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Sylvie Chaperon

Sylvie Chaperon née en 1961, est une historienne française.

Sylvie Chaperon
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Directeurs de thèse
Pascal Ory, Luisa Passerini (en)

Elle est spécialiste d’histoire des femmes, du genre, et des origines de la sexologie. Ses recherches portent principalement sur l’histoire des mouvements de femmes, sur Simone de Beauvoir et sur l’histoire de la sexologie française. Elle est l'auteure de l'ouvrage Les années Beauvoir en 2000.

Biographie

Issue d'une famille « traditionnelle, catholique, de droite et bourgeoise » (selon ses propres mots[1]), Sylvie Chaperon découvre le féminisme au lycée. Elle s'inscrit en histoire à l'Université. Elle étudie la féminisation des IUT avec Jean Bouvier à Paris I, l’imaginaire de la différence des sexes dans la peinture du XVIIIe siècle avec Jean-Louis Flandrin à l'EHESS et enfin à Jussieu avec Michelle Perrot les mouvements de femmes en France de 1945 à 1970[1].

AgrĂ©gĂ©e d'histoire (1988)[2], elle enseigne dans un lycĂ©e de Goussainville, pendant 7 ans. En 1993, elle est reçue au concours de l'Institut universitaire europĂ©en et bĂ©nĂ©ficie d'une bourse Lavoisier du ministère des Affaires Ă©trangères. Elle est accueillie pendant trois ans Ă  Florence, pour se consacrer Ă  sa thèse sous la direction de Michelle Perrot, qu'elle avait commencĂ©e en 1989. Les annĂ©es 1990 sont marquĂ©es par le dĂ©but des recherches sur le genre et l'idĂ©e que le genre dĂ©termine le sexe et non l’inverse. Le sexe est simplement un marqueur de la division sociale. Le concept de genre dĂ©signe l’ensemble des pratiques sociales qui produisent la bicatĂ©gorisation et la hiĂ©rarchie sexuelles[3]. C'est dans ce contexte que Sylvie Chaperon soutient en 1996 sa thèse de doctorat Le creux de la vague, fĂ©minisme et mouvement de femmes en France de 1945 Ă  1970. Elle dĂ©montre le rĂ´le dĂ©terminant du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir dans la renaissance et la redĂ©finition du fĂ©minisme en France.

Depuis 2000, elle est professeure d'histoire contemporaine du genre à l’Université de Toulouse le Mirail. Elle est habilitée à diriger des recherches depuis 2007[4]. Ses travaux de recherches, au sein du laboratoire FRAMESPA, portent sur l'histoire des femmes et l'histoire des sexualités[5]. Pour le cinquantième anniversaire de la publication du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Sylvie Chaperon dirige les actes du colloque sur sa réception mondiale et son influence sur le féminisme. Ce colloque a lieu à La Sorbonne en 1999. Les actes publiés en 2002 regroupe 70 communications. Le Deuxième Sexe est une rupture. Trente ans après le plus tard, il ouvre la voie au concept de genre[6].

Elle anime avec Christelle Taraud, le séminaire « Approches historiques des sexualités », à Paris I et avec le groupe Olympe de Gouges, le séminaire Genre et Histoire, à l’université de Toulouse le Mirail[4].

Sylvie Chaperon publie deux importants ouvrages, Les années Beauvoir, en 2000 et Les origines de la sexologie, en 2008.

En 2017, elle dirige avec Christine Bard la publication du Dictionnaire des féministes de la Révolution à nos jours[7].

En 2001, elle donne naissance, avec son conjoint Gaël Binot, à sa première fille Cléo Binot-Chaperon, puis en 2003 à Mia Binot-Chaperon.

Les années Beauvoir

En 2000 Sylvie Chaperon publie Les années Beauvoir. Cet ouvrage s'intéresse à l'histoire des femmes et du féminisme de 1945 à 1970.

Elle étudie les publications d'une douzaine d'associations qui œuvrent pour l'émancipation des femmes, au moment où la publication du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir fait scandale (1949). La maîtrise des naissances marque les années de 1956 à 1970, avec le mouvement la Maternité heureuse qui devient en 1960, le Mouvement Français pour le Planning Familial. Ces questions sont portées dans la presse par des femmes journalistes comme Ménie Grégoire ou Éliane Victor, des intellectuelles comme Evelyne Sullerot, Madeleine Guilbert, des écrivaines comme Françoise d'Eaubonne, Christiane Rochefort. En 1965, François Mitterrand candidat aux élections présidentielles soutient le contrôle des naissances par la contraception et la réforme des régimes matrimoniaux[8].

Les origines de la sexologie

En 2008, Sylvie Chaperon publie Les origines de la sexologie. Elle retrace l’histoire de la sexologie à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Ce mot n'apparaît que dans les années 1910. On parle de protosexologie pour le XIXe siècle[9]. Entre l’histoire des sciences et l’histoire sociale, Sylvie Chaperon s’intéresse aux discours scientifiques sur la sexualité et aux représentations des médecins sur la sexualité. Au XIXe siècle, les médecins français qui sont des hommes, s’intéressent davantage aux organes féminins qu’au désir des femmes. Ils voient dans le mariage une solution pour les femmes jugées déviantes sexuellement. Vers 1850, les médecins considèrent le coït hétérosexuel comme l'acte sexuel normal et naturel. Les autres pratiques sexuelles relèvent pour eux de la perversion. À la fin du XIXe siècle, les médecins envisagent la sexualité en dehors de la reproduction en termes de désirs et de plaisirs. L’homosexualité est considérée comme une inversion de genre, et non comme une orientation sexuelle. L'historienne souligne le rôle fondamental des médecins dans l'élaboration en France de la science de la sexualité. Au début du XXe siècle, l'intégration de la contraception et de l’homosexualité dans la sexologie s'opposent aux perspectives médicales. Cet ouvrage de référence a ouvert de nouvelles perspectives de recherches dans l’histoire des sexualités[10].

Dans sa recension du livre, l'historienne Nicole Edelman écrit que Sylvie Chaperon explore un "champ nouveau de l’histoire"[11].

Publications

Ouvrages

  • Sylvie Chaperon, Les origines de la sexologie, 1850-1900, Paris, Payot, , 351 p. (ISBN 978-2-228-90752-1)
  • Sylvie Chaperon, Les annĂ©es Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, , 430 p. (ISBN 2-213-60542-4)

Direction d'ouvrages

  • Christine Bard et Syvie Chaperon, Dictionnaire des fĂ©ministes : France, XVIIIe – XXIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, , 1700 p. (ISBN 978-2-13-078720-4)
  • RĂ©gis Revenin, Sylvie Chaperon, Emmanuelle RĂ©taillaud-Bajac, Christelle Taraud, Éros parisien, Paris, Genre, sexualitĂ© & sociĂ©tĂ©, (lire en ligne)
  • Sylvie Chaperon, Genre et expertise psychiatrique, Paris, Histoire, MĂ©decine et SantĂ©, , 126 p.
  • Sylvie Chaperon et Christelle Taraud, HomosexualitĂ©s europĂ©ennes, Paris, Cahiers d'histoire, , 213 p.
  • Sylvie Chaperon, Travail, pouvoir, justice : questions de genre, Toulouse, Cahiers de FRAMESPA, , 200 p.
  • Sylvie Chaperon, La mĂ©decine du sexe et les femmes : anthologies des perversions fĂ©minines au XIXe siècle, Paris, La Musardine, , 198 p. (ISBN 978-2-84271-385-0)
  • Christine Delphy et Sylvie Chaperon ; avec la collaboration de Kata et Edward Fullbrook, Actes du colloque "Cinquantenaire du Deuxième sexe", Paris, 19-23 janvier 1999, Paris, Syllepse, , 523 p. (ISBN 2-913165-61-3)

Notes et références

  1. Sylvie Chaperon, « Du féminisme à la sexologie : un parcours en Histoire », Genre, sexualité & société, no 4,‎ (ISSN 2104-3736, DOI 10.4000/gss.1672, lire en ligne, consulté le )
  2. « CONCOURS Agrégation », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. Hurtig Marie-Claude (dir) et al., Sexe et genre. De la hiérarchie entre les sexes, Paris, CNRS,
  4. « Sylvie Chaperon - Babelio », sur www.babelio.com (consulté le )
  5. Sylvie Chaperon, « FRAMESPA : UMR 5136 - CHAPERON Sylvie », sur framespa.univ-tlse2.fr (consulté le )
  6. Yannick Ripa, « Deuxième sexe, demi -siècle », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Par Virginie Ballet, « Sylvie Chaperon : «A la fin du XIXe siècle, le mouvement féministe a été caricaturé» », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Mathilde Dubesset et Sylvie Chaperon, « Les années Beauvoir (1945-1970) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, Paris, Fayard, no 14,‎ , p. 256–258 (ISSN 1252-7017, lire en ligne, consulté le )
  9. Grégory Quin, « Sylvie Chaperon, La médecine du sexe et les femmes, Paris, La Musardine, 2008, 198 p. », Genre & Histoire, no 6,‎ (ISSN 2102-5886, lire en ligne, consulté le )
  10. Anne-Claire Rebreyend, « Sylvie Chaperon, Les origines de la sexologie (1850-1900) », Genre & Histoire, no 2,‎ (ISSN 2102-5886, lire en ligne, consulté le )
  11. Nicole Edelman in Clio. Femmes, Genre, Histoire, numéro 31, année 2010, visible sur https://journals.openedition.org/clio/9769

Articles connexes

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