Affaire Adrien Perez
Le , Ă Meylan prĂšs de Grenoble (France), Adrien Perez[N 1] est tuĂ© lors d'une rixe avec trois autres hommes, sur le parking de la boĂźte de nuit Le Phoenix, alors qu'il fĂȘtait son vingt-sixiĂšme anniversaire. En juillet 2021, les deux suspects principaux sont condamnĂ©s Ă quinze ans de rĂ©clusion criminelle, le troisiĂšme homme Ă©tant condamnĂ© pour violences aggravĂ©es.
Affaire Adrien Perez | |
Fait reproché | homicide volontaire, tentative d'homicide volontaire et violences avec armes[1] |
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Chefs d'accusation | Violences volontaires ayant entraßné la mort avec l'intention de la donner |
Pays | France |
Ville | Meylan (IsĂšre) |
Date | |
Nombre de victimes | un mort et trois blessés |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Tribunal | Cour d'assises de Grenoble |
Date du jugement | |
ĂvĂšnements
Faits
Adrien Perez et ses agresseurs se sont dĂ©jĂ disputĂ©s dans la boĂźte de nuit, car l'un d'eux aurait fait une remarque ou un geste dĂ©placĂ© Ă une amie de Perez, mais sans plus de gravitĂ©[2] - [3]. La scĂšne est filmĂ©e par les camĂ©ras de surveillance de la discothĂšque[4] - [N 2]. Vers 5 h 30 du matin[5] - [6], en voulant s'interposer lors d'une rixe entre ses amis et trois hommes d'une vingtaine d'annĂ©es, Perez est poignardĂ© par deux de ces derniers, Ă l'arme blanche avec des couteaux et des cutters[6]. Un autre homme de 19 ans, Diego, maçon[7], est aussi agressĂ© le mĂȘme soir, par semble-t-il, les mĂȘmes agresseurs que Perez et deux autres personnes sont plus lĂ©gĂšrement touchĂ©es[5] - [3]. Les victimes sont emmenĂ©es au centre hospitalier universitaire Grenoble-Alpes afin d'y ĂȘtre soignĂ©es. Perez dĂ©cĂšde alors que Diego est sauvĂ©[6] - [3].
Conséquences
Les parents de Perez
Bruno Perez se dit rĂ©voltĂ©, considĂ©rant que le niveau de violence dans lâagglomĂ©ration grenobloise est inadmissible et Patricia Perez estime que son fils a fait preuve dâhĂ©roĂŻsme pour avoir voulu aider ses amis[8]. Ils dĂ©clarent ĂȘtre contre toute rĂ©cupĂ©ration politique et cĂ©lĂšbrent des obsĂšques publiques le , Ă 14 h 30, Ă lâĂ©glise Saint-AndrĂ© de Grenoble[9] - [10].
Soutiens et marche blanche
Ils reçoivent le soutien des parents de Diego, qui quitte l'hĂŽpital le mais souffrant dâimportants troubles cognitifs[7]. Les parents d'Adrien organisent le une marche blanche[11] afin de protester contre les violences dans la ville[12]. La marche rĂ©unit un millier de personnes[13].
Le pĂšre de Yanis et Younes El Habib
Mourad El Habib, pĂšre des deux suspects Yanis et Younes, est un Ă©ducateur du quartier Teisseire de la capitale des Alpes[14], ainsi qu'ancien prĂ©sident de l'ancien club de football de ce quartier[15]. Le , il se confie au DauphinĂ© libĂ©rĂ©[16]. Il dĂ©sire que « [ses] fils soient jugĂ©s pour ce qu'ils ont fait », « [qu'il] essaie de dĂ©fendre [s]es gamins du mieux possible », « [qu']il faut faire confiance Ă la justice ». Et il demande aussi Ă ce qu'ils ne « soient [pas] considĂ©rĂ©s "comme des racailles" », invoquant le fait d'ĂȘtre lui-mĂȘme nĂ© de parents nĂ©s en France[17] - [16]. Il souhaite aussi que cessent les menaces que reçoivent sa famille et sa belle-famille[17].
RĂ©actions
Les rĂ©actions Ă l'affaire proviennent surtout de sites d'extrĂȘme droite et d'Ă©lus de cette tendance politique[18].
Valeurs actuelles qualifie Grenoble de ville coupe-gorge[19].
Le Monde mentionne une impression de déjà -vu et titre « Adrien Perez, nouvelle victime de la "culture de la violence" à Grenoble »[20].
Le , l'affaire est évoquée lors de l'émission Vous avez la parole sur France 2, dans laquelle la mÚre du jeune Adrien interpelle le premier ministre Jean Castex invité de l'émission[21].
La ville de Grenoble est critiquĂ©e pour son manque de sĂ©curitĂ©, et il est reprochĂ© Ă Laurent Wauquiez et Emmanuel Macron de ne pas avoir rĂ©agi Ă cela[18]. Les dĂ©putĂ©s En Marche de l'IsĂšre, Olivier VĂ©ran et Ămilie Chalas, dĂ©clarent attendre une rĂ©action ferme du maire de Grenoble, parlant aussi du dĂ©ni d'Ăric Piolle, car il nâest plus acceptable dâentendre pour seule rĂ©ponse du maire de Grenoble que la sĂ©curitĂ© est le problĂšme de lâĂtat[18]. Le mĂȘme article rapporte « [qu']au lendemain de la marche blanche, Ăric Piolle Ă©crit sur les rĂ©seaux sociaux que les Ă©lus Ă©taient prĂ©sents [âŠ] pour soutenir les proches dâAdrien Perez et dĂ©noncer la banalisation de la violence ». Il signale son intervention sur France Info, pour Ă©voquer lâurgence dâaugmenter les effectifs de la police dans l'agglomĂ©ration ; mais les rĂ©actions sont « pour le moins acerbes[18]. »
GĂ©rard Collomb, alors ministre de l'IntĂ©rieur, annonce, le , Ă la presse un renfort de 35 policiers d'ici fin 2019 pour la ville et vouloir hisser le drapeau de la RĂ©publique dans chaque quartier[22] ; cette nouvelle est bien accueillie par les maires Ăric Piolle de Grenoble[N 3], David Queiros de Saint-Martin-d'HĂšres et Renzo Sulli d'Ăchirolles[23].
Protestation de Génération identitaire
Le mercredi , GĂ©nĂ©ration identitaire participe Ă la marche silencieuse en hommage Ă Adrien Perez. Le samedi , l'association se rĂ©unit devant le palais de justice de Grenoble, avec une banderole, des t-shirts et une pancarte gĂ©nĂ©ration anti-racaille pour demander « justice pour Adrien ». MaĂźtre Dreyfus prĂ©cise alors que cette manifestation se dĂ©roule sans que les parents d'Adrien Perez en aient Ă©tĂ© informĂ©s et sâĂ©rige contre toute rĂ©cupĂ©ration politique[24] - [25] - [N 4]. Le , la famille d'Adrien Perez se dĂ©clare extrĂȘmement choquĂ©e sur BFM TV et dĂ©plore la tentative de rĂ©cupĂ©ration politique de GĂ©nĂ©ration identitaire[26]. L'avocat est visĂ© par des propos antisĂ©mites et dĂ©pose plainte[27].
Fermeture temporaire puis réouverture du Phoenix
Le , le prĂ©fet de l'IsĂšre a pris un arrĂȘtĂ© de fermeture administrative de six mois pour la discothĂšque[28]. L'Express souligne que le personnel n'a pas collaborĂ© avec la police[29] et BFMTV rapporte que Patricia Perez a dĂ©clarĂ© Ă la presse que « pour [elle], la discothĂšque a laissĂ© faire »[30]. La boĂźte devait rouvrir avec une soirĂ©e intitulĂ©e « Big Opening Beach Party », ce qui est « lĂ©gĂšrement en dĂ©calage avec les Ă©vĂ©nements tragiques survenus voilĂ moins dâun mois sur le parking de lâĂ©tablissement », Ă©crira Place Gre'net[31].
La discothĂšque a rouvert le . Elle aurait pu rouvrir le , mais le gĂ©rant de la boĂźte a souhaitĂ© attendre une semaine de plus, « par dĂ©cence vis-Ă -vis de la famille ». La rĂ©ouverture fut discrĂšte, la discothĂšque comptant sur le bouche-Ă -oreille et assurant avoir renforcĂ© sa sĂ©curitĂ©. Patricia Perez espĂšre que les responsables de la boĂźte se « souvien[dront] de cette soirĂ©e et qu'ils fassent respecter la loi [...], tout le monde Ă la mĂȘme enseigne. » Elle demande aussi Ă ce que l'on ait une pensĂ©e pour son fils[32].
Rassemblement du
Le , la famille annonce un rassemblement prĂ©vu le au cimetiĂšre de Meylan[13]. Ledit , l'Ă©vĂ©nement rĂ©unit 250 personnes, dont la famille[1]. PrĂšs du portail, une plaque commĂ©morative est dĂ©voilĂ©e, suivie d'une minute de silence, aprĂšs les mots des parents et de Marjorie, la sĆur de Vincent Perez[1]. Les maires de Meylan et de Corenc ainsi que le prĂ©fet de l'IsĂšre, Lionel Beffre, sont prĂ©sents.
Remise en liberté de Yanis El Habib et réformation de cette décision
Le , un juge des libertĂ©s et de la dĂ©tention dĂ©cide de refuser la prolongation de la dĂ©tention provisoire de Yanis El Habib, principal mis en examen pour meurtre et tentative de meurtre. Le parquet fait appel et l'audience a lieu le Ă la cour d'appel de Grenoble. La famille de la victime tĂ©moigne de son incomprĂ©hension face Ă cette dĂ©cision de justice[33]. Il est finalement remis en prison sur dĂ©cision de la chambre de lâinstruction de la cour dâappel de Grenoble[34].
ProcĂšs
Le procĂšs des deux frĂšres El Habib s'ouvre le devant la cour d'assises de Grenoble[35]. Le , ils sont condamnĂ©s Ă quinze ans de rĂ©clusion criminelle pour le meurtre dâAdrien Perez[36]. Ils ont Ă©tĂ© acquittĂ©s pour le meurtre et la tentative de meurtre (sur un ami d'Adrien) mais condamnĂ©s pour coups mortels et violences ayant entraĂźnĂ© la mort sans intention de la donner avec arme. Un troisiĂšme individu Ă qui il Ă©tait reprochĂ© des violences aggravĂ©es, Liam Djadouri, a lui Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 2 ans de prison avec sursis. Aucun d'entre eux n'a souhaitĂ© faire appel[37].
Notes et références
Notes
- Aussi fautivement écrit Pérez dans divers journaux. La lettre des parents de la victime à la fin de l'article de France Bleu IsÚre témoigne de l'orthographe correcte.
- « Nous avons une bonne vision des choses. Les trois suspects portent des coups et les deux frÚres sont porteurs de couteaux », a déclaré Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble, pour 20minutes.fr.
- « Notre mobilisation collective a été entendue et le ministre a entendu les Grenoblois directement. Il amÚne des mesures concrÚtes, dont évidemment, on se réjouit » cite L'Essor IsÚre dans son article du 1er octobre 2018
- Se prĂ©sentant comme « la premiĂšre ligne de la rĂ©sistance » « face au raz de marĂ©e de lâimmigration massive », G.I. fera des actions contre ce qu'elle considĂšre comme la « racaille » et du « racisme anti-blanc », comme on peut lire sur le site officiel.
Références
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