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Étiopathie

L'étiopathie est une pratique thérapeutique non conventionnelle née en France, proche de l'ostéopathie et de la chiropratique, qui s'inscrit dans la tradition des rebouteux. Quatre écoles privées en France délivrent des diplÎmes d'étiopathe[1].

Un cabinet d'Ă©tiopathie

Il n'existe pas actuellement de preuve scientifique de l'efficacité de l'étiopathie dans aucune indication. D'aprÚs l'Inserm[2] :

« On ne peut donc pas juger de la balance bĂ©nĂ©fice/risque de la pratique. Mais comme pour toute pratique manuelle, des Ă©vĂšnements indĂ©sirables rares mais graves tels que des accidents vasculaires peuvent survenir lors de manipulations cervicales. Il convient donc d’ĂȘtre vigilant. »

D'aprĂšs l'Inserm, citĂ© par France Info en 2018, les sources « n’ont pas permis d’identifier d’études apportant des donnĂ©es probantes quant Ă  la validitĂ©Ì du diagnostic Ă©tiopathique ou Ă  l’efficacitĂ©Ì thĂ©rapeutique ou Ă  la sĂ©curitĂ©Ì de l’étiopathie »[3].

En France, l'étiopathie a fait l'objet, en 2010, d'un rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires[4], qui dit que :

« l'Ă©tiopathie et la formation qu’elle dispense rĂ©pandent sur le marchĂ© des PNCAVT (Pratiques non conventionnelles Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique), dans le meilleur des cas, des flopĂ©es de nĂ©o-rebouteux-guĂ©risseurs plus ou moins compĂ©tents et conscients de leurs limites et, dans des situations nettement plus prĂ©occupantes, des cohortes de mĂ©decins imaginaires passibles de poursuites pour exercice illĂ©gal d’une profession de santĂ© et dangereux pour les personnes qui se confient Ă  eux, tout cela avec un discours et un univers mental qui peuvent laisser craindre des dĂ©rives sectaires de la part de certains praticiens. »

DĂ©finition

Du grec « aitia », cause, et « pathos », souffrance, l'étiopathie est une méthode d'analyse des pathologies et de traitement manuel qui se revendique basée sur l'approche systémique du corps humain[5].

Son fondateur Christian Trédaniel (1934-2011) décrit sa technique comme une « science qui s'attache à déterminer les causes des maladies pour les éliminer ».

En paraßt la premiÚre édition des Principes fondamentaux pour une médecine étiopathique de Christian Trédaniel[6], rééditée de nombreuses fois.

Conception générale de l'étiopathie

L'étiopathie repose sur le principe de causalité adapté au vivant, suivant lequel l'identification de la cause d'un symptÎme permettrait le traitement ou l'auto-traitement[7].

Formation

EntrĂ©e de la FacultĂ© libre d’étiopathie de Lyon.

L'Ă©tiopathie n'est pas rĂ©glementĂ©e en France contrairement Ă  l'ostĂ©opathie. Actuellement, le diplĂŽme d’étiopathe est dĂ©livrĂ© uniquement en France dans quatre Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur privĂ©, non reconnus par l'Etat qui sont :

  • La FacultĂ© libre d’étiopathie de Paris ‐ FLEP (fondĂ©e en 1979),
  • La FacultĂ© libre d’étiopathie de Bretagne Ă  Rennes ‐ FLEB (fondĂ©e en 1986),
  • La FacultĂ© libre d’étiopathie de Toulouse ‐ FLET (fondĂ©e en 1996),
  • La FacultĂ© libre d’étiopathie de Lyon ‐ FLEL (fondĂ©e en 2004).

D'aprĂšs la MIVILUDES, « l’enseignement de l’étiopathie, qui aboutit Ă  une PNCAVT qui dĂ©clare obtenir des guĂ©risons uniquement « Ă  la main », est assurĂ© par un rĂ©seau de quatre facultĂ©s libres qui s’en rĂ©servent l’exclusivitĂ©. [
] Six annĂ©es pour devenir Ă©tiopathe, cinq mille heures d’études, un coĂ»t de 30 000 € pour accĂ©der Ă  une profession qui, en rĂ©alitĂ©, n’est reconnue que par son crĂ©ateur et par ceux qui l’enseignent et la pratiquent. NĂ©anmoins, sur le site officiel de l’étiopathie, cette formation est prĂ©sentĂ©e sous l’apparence d’un vĂ©ritable cursus mĂ©dical scientifique, de nature Ă  faire illusion auprĂšs des Ă©tudiants ou futurs Ă©tudiants »[8].

Prise en charge

En France, l'Ă©tiopathie n'Ă©tant pas considĂ©rĂ©e comme une mĂ©decine, et n'ayant pas dĂ©montrĂ© son intĂ©rĂȘt, elle n'est pas prise en charge par la SĂ©curitĂ© sociale. Cependant, certaines mutuelles remboursent l'Ă©tiopathie, comme d'autres pseudo-mĂ©decines[9].

Statut de l'Ă©tiopathie

En France, l'Ă©tiopathie n'est pas reconnue officiellement et ne bĂ©nĂ©ficie d'aucun encadrement lĂ©gal. Cette thĂ©rapie n'est pas visĂ©e par les lois et dĂ©crets de 2007 et 2012, au contraire de l'ostĂ©opathie et de la chiropraxie. Actuellement les Ă©tiopathes ne bĂ©nĂ©ficient d'aucune obligation lĂ©gale d'assurance, et ne sont soumis Ă  aucun code de dĂ©ontologie validĂ© par l’État.

Critiques

Dans le rapport de la Miviludes, plusieurs questions sont posées au sujet de l'étiopathie sur le plan des preuves scientifiques ainsi que sur la formation permettant d'accéder à une profession qui, en réalité, n'est reconnue que par son créateur et par ceux qui l'enseignent et la pratiquent[8].

Le rapport de l'INSERM Évaluation de l’efficacitĂ© et de la sĂ©curitĂ© de l’étiopathie[10] publiĂ© en conclut : "Le manque d’études et l’absence de preuves scientifiques ne permettent pas de confirmer ou d’affirmer l’intĂ©rĂȘt du recours Ă  l’étiopathie dans au moins une de ses indications ni de s’assurer de la sĂ©curitĂ© de la pratique. On ne peut donc pas juger de la balance bĂ©nĂ©fice/risque de la pratique."

Certains étiopathes ont été attaqués en justice pour exercice illégal de la médecine à plusieurs reprises, à l'exemple de Jean-Paul Moureau qui l'a été trois fois au cours de l'exercice de sa profession[11].

Notoriété

Une partie de la notoriété de la méthode vient du fait que l'ancien président Nicolas Sarkozy y avait recours[12].

De plus, en , certains parlementaires français questionnent la ministre chargĂ©e des Affaires sociales et de la SantĂ© pour faire reconnaĂźtre l'Ă©tiopathie comme une mĂ©thode de soins Ă  part entiĂšre, qui rĂ©pond : « Ce n'est que lorsque le bĂ©nĂ©fice de telle ou telle pratique sera scientifiquement dĂ©montrĂ© que celle-ci pourra justifier d'une inscription dans notre systĂšme de santĂ©. À l'heure actuelle, l'Ă©valuation de l'Ă©tiopathie n'est pas encore au programme d'Ă©valuation du groupe d'appui sur les pratiques non conventionnelles »[13] - [14] - [15].

Notes et références

  1. Gilles Mondoloni, Le Guide de l'ostĂ©opathie : Édition 2017, Odile Jacob, , 192 p.
  2. Évaluation de l’efficacitĂ© et de la sĂ©curitĂ© de l’étiopathie, Inserm, Septembre 2018
  3. L’étiopathie : aucune efficacitĂ© dĂ©montrĂ©e, alerte l’Inserm, France TV info, 8 octobre 2018
  4. MIVILUDES, Rapport au Premier ministre, 2010
  5. Tout savoir sur l'étiopathie, Institut français d'étiopathie
  6. Christian TrĂ©daniel, Principes fondamentaux pour une mĂ©decine Ă©tiopathique, Éditions de la Maisnie, 1979, 178 p. (OCLC 417345541)
  7. Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin, Tout ce que vous n'avez jamais voulu savoir sur le thérapies manuelles, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, coll. « Points de vue et débats scientifiques », 308 p. (ISBN 978-2-7061-1858-6)
  8. https://www.derives-sectes.gouv.fr/sites/default/files/publications/francais/ra2010_mise_en_ligne.pdf p. 165 Ă  p. 182
  9. « Étiopathe et mutuelles en France »
  10. https://www.inserm.fr/sites/default/files/2018-09/Inserm_RapportThematique_Efficacit%C3%A9Etiopathie_2018_1.pdf
  11. Philibert Humm, « Jean-Paul Moureau soigne sa rĂ©putation : L'Ă©tiopathe des stars et du tout-politique dĂ©fend dans un livre cette mĂ©decine alternative », Paris Match,‎ (lire en ligne)
  12. Prisma Média, « Nicolas Sarkozy face à son psy - Gala », sur Gala.fr (consulté le )
  13. « Question écrite de M. Philippe Gosselin (Union pour un Mouvement Populaire - Manche), question no 41708 », sur questions.assemblee-nationale.fr, (consulté le )
  14. « Question écrite no de M. Ronan Kerdraon, sénateur socialiste des CÎtes-d'Armor | Reconnaissance des étiopathes », sur www.senat.fr/questions, (consulté le )
  15. « Étiopathie - SĂ©nat », sur www.senat.fr (consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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