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Étienne Maniald

Étienne Maniald, né vers 1535 à Clairac et mort vers 1599 à Bordeaux, est à la fois médecin, poète, littérateur et helléniste français. Il fait partie des humanistes bordelais du XVIe siècle.

Étienne Maniald
Naissance vers 1535
Clairac
Décès
Bordeaux
Nationalité français
Pays de résidence France
Profession
médecin, poète
Signature de Étienne Maniald

Biographie

Peu de choses sont connues de sa biographie familiale.

Les Jurats de Bordeaux le nomment « bourgeois » le , titre attestant qu'il est établi à Bordeaux depuis un certain temps. Un acte notarial indique qu'il a acheté une maison, rue neuve à Bordeaux, en octobre 1582[1].

Maniald meurt en août 1599 (son testament est daté du et insinué (authentifié) le [2], (ce qui indique une mort avant le 17 août). Il laisse deux fils : Étienne[Note 1] et Paul[Note 2].

Le , le Parlement de Bordeaux nomme[Note 3] quatre médecins : Pierre Pichot, Guillaume Briet, Charles Rousseau et Étienne Maniald, pour être lecteurs[Note 4](professeurs) à la Faculté de médecine, avec un salaire de 100 livres par an[3]. Le , après un nouvel arrêt, Pichot et Rousseau lisent à la Faculté de médecine, Maniald aux chirurgiens et Briet aux apothicaires[4]. Maniald reste professeur jusqu'en 1590.

Maniald commence son professorat en dictant la Chirurgia Magna de Guy de Chauliac et termine sa carrière en 1590 avec le traité des plaies et ulcères d'Hippocrate.

Comme médecin-ordinaire de la ville et lecteur, Maniald est un proche collaborateur de Pierre Pichot à la faculté de médecine, mais il ne devient jamais docteur-régent[5].

En plus de son travail de médecin-chirurgien, Étienne Maniald est en relation avec les lettrés contemporains. Il est un familia[6] d'Elie Vinet, Pierre de Brach, Joseph Juste Scaliger, Gabriel de Lurbe, etc.

Sa production littéraire se limite à des vers. Étienne Maniald est un encomiaste de renom. Il compose pour ses amis des pièces en vers grec, latin et français ; tous les genres de poésie sont utilisés. On trouve ses textes dithyrambiques dans les préfaces, postfaces et sous les portraits.

Maniald l'encomiaste

Quelques exemples :

  • Pierre Pichot, De rheumatismo, catharrho variisque a cerebro destillationibus, et horum curatione libellus. Auctore, Petro Pichoto Andegavo, medico Burdigalensi, Bordeaux, Simon Millanges, , 248 p. (lire en ligne).
  • Hermès Trismégiste (trad. François de Foix), Le Pimandre de Mercure Trismégiste, de la philosophie chrestienne, cognoissance du verbe divin et de l'excellence des oeuvres de Dieu, traduit de l'exemplaire grec, avec collation de très amples commentaires, par François, Monsieur de Foix, de la famille de Candalle..., Bordeaux, Simon Millanges, , 745 p. (lire en ligne sur Gallica).
  • Ausone (trad. Elie Vinet), Ausonii Burdigalensis, viri consularis, Omnia, quae adhuc in veteribus bibliothecis inveniri potuerunt, Opera, ad varia, vetera, novaque exemplaria, emendata, commentariisque illustrata per Eliam Vinetum Santonem. Item, Symmachi, & Pontii Paulini litterae ad Ausonium scriptae : Ciceronis & aliorum quorundam veterum carmina nonnulla. Quae, omnia, pagina secunda indicabuntur, t. 2, Bordeaux, Simon Millanges, , 394 p. (lire en ligne).
  • Gabriel de Lurbe, De Illustribus Aquitaniae viris, Constantino magno usque ad nostra tempora, libellus. Auctore Gab. Lurbeo, I.C. procuratore et syndico civitatis Burdigalensis, Bordeaux, Simon Millanges, , 148 p. (lire en ligne).

Écrits médicaux d'Étienne Maniald

  • Il débute comme écrivain médical avec la traduction en français d'une partie des Œuvres de Guillaume Rondelet : un traité sur la vérole en 1576.
Guillaume Rondelet, Traité de vérole par M. Guillaume Rondelet, lecteur ordinaire en medecine a Mont-pelier Traduit en francois, & remis au net par Etienne Maniald professeur de medecine, en l'Université de Bourdeaux., Bordeaux, Simon Millanges, , 95 p. (disponible sur Internet Archive).
  • Le texte de certaines observations cliniques notées par Maniald est publié par son fils en 1616. Le cas le plus rare et curieux, qui donne le titre de l'ouvrage, est celui d’une double grossesse extra-utérine[Note 5].
Etienne Maniald, De partu prodigioso qui visus est in agro Gradiniano juxta Burdigalam. Anno M.D.XCV. mense augusto. Stephani Manialdi Medici burdigalensis in eandem historiam observatio, Bordeaux, Simon Millanges, , 16 p. (lire en ligne), avec la traduction de A. Bouscharain.
  • Maniald traduit quelques textes grecs d'Hippocrate en latin, corrige les leçons qu'il juge erronées. Le livre est dédié à Henri IV et il confie le manuscrit à François de Foix pour le présenter au roi. Malheureusement, ce dernier meurt et personne ne songe à ce manuscrit. Les héritiers le trouvent parmi les papiers de François de Foix et le remettent à Étienne, le fils aîné de Maniald, qui le publie en 1619.
Hippocrate (trad. Étienne Maniald), Hippocratis Chirurgia de Medico; de vulneribus; de hæmorrhoidibus; de fistulis; de vulneribus capitis, nunc primum Graece restituta, Latinitate donata, et commentariis illustrata. A. Steph. Manialdo ..., Parisiis, Apud Joann. Libert, (disponible sur Internet Archive)

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM.
  • G. Sous, « Notices biographiques sur les anciens médecins et chirurgiens de Bordeaux - Maniald (Pt. 1) », Journal de Médecine de Bordeaux, no 41, , p. 450-452 (lire en ligne sur Gallica). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • G. Sous, « Notices biographiques sur les anciens médecins et chirurgiens de Bordeaux - Maniald (Pt. 2) », Journal de Médecine de Bordeaux, no 42, , p. 462-464 (lire en ligne sur Gallica). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Alexandre-Albert Chabe (préf. Émile Delage et Georges Portmann), La Faculté de médecine de Bordeaux au XVe et XVIe siècles, Bordeaux, Bière, , 160 p. (présentation en ligne), pages 105-109.
  • Louis Desgraves (dir.), La vie intellectuelle à Bordeaux aux XVIe et XVIIe siècles : Exposition organisée à la Bibliothèque municipale, Bordeaux, Ville de Bordeaux, , 126 p..
  • Alain Legros, « La vie et l'œuvre d'un médecin contemporain de Montaigne, Pierre Pichot », Revue française d'histoire du livre, , p. 361-374 (présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jean-François Viaud, Le malade et la médecine sous l'Ancien Régime : soins et préoccupations de santé en Aquitaine, XVI e - XVIII e siècles, Bordeaux, Sud-Ouest, coll. « Recherches et travaux d'histoire sur le Sud-Ouest de la France », , 422 p. (ISBN 2-85408-078-5, présentation en ligne).
  • Anne Bouscharain et Violaine Giacomotto-Charra, « Étienne Maniald, médecin bordelais, et la naissance prodigieuse survenue à Gradignan en 1595 », L'Actualité Nouvelle Aquitaine n°131, , p. 38-39 (lire en ligne)

Notes et références

Notes

  1. Étienne Maniald, le fils aîné, est avocat, conseiller royal, lieutenant général de la sénéchaussée de Castelmoron-d'Albret et député des églises réformées.
  2. Paul Maniald est médecin et, comme son père, lecteur à la Faculté de médecine de Bordeaux. Il en est devenu doyen en 1633.
  3. En conformité avec :
    • Arrest de la cour et Parlement de Bourdeaus, par lequel il est ordonné que d'orès-en-avant quatre Médecins liront publiquement en l'Université de la dicte Ville de Bordeaus ce que doivent sçavoir ceux, qui veulent estre Médecins, Apoticaires et cirurgiens., Bordeaux, Simon Millanges, , 8 p..
  4. Au XVIe siècle, les élèves étaient peu fortunés, les livres rares, couteux, difficiles à procurer. Le maître chargé de l'enseignement prenait le titre de lecteur. Le professeur lisait un traité quelconque de chirurgie, que les élèves écrivaient sous la dictée, puis venaient les commentaires, les explications, les éclaircissements sur le texte qu'il avait lu.
  5. Une femme de Gradignan, âgée de trente ans et ayant huit enfants, les deux derniers jumeaux, devint enceinte au mois de mars 1591. Au neuvième mois de sa grossesse, elle est prise de douleurs. Une sage-femme est appelée et le fœtus mort n’est pas expulsé. Les douleurs se calment, il ne reste qu’une tumeur au côté droit de l’abdomen. Quelques jours après, cette femme reprend ses travaux des champs.
    Pendant deux ans, la menstruation est normale et régulière. Une nouvelle conception a lieu au mois de mai 1593. Tous les signes de la grossesse se montrent, les mouvements du fœtus sont perçus par la mère. Au huitième mois, elle sent que le fœtus exécute des mouvements violents, irréguliers. Elle éprouve des douleurs dans les reins et dans le bas ventre.
    Elle appelle deux sages-femmes qui, ne constatant aucun mouvement du fœtus, le supposent mort. Pendant trois mois, un liquide de mauvaise odeur s’écoule de l’utérus. Une tumeur dure et volumineuse se montre au côté gauche de l’abdomen. La tumeur qui existait au côté droit n’a pas disparu. Cette femme devient anémique, elle ne peut se tenir debout et elle est obligée de garder le lit.
    Au mois de juin 1595, près de l’ombilic, au côté droit, se forme un abcès qui s’ouvre le 2 août, donnant issue à une grande quantité de pus fétide et amnios. Jacques Dunoyer, chirurgien de Bordeaux (Τῆς ἑμδρυουλκίας peritum), expert en l’art des accouchements, est appelé en consultation par le chirurgien de la campagne.
    La plaie est agrandie et l’on retire les os d’un fœtus mort depuis quatre ans. On voulait ouvrir la seconde tumeur, mais la femme se trouvant mal, cette seconde opération fut ajournée.
    Le 16 août, Maniald se rend à Gradignan avec Jean Danet et Léonard Villechabrolle, chirurgiens de Bordeaux. Le 20 août, il revient avec les mêmes chirurgiens et avec le Dr Briet et Jean Ëymeric. D’un avis commun, la tumeur est ouverte, on extrait les os d’un fœtus mort, on applique cinq points de suture, la malade guérit.
    Après avoir exposé le fait, Maniald rappelle ceux du même genre qui ont été observés par Albucasis, Mathias Cornaux, Jean Languis, Rondelet, et il se demande comment le fœtus a pu passer de l’utérus dans la cavité péritonéale. Il ne soupçonne pas une grossesse extra utérine. Il admet une grossesse normale au début et voici son hypothèse : La nature, qui a la propriété d’expulser tout ce qui est nuisible, a amené la perforation de l’utérus pour jeter le fœtus mort dans un espace vide entre le péritoine et l’intestin.
    Pour justifier cette opinion, démontrer qu’elle est vraie, logique et admissible, il cite un fait dont il a été témoin. En voici la traduction.
    La femme de Guillaume Mota, libraire, était depuis trois ou quatre jours en travail difficile et laborieux d’enfantement. Ses forces diminuent, une sueur froide se montre, le fœtus est sans mouvements. Je suis appelé le Ier septembre 1595 pour prescrire une potion destinée à expulser le fœtus. Je vois la femme dans la somnolence, levant péniblement ses membres. Le pouls est faible et petit, la face est pâle, l’abdomen froid. J’annonce que le fœtus est mort et que la mère ne tardera pas à succomber. Pour ranimer les forces de la mère, je prescris une potion cardiaque, et pour éliminer le fœtus, je conseille des injections. Ce traitement fut vain, la mère mourut dans la nuit. Le père, pensant que l’enfant était en vie, appelle aussitôt un chirurgien pour l’extraire de l’utérus par une incision. Le chirurgien ayant ouvert la partie gauche de l’abdomen, trouva dans la cavité péritonéale un fœtus mort qui avait passé à travers une plaie de l’utérus. Il voulut que je fusse témoin du fait. J’ai constaté à l’utérus une ouverture de deux travers de doigt et j’ai conclu que le même phénomène avait dû se produire chez la femme de Gradignan.

Références

  1. G. Sous, Pt 1, page 450.
  2. G. Sous, « Testaments des médecins bordelais au XVIe siècle (Digos, Maniald, Briet) », Mémoires et bulletins de la société de médecine et de chirurgie de Bordeaux, , p. 376-388 (lire en ligne), pages 378-379.
  3. Ariste Ducaunnes-Duval, Inventaire sommaire des registres de la Jurade, 1520 à 1783, vol. 2, Bordeaux, F. Pech, , 800 p. (disponible sur Internet Archive). pages 187-188.
  4. G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM, page 89.
  5. Isabelle Coquillard, « L’émergence d’un groupe professionnel : les docteurs régents de la faculté de médecine de Paris au xviiie siècle », dans Histoires de nobles et de bourgeois : Individus, groupes, réseaux en France. xvie-xviiie siècles, Presses universitaires de Paris Nanterre, coll. « Hors collection », (ISBN 978-2-8218-5112-2, lire en ligne), p. 161–187
  6. Louis Desgraves, Élie Vinet humaniste de Bordeaux (1509-1587) : vie, bibliographie, correspondance, bibliothèque, Genève, Droz, (présentation en ligne), pages26, 29, 50.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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