Abbaye du Castelas
L’abbaye de Castelas, parfois appelée à tort de Porquerolles, est une ancienne abbaye cistercienne, fondée au XIIe siècle par des cisterciens de l'abbaye du Thoronet. Elle a enduré une histoire particulièrement mal connue et mouvementée (attaques de pirates, changements fréquents d'ordre), due à sa position isolée et insulaire : elle était en effet située sur la pointe du Castelas, dans la partie nord de l'Île du Levant, au large d'Hyères, en Méditerranée.
Abbaye du Castelas | |
Ruines de l'abbaye | |
Nom local | Porquerolles |
---|---|
Diocèse | Diocèse de Fréjus-Toulon |
Fondation | 1199 |
Dissolution | 1791 |
Abbaye-mère | Abbaye du Thoronet |
Lignée de | Abbaye de Cîteaux |
Abbayes-filles | Aucune |
Congrégation | Ordre cistercien |
Période ou style | |
Coordonnées | 43° 02′ 26″ nord, 6° 28′ 49″ est |
Pays | France |
Province | Provence |
Région | Provence-Alpes-Côte d'Azur |
Département | Var |
Commune | Hyères |
Histoire
Fondation
Un monastère est attesté à la pointe du Castelas, et on sait qu'il est daté du XIIe ou du XIIIe siècle[1] - [2]. Certaines sources[3] affirment que le monastère qui s'était établi dans les îles d'Hyères était situé dans celle de Porquerolles, mais cette affirmation n'est pas prouvée, tandis que les ruines de l'île du Levant sont attestées[1]. Sur la carte de Cassini de 1779, le monastère en ruines est indiqué sous le nom « Ruine du Monastère des Moines Noirs »[4] (ce qui est contradictoire, les moines cisterciens ayant une coule blanche ; « les moines noirs » est une appellation qui correspond généralement aux bénédictins).
Premières attaques
Quoi qu'il en soit, il est admis que la fondation de cette abbaye est d'origine cistercienne, et que ce sont les moines du Thoronet qui l'ont fondée, vers 1150[3]. Il est également reconnu que des pirates attaquent l'île très peu de temps après la fondation monastique, pillent l'abbaye et vendent probablement les moines comme esclaves[5].
Nouvelle communauté et conflit
En 1169, des chanoines réguliers de saint Augustin viennent relever les ruines du monastère et se placent sous la responsabilité directe du Pape. En 1198, par plusieurs lettres au pape Innocent III, l'abbé du Thoronet, Hugues (1195-1201), réclame que ces chanoines soient placés sous sa juridiction et que l'abbaye redevienne cistercienne, invoquant tour à tout « l'excessive pauvreté des lieux qui rend impossible tout agrandissement » et le « comportement irrégulier des chanoines et [...] leur désir, sous l'inspiration divine, de revenir à une discipline plus stricte »[5].
Intervention de la hiérarchie ecclésiastique
Le , le pape donne son accord et l'abbé du Thoronet, accompagné de Didier, évêque de Toulon, probablement de Guy de Fos, co-seigneur d'Hyères, et d'une grande foule ; cette affluence impressionne les chanoines, qui acceptent le changement de règle. Mais, dès , six d'entre eux vont trouver l'archevêque d'Arles, Imbert d'Eyguières, justement reconnu comme arbitre impartial dans les conflits entre ordres religieux, et lui exposent qu'ils ont été contraints par la force à ce changement de règle. Imbert les écoute, transmet le dossier au pape, qui tranche par la bulle du : l'abbé du Thoronet est jugé coupable, condamné à six jours de jeûne et quarante jours d'exclusion. En ce qui concerne les religieux, Innocent III souhaite qu'ils ne se parjurent pas en rejetant la règle qui leur a été imposée, mais qu'ils choisissent de se réformer tout en restant dans leur propre règle ; au cas où ils s'en sentiraient incapables, qu'ils soient alors remplacés par des cisterciens, sous contrôle de l'évêque d'Agde (Raimond de Montpellier) et de l'archevêque de Marseille (à cette époque, Rainier). Le monastère reste donc augustinien[5].
En 1214, l'abbaye se voit confier l'hôpital de Saint-Michel à Marseille, mais elle ne le conserve que jusqu'en 1242 ; l'établissement phocéen souffrant d'un manque d'hospitalité, les moines y sont remplacées par des cisterciennes qui y fondent l'abbaye du Mont-Sion[6]. La même année, Foulques est cité comme chanoine du monastère du Castelas. L'année suivante, le prieur est un certain « P. Geoffroy ». En 1227, Rolland est cité comme abbé. En 1233, une nouvelle tentative du Thoronet est faite pour « recevoir in filiam la maison des chanoines de l'île d'Hyères »[2].
Le 10 ou le , les actes du chapitre général des frères de la Pénitence de Jésus-Christ (ou Saccites) montrent une réunion des douze maisons provençales et languedocienne de cet ordre, dont fait partie une abbaye nommée « Porquerolles »[7].
Enfin, en 1268, une charte précise que le monastère des îles a été rattaché à l'église de Toulon[2].
Notes et références
- « Les Chemins de Porquerolles », sur http://www.porquerolles-patrimoine.fr, Les Chemins de Porquerolles (consulté le ).
- Jean-Claude Brenac, « XIIIe siècle », sur http://operabaroque.fr, Le magazine de l'opéra baroque (consulté le ).
- Jean-François Lemoine, Provence, Éditions Jean-Paul Gisserot, , 96 p. (ISBN 9782877477260, lire en ligne), p. 25.
- César-François Cassini de Thury, « Carte de Cassini », sur http://www.porquerolles-patrimoine.fr, Les Chemins de Porquerolles, (consulté le ).
- Patrick Aslanian, « Des moines sur l’île du Levant », sur http://patrick.aslanian.free.fr (consulté le ).
- Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière, Le grand dictionnaire géographique, historique et critique, t. 4, Libraires associés, , 1162 p. (lire en ligne), « Mont-Sion », p. 375.
- Isabelle Rava, « Un recueil provençal d'exempla du XIIIe siècle », Provence historique, vol. 158, , p. 547-551 (ISSN 0033-1856, lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Pierre Brun (dir.), Jean-Marie Guillon, Marc Heller, Michel Pasqualini, Philippe Rigaud et Paul Turc, Les Îles d'Hyères : Fragments d'histoire, Actes Sud, , 173 p. (ISBN 978-2742714797)
- Michel Pasqualini (dir.), Carlo Varaldo (dir.), Pascal Arnaud (dir.), Mireille Pagni (collab.) et David Ollivier, Des îles côte à côte. Histoire du peuplement des îles de l’Antiquité au Moyen Âge (Provence, Alpes-Maritimes, Ligurie, Toscane) : actes de la table ronde de Bordighera, 12-13 décembre 1997. Aix-en-Provence, Association Provence Archéologie & Institut international d’études ligures, , 255 p., p. 143-148, « Le site du Castelas (île du Levant, Hyères) »