Église de la Dîme
L'église de la Dormition de la Vierge de Kiev appelée communément église de la Dîme est le premier édifice religieux en pierre dans le monde slave oriental (Russie, Ukraine et Biélorussie). Elle a pour cette raison une forte charge symbolique dans l'histoire de l'Ukraine.
Église de la Dîme | ||
Ruines de l'église de la Dîme autour de 1650, par Abraham van Westerveld | ||
Présentation | ||
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Culte | Église orthodoxe | |
Rattachement | Patriarcat œcuménique de Constantinople | |
Début de la construction | 996 | |
Date de démolition | 1935 | |
Protection | Registre national des monuments immeubles d'Ukraine[1] | |
Géographie | ||
Pays | Ukraine | |
Ville | Kiev | |
Coordonnées | 50° 27′ 28″ nord, 30° 31′ 03″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
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Construction
Peu après son baptême en 988, Vladimir Ier ordonne la construction d'une église en bois St Basile (première église enregistrée de la Rus') et d'une cathédrale en bois Ste Sophie (brûlée en 1017)[2].
Des architectes grecs sont ensuite convoqués pour bâtir une église en pierre, et c'est en 996 qu'est achevée l'église de la Dormition de la Vierge. Les reliques - notamment celles de saint Clément de Rome et les objets liturgiques rapportés de Chersonèse par Vladimir y sont apportés, et le clergé grec y officie [3]; elle est appelée église de la Dîme (Dessiatinnaïa) à cause de l'impôt que lui octroyait Vladimir.
Elle n'est consacrée qu'en 1039 par le métropolite de Kiev Theopemptus[4] ; sans doute, entre 996 et 1039, plusieurs années ont-elles été nécessaires pour faire sécher les fresques et ajouter des galeries, puisque les recherches entreprises sur les fondations tendent à montrer que la construction se serait déroulée en 2 étapes[5].
Histoire
L'église servait de chapelle palatine ou de cathédrale[6]. Elle servit aussi de sépulture royale : ainsi, par ordonnance de Vladimir, les restes de sa grand-mère Olga, première souveraine chrétienne de la Russie kiévienne, y sont inhumés. Vladimir et sa femme Anna Porphyrogénète, sœur de l'empereur byzantin Basile III, y sont également enterrés.
En 1240, pendant le siège de Kiev, l'église a été utilisée par les Kiévains comme dernier refuge alors que la ville était ravagée par les troupes mongoles de Batu Khan, mais elle finit par s'écrouler après avoir été incendiée. La cathédrale de la Transfiguration du Sauveur de Tchernigov (1036) aurait imité, dans son architecture, les dimensions originelles et l'aspect extérieur de l'église de la Dîme.
Dans les années 1630, une église en bois Saint-Nicolas est érigée sur le site à l'initiative de Pierre Movilă. Entre 1828 et 1842, par ordre des autorités impériales russes, une nouvelle église de la Dîme a été construite en pierre d'après les plans de Vassili Stassov, complètement différents du style original byzantin. En 1935, l'église fut détruite par les autorités soviétiques ukrainiennes.
Dans la ligne des réalisations monumentales des rives du Dnepr
Elle s'inscrit dans une série de monuments ponctuant la ligne des collines escarpées des rives du Dnepr (de l'amont vers l'aval) : monument à saint Vladimir, monument aux droits de Magdebourg, arche de l'amitié entre les peuples, monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale, et statue de la Mère-Patrie. Si le sommet des collines était surtout occupé par de multiples églises et monastères, nombreux sont ceux qui ont été dynamités par les autorités soviétiques dans les années 1920 et 30. On compte aujourd'hui (de l'amont vers l'aval) le monastère de Saint-Cyrille, l'église Saint-André, le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or (détruit pour laisser place à un ensemble monumental à Lénine et reconstruit), la tombe d'Askold, la laure des Grottes de Kiev et le monastère Saint-Michel-de-Vydoubytch.
Reconstruction
Un plan controversé de reconstruction de l'église est actuellement en cours d'examen à Kiev.
Notes et références
- numéro : 80-391-0115
- Kronika Thietmara, Ed Marian Z. Jedlicki, Poznan, 1953, p. 573 (VII.32)
- selon la Chronique de Nikon, 989
- Chronique des temps passés, année 1039: « L'église de la sainte Mère de Dieu, bâtie par Vladimir, le père de Iaroslav, fut consacrée par le métropolite Théopemptus »
- Sophia Senyk, A history of the Church in Ukraine, in Orientalia Christiana Analecta, Rome, Pontificio Istituto Orientale, vol. 1 (sur 5 prévus), 1993, p. 84
- Vladimir Vodoff, Naissance de la chrétienté russe : la conversion du prince Vladimir de Kiev (988) et ses conséquences (XIe et XIIe siècles), Fayard, 1988, p. 88-92
Voir aussi
Bibliographie
- Jannic Durand, « Les premiers édifices chrétiens de Kiev », Histoire de l'art, no 91 : Ukraine, 2023. (ISBN 9782909196374)
Article connexe
- Pillier Sainte-Irène : le vestige d'un autre monastère voisin disparu.