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Abel Rey

Abel Rey ( à Chalon-sur-Saône - décédé à Paris le ) est un philosophe français et historien de la science. À la fois agrégé de philosophie et licencié ès sciences, il est à l'origine de l'Institut Français d'Histoire des Sciences et des Techniques, et l'un des cofondateurs de l'Académie internationale d'histoire des sciences (1928). Il a secondé Henri Berr à la tête du Centre international de synthèse et a largement contribué à maintenir le rythme de publication de cette institution dans l'Entre-deux-guerres.

Abel Rey
Fonction
Professeur d'université (d)
Université de Paris
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  66 ans)
Paris
Nom de naissance
François Abel Rey
Nationalité
Formation
Activités

Biographie

Il étudie à la Sorbonne, à la fois la philosophie sous la direction d’Émile Boutroux, et les mathématiques sous la direction d'Émile Picard et Paul Tannery.

Il obtient la licence ès sciences[1], et réussit l'agrégation de philosophie[2] en 1896. Il enseigne ensuite dans plusieurs lycées de province tout en préparant sa thèse de doctorat (« La Théorie de la physique chez les physiciens contemporains ») sous la direction d’Émile Boutroux. Étudiant, Rey s'est trouvé, comme ses amis Marcel Mauss et François Simiand, disciple de Lévy-Brühl puis partisan du socialiste Hubert Lagardelle[3].

Abel Rey est mobilisé d'août 1914 à mars 1919, durant la Première Guerre mondiale.

Nommé Maître de conférences à la faculté de Dijon, il y crée un laboratoire de psychologie expérimentale[1]. Au début des années 1920, Abel Rey succède à Gaston Milhaud comme professeur d'histoire de la science à la Sorbonne. Par son action dans la politique de recherche du pays, il est à l'origine de l'Institut d'histoire des sciences et des techniques, destiné à promouvoir la coopération entre les sciences et la philosophie. De novembre 1930 à janvier 1940, il est professeur titulaire à titre personnel d'histoire et philosophie des sciences, et contribue à de nombreuses revues académiques (Actualités scientifiques, Revue philosophique, Revue de métaphysique et de morale, etc)[4].

Il a encadré les travaux de thèse de Gaston Bachelard, qui lui succède à la Sorbonne en 1940.

Il est nommé Chevalier de la légion d'honneur en 1931.

Il décède en 1940, toujours en fonctions.

Sa pensée

Abel Rey a lui-même défini[5] sa pensée comme une forme de positivisme absolu. Selon lui, la philosophie ne peut pas apporter de connaissances à la science : aussi devrait-elle se borner à décrire et expliciter les résultats et les méthodes de la science.

Abel Rey se considérait plus comme un scientifique qu'un philosophe au sens positiviste ; mais selon lui, philosophie et science ne diffèrent pas essentiellement : ce sont simplement deux points de vue différents sur la connaissance. Dans ce sens, Rey se sert de l'histoire des sciences pour construire cette philosophie alternative. Jusqu'à Abel Rey, l'histoire des sciences n'était pas séparée de l’histoire générale ; mais philosophie et histoire des sciences sont pour lui une même chose. A. Rey s'oppose également, dans la continuité d'Auguste Comte, aux formes abstraites d'épistémologie détachées de l'évolution historique de la pensée ; en particulier, il combat l'idée d'une « logique des sciences » figée, telle que pouvaient la concevoir des penseurs comme John Stuart Mill, Alexander Bain ou Charles Renouvier[6]. Autre parenté avec la pensée d'Auguste Comte : Rey a assigné à la science une fonction éthique, quasi-religieuse.

Abel Rey s'est principalement consacré aux origines de la science, depuis l'Orient Ancien et l’Égypte (La science dans l’Antiquité, 1930-1933) jusqu'à la période hellénistique. Il observe que science et religion plongent toutes deux leurs racines dans la pensée mythologique et qu'elles conservent, en ce sens, un ressort commun[3]. Comme Henri Bergson (L'Évolution créatrice), Rey voit l'origine de la pensée rationnelle dans le progrès des techniques. La technique n'était pas d'abord distincte des pratiques magiques : elle ne s'en est affranchie qu'à une date ultérieure.

Pour Rey, le discours est un outillage mental propre à l'Homme[1]. Inspiré par des auteurs comme Bergson et Ernst Mach, Rey a tâché d'ériger une théorie biologique, évolutive, de la science et de la discursivité. Les idées sont des moyens employés par l'Homme dans sa lutte avec la Nature. Rey tenait en ce sens pour une forme de psychologisme: l'étude du discours relève de la psychologie et de la sociologie, non de la logique.

Ouvrages

  • L'Ă©nergĂ©tique et le mĂ©canisme au point de vue des conditions de la connaissance, Paris, F. Alcan, (rĂ©impr. 1923).
  • Leçons Ă©lĂ©mentaires de psychologie et de philosophie, E.CornĂ©ly, 1903
  • La thĂ©orie de la physique chez les physiciens contemporains, Ă©d. FĂ©lix Alcan, Paris, 1907
  • La philosophie moderne, Ă©d. Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1908
  • Psychologie, suivie de notions sommaires d'esthĂ©tique, F.Rieder, 1916
  • Logique et morale, suivies de notions sommaires de philosophie gĂ©nĂ©rale, F.Rieder, 1916
  • ElĂ©ments de philosophie scientifique et morale, 1925
  • Le retour Ă©ternel et la philosophie de la physique, Ă©d. Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1927
  • Coup d'Ĺ“il sur la mĂ©decine Ă©gyptienne, 1928
  • La science dans l'antiquitĂ©, dans L'Ă©volution de l'humanitĂ© tomes 1-5
    • La Science orientale avant les Grecs (1930)
    • La jeunesse de la science grecque (1933)
    • La maturitĂ© de la pensĂ©e scientifique en Grèce (1939)
    • L'apogĂ©e de la science technique grecque : les sciences de la nature ; les mathĂ©matiques d'Hippocrate Ă  Platon (1939)
    • L'apogĂ©e de la science technique grecque : l'essor des mathĂ©matiques (posthume, 1946)
  • Les mathĂ©matiques en Grèce, au milieu du Ve siècle, 1935

Notes et références

  1. D'après Anastasios Brenner, « L’épistémologie historique d’Abel Rey », Revue de métaphysique et de morale, vol. 2, no 90,‎ , p. 159-176. (DOI 10.3917/rmm.162.0159., lire en ligne)
  2. Reçu 2e en 1896, d'après André Chervel, « Les Agrégés de l'enseignement secondaire - Répertoire 1809-1960 », (consulté le ).
  3. Jean-François Braunstein, M. Bitbol (dir.) et J. Gayon (dir.), L’épistémologie française, 1830-1970, P.U.F., (ISBN 2130501125), « 7. Abel Rey et les débuts de l’Institut d’histoire des sciences et des techniques (1932-1940) », p. 163-180
  4. Christophe Charle, « 93. Rey (François, Abel) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2,‎ , p. 184–185 (lire en ligne, consulté le )
  5. A. Rey, La Philosophie moderne, Paris, Flammarion,
  6. A. Rey, « Ce que devient la logique », Revue philosophique de la France et de l’étranger, vol. 57,‎ , p. 615.

Voir aussi

Bibliographie

  • Édouard AndrĂ©, « A. Rey, professeur agrĂ©gĂ© de philosophie. — Leçons Ă©lĂ©mentaires de Psychologie et de Philosophie », Paris, Édouard CornĂ©ly, In: Revue internationale de l'enseignement, tome 50, Juillet-DĂ©cembre 1905, p. 367-368, education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1905_num_50_2_5311_t1_0367_0000_2, [lire en ligne]
  • LĂ©on Brunschvicg, « Abel Rey », Thalès, no 4,‎ , p. 7-8
  • Anastasios Brenner, « RĂ©concilier les sciences et les lettres : Le rĂ´le de l'histoire des sciences selon Paul Tannery, Gaston Milhaud et Abel Rey », Revue d'histoire des sciences, vol. 58, no 2,‎ , p. 433-454 (lire en ligne)
  • Dictionary of Scientific Biography, vol. 11, pp. 388–389
  • Christoph J. Scriba, Joseph W. Dauben - Writing the History of Mathematics - Its Historical Development, Ă©d. BirkhaĂĽser Publ., Bâle, 2002

Liens externes

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