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Abbaye de Saint-Urbain

L'abbaye de Saint-Urbain ou abbaye de la Sainte-Trinité est une ancienne abbaye bénédictine d'hommes, située à Saint-Urbain-Maconcourt, dans la Haute-Marne, en région Grand Est (ex-région Champagne-Ardenne).

Abbaye de Saint-Urbain
Image de l'Abbaye de Saint-Urbain

Ordre bénédictin
Fondation 862
Fermeture 1790
Diocèse diocèse de Châlons-en-Champagne
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1947)
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion historique Champagne
département Haute-Marne
Commune Saint-Urbain
CoordonnĂ©es 48° 24′ 02″ nord, 5° 11′ 09″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Marne
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Abbaye de Saint-Urbain
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Abbaye de Saint-Urbain
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Abbaye de Saint-Urbain

Histoire

Fondation de l'abbaye Ă  l'Ă©poque carolingienne

Elle aurait été fondée sous le nom d'abbaye de la Sainte-Trinité par Charlemagne au lieu-dit alors Villars-en-Perthois (Villare in pago Perthensi)

Mais son réel fondateur serait plus probablement Erchenraud, évêque de Châlons et peut-être né en ce lieu, qui aurait donné vers 862 à cette abbaye des reliques du pape Saint-Urbain tirées de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Un moine dénommé Héric ayant rapporté avoir été témoin de plusieurs miracles liés à ces reliques, l'abbaye commence à porter le nom de Saint-Urbain.

Vers la mĂŞme Ă©poque, l'empereur Charles le Chauve fit diverses gratifications Ă  l'abbaye Ă  la demande d'Erchenraud, ainsi que le roi Lothaire.

L'abbaye reconnait ces quatre personnages comme fondateurs, qu'elle honorera en les représentant sur les quatre piliers du jubé de l'église abbatiale lors de sa restauration après les ruines dues aux guerres du XVIe siècle avec cette inscription : lcy sont les quatre fondateurs de la maison et église de céans, et prend donc le titre d'abbaye royale.

L'abbaye entre destruction et restauration

Les comtes de Bar, les seigneurs de Dampierre et surtout les seigneurs de Joinville sont également les bienfaiteurs de cette abbaye, même si ces derniers eurent plusieurs différends avec l'abbaye par la suite. L'abbaye avait en effet accepté de prendre les sires de Joinville comme avoués (ou protecteurs), mais ceux-ci auraient tenté de transformer leur avouerie ou suzeraineté. Cette querelle dura plusieurs siècles et nécessita l'intervention du pape.

Outre les reliques de Saint-Urbain, l'abbaye aurait possédé également des reliques de Saint-Epiphane, évêque de Salamine en Chypre, de Saint-Amand, évêque d'Utrecht, de Saint-Sacerdos, de Saint-Artème, de Saint-Bercaire, de Saint Anatole et de Sainte-Ménehould.

Vers 1323, l'abbaye fut saccagée par des bandes armées et les reliques durent être déplacées à l'église de Chaumont. Afin de protéger les religieux, le pape déclara dans une bulle spéciale en 1324 que l'abbaye était placée sous sa protection. Afin de rebâtir leur abbaye, les moines redoublèrent d'exigence envers leurs sujets et les habitants de Saint-Urbain se révoltèrent et assaillirent l'abbaye. Les officiers du roi durent intervenir pour rétablir l'ordre et l'abbaye, qui ne possédait que deux grosses tours, fut alors fortifiée.

En 1429, l'abbé Arnoult d'Aulnoy reçoit Jeanne d'Arc et son escorte lorsqu'elle quitte Vaucouleurs pour aller trouver le roi de France.

En 1440, l'abbaye fut ravagée par le comte de Vaudémont, mais le roi de France Charles VII permit aux religieux de rebâtir leur monastère.

Époque moderne, la réforme de Saint-Vannes introduite à l'abbaye

À partir 1568, l'abbaye est ruinée plusieurs fois par les protestants.

En 1648, la réforme de Saint-Vannes est introduite à l'abbaye de Saint-Urbain et lui rend la régularité dont elle avait besoin après ses désastres et l'abandon fréquent de ses abbés commendataires.

En 1763, le nombre de religieux est d'environ vingt moines.

L'abbaye comprenait un collège où l'on enseignait les humanités et qui compta parmi ses disciples Nicolas Furgault, helléniste célèbre.

Époque contemporaine, disparition de l'abbaye

Lors de la Révolution française, l'abbaye fut déclarée Bien national, à la suppression des ordres réguliers. L'église abbatiale fut détruite. Les bâtiments du monastère ont été en partie conservés, mais il n'en reste que peu de chose de nos jours. Différents vestiges sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 15 septembre 1947[1].

Liste des abbés

  • Adacus ou Idacus, abbĂ© vers l'an 1000.
  • B..., abbĂ© vers l'an 1018.
  • Richard, abbĂ© de Saint-Vannes de Verdun et qui administre aussi l'abbaye de Saint-Urbain jusqu'Ă  sa mort en 1046
  • Etienne, assista en 1049 au Concile de Reims et gouvernait encore en 1078. Il composa la vie de Saint-Memmie, Ă©vĂŞque de Châlons.
  • Adalric, dit aussi Odolric, OdĂ©ric ou Olric, abbĂ© en 1104 et 1116.
  • Hugues Ier, moine de Saint-BĂ©nigne de Dijon, que Saint Bernard appelle homme de bien, abbĂ© en 1121 et dĂ©cĂ©dĂ© avant 1126.
  • Hugues II, abbĂ© en 1131 , oĂą il reçoit du pape Innocent II une bulle de protection pour l'abbaye et en 1132.
  • Ayrard Ier, abbĂ© en 1134.
  • Pierre Ier, abbĂ© en 1137 et 1146. Il reçut la ratification et confirmation des donations faites auparavant Ă  l'abbaye par Charles le Chauve, Charlemagne et Lothaire, rĂ©gla un diffĂ©rend entre l'abbaye et les religieuses du Val-d'Osne, avec l'agrĂ©ment de Girard, abbĂ© de Molesme, Ă  qui elles Ă©taient soumises. Il fit bâtir une nouvelle Ă©glise en place de l'ancienne, dĂ©diĂ©e Ă  la Sainte-TrinitĂ©, oĂą reliques furent transfĂ©rĂ©es en 1140.
  • Ayrard II, dit aussi Airalde ou Aralde, abbĂ© en 1151 et 1157.
  • Martin, abbĂ© en 1168 et 1183. Il obtint en 1181 de Guy, Ă©vĂŞque de Châlons-sur-Marne, une sentence contre Pierre, chapelain de Joinville.
  • Gauthier, abbĂ© en 1193 et 1221 . Il est probable qu'il y eut deux abbĂ©s de ce nom, mais on ignore l'Ă©poque oĂą le second gouvernait.
  • Geoffroy Ier, abbĂ© en 1233 et 1237. Il gouvernait dĂ©jĂ  en 1231 en qualitĂ© d'abbĂ© de Saint-Evre de Toul et d'administrateur de l'abbaye de Saint-Urbain. Toutefois il n'est pas absolument certain qu'il s'agisse ici du mĂŞme Geoffroy.
  • Adam, abbĂ© en 1240 et 1258. Il donna en 1240 Ă  Jean, sire de Joinville et Ă  ses chevaliers, une grande quantitĂ© de beaux joyaux, lors de son dĂ©part pour la croisade.
  • Geoffroy II, abbĂ© en 1263, Ă©poque oĂą il est qualifiĂ© du titre de chapelain du pape en plusieurs chartes. Il est encore appelĂ© abbĂ© de Saint-Urbain dans une charte de 1273 de Jean, sire de Joinville, mais alors il vivait retirĂ© au monastère de Saint-Urbain comme simple religieux. Geoffroy II dĂ©fendit vaillamment les droits de l'abbaye contre les prĂ©tentions de ce sire de Joinville, mĂŞme en 1295 longtemps après avoir rĂ©signĂ© la charge abbatiale.
  • Jacques Ier, abbĂ© en 1269 et 1282. Il dut rĂ©signer au suivant, son neveu.
  • Jacques II, abbĂ© en 1285 et jusqu'Ă  sa mort en 1301. Il Ă©rigea en 1291 la chapelle Saint-Sauveur dans la maison-Dieu de l'aumĂ´nerie de Saint-Urbain, par reconnaissance pour les services rendus Ă  l'abbaye par son prĂ©dĂ©cesseur Jacques {Ier} pour le salut de son âme.
  • Jean Ier de Saint-Dizier, Ă©lu abbĂ© en 1301 et qui gouvernait encore en 1329. Sous son administration, l'abbaye fut saccagĂ©e en 1323, et les reliques ont du ĂŞtre dĂ©placĂ©e au château de Chaumont. En 1327, il fĂ®t une transaction avec le prieur d'Epineuseval.
  • Thibaut de MontfĂ©lix, abbĂ© en 1331 et 1351. Il conclut en 1343 un arrangement avec Agnès, abbesse de BenoĂ®tevaux.
  • Simon Ier, abbĂ© en 1358 et 1360.
  • Guy, abbĂ© en 1368 et 1369. Il donna une charte d'affranchissement aux habitants de Fronville (cet abbĂ© n'est pas mentionnĂ© par les auteurs du Gallia Christiana).
  • Simon II de Chaumont. Il est Ă©vincĂ© en 1396 et est obligĂ© de cĂ©der sa charge.
  • Dominique d'Augeville, abbĂ© en 1396.
  • Jean II de Nanteuil, abbĂ© en 1403 et 1404. Il est dĂ©jĂ  citĂ© comme abbĂ© dans un acte de 1390.
  • Arnoult d'Aulnoy, abbĂ© en 1427 et jusqu'Ă  sa mort en 1439. Il reçut Jeanne d'Arc après qu'elle quitte Vaucouleurs pour aller trouver le roi de France.
  • Jean III Guyot, abbĂ© en 1439 et 1457. Il dut subir les attaque du comte de VaudĂ©mont. En 1456, le cardinal Alain, lĂ©gat du pape Calixte, confĂ©ra Ă  l'abbĂ© de Saint-Urbain le droit de porter les insignes Ă©piscopaux, l'abbaye de ce nom Ă©tant rĂ©putĂ©e l'une des douze plus cĂ©lèbres de la France.
  • Jean IV du Châtelet, abbĂ© en 1468 et 1494.
  • Robert de Lenoncourt, premier abbĂ© commendataire en 1502 et 1530. Il devint archevĂŞque de Tours, puis de Reims.
  • Charles de Lorraine, cardinal-archevĂŞque de Reims, abbĂ© commendataire.
  • Louis Ier de Lorraine, archevĂŞque de Reims, abbĂ© commendataire de 1578 Ă  1588. Puis, durant une vacance de cinq ou six ans, l'abbaye fut administrĂ©e par Jean Courtin, qui en Ă©tait Ă©conome en 1594.
  • Louis II de Lorraine, archevĂŞque de Reims, abbĂ© commendataire de 1596 Ă  1618, oĂą il permute avec le suivant pour l'Abbaye de Chaalis.
  • Achille de Harlay de Sancy (ancien abbĂ© de Chaalis), abbĂ© commendataire de 1618 Ă  1628, mais il quitte la clĂ©ricature pour se marier et rĂ©signe pour son frère.
  • Christophe-Auguste de Harlay, abbĂ© commendataire en 1628 et 1639 ; il perdit ensuite sa charge en rentrant dans le siècle pour Ă©pouser Françoise-Charlotte de Thon.
  • Michel Ier Tubeuf, conseiller et aumĂ´nier du roi, abbĂ© commendataire en 1643 et jusqu'en 1655 oĂą il rĂ©signe. Cet abbĂ©, peu aimĂ© des religieux de Saint-Urbain, devint Ă©vĂŞque de Saint-Pons, puis de Castres, et mourut en 1682.
  • Michel II RĂ©vĂ©rend de Bougy, abbĂ© commendataire de 1655 Ă  1681 oĂą il meurt et est inhumĂ© au Mont-ValĂ©rien près de Paris. Cet abbĂ©, qui se rendit très-odieux par ses duretĂ©s et ses violences contre les religieux, s'il faut en croire les papiers de l'abbaye, agrĂ©gea le monastère Ă  la congrĂ©gation de Saint-Vannes, Ĺ“uvre qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© entreprise par son prĂ©dĂ©cesseur en 1648 et 1653.
  • Jean-Baptiste-Thomas Hue de la Roque de Miromesnil, chanoine de Paris, abbĂ© commendataire de 1681 Ă  1732 oĂą il meurt.
  • Emmanuel-Henri-TimolĂ©on de CossĂ©-Brissac , abbĂ© commendataire de 1732 Ă  1758 oĂą il meurt, Ă©tant Ă©vĂŞque de Condom.
  • Pierre II du Caylar, Ă©vĂŞque de Digne, abbĂ© commendataire en 1758 et 1781. Sous son administration le maĂ®tre-autel de l'Ă©glise abbatiale fut dĂ©placĂ©, ainsi que les saintes reliques. L'abbaye de Saint-Urbain se trouvait vacante en 1789, probablement après la mort de Pierre du Caylar, qui dut ĂŞtre le dernier abbĂ©.

Sources

  • L'abbĂ© Roussel, Le diocèse de Langres : histoire et statistique, 1875.
  • Émile Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, 1858.

Notes et références

  1. « Notice n°PA00079235 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi

Articles connexes

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