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Énergie au Cameroun

Le secteur de l'énergie au Cameroun est caractérisé par une offre insuffisante mais des gisements potentiels de gaz naturel, d'énergie hydroélectrique et autres énergies renouvelables (solaire, biomasse, éolien) importants. Le pétrole, exploité depuis le début des années 1980, et contribuant de façon significative à la balance commerciale (50 % des exportations en 2014), a connu son pic de production en 1985.

Énergie au Cameroun
Image illustrative de l’article Énergie au Cameroun
Le réservoir-barrage de Bamendjing,
vu par satellite.
Bilan énergétique (2019)
Offre d'Ă©nergie primaire (TPES) 408,5 PJ
(9,8 M tep)
par agent énergétique bois : 71,1 %
pétrole : 18,3 %
gaz naturel : 5,9 %
électricité : 4,6 %
Énergies renouvelables 75,7 %
Consommation totale (TFC) 326,2 PJ
(7,8 M tep)
par habitant 12,6 GJ/hab.
(0,3 tep/hab.)
par secteur ménages : 64 %
industrie : 5,6 %
transports : 13,8 %
services : 15 %
agriculture : 0,1 %
pĂŞche : 0 %
Électricité (2019)
Production 8,48 TWh
par filière hydro : 61,7 %
thermique : 37,6 %
biomasse/déchets : 0,5 %
autres : 0,2 %
Combustibles (2019 - PJ)
Production pétrole : 154
gaz naturel : 81
bois : 290
Commerce extérieur (2019 - PJ)
Importations électricité : 0,07
pétrole : 69
Exportations pétrole : 147
gaz naturel : 56
Sources
Agence internationale de l'Ă©nergie[1] - [2]
dans le bilan énergétique, l'agent « bois » comprend l'ensemble biomasse-déchets.

La production d'énergie primaire était répartie en 2019 entre biomasse (53 %), hydroélectricité (3,5 %) et combustibles fossiles (43,2 %), dont pétrole 28,3 % et gaz naturel 14,8 %. Le pétrole brut est exporté à 90,5 % et le gaz naturel à 70 %, mais près des deux tiers des produits pétroliers consommés dans le pays sont importés.

L'énergie primaire consommée dans le pays en 2019 se répartissait en 71,1 % de biomasse, 4,6 % d'hydroélectricité et 24,3 % de combustibles fossiles (produits pétroliers 18,3 % et gaz 5,9 %).

L'électricité représentait seulement 7,1 % de la consommation finale d'énergie en 2019. Sa production se répartissait en 61,7 % d'hydroélectricité, 0,5 % de biomasse, 0,2 % de solaire et 37,6 % de combustibles fossiles (pétrole 12,0 % et gaz naturel 25,6 %). La consommation d'électricité par habitant atteint seulement 8 % de la moyenne mondiale, 46 % de la moyenne africaine et 3,6 % de celle de la France. De nombreux projets hydroélectriques en cours de réalisation devraient fortement accroître la production du pays.

Les émissions de CO2 liées à l'énergie au Cameroun atteignent seulement 6 % de la moyenne mondiale et 26 % de la moyenne africaine.

Énergies primaires

Production nationale d'Ă©nergie primaire

Production d'Ă©nergie primaire au Cameroun par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
PĂ©trole29063,124652,414039,720115428,3 %-47 %
Gaz naturel00113,1178114,8 %ns
Total fossiles29063,124652,415142,821823543,2 %-19 %
Hydraulique9,62,112,42,615,34,315,718,83,5 %+97 %
Biomasse-déchets16034,821044,918752,926229053,4 %+81 %
Solaire000,004ε0,040,070,01 %ns
Total EnR17036,922347,620357,227730956,8 %+82 %
Total460100468100354100495544100 %+18 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

PĂ©trole

Le pétrole, exploité depuis le début des années 1980, et contribuant de façon significative à la balance commerciale (50 % des exportations[t 1]) a connu son pic de production en 1985[t 2].

En 2019, la production de pĂ©trole brut du Cameroun s'est Ă©levĂ©e Ă  154 PJ (pĂ©tajoules), en recul de 47 % par rapport Ă  1990, dont la majeure partie (139 PJ, soit 90,5 %) a Ă©tĂ© exportĂ©e ; les importations de 12 PJ ont contribuĂ© Ă  alimenter les raffineries qui ont consommĂ© la totalitĂ© de l'approvisionnement disponible (29,6 PJ) pour produire 26,5 PJ produits pĂ©troliers, soit 36 % de la consommation consommĂ©s du pays : 12,2 PJ pour la production d'Ă©lectricitĂ© et 61,6 PJ pour la consommation finale (surtout pour les transports : 45,1 PJ) ; PJ de produits pĂ©troliers ont Ă©tĂ© exportĂ©s et 57,2 PJ importĂ©s[1].

Bois de chauffage

Le bois énergie est la première source énergétique utilisée dans le pays, et représentait 72,6 % de la consommation au début des années 2010, contre 20,1 % pour les produits pétroliers (pétrole, essence, GPL) et 7,3 % pour l'électricité[t 3].

Gaz

Les réserves prouvées de gaz sont estimées à 157 milliards de m³[t 3]. L'exploitation en est récente, et n'a réellement démarré qu'avec la construction de la centrale au gaz de Kribi, en vue de produire de l'électricité.

En 2019, la production de gaz naturel du Cameroun s'est Ă©levĂ©e Ă  80,7 PJ, en progression de 640 % par rapport Ă  2010, dont 56,4 PJ (70 %) ont Ă©tĂ© exportĂ©s et les 24,3 PJ restants ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour la production d'Ă©lectricitĂ©[1].

Consommation intérieure brute d'énergie primaire

Après prise en compte des importations et exportations, l'ensemble des ressources primaires consommées dans le pays évolue comme suit :

Consommation intérieure brute d'énergie primaire au Cameroun par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
PĂ©trole3918,74316,28027,3907518,3 %+92 %
Gaz naturel00113,717245,9 %ns
Total fossiles3918,74316,29131,01079924,3 %+154 %
Hydraulique9,64,612,44,715,35,215,718,84,6 %+97 %
Biomasse16076,721079,118763,826229071,1 %+81 %
Solaire000,004ε0,040,070,02 %ns
Total EnR17081,322383,820369,027730975,7 %+82 %
Total209100266100294100384409100 %+96 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

La rubrique "biomasse" comprend presque uniquement le bois.

La consommation intĂ©rieure d'Ă©nergie primaire par habitant Ă©tait en 2019 de 15,8 GJ, soit seulement 20 % de la moyenne mondiale (79,1 GJ) et 58 % de la moyenne africaine (27,4 GJ), et 10,5 fois moins que la moyenne française (150,5 GJ)[2].

Consommation finale d'Ă©nergie

La consommation finale d'Ă©nergie au Cameroun (après raffinage, transformation en Ă©lectricitĂ©, transport, etc) s'Ă©levait en 2019 Ă  329 PJ, rĂ©partie en 18,7 % de consommation directe de produits pĂ©troliers, 74,2 % de biomasse (bois, dĂ©chets agricoles, etc) et 7,1 % d'Ă©lectricitĂ©. De 1990 Ă  2019, la consommation de produits pĂ©troliers a progressĂ© de 62 %, celle de biomasse de 60 % et celle d'Ă©lectricitĂ© de 176 %. Le secteur le plus consommateur est le secteur rĂ©sidentiel : 63,4 % du total, suivi par le secteur tertiaire : 14,8 %, les transports : 13,7 % et l'industrie : 5,5 %[1].

Électricité

Histoire

Principales dates[3] :

  • 1929 : les premières centrales hydroĂ©lectriques de Luermann et Malale (privĂ©es) sont inaugurĂ©es pour fournir l’électricitĂ© dans la rĂ©gion de Muyuka, essentiellement dans les domiciles et les usines des colons britanniques.
  • avant la guerre de 1939-45, dans le Cameroun français, les premiers foyers d’électricitĂ© de Nkongsamba, Douala et YaoundĂ© ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par l’Administration et exploitĂ©s en gĂ©rance par des sociĂ©tĂ©s privĂ©es ou directement par elle-mĂŞme.
  • 1946 : crĂ©ation d'un service public dans la partie britannique pour la fourniture de l’électricitĂ© qui a rachetĂ© la plupart des centrales privĂ©es installĂ©es par les colons.
  • 1948 : la sociĂ©tĂ© d’économie mixte « Énergie Électrique du Cameroun (ENELCAM) » est crĂ©Ă©e et chargĂ©e d’amĂ©nager l’usine hydroĂ©lectrique d’EdĂ©a I (22 MW) sur la Sanaga pour l’alimentation Ă©lectrique de Douala et EdĂ©a en 1953.
  • après l'indĂ©pendance, la « Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM) » est fondĂ©e en 1962 au Cameroun Occidental, et en 1963 la sociĂ©tĂ© d’économie mixte « ElectricitĂ© du Cameroun (EDC) » est crĂ©Ă©e, avec la majoritĂ© du capital social dĂ©tenue par l’Etat du Cameroun Oriental et les collectivitĂ©s publiques ; elle prend en charge toutes les distributions publiques d’énergie Ă©lectrique, ainsi que les moyens de production et de transport subsĂ©quents, Ă  l’exception des centrales d’EdĂ©a gĂ©rĂ©es par ENELCAM.
  • 1974 : crĂ©ation de la « SociĂ©tĂ© Nationale d’ElectricitĂ© du Cameroun (SONEL) » par fusion des sociĂ©tĂ©s ENELCAM et EDC ; SONEL a en outre mission de prendre en charge les distributions publiques dans l’ex-Cameroun Occidental ; en 1975, elle absorbe la POWERCAM.
  • mise en service de la centrale hydroĂ©lectrique de Songloulou (388 MW).
  • 2001 () : Privatisation de la SONEL au bĂ©nĂ©fice de AES-Sirocco Limited, une filiale de AES Corporation qui contrĂ´le 51 % du capital ; l'État du Cameroun conserve 44 % et le personnel reçoit 5%.
  • 2014 () : Le Gouvernement du Cameroun signe l’accord qui octroie Ă  ACTIS 56 % des parts d’AES-SONEL et de ses sĹ“urs KPDC et DPDC. Le , le nouveau nom de l’entreprise est dĂ©voilĂ© : Eneo Cameroon S.A (Eneo).

Organisation actuelle

Opérateur historique du secteur de l’électricité au Cameroun, Eneo est une société d’économie mixte au capital détenu à 56 % par le groupe Actis et à 44 % par l’Etat du Cameroun[4].

Le capital-investisseur britannique Actis, qui a rachetĂ© en les 56 % dĂ©tenus par l’amĂ©ricain AES, a formĂ© une Ă©quipe dirigeante uniquement composĂ©e de Camerounais. Par ailleurs, Eneo n’est plus le seul producteur d’énergie au Cameroun : les centrales Ă  gaz de Kribi et de Dibamba, rĂ©cupĂ©rĂ©es par Globeleq, une sociĂ©tĂ© auparavant dĂ©tenue par le mĂŞme actionnaire qu’Eneo (Actis), sont dĂ©sormais de vĂ©ritables producteurs indĂ©pendants d’électricitĂ©, les deux premiers du pays. Globeleq vient en effet d’être rĂ©cupĂ©rĂ©e par la CDC britannique alliĂ©e au norvĂ©gien Norfund[5]. Les institutions financières de dĂ©veloppement Norfund (Norvège) et CDC (Royaume-Uni) ont pris le le contrĂ´le de l'opĂ©rateur Globeleq, jusqu'alors dĂ©tenu par Actis. Le communiquĂ© annonçant leur alliance dans le domaine de la production Ă©lectrique fixe l'objectif de stimuler la production d’électricitĂ© en Afrique en ajoutant au moins 5 000 MW de capacitĂ© de production au cours des 10 prochaines annĂ©es. Globeleq avait acquis en les centrales de Kribi et Dibamba auprès de l'amĂ©ricain AES[6].

Une loi votĂ©e en 2006 ouvre Ă  la concurrence la production d’électricitĂ© et, pour favoriser l’arrivĂ©e de nouveaux acteurs, la capacitĂ© installĂ©e d’Eneo a Ă©tĂ© plafonnĂ©e Ă  1 000 MW, dĂ©jĂ  quasiment atteints[5].

Production d'électricité

Production d'électricité au Cameroun par source (GWh)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 % 2019 var.
2019/1990
PĂ©trole411,5381,11 16319,72 0951 01812,0 %x25
Gaz naturel004177,11 4862 16825,6 %ns
Total fossiles411,5381,11 58026,83 5813 18637,6 %x78
Hydraulique2 65698,53 44298,94 26072,24 3595 22961,7 %+97 %
Biomasse00591,035410,5 %ns
Solaire00110190,2 %ns
Total EnR2 65698,53 44298,94 31973,24 4045 28962,4 %+99 %
Total2 6971003 4801005 9001007 9858 475100 %+214 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[7]

Puissance installée

Les capacitĂ©s de production Ă©lectrique sont estimĂ©es Ă  1 292 MW en , dont 57 % de centrales hydroĂ©lectriques et 43 % de centrales thermiques (gaz 21 %, fioul lĂ©ger 10 %, fioul lourd 13 %)[8].

Le plan de dĂ©veloppement du secteur des Ă©nergies prĂ©voyait en 2010 des projets de production et de construction de rĂ©seaux qui devraient porter la production Ă  3 000 MW en 2020. Pour parer au plus pressĂ©, des solutions Ă  court terme ont Ă©tĂ© retenues : construction d’une centrale thermique Ă  fioul lourd de 86 MW Ă  Yassa, près de la Dibamba, entrĂ©e en service en , construction d’une centrale thermique au gaz naturel de 216 MW Ă  Kribi, mise en service en , construction du barrage hydroĂ©lectrique de Mekin 15 MW sur le Dja, mise en service en 2015, et rĂ©habilitation des centrales hydroĂ©lectriques d’EdĂ©a et Songloulou[t 4].

La puissance installĂ©e atteignait 1 033 MW en 2011, avant la construction de la centrale thermique au gaz de Kribi[t 5].

Un accès difficile

Douala, la capitale économique, souffre comme toutes les autres villes de la rareté de l'éclairage public.
Prototype de moto transformée en moulin à l'usage des populations privées d'électricité.

Moins de 14 % de ménages ruraux et 57 % en zone urbaine sont connectés à l’électricité selon la Banque mondiale[9]. Il existe d'autres estimations plus optimistes ou pessimistes, mais toutes relèvent la discontinuité du service d'électricité pour les abonnés, en raison des nombreux délestages[t 6] - [10]. Seuls 20 % de la population aurait en réalité accès à l'électricité de façon continue[t 7].

Les raisons de ces coupures sont multiples : inadéquation globale entre l'offre et la demande, irrégularité des approvisionnements dus à la période d'étiage, infrastructures de production et de distribution vieillissantes, manque d'investissements en raison de réticences du secteur financier[t 7]. Leurs conséquences sont parfois dramatiques, car elles peuvent engendrer des incendies lors du retour du courant. Les manifestations contre ces coupures sont monnaie courante[11], et peuvent à leur tour occasionner des morts lors de la répression de ces manifestations[12].

Énergie hydroélectrique

LĂ©gende
Centrales hydroélectriques existantes
Centrales hydroélectriques en projet
(192 Mw) Capacités installées (en Mégawatts)
Hydroélectricité au Cameroun

La production hydroĂ©lectrique du Cameroun a atteint TWh en 2021, au 11e rang en Afrique avec 4,1 % de la production africaine, loin derrière la Zambie : 15 TWh et le Mozambique : 15 TWh. La puissance installĂ©e des centrales hydroĂ©lectriques du Cameroun totalisait 822 MW fin 2021, soit 2,1 % du total africain, au 16e rang en Afrique, loin derrière l'Éthiopie (4 074 MW) et l'Angola (3 836 MW)[13].

En 2019, le projet Memve'ele, mis en service en avril, a commencĂ© Ă  produire 45 MW[14].

Les centrales hydroĂ©lectriques du Cameroun totalisent une puissance de 747 MW fin 2018, soit 54 % de la capacitĂ© de production du pays ; elles ont produit 4,97 TWh en 2018. Le potentiel hydroĂ©lectrique du Cameroun est estimĂ© Ă  23 000 MW, le 3e potentiel Ă©nergĂ©tique en Afrique au Sud du Sahara après la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo et l’Éthiopie, dont 75 % dans le bassin du fleuve Sanaga, au nord du pays ; mais seulement 3 % de ce potentiel est exploitĂ©. Les prĂ©visions officielles estiment qu'en 2023 l'hydroĂ©lectricitĂ© reprĂ©sentera 75 % du mix Ă©lectrique ; afin de rĂ©duire les pĂ©nuries rĂ©currentes dues aux variations des prĂ©cipitations et Ă  l'insuffisance des capacitĂ©s, le gouvernement souhaite porter la part du solaire et de l'Ă©olien Ă  25 %. La centrale de Memve’ele est achevĂ©e depuis 2017, mais l'Ă©tat d'avancement de la ligne la connectant au rĂ©seau n'est qu'Ă  55 % en . Le rĂ©servoir de Lom Pangar, construit en 2016, permet de rĂ©guler les variations de dĂ©bit dans le bassin de la Sanaga, augmentant de 700 GWh la production annuelle des centrales d'EdĂ©a et de Song Loulou ; la centrale de Lom Pangar (30 MW) amĂ©liorera l'Ă©lectrification rurale dans la rĂ©gion orientale après sa mise en service prĂ©vue en 2020. Le projet Nachtigal (420 MW), le plus grand projet hydroĂ©lectrique indĂ©pendant d'Afrique sub-saharienne, augmentera la production Ă©lectrique du pays de plus de 2 900 GWh, soit 30 %, Ă  sa mise en service en 2023. L'achèvement du projet de Grand Eweng (1 800 MW) est prĂ©vu en 2024 ; les projets planifiĂ©s de Kpep (485 MW) et de Makay (365 MW) sont prĂ©vus pour 2025[15].

Les principales centrales hydroélectriques existantes sont[16] :

  • ÉdĂ©a (276 MW), inaugurĂ© en 1954 sur la Sanaga ; cette centrale comportait Ă  l’origine deux groupes de 11 MW ; elle fut complĂ©tĂ©e par l’équipement de 1955 Ă  1958 de la centrale d’EdĂ©a II, puis grâce Ă  l’équipement par Ă©tape entre 1966 et 1976 de la centrale d’EdĂ©a III[3] ;
  • Song Loulou (384 MW), inaugurĂ© en 1981 sur la Sanaga, Ă  l'amont d'ÉdĂ©a ;
  • Lagdo (72 MW), inaugurĂ© en 1982 Ă  50 km au sud de la ville de Garoua sur la BĂ©nouĂ© ;
  • Memve'ele (211 MW), partiellement mise en service en avril 2019 avec une puissance maximale de 90 MW, en attendant sa mise en service complète retardĂ©e par la construction de la ligne de transport.

La construction du barrage hydraulique de Lom Pangar Ă  13 kilomètres en amont du confluent avec la Sanaga, dont la mise en service Ă©tait planifiĂ©e initialement fin , devrait contribuer Ă  augmenter de 120 MW la capacitĂ© de production des centrales Ă©lectriques de Song Loulou et d'ÉdĂ©a[9]. Selon la Banque africaine de dĂ©veloppement, ce projet fera passer la puissance garantie des deux centrales de 450 MW Ă  729 MW ; de plus, une centrale hydroĂ©lectrique de 30 MW sera construite au pied du barrage et reliĂ©e Ă  l’usine thermique de Bertoua par une ligne de 105 km en 90 KV, qui sera Ă©tendue sur 200 km jusqu’aux localitĂ©s de Batouri et Abong-Mbang, de manière Ă  fiabiliser la performance des systèmes de transport et de distribution et Ă  Ă©tendre la fourniture de l’énergie Ă  150 localitĂ©s de la rĂ©gion de l’Est[17]. Le barrage, achevĂ© et mis en eau en 2016, est officiellement rĂ©ceptionnĂ© et transfĂ©rĂ© le 30 juin 2017 par son constructeur chinois CWE (China International Water and Electric Corporation) mĂ j Ă  son exploitant Electricity Developement Corporation (EDC), après la levĂ©e des dernières rĂ©serves[18]. La mise en service de la centrale de pied du barrage est repoussĂ©e Ă  dĂ©cembre 2022[19].

D'autres barrages réservoirs, de taille inférieure, ont été construits précédemment dans les années 1970 et 1980 en vue de réguler le débit de la Sanaga et de parer en partie aux problèmes d'étiage : le barrage de Mbakaou, d'une capacité de 2,6 milliards de m³, celui de la Mapé (3,2 milliards de m³) et celui de Bamendjing (1,8 milliard de m³)[t 8].

Le projet de barrage hydroĂ©lectrique de Nachtigal-amont est menĂ© par la sociĂ©tĂ© NHPC (Nachtigal Hydro Power Company), crĂ©Ă©e en juillet 2016 par un consortium constituĂ© d'EDF (40 %), de l’État camerounais (30 %) et de la SociĂ©tĂ© financière internationale (IFC) du Groupe de la Banque mondiale (30%), dans le but d’exploiter le barrage. La NHPC choisit en aoĂ»t 2018 un groupement d’entreprises chargĂ©es de la construction (le groupe belge BESIX, la sociĂ©tĂ© française NGE et l’entreprise marocaine SGTM)[20]. En novembre 2018, EDF, IFC et la RĂ©publique du Cameroun ont signĂ© les accords dĂ©finitifs pour la construction du barrage : EDF va concevoir, construire et exploiter pendant 35 ans un barrage et une usine hydroĂ©lectrique de 420 MW sur le fleuve Sanaga au niveau des chutes de Nachtigal, Ă  65 km au nord-est de YaoundĂ©. Le projet comprend aussi la construction d’une ligne de transport d’électricitĂ© de 50 km jusqu’à Nyom. Nachtigal couvrira 30 % des besoins Ă©nergĂ©tiques du pays, avec une production annuelle de près de TWh[21]. En janvier 2021, le gouvernement annonce que les travaux de l’amĂ©nagement hydroĂ©lectrique de Nachtigal Amont, lancĂ©s en fĂ©vrier 2019, se situent Ă  35 % et devraient ĂŞtre achevĂ©s au premier trimestre 2024[22].

De nombreux autres projets sont prĂ©vus sur le fleuve Sanaga, dont le potentiel dĂ©passe 3 000 MW :

  • projet de barrage de Song Mbengue (950 MW) Ă  15 km en amont de l’actuel barrage hydro-Ă©lectrique de Song Loulou[23] ;
  • projet de Song Dong (300 MW), en aval de Lom Pangar[23] ;
  • projet de Kikot (630 MW)[23] ;
  • projet de Grand Eweng (1 200 MW)[23].

Sur le Ntem, le projet de barrage hydroĂ©lectrique de Memve'ele d'une puissance de 211 MW devrait Ă  partir de 2018[24] venir en relais de Songloulou pour alimenter YaoundĂ©[25]. La centrale a Ă©tĂ© mise en service partiellement en avril 2019, pour une production maximale de 90 MW. La mise en service complète de la centrale est depuis lors retardĂ©e par la construction de la ligne de transport de 300 km qui relie le barrage Ă  YaoundĂ©. En mars 2022, elle est prĂ©vue pour la fin mai 2022[26]. De plus, la puissance effectivement fournie est très infĂ©rieure Ă  la puissance nominale de la centrale, du fait des dĂ©bits insuffisants du Ntem en saison sèche. Le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee) annonce donc un projet de construction d'un barrage rĂ©servoir en amont de Memve’ele pour rĂ©guler ces dĂ©bits[27].

Centrales thermiques

Il en existe 39 en 2013. Elles utilisent le gaz (Kribi) ou le fioul[t 3].

Eneo exploite 6 centrales thermiques diesel connectĂ©es au rĂ©seau, dont 3 Ă  l'arrĂŞt, ainsi que 26 centrales isolĂ©es totalisant une puissance de 43 MW[16]. La centrale thermique de LimbĂ© (85 MW) a Ă©tĂ© mise en service en 2004 Ă  la suite de dĂ©lestages importants sur le rĂ©seau dans les annĂ©es 2001 Ă  2003[28].

Globeleq exploite la centrale thermique de Yassa-Dibamba (86 MW : 8 groupes diesel de 10,76 MW chacun pouvant fonctionner au fioul lourd ou au gaz), construite en urgence par AES-SONEL pour pallier un dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique estimĂ© Ă  environ 120 MW Ă  l’horizon 2012[29], ainsi la centrale de Kribi (216 MW : 13 groupes de 16,6 MW fonctionnant au gaz naturel), construite de 2010 Ă  2012 Ă  Mpolongwe, localitĂ© situĂ©e Ă  9 km de la ville de Kribi[30].

Globeleq projette de porter la puissance de la centrale de Kribi Ă  330 MW en lui ajoutant 7 groupes Wärtsilä au gaz[31].

Solaire

Centrale solaire autonome de pompage d'eau (26 kWc) près de Mindif.
Carte de l'irradiation solaire globale horizontale de l'Afrique, SolarGIS 2011.

Le potentiel de l'énergie solaire varie de kWh/m2/jour dans le sud du pays à kWh/m2/jour dans le nord. Eneo Cameroun projette de construire des centrales photovoltaïques en relève de centrales diesel existantes, qui continueraient à fonctionner le soir. Le projet se déroulera en plusieurs phases, dont la première comprendra des centrales solaires dans les communes de Djoum, Lomié, Bertoua, Yokadouma et Ngaoundal ; une deuxième phase s'étendrait aux 25 centrales diesel isolées d'Eneo ; cela permettra d'économiser du combustible et d'améliorer la couverture de la demande ; mais le coût est deux à quatre fois supérieur au tarif moyen de vente du kWh. Par ailleurs, le ministère de l'eau et de l'énergie développe un programme de mini-centrales solaires dans 166 localités à moyen terme[8].

Éolien

Des vitesses de vent favorables ont été repérées, supérieures à 2 m/s au nord dans les régions de Kaélé et du Lac Tchad, et jusqu'à 6,6 m/s sur les Monts Bamboutos au sud[8].

GĂ©othermie

Des potentiels géothermiques ont été identifiés dans les localités de Meiganga, Tignère, Ekondo Titi et Nwa[8].

RĂ©seaux de transport et distribution

La ligne haute tension (90 Kv) Lagdo-Garoua passant au-dessus du village de Mafa Kilda, l'un des 10 000 villages du Cameroun n'ayant pas accès Ă  l'Ă©lectricitĂ©.

La gestion du transport (acheminement de l’électricité via les lignes à haute tension), a été renationalisée en : la SONATREL (Société nationale de transport d'électricité) a été chargée de la mission de transport jusqu'ici gérée par l'entreprise privée ENEO (Enérgie du Cameroun). Elle devra moderniser et compléter le réseau et améliorer son efficacité, alors que les pertes de transport sont estimées à 40 % en 2018[15].

La distribution est le maillon faible du secteur : le réseau basse et moyenne tensions est vieillissant et saturé, entraînant des coupures fréquentes et des délestages qui peuvent durer plusieurs heures à Douala et à Yaoundé. La vétusté entraîne des pertes élevées : au total 30 % de l’électricité produite, du fait d'un manque d’investissement de l’ex-actionnaire, qui n’a consacré que 7 % de ses investissements à cette activité ; de plus, les vols d’électricité représentent jusqu’à 48 % des raccordements dans certains quartiers[5].

La banque mondiale affecte en 325 millions de dollars pour aider à la modernisation du réseau, et sa prise en charge par une nouvelle société spécialisée, la Sonatrel[32].

Consommation d'électricité

La consommation d'Ă©lectricitĂ© par habitant au Cameroun Ă©tait en 2019 de 256 kWh, soit seulement 8 % de la moyenne mondiale (3 265 kWh), 46 % de la moyenne africaine (560 kWh) et moins de 3,6 % de la moyenne en France : 7 043 kWh[2].

Elle se répartissait en 2019 entre l'industrie : 56 %, le secteur résidentiel : 21 %, le secteur tertiaire : 8 % et l'agriculture : 1 %, mais les consommations non identifiées atteignaient 14 %, ce qui dénote une qualité assez médiocre de ces statistiques[7].

Impact environnemental

Les Ă©missions de CO2 liĂ©es Ă  l'Ă©nergie au Cameroun s'Ă©levaient en 2019 Ă  6,5 Mt de CO2, soit 0,25 t CO2 par habitant, soit seulement 6 % de la moyenne mondiale : 4,39 Mt/hab, 26 % de la moyenne africaine : 0,97 Mt/hab et 6 % de celle de la France : 4,36 Mt/hab[2].

Notes et références

Notes

    Références

    1. p. 19
    2. p. 34
    3. p. 38
    4. p. 12
    5. p. 68
    6. p. 96
    7. p. 97
    8. p. 40
    • autres rĂ©fĂ©rences :
    1. (en) Energy Statistics Data Browser - Cameroon : Balances 2019, Agence internationale de l’énergie, octobre 2021.
    2. (en) Agence internationale de l'Ă©nergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2021, septembre 2021, [PDF].
    3. Historique de l’électricité au Cameroun, Eneo.
    4. A propos d’Eneo, Eneo.
    5. Avec Actis, le camerounais Eneo espère avoir trouvé sa bonne fée, Jeune Afrique, 17 mai 2015.
    6. Norfund et CDC s’allient pour doper la production électrique en Afrique, Jeune Afrique, 3 février 2015.
    7. (en)Energy Statistics Data Browser - Cameroon : Electricity 2019, Agence internationale de l'Ă©nergie, octobre 2021.
    8. (en) Cameroon Tribune, « Electricity: The contribution of renewable energy », sur www.cameroonweb.com (consulté le ).
    9. Banque Mondiale, « Au Cameroun, le projet de Lom Pangar vise à exploiter le potentiel hydroélectrique de la Sanaga pour accroître la production d’électricité », sur banquemondiale.org, (consulté le )
    10. Paul Gérémie BIKIDIK, « Analyse du secteur de l'énergie électriqe au Cameroun, bilan des actions de plaidoyers et système de tarification de l'électricité », sur www.energiesosfutur.org, (consulté le ).
    11. Paskalo, « Vers un soulèvement populaire à Douala au Cameroun à cause des coupures d’électricité », sur CAMERPOST, (consulté le ).
    12. Cameroun: Mourir pour avoir l'électricité sur allafrica.com, octobre 2007
    13. (en) [PDF] 2022 Hydropower Status Report (p. 9, 30-33, 46-47), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2022.
    14. (en) [PDF] 2020 Hydropower Status Report (page 34), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2020.
    15. (en) [PDF] 2019 Hydropower Status Report (pages 74 et 101), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), 13 mai 2019.
    16. Nos activités - Production, Eneo.
    17. Le Cameroun pose la première pierre du barrage de Lom Pangar, pour valoriser son potentiel hydroélectrique, Banque africaine de développement, 13 août 2012.
    18. Le barrage de Lom Pangar officiellement réceptionné et transféré aux autorités camerounaises, investiraucameroun.com, 6 juillet 2017
    19. Barrage de Lom Pangar : la disponibilité des premiers mégawatts de l’usine de pied renvoyée en décembre 2022 , investiraucameroun.com, 28 juin 2022.
    20. Cameroun: le groupe belge Besix retenu par NHPC pour la construction du barrage et de la centrale hydroélectrique de Nachtigal (420 MW), energies-media.com, 14 août 2018.
    21. EDF construira bien la centrale hydroélectrique de Nachtigal au Cameroun, L'Usine Nouvelle, 9 novembre 2018.
    22. Cameroun : le barrage hydroélectrique de Nachtigal devrait être livré en mars 2024 (gouvernement), energies-media.com, 1er janvier 2021.
    23. La Sanaga, un potentiel de plus 3 000 mégawatts, Cameroun Liberty, 29 avril 2016.
    24. Africtelegraph, « Cameroun : Bientôt la mise en service du barrage de Memve’ele », Africtelegraph - Toute l'actualité africaine,‎ (lire en ligne, consulté le )
    25. Cameroun - Énergie : Le barrage hydro-électrique de Memve’ele mis en service par le Ministre Basile Atangana Kouna sur camnews24.com, 17 Août 2016
    26. Électricité : attendue depuis 2017, la mise en service complète de la centrale de Memvé’ele à nouveau reportée à mai 2022, investiraucameroun.com, 21 mars 2022.
    27. Électricité : un barrage-réservoir en gestation à Memve’ele en vue de stabiliser la production, investiraucameroun.com, 25 mars 2022.
    28. La centrale thermique de Limbé, Eneo.
    29. La centrale thermique de Yassa-Dibamba, Eneo.
    30. Kribi : La première centrale à gaz du Cameroun, Eneo.
    31. (en)Kribi Expansion, Globeleq.
    32. Cameroun: Plus de 200 milliards pour améliorer le réseau électrique sur 237online.com, 19 décembre 2016.

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

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