of Agrarian Reform in Latin America », Journal of Economic History (en), Cambridge University Press, vol. 23, no 4,‎ , p. 559-573 (ISSN 0022-0507 et 1471-6372, lire en ligne)
  • (en) Maurice Lemoine, « Venezuela: the promise of land for the people », Le Monde diplomatique,‎ (ISSN 0026-9395, lire en ligne)
  • (en) Christina Schiavoni et William Camacaro, « The Venezuelan Effort to Build a New Food and Agriculture System », Monthly Review, vol. 61, no 03,‎ (ISSN 0027-0520, lire en ligne)
  • (en) Gregory Wilpert, « Land for people not profit in Venezuela », dans Peter Rosset, Raj Patel et Michael Courville, Promised Land : Competing Visions of Agrarian Reform, Food First Books, , 380 p. (ISBN 0935028285 et 9780935028287, lire en ligne), p. 249-264

Liens externes servant de sources

Annexes

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