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Abbaye de Lannoy

L'abbaye de Lannoy ou abbaye de Briostel est une ancienne abbaye d'abord bénédictine puis cistercienne située sur la commune de Roy-Boissy dans le département de l'Oise en Picardie. Les bâtiments subsistant font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques : l'ancien hôtel abbatial depuis 1988 et les anciens bâtiments conventuels, la ferme et l'ancien moulin depuis 2002.

Abbaye Notre-Dame de Lannoy
image de l'abbaye
Plan de l'abbaye reconstituée en 1775

Nom local Abbaye de Lannoy ou Briotel
Diocèse Beauvais
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CCLVIII (258)
Fondation 1135
Origine religieuse Bénédictine
Cistercien depuis 1147
Dissolution 1790
Abbaye-mère Abbaye de Beaubec
Lignée de Clairvaux
Congrégation Congrégation de Savigny
PĂ©riode ou style Architecture gothique, Architecture Renaissance, Architecture classique
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1988, 2002)

CoordonnĂ©es 49° 35′ 29″ nord, 1° 54′ 43″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
DĂ©partement Oise
Commune Roy-Boissy
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Notre-Dame de Lannoy
GĂ©olocalisation sur la carte : Oise
(Voir situation sur carte : Oise)
Abbaye Notre-Dame de Lannoy

Histoire de l'abbaye

La fondation

L'abbaye est sans doute fondée à la suite de la donation de deux petits seigneurs implantés en limite de la Picardie et de la Normandie. La première donation intervient en 1135, par Lambert de Bretizel, qui donne une terre sur la paroisse de Briotel, aujourd'hui Briot (Oise) au lieu-dit actuel d'Écorchevache, ainsi qu'une métairie située à Thieuloy (actuel Thieuloy-Saint-Antoine). Guillaume Bisette, son suzerain, confirme la fondation la même année par la donation de la moitié des terres de la paroisse de Briotel, ainsi qu'un quart de sa dîme et le cimetière de Marseille-en-Beauvaisis. Dès l'année suivante, un autre don est réalisé par trois frères, Bernier de Clermont, Ansoud et Hubert de Ronquerolles, issus d'une branche des comtes de Clermont, qui consiste en l'autre moitié de la paroisse. Au même moment, Simon de Bertelincourt et Nanteuil de Gaudechart donnent les terres de la paroisse de Thieuloy et d'une partie de Saint-Maur. Une communauté de douze moines, dirigé par l'abbé Osmond, vient s'installer au lieu-dit, venant de l'abbaye de Beaubec, fondée en 1128 en Normandie, qui elle-même est une dépendance de l'abbaye bénédictine de Savigny[2].

Déplacement et changement de règle

Les lieux de la première fondation se révélant insalubres, la communauté s'installe en 1137 dans la vallée du Petit Thérain, au lieu-dit Lannoy, à l'endroit d'un moulin, à la suite d'une donation du seigneur Mathieu de Ply (actuelle commune de Thérines), L'abbaye prend alors le nom de Notre-Dame de L'Aunoie, qui devient Lannoy, même si elle continue à se faire appeler parfois Briostel. À la mort d'Osmond en 1139, un nouvel abbé est désigné parmi la communauté en la personne d'Hugues, qui contribue à multiplier les donations de terres à l'abbaye par les petits seigneurs des alentours. Il obtient à plusieurs reprises la protection de la fondation par l'évêque de Beauvais[3].

En 1147, au début de l'abbatiat de Guillaume Ier, l'ensemble de la congrégation de Savigny passe de l'ordre de Cluny à l'ordre de Cîteaux. Lannoy se met alors à suivre la règle cistercienne[4]. Après de nombreuses donations, l'abbé Guillaume obtient en 1162 du roi Louis VII sa protection et son exemption de toute justice séculière. Cette exemption est confirmée l'année suivante par une bulle du pape Alexandre III[5]. Pendant toute la période, jusqu'au début du XIIIe siècle, les donations et échanges de terres et de droits se multiplient. Ainsi, par exemple, l'abbaye acquiert une maison à Beauvais en 1191, à l'angle de la rue des Jacobins et du Grenier à sel, qui devient par la suite l'hôtel de Lannoy[6].

Les donations étant de plus en plus éloignées de l'abbaye, des granges sont alors organisées, pour l’exploitation de ses terres. Elles sont ainsi installées à Montreuil-sur-Therain, à Orsimont, à Montceaux dit l'abbaye, à Monperthuis, à Halloy et à Thieuloy. Elles sont alors exploitées en faire-valoir direct, à la fois par des moines convers et par des serviteurs[7]. Au début du XIVe siècle, les moines encouragent l'installation de métayers pour l'exploitation de leurs terres. Ceux-ci s'installent dans de nouveaux villages tels que celui d'Halloy, érigé en paroisse par lettre de fondation de l'évêque d'Amiens en 1307[8]. En 1362, c'est au tour de Saint-Maur de recevoir un curé[9].

Déclin et régime de commende

À la fin du XIVe siècle et dans le courant du siècle suivant, les propriétés de l'abbaye subissent de nombreux dégâts à l'occasion des combats de la guerre de Cent Ans. Les revenus de l'abbaye déclinent alors fortement. En 1528, un certain Jean de Sarcus, gouverneur de Hesdin, tente de faire élire par la force son fils à la tête de l'abbaye. Mis en échec, son fils parvient à ses fins en 1536 en obtenant de François Ier le titre d'abbé commendataire de l'abbaye à la mort du dernier abbé régulier. Charles de Montmorency, deuxième abbé commendataire, se fait construire un logis abbatial en face des bâtiments de l'abbaye[10]. Le , l'abbaye et ses dépendances sont entièrement saccagées par les troupes huguenotes sous la conduite de Charles de Gontaut-Biron[11]. En 1594, le nouvel abbé commendataire afferme en bloc les propriétés de l'abbaye à un fermier, à charge pour celui-ci de financer par ses revenus le fonctionnement de l'abbaye et la vie de ses moines, ainsi que les revenus de l'abbé[12]. Ce mode de gestion se perpétue jusqu'à la Révolution.

En 1658, l'abbatiale, tant bien que mal restaurĂ©e Ă  la suite des saccages de 1592, voit s'effondrer ses voĂ»tes ainsi que le mur et les bas-cĂ´tĂ©s gauche. La restauration qui s'ensuit consiste en la destruction de la majeure partie de la nef, jusqu'alors longue de 37 m, ne conservant qu'une seule travĂ©e ainsi que le transept et le chĹ“ur. La communautĂ© ne compte alors que 12 moines[13].

En 1662, la réforme de l'étroite observance est imposée de force par ordonnance royale à la communauté de cinq moines, auxquels sont adjoints douze nouveaux membres[14]. Le nouvel abbé commendataire nommé en 1663, Claude Séguin, encourage cette réforme. En effet, cet ancien médecin du roi Louis XIII est envoyé, à sa demande, en retraite du monde à Lannoy à la suite du décès de sa femme. Il suit la même vie monacale que ses moines et fait ainsi reconstruire son hôtel abbatial pour l'aménager en cellule. Il fait reconstruire l'ensemble des bâtiments conventuels : salle capitulaire, dortoir, réfectoire, cloître et clôture de l'abbaye. Il fait embellir par ailleurs l'église abbatiale[15].

La grande tempĂŞte de 1705 dĂ©truit partiellement le logis abbatial et l'Ă©glise. Ils sont rapidement reconstruits. Des inondations du Petit ThĂ©rain entraĂ®nent en 1743 puis en 1746 la destruction du pont, du moulin et du mur d'enceinte. Leur reconstruction partielle grève gravement les revenus de l'abbaye. Dans les annĂ©es 1770, le grand maĂ®tre des eaux et forĂŞts de Picardie, nouveau gestionnaire des biens de l'abbaye, fait construire une maison de justice pour abriter les audiences de justice seigneuriale locale, mais aussi des annexes Ă  l'hĂ´tel abbatial[16]. En 1790, Ă  la fermeture de l'abbaye, il reste encore 8 religieux sur place. Le , les bâtiments sont vendus comme biens nationaux, rĂ©partis en quatre lots : l'hĂ´tel abbatial (8 125 livres), la maison conventuelle (20 300 livres), la ferme (6 800 livres) et le moulin (15 400 livres)[17]. L'abbatiale est vendue Ă  dĂ©molir en 1810[18].

Abbés réguliers

  • 1135-1139 : Osmond
  • 1139-1147 : Hugues
  • 1147-1166 : Guillaume Ier
  • 1166-1180 : Raoul
  • 1180-1184 (?) : Roger Ier
  • 1185-1190 (?) : Odon ou Eudes
  • 1190-1196 : Philippe
  • 1196-1203 : Renaud
  • 1203-1205 : Jean Ier
  • 1205-1208 : Robert
  • 1208-1211 : Roger II
  • 1211-1223 : Guillaume II de Châtillon
  • 1223-1226 (?) : Simon
  • 1227-1228 : Joscelin
  • 1229-1251 : Pierre Ier
  • 1251-1262 : Gilbert
  • 1262-1274 : Pierre II
  • 1274-1280 : Guillaume III
  • 1280-1309 : Jean II
  • 1309-1317 : Pierre III
  • 1318-1335 (?) : Richard
  • 1335-vers 1350 : Martin
  • 1350-1366 : Guillaume IV
  • 1366-1382 : Isambart
  • 1382-1410 : Simon de la Haye
  • 1410-vers 1420 : Pierre IV du Fresne
  • 1420-1432 : Henri
  • 1432-1448 : Jean III
  • 1448-1466 : Pierre V Pipon
  • 1466-1480 : Antoine de Mets
  • 1480-1512 : Jean IV Asseline
  • 1512-1528 : Christophe de Bonnière
  • 1528-1536 : François de Fresne

Abbés commendataires

  • 1536-1556 : Jean de Sarcus
  • 1556-1592 : Charles de Montmorency
  • 1592-1623 : François de Montmorency
  • 1623-1647 : Philippe de Montmorency
  • 1647-1663 : Claude de Bourdeille
  • 1663-1681 : Claude SĂ©guin
  • 1681-1699 : Charles-Marie de Choiseul-BeauprĂ©
  • 1699-1719 : Charles Le Bourg de Montmorel
  • 1721-1743 : Pierre Bernay de Favancourt
  • 1743-1781 : Jean-Baptiste de La Rue de Lannoy
  • 1781-1792 : Louis-Paul de MaulĂ©on

Architecture

L'ancienne abbaye

Le bâtiment, tel que dĂ©crit Ă  la fin du XVIIIe siècle, Ă©tait entourĂ© d'un mur d'enceinte construit en 1666. Les bâtiments conventuels, restaurĂ©s et transformĂ©s en 1658 mais aussi en 1670 et 1710, formaient un quadrilatère collĂ© Ă  l'abbatiale et formant ainsi un cloĂ®tre en leur centre. L'Ă©glise, Ă©difiĂ©e principalement dans la seconde moitiĂ© du XIIe siècle, avait la forme d'une croix latine, avec un chĹ“ur long de 21 mètres sur m de large, un transept de 30 m de long et une nef de 37 m de long avant sa destruction en 1658. La voĂ»te atteignait la hauteur de 18 m. L'ensemble Ă©tait de style gothique. Le chĹ“ur s'ouvrait sur cinq chapelles rayonnantes[19]. Le maĂ®tre-autel de l'abbatiale se trouve dĂ©sormais dans l'Ă©glise de Saint-Maur.

Les bâtiments actuels

On peut toujours voir sur place l'ancien logis abbatial, construit par l'abbé commendataire à la fin du XVIe siècle. Il a été en grande partie reconstruit dans les années 1660-1670. La remise, une ancienne étable et une laiterie et le colombier ont été construits dans les années 1770[20]. Le bâtiment abbatial pour ses façades et toitures, les communs, hors ceux du XXe siècle, les jardins et leur grille ainsi que les terrasses sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du [21].

Les bâtiments conventuels subsistant datent principalement des XVIIe et XVIIIe siècles. On trouve à proximité l'ancienne maison de justice. Ce dernier bâtiment, construit dans les années 1770, comprenait autrefois deux pièces : une salle d'audience et une salle du conseil[20]. L'ensemble a fait l'objet d'une restauration[22]. Ces bâtiments, ainsi que la maison de justice, sont inscrits par arrêté du [21], tout comme l'ancienne ferme de l'abbaye, dite de la Basse-Cour[18], qui a fait l'objet d'une réhabilitation en 2010[23] et l'ancien moulin sur le Petit Thérain.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Eudore Deladreue, « Histoire de l'abbaye de Lannoy, ordre de CĂ®teaux [reconstitution de 80 actes] », MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique d'archĂ©ologie, sciences et arts du dĂ©partement de l'Oise, t. 10,‎ 1878-1879, p. 405-484, 569-696 (lire en ligne) et t. 11, 1880-1882, p. 156-236 et 289-448
  • Florence Charpentier et Xavier Daugy, Sur le Chemin des abbayes de Picardie : Histoire des abbayes picardes des origines Ă  nos jours, Amiens, Encrage, coll. « Hier », , 286 p., poche (ISBN 978-2-911576-83-6), p. 183-186

Articles connexes

Liens externes

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