Élisa Schlésinger
Élisa Schlésinger, née le à Vernon et morte le à Achern, est une femme française, connue pour être la muse de Gustave Flaubert tout au long de sa vie et le modèle de certains de ses personnages romanesques.
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Caroline-Élisa-Augustine Foucault |
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Biographie
Vie en France
Élisa Foucault est la fille d’un ancien officier de carrière[1]. Elle quitte le couvent[1] et épouse le 23 novembre 1829 à Vernon[2] en premières noces Émile-Jacques Judée (né à Issoudun le ), lieutenant du train des équipages[2]. Il est envoyé en Algérie en 1830 et ne revient qu'en novembre 1835[2]. À son retour en mauvaise santé[1], Élisa Foucault est déjà enceinte de Marie-Adèle-Julie-Monica par Maurice Schlesinger et celle-ci naît le à Paris[3]. L'enfant est reconnue par son père, mais déclarée « de mère inconnue », puisque Élisa Judée est toujours mariée, elle doit donc se sacrifier puisqu'elle n'est pas la gardienne légale de sa fille et se place sous la protection de Schlesinger pour éviter le scandale[1] - [3]. Son mari a disparu, selon un accord entre les deux hommes[4]. Judée meurt en 1839[2]. Le 5 septembre 1840[1], elle se marie en secret[3] avec Schlesinger avec qui elle vit depuis huit ans déjà pour régulariser la situation. Un deuxième enfant naît, Adolphe, le [3].
Maurice Schlésinger est un homme dur, volage et sans scrupules en affaires[5].
Vie en Prusse
À la suite de difficultés financières de son mari, la famille rentre à Baden vers 1849[1].
En 1856, sa fille Marie Schlésinger se marie avec un architecte allemand à Stuttgart, Christian Friedrich von Leins (en)[1].
Le , elle fait un premier séjour en maison de santé d'Illenau pour mélancolie[1] et en ressort le [6].
Le son fils se marie à Paris[1] - [7].
Elle retourne en maison de santé le et y meurt le [6].
Élisa Schlésinger et Gustave Flaubert
Élisa Schlésinger passe à la postérité pour avoir été l'objet de la passion de Gustave Flaubert tout au long de sa vie sentimentale pourtant tumultueuse[1] - [8] - [7].
Leur première rencontre eut lieu à Trouville-sur-Mer[5] en août 1836[1] - [9]. Il avait 15 ans, Élisa Judée 26, et l'enfant d'Élisa quelques mois. Elle était déjà connue sous le nom de Mme Schlésinger, bien qu'elle ne fût pas encore remariée puisqu'elle n'était pas encore veuve[5]. À cette époque, le divorce n'existait pas. En 1838, Flaubert publie Mémoires d'un fou, son premier roman de jeunesse, où transparaissent déjà des portraits d'Élisa Schlésinger.
Gustave Flaubert reste en contact avec cette famille et dine tous les mercredis soir à la table ouverte[10] - [7] des Schlésinger durant ses études de droit à Paris entre 1840 et 1843[11]. Pour maintenir le contact avec Élisa Schlésinger, il entretient des relations épistolaires avec Maurice, le mari (mais à double lecture pour un cœur aimant), y compris après le départ définitif de la famille Schlésinger pour Baden en Allemagne. Il y racontera ses déboires juridiques après la publication de Madame Bovary, et restera aussi en contact avec le fils Schlésinger, à Paris.
En 1856, les époux Schlésinger invitent à plusieurs reprises Flaubert au mariage de leur fille mais il refuse[1] - [12].
Dans une lettre à son ami Flaubert du [13], Maxime du Camp, alors à Baden, annonce à Flaubert qu'Élisa Schlésinger est internée dans une maison de santé, atteinte de lypémanie.
Le , Flaubert commence à écrire L'Éducation sentimentale après être retourné à Trouville pour raviver ses émotions. Il y exprime cet amour toujours comprimé en lui. Élisa Schlésinger lui inspire Madame Arnoux[14]. En juillet 1865, Flaubert fait un séjour à Baden en même temps que Maxime du Camp et Amédée Achard[6]et la revoit[7].
Élisa Schlésinger est veuve pour la seconde fois en et invite Gustave Flaubert à Baden. Celui-ci n'accepte pas l'invitation, la France ayant perdu la guerre franco-prussienne, il refuse d'y aller[1] - [15].
À l'occasion de la succession de son mari, Élisa Schlésinger retourne à Trouville car ses deux enfants se disputent[1]. Elle l'invite à Trouville initialement[16] mais la visite au romancier se produit à Croisset le [1] - [7]. La dernière lettre qui lui est adressée de Flaubert est datée du et nous montre comment il lui écrit[1].
« L’avenir pour moi n’a plus de rêves, mais les jours d’autrefois se représentent comme baignés d’une vapeur d’or. Sur ce fond lumineux où de chers fantômes me touchent les bras, la figure qui se détache le plus splendidement, c’est la vôtre, oui la vôtre ! Ô pauvre Trouville !… »
Les lettres entre Flaubert et elle révèlent des sentiments forts et cependant contenus[1].
Notes et références
- Pierre-Georges Castex, « Gustave Flaubert et Madame Schlésinger », sur www.amis-flaubert-maupassant.fr, Les Amis de Flaubert et de Maupassant, Bulletin 17, (consulté le ), p. 25
- Winock 2013, p. 45
- Winock 2013, p. 46
- Émile Gérard-Gailly, Le grand amour de Flaubert, Paris, Aubier, 1944
- Winock 2013, p. 44
- Bauchard, « Sur les traces de Gustave Flaubert et de Madame Schlesinger », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 53, no 1, , p. 38–43 (ISSN 0035-2411, lire en ligne, consulté le )
- (en) Thierry Poyet, Flaubert, Editions Ellipses, (ISBN 978-2-340-04426-5, lire en ligne)
- David GOUDEY, « Née à Vernon, Elisa Schlesinger-Foucault a été le premier coup de foudre de Gustave Flaubert », sur Paris-Normandie, (consulté le )
- Hermia Oliver, Flaubert et une gouvernante anglaise, Publication Univ Rouen Havre, (ISBN 978-2-87775-516-0, lire en ligne)
- Winock 2013, p. 59
- Winock 2013, p. 47
- Winock 2013, p. 166
- Flaubert, Correspondance de Flaubert, vol. III, Bibliothèque de la Pléiade, p. 848
- Winock 2013, p. 274
- Winock 2013, p. 351
- Gaston Bosquet, « Le premier amour de Flaubert », Les Amis de Flaubert et de Maupassant Bulletin n° 30, sur www.amis-flaubert-maupassant.fr, (consulté le ), p. 17
Bibliographie
- Michel Winock, Flaubert, Gallimard, coll. « Collection NRF Biographies », (ISBN 9782070133482)
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :