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Élections municipales de 1945 dans la Mayenne

Les élections municipales en Mayenne se déroulent les et . Ce sont les premières élections depuis la libération de la France et les premières où les femmes peuvent voter.

Élections municipales de 1945 dans la Mayenne
les et
Type d’élection Élections municipales

Contexte

Alors que la guerre n'est pas encore officiellement terminée (la capitulation allemande du 8 mai 1945 sera signée entre les deux tours), les élections se déroulent dans une situation politico-sociale difficile : la situation économique reste très précaire, les prisonniers de guerre ne sont pas tous revenus.

Ces élections constituent le premier test pour la validité des institutions provisoires issues de la Résistance.

Le système Ă©lectoral en vigueur est le système majoritaire Ă  deux tours, sauf Ă  Paris oĂą les Ă©lections ont lieu au système proportionnel. Ce scrutin est marquĂ© Ă©galement par la participation des femmes, pour la première fois en France. Le , le droit de vote avait Ă©tĂ© accordĂ© aux femmes en France par le ComitĂ© français de la LibĂ©ration nationale, et confirmĂ© par l’ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique française. Étant donnĂ© l'absence de 2,5 millions de prisonniers de guerre, des dĂ©portĂ©s, des travailleurs du STO et de l'interdiction aux militaires de carrière de voter, le corps Ă©lectoral est rĂ©duit lors de ce scrutin et composĂ© d'un pourcentage majoritaire de femmes. MalgrĂ© le cĂ´tĂ© inĂ©dit de cette participation des Françaises Ă  un scrutin, il n'y a pas d'Ă©motion mĂ©diatique particulière sur ce sujet, en partie en raison des difficultĂ©s liĂ©es Ă  l'immĂ©diat après-guerre qui prĂ©occupent davantage (retour des camps de dĂ©portĂ©s et prisonniers, rationnement alimentaire, etc.)[1].

Les stratégies du CDL et des partis

L'épuration des maires et des conseils municipaux a été effectuée par le Comité départemental de libération de la Mayenne (CDL). La question se pose pour eux dès l'approche de ces élections sur la capacité ou non en tant qu'organisations issues de la Résistance d'entraîner derrière eux la population[2]. Personnellement Paul Mer, président du CDL préférerait les Résistants étant trop peu nombreux (1 sur 30 selon lui) que chacun rentre dans son parti. Publiquement toutefois, il déconseille de faire des listes de Résistance, mais plutôt des listes communes des éléments de la Résistance et des français propres sur la base du programme du Conseil National de la Résistance, et d'éviter de faire plusieurs listes qui se réclament de la Résistance, et surtout de ne pas se désunir sur la question de l'Ecole, sujet très sensible dans l'Ouest de la France.

Le Parti communiste français dans un département peu favorable veut saisir sa chance, en profitant de sa participation massive à la Résistance, et sa présence dans les CLL. Le but est de faire entrer des communistes dans de nombreux conseils municipaux, en ayant des listes d' union. Un certain nombre de communistes, déclarés ou non, seont ainsi candidats, principalement dans les communes comprenant des ouvriers. Par exemple, Gaston Magot[3], communiste et président du CLL de Laval, figure sur une liste commune de la gauche à Laval au titre du Front national.

On constate aussi la quasi-absence du MRP malgré un éditorial de Ouest-France du 28 avril 1945 en sa faveur.

Analyse

Le scrutin n'a pratiquement pas été précédé d'une campagne électorale, la presse locale y accorde peu de places (manque de papier, coïncidence avec la victoire du 8 mai 1945).

Dans les trois villes principales, les choix du CDL ont été confirmé par les électeurs qui ont voté massivement pour tous les conseillers réintégrés, des conseillers nommés par le CDL, ou des nouveaux. Mais dans 11 petites communes, le maire destitué par le CDL a été réélu conseiller municipal puis maire (y compris 3 parlementaires inéligibles). Les jeunes élus sont peu nombreux, et il n'y a pas réellement de renouvellement. Peu de candidates, et encore moins d'élues : 49 femmes pour le département.

L'étiquette résistant paraît peu attrayante à l'électeur, celle de prisonnier de guerre, pendant de l' ancien combattant de la Première Guerre Mondiale est gage de succès. Peu de résistants entrent pour compléter les conseils municipaux touchés par les décès ou l'épuration. L'exception est à Laval avec Francis Le Basser, qui revient de déportation entre les deux tours de l'élection, qui est élu tout d'abord conseiller, puis maire.

Par contre, chaque commune ou presque a élu un prisonnier, souvent par protestation contre la date du scrutin avant la fin du conflit et le retour des absents. Quelques prisonniers rentrés entre les deux tours, se font élire en précisant qu'ils représentent au conseil municipal la défense des intérêts des prisonniers[4]. La plupart des prisonniers candidats sont élus, parfois avec le plus de voix. Même des absents sont élus, et bien plus facilement que des déportés. Certaines candidatures de femmes font référence à leur mari : femme de prisonnier, femme de déporté.

Il n'y a pas de poussée de la gauche à part dans quelques communes ouvrières contrairement aux résultats nationaux : Élections municipales françaises de 1945, ni de percée du Parti communiste français.

Notes et références

  1. Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir, 1945-1970, Fayard, 2000, pages 11-16.
  2. Archives départementales de la Mayenne, Compte-rendu du congès des CLL du 22 mars 1945, 250 W 9.
  3. Déclaration d'un candidat de Daon, Archives départementales de la Mayenne, 228 W 45.

Articles connexes

Bibliographie

  • Charles-Louis Foulon (dir.) et Collectif, « La RĂ©sistance et le pouvoir de l’État dans la France libĂ©rĂ©e », dans Le RĂ©tablissement de la lĂ©galitĂ© rĂ©publicaine, 1944, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Bibliothèque complexe », , 904 p. (ISBN 978-2870276105 et 2870276109) — Actes du colloque des 6, 7 et , (fondation Charles-de-Gaulle)
  • GrĂ©goire Madjarian, Conflits, pouvoirs et sociĂ©tĂ© Ă  la LibĂ©ration, Union gĂ©nĂ©rale d’édition (10/18), .
  • Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième RĂ©publique, Paris, Seuil, collection Points Histoire, N°15 (1944-1952). 1980

Etudes locales

  • Georges MacĂ©, Un dĂ©partement rural de l'Ouest : la Mayenne, Mayenne, J. Floch, 1982, 2 vol., 1011 p.
  • Les pouvoirs Ă  la LibĂ©ration dans le dĂ©partement de la Mayenne. Archives dĂ©partementales de la Mayenne, IHTP, mai 1989.
  • RĂ©my Foucault, Maires et municipalitĂ©s de la Mayenne (1935-1953). Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1996.
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