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Abri de Katarinaberget

L'abri de Katarinaberget (suédois : Katarinabergets skyddsrum) est un abri antiatomique situé sous la colline Katarina (suédois : Katarinaberget) dans le centre de Stockholm en Suède.

Abri de Katarinaberget
Entrée et sortie de l'abri rue Katarinavägen à Stockholm.
Présentation
Type
Fondation
Localisation
Localisation
Coordonnées
59° 19′ 03″ N, 18° 04′ 27″ E
Carte

Susceptible d'accueillir jusqu'Ă  20 000 personnes, c'est le plus grand des abris antiatomiques de Stockholm destinĂ©s Ă  la population civile. Construit entre 1952 et 1957, c'est aussi lors de son inauguration le plus grand abri antiatomique du monde.

En temps de paix, il est utilisĂ© comme parking souterrain d'une capacitĂ© de 550 places, connu actuellement (2014) sous le nom de P-hus Slussen.

Contexte

Un panneau indiquant la sortie.

Au temps de la guerre froide, le gouvernement suédois craint une attaque nucléaire contre le pays, et a du reste pour ambition la construction de sa propre bombe atomique. Or, il n'y a que peu d'abris antiatomiques à Stockholm. Dans le même temps, la capitale manque de places de stationnement pour accueillir un nombre toujours croissant de véhicules à moteur.

C'est ainsi que dans les annĂ©es 1950 et 1960 voient le jour Ă  Stockholm plusieurs grands abris antiatomiques destinĂ©s Ă  la population civile, qui sont utilisĂ©s en temps de paix comme parkings souterrains. Il s'agit par exemple de l'abri de Klara (superficie 6 650 m2) et de l'abri de Johannes (superficie 7 400 m2). Avec ses 15 900 m2, l'abri de Katarinaberget est toutefois le plus grand de tous[1].

Des installations de taille plus modeste sont Ă©galement crĂ©Ă©es, et ce sont en tout 14 500 abris qui voient le jour avant le dĂ©but des annĂ©es 1990, pour une capacitĂ© d'accueil totale d'environ 1,7 million de places[2]. Chaque projet de construction ou de rĂ©novation d'un immeuble s'accompagne d'une Ă©tude de la commune qui dĂ©cide du nombre de places d'abri Ă  y crĂ©er. Au centre-ville, oĂą la pĂ©nurie est la plus forte, dix-huit stations de mĂ©tro sont Ă©galement amĂ©nagĂ©es pour pouvoir ĂŞtre rapidement transformĂ©es en centres d'accueil d'urgence.

Ă€ l'origine du projet de l'abri de Katarinaberget, on trouve la coopĂ©rative d'automobilistes IC (devenue depuis la chaĂ®ne de stations-services OKQ8, une filiale de Kuwait Petroleum Corporation) qui obtient l'autorisation de construire un parking sous la colline Katarina Ă  condition qu'il puisse ĂŞtre, en cas de conflit, converti en abri antiatomique. La concession d'une durĂ©e de 35 ans accordĂ©e Ă  IC par la ville de Stockholm a depuis Ă©tĂ© renouvelĂ©e[3].

Construction

Les travaux de construction en septembre 1952.

CreusĂ© dans la roche de la colline Katarina, dans le nord de l'ile de Södermalm, l'abri de Katarinaberget est composĂ© pour l'essentiel d'un tunnel sur trois niveaux, qui s'Ă©tend selon un axe nord-sud sur une longueur totale d'environ 400 mètres. Les travaux commencent en 1952 avec le percement de deux galeries de part et d'autre de la masse rocheuse. La jonction est Ă©tablie huit mois plus tard, mais il faut attendre 1957 pour que les travaux s'achèvent[3]. Ce sont en tout 105 000 m3 de roche qui ont Ă©tĂ© extraits, et l'on a coulĂ© 12 000 m3 de bĂ©ton armĂ© de 700 tonnes de barres d'acier[4].

Au moment de son inauguration, l'abri de Katarinaberget est le plus grand abri antiatomique du monde, comme le rapporte le quotidien Expressen dans un encart spécial le [5]. Le gigantesque chantier attire aussi l'attention des médias étrangers : il est évoqué par l'hebdomadaire américain Life en décembre 1955 dans un article intitulé Underground Sweden[6] et dans un documentaire de la BBC en [7].

Photographies historiques

  • Construction de pylĂ´nes en bĂ©ton armĂ© (1955).
    Construction de pylônes en béton armé (1955).
  • Construction du tunnel principal (1955).
    Construction du tunnel principal (1955).
  • Construction de l'escalier de la rue Högbergsgatan (1955).
    Construction de l'escalier de la rue Högbergsgatan (1955).
  • Ouverture de la station-service (1955).
    Ouverture de la station-service (1955).

Description

L'accès rue Högbergsgatan.
L'accès sous la pelouse de la place Mosebacke torg est marqué en rouge.

L'abri a une superficie totale de 15 900 m2 et peut accueillir environ 20 000 personnes, avec 5 000 couchettes. Conçu par l'architecte Allan Werner, il s'enfonce dans la roche Ă  partir de la rue Katarinavägen et s'Ă©tend sous la place Mosebacke torg jusqu'au jardin de Björn (suĂ©dois : Björns trädgĂĄrd). On compte 11 voies d'accès diffĂ©rentes. Les deux principales rejoignent les rues Katarinavägen et Tjärhovsgatan. Une entrĂ©e est Ă©galement dissimulĂ©e derrière trois doubles portes en bĂ©ton situĂ©es au numĂ©ro 31 de la rue Högbergsgatan, sous l'Ă©glise Andreas. Au milieu de la place Mosebacke torg, l'escalier d'accès est quant Ă  lui cachĂ© sous la pelouse - on ne remarque en temps normal qu'un tuyau de ventilation, une grille d'aĂ©ration et le sigle orange et bleu des abris antiatomiques suĂ©dois (voir photographie ci-contre Ă  droite[3]).

En cas de menace imminente, six portes anti-explosions pesant chacune 51 400 kg peuvent ĂŞtre refermĂ©es Ă  l'aide de moteurs Ă©lectriques, de façon Ă  protĂ©ger l'abri du monde extĂ©rieur. Ce mĂ©canisme a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© en 1989 et fonctionnait toujours en 2012. L'abri est aussi Ă©quipĂ© d'une centrale Ă©lectrique de rĂ©serve composĂ©e de sept moteurs diesel pour une puissance de 750 000 watts. Pour maintenir une tempĂ©rature supportable mĂŞme en prĂ©sence de milliers de personnes, on a construit de puissants climatiseurs reliĂ©s Ă  des bassins pouvant contenir 200 tonnes de glace, et un vaste rĂ©seau de renouvellement d'air. Parmi les autres Ă©quipements, on remarque une salle de dĂ©contamination pour l'Ă©limination des retombĂ©es radioactives et – Ă  l'origine – 250 toilettes Ă  eau, remplacĂ©es dans les annĂ©es 1980 par des toilettes sèches[3].

Le site dispose de plusieurs circuits d'eau indĂ©pendants : rĂ©seau communal, eau potable puisĂ©e dans les nappes souterraines et eau non-potable provenant des bassins de climatisation, destinĂ©e Ă  la toilette. Le tout est alimentĂ© et contrĂ´lĂ© par deux salles de machines sur trois niveaux, Ă©galement creusĂ©es dans la roche. Le parking souterrain peut ĂŞtre converti en abri antiatomique en moins de 48 heures.

Depuis 1957, l'abri est utilisĂ© uniquement comme parking souterrain d'une capacitĂ© de 550 places, avec une station-service Ă  l'entrĂ©e rue Katarinavägen. Le parking est aussi accessible depuis la rue Tjärhovsgatan. En 2009, la concession qui liait OKQ8 Ă  la ville de Stockholm a pris fin, et c'est depuis lors la ville elle-mĂŞme (via l'entreprise communale Stockholm parkering) qui assure la gestion du parking, tandis qu'OKQ8 reste le gĂ©rant de la station-service[3].

Photographies contemporaines

  • EntrĂ©e rue Katarinavägen.
    Entrée rue Katarinavägen.
  • Niveau infĂ©rieur.
    Niveau inférieur.
  • Porte antidĂ©flagration.
    Porte antidéflagration.
  • Porte anti-onde de choc.
    Porte anti-onde de choc.
  • Eau potable.
    Eau potable.
  • Climatiseur.
    Climatiseur.
  • Haut-parleurs.
    Haut-parleurs.
  • Volant.
    Volant.

Notes et références

  1. (sv) « Sammanställning av Stockholms Brandförsvars bergrum » [PDF], sur Insyn Sverige (consulté le ).
  2. (sv) « Brist på skyddsrum i Stockholms län », sur Sveriges Radio, (consulté le ).
  3. (sv) Hans Jakobsson. Tidskapseln i Katarinaberget. Fort & Bunker. no 4/2011.
  4. (sv)[image] Panneau d'information sur les lieux.
  5. (sv) Jörgen Einestad et Magnus Gerne, « Världens största atombomb-skyddsrum färdigt », Expressen,‎ (lire en ligne).
  6. (en) « Underground Sweden », Life,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Francis Williams. Panorama - Swedish nuclear defence. BBC. Septembre 1959.

Voir aussi

Article connexe

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