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Adèle de Bellegarde

Adélaïde Victoire Noyel de Bellegarde, dite Adèle de Bellegarde, née le [1] à Chambéry et morte le à Paris, est une aristocrate savoisienne, emprisonnée lors de la Révolution française, par ailleurs modèle du peintre David.

Adèle de Bellegarde
Adèle : détail du tableau de David Les Sabines
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  57 ans)
Paris
SĂ©pulture
Nationalités
duché de Savoie ( - )
française (à partir de )

Biographie

Adèle est la fille aînée de Robert-Eugène-François Noyel de Bellegarde, marquis des Marches dont la famille possède le château depuis 1530, c'est une forteresse construite à la limite du Dauphiné et du duché de Savoie. Sa mère, qui appartient à une famille de la noblesse picarde, est Marie Charlotte Adélaïde Le Cat d'Hervilly (1750-1776), sœur du général Louis Charles d'Hervilly (1755-1795). Adèle a deux sœurs: Césarine Lucie (née le )[2] et Françoise Eléonore Aurore (née le )[3]. Leur mère meurt lors de la naissance de cette dernière. Le père se consacre à l'éducation de ses trois filles.

Lorsque Adèle a 15 ans, elle se marie avec un cousin qui a vingt ans de plus qu'elle : Frédéric de Bellegarde. Le mariage est célébré à l'église Saint-Léger de Chambéry le [4]. De ce mariage naissent deux enfants : une fille, en 1789, et un garçon, en 1791.

Hôtel des Marches et de Bellegarde à Chambéry, où Adèle passait ses étés.

Frédéric de Bellegarde est né à Dresde (Saxe) ; il est au service du roi de France. En novembre 1787 il vient en Savoie pour épouser Adélaïde. Il s'établit à Chambéry et s'attache alors au service du roi de Sardaigne. A la fin de l'année 1792, la Savoie est rattachée à la France mais Frédéric poursuit son engagement auprès du roi de Sardaigne, jusqu'à la conclusion de la paix entre France et Sardaigne (30 floréal an IV (mai 1796). Frédéric devient alors chambellan de la cour de Vienne et lieutenant général des armées d'Autriche. Pendant ce temps là, Adèle vit à Chambéry avec sa sœur Aurore.

Le , les Français mettent l'armĂ©e piĂ©montaise en dĂ©route. Le des commissaires de la Convention arrivent, il s'agit de l'Ă©vĂŞque constitutionnel GrĂ©goire, Jagot, ancien juge de paix, Philibert Simond, prĂŞtre dĂ©froquĂ©, et HĂ©rault de SĂ©chelles, noble de robe engagĂ© dans la RĂ©volution. 

Adèle et Aurore se montrent de vraies républicaines. Adèle devient la maîtresse d'Hérault[5]. Cinq mois plus tard, les délégués de la Convention repartent à Paris, avec les sœurs de Bellegarde. Hérault est alors puissant, président de la convention et membre du comité se salut public. Mais la Terreur arrive et le , avec Danton, Desmoulins et bien d'autres, Hérault est condamné à mort et guillotiné le [6].

Les deux sœurs sont à leur tour arrêtées, le . Mais avec la chute de Robespierre le 9 thermidor les portes de la prison s'ouvrent.

Ă€ sa sortie de prison, Adèle produit un document signĂ© par six citoyens de Paris attestant qu'elle est sĂ©parĂ©e de fait de son Ă©poux depuis plus de deux ans, celui-ci l'ayant abandonnĂ©e. Le divorce est prononcĂ©, le 16 vendĂ©miaire an III. FrĂ©dĂ©ric forme contre son Ă©pouse une demande en nullitĂ© du divorce qui n'aboutit pas[7]

Soutenues par AimĂ©e de Coigny[8], qu’elles ont connue en prison, les sĹ“urs de Bellegarde retrouvent une vie parisienne cultivĂ©e ouverte aux arts. Elles frĂ©quentent les salons (Mme Tallien, Mme de StaĂ«l, etc.). Elles sont amies avec Rouget-de-Lisle[9]. Mme de Noailles les prĂ©sentent au peintre David. Celui-ci les choisit pour figurer dans son tableau, peint entre 1796 et 1799, Les Sabines[10]. Le profil de sa sĹ“ur, qui reprĂ©sente le personnage d'Hersilie dans ce tableau, va servir Ă  Ă©laborer un timbre de La Poste pour reprĂ©senter Marianne Ă©mis entre 1977 et 1982.

Adèle devient la maîtresse du chanteur Pierre-Jean Garat avec lequel elle a deux enfants : un fils, en 1801, et une fille en 1802[11].

Sous l'Empire, les sœurs, protégées par Talleyrand, passent une vie discrète partageant leur temps entre Paris et Chenoise où elles ont un château, venant de leur mère[12].

Adèle meurt le à Paris au domicile de son fils. Aurore meurt le [13].

Notes et références

  1. Acte naissance AD73 Chambery 1772 (p. 80/402)
  2. Naissance CĂ©sarine AD73 (p. 143/402)
  3. Naissance Aurore AD73 (p. 188/402)
  4. Acte mariage AD73 (p. 389/562) nommée des Marches sur l'acte de mariage.
  5. Georges Bernier, Hérault de Séchelles, suivi de Hérault de Séchelles : Théorie de l'ambition. Paris, Julliard, 1995.
  6. Geneviève LEHMANN, « Les amis du musée du pays d'Allevard. Comment Adèle de Bellegarde, aristocrate savoyarde, devint modèle pour le peintre David. », sur lesamisdumusée.blogspot.fr, (consulté le )
  7. Philippe Antoine Merlin Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, Volume 8 36 p. (consultable sur google livres)
  8. AimĂ©e de Coigny MĂ©moires, introduction et notes par Étienne Lamy,Paris C. LĂ©vy 1902 293 p. Outre des Ă©lĂ©ments de biographie relatifs Ă  Adèle et Ă  Aurore, ces mĂ©moires contiennent des commentaires parfois peu flatteurs, par exemple "A Aurore manquait aussi le sens moral. Sa vie fut dĂ©cente, mais elle servit de demoiselle de compagnie Ă  toutes les aventures de sa sĹ“ur..". (p. 194).
  9. La Fuye (Maurice de), Idylle révolutionnaire : Adèle de Bellegarde et Rouget de Lisle, (1939), Paris, La revue des deux mondes, (lire en ligne), p. 675-692
  10. Adèle de Bellegarde (Modèle) Lesamis dumusee.blogspot
  11. François Vermale, Les dames de Bellegarde, Annales historiques de la RĂ©volution française 19e AnnĂ©e, No. 107 (Juillet-Septembre 1947), pp. 218-256  Armand Colin Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41925440
  12. Pierre Cajon, « les anciens propriétaires du château de Chenoise, les Dames de Bellagarde, châtelaines de Chenoise », Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Provins,‎ , p. 53
  13. Acte décès Aurore État civil reconstitué Paris (p. 46/51)

Bibliographie

  • Ernest Daudet, « Les Dames de Bellegarde. MĹ“urs des temps de la RĂ©volution », Revue des Deux Mondes, 1903, p. 570-603, consultable sur wikisource.
  • Ernest Daudet, Le Roman d'un conventionnel : HĂ©rault de SĂ©chelles et les dames de Bellegarde, d'après des documents inĂ©dits, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1904 (2e Ă©dition)
  • AndrĂ© Gilbertas, Adèle de B. : les mĂ©moires d'AdĂ©laĂŻde Victoire de Bellegarde, Les Marches : La Fontaine de SiloĂ©, 1991, 180 p.
  • Jean Marie Jeudy, Femmes et rebelles du 15e au 21e siècle en Savoie, Editions "en train de lire", DFIS, 2007, 200 p.
  • François Vermale, « La Franc-Maçonnerie Savoisienne au dĂ©but de la RĂ©volution et les dames de Bellegarde », Annales RĂ©volutionnaires, III, 1910, p. 39-93.
  • François Vermale, « Les dames de Bellegarde », Annales historiques de la RĂ©volution française, 107, juillet-septembre 1947, p. 218-256.

Annexes

Articles connexes

liens externes

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