Église Saint-Thomas de Leipzig
L'église Saint-Thomas (en allemand : Thomaskirche) est une église de Leipzig célèbre pour avoir été l'endroit où Jean-Sébastien Bach a travaillé comme maître de chapelle. Elle héberge un chœur de garçons de renommée mondiale, le Thomanerchor. Citée pour la première fois en 1212 dans la charte de fondation du couvent des chanoines des Augustins, l'église Saint-Thomas ne reçut sa forme actuelle d'église à trois nefs qu'à la fin du XVe siècle.
Église Saint-Thomas | ||
Présentation | ||
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Nom local | Thomaskirche | |
Culte | Luthérien | |
Type | Église | |
Rattachement | Église régionale évangélique luthérienne de Saxe | |
Début de la construction | XIIe siècle | |
Fin des travaux | XIIIe siècle | |
Style dominant | Gothique et néogothique | |
Site web | www.thomaskirche.org | |
Géographie | ||
Pays | Allemagne | |
Région | Saxe | |
Département | Leipzig | |
Ville | Leipzig | |
Coordonnées | 51° 20′ 21″ nord, 12° 22′ 21″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
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Le bâtiment
Histoire
Au début du XIIe, le margrave de Meissen, Otton le Riche, accorde au château et au bourg de Libzi[1] les privilèges d'une ville. C'est de cette époque que datent les soubassements d'une église qui ont été mis au jour lors des fouilles au niveau du chœur et de la croisée du transept de l'église Saint-Thomas. Cette première église dont on ne sait rien de plus précis fut le premier bâtiment du chapitre des chanoines Augustins créé en 1212 par le margrave Dietrich. Les bâtiments conventuels furent détruits en 1541 lors de la disparition de la communauté monastique.
Les premières modifications du style roman au style gothique sont opérées dès 1355 dans le chœur de l'église. À la suite de la découverte à la fin du XVe siècle de gisements d'argent dans les monts Métallifères au sud de Leipzig, la ville connaît un essor économique important qui entraîne la rénovation et l'agrandissement des églises de la ville sur une période d'environ 40 ans. Ainsi en 1482, la nef romane de l'église Saint-Thomas est démolie puis remplacée dans un style gothique tardif, celui de l'église-halle. Elle est consacrée en avril 1496 par le prince-évêque de Mersebourg. Plusieurs chapelles et une avancée flanquée de deux cages d'escaliers masquant entièrement la partie nord de la nef sont construites au XVIIe siècle puis enlevées au XIXe siècle.
L'église originellement affectée au culte catholique romain fut convertie en lieu de culte protestant luthérien au cours de la Réforme. Luther y prêcha à l'occasion de la Pentecôte 1539.
Le décor intérieur quant à lui a été continuellement modifié pour s'adapter au nouveau culte luthérien et aux goûts du moment influencés par la prospérité économique de la ville. Les modifications les plus importantes sont issues de la rénovation des années 1884 à 1889. À cette occasion la presque totalité des éléments baroques, et en particulier ceux du temps de Jean-Sébastien Bach, furent enlevés. Depuis lors l'intérieur de l'église est dans un style néogothique. C'est encore de cette époque que datent la chaire et le portail principal sur le côté ouest. Le rénovation de 1961 à 1964 a été faite de façon à mettre les caractéristiques de l'église-halle en valeur.
La réunification des deux Allemagne en 1990 permet d'entreprendre la nécessaire restauration en profondeur de l'église Saint-Thomas. Elle a pu être achevée presque entièrement pour les 250 ans de la mort de Bach le . L'installation d'un nouvel orgue appelé "l'orgue de Bach" fait partie intégrante de ce projet.
Structure
La longueur totale de l'église est de 76 m, celle de la nef de 50 m, sa largeur de 25 m et sa hauteur intérieure de 18 m. Le toit a une pente inhabituelle de 63° et son intérieur s'étage en 7 niveaux représentant une hauteur de 45 m. Enfin, la tour mesure 68 m.
Œuvres d'art
Tout comme les autres éléments de l'église Saint-Thomas, les œuvres d'art présentes à l'intérieur du bâtiment ont été ajoutées, modifiées, rénovées au fil des siècles.
Les fonts baptismaux en albâtre ont été créés par Franz Döeteber entre 1614 et 1615. Des scènes bibliques en décorent le pourtour. Le retable situé dans le chœur, œuvre d'un artiste inconnu du XVe siècle, se trouvait à l'origine dans l'église Saint-Paul qui fut détruite à l'explosif en 1968. Des tableaux des surintendants des paroisses de Leipzig tapissent les murs entourant le chœur. Les plus anciens d'entre eux datent de 1614. Sous l'épitaphe en bronze repose depuis 1950 la dépouille de Jean-Sébastien Bach. Celle-ci fut retrouvée en 1894 dans le cimetière paroissial de l'église Saint-Jean mais ne reposa pas à l'intérieur même de l'église avant 1900. La destruction de la quasi-totalité du bâtiment pendant la seconde Guerre mondiale entraîna le transfert de la dépouille à l'église Saint-Thomas. L'église Saint-Thomas fut d'ailleurs elle-même touchée au niveau de la tour par le bombardement Allié du à Leipzig. L'église renferme de nombreuses autres épitaphes, la plus ancienne étant celle du chevalier Harras, mort en 1451, qui se trouve sous la galerie sud à gauche de l'entrée latérale. Celle dédiée en 1612 au conseiller Daniel Leicher est située dans la croisée du transept nord.
À l'origine l'église Saint-Thomas ne disposait que de vitraux à motifs simples. Ce n'est qu'en 1889 que les vitraux du chœur et de la face sud sont installés. Ceux du chœur représentent l'histoire du Christ, depuis sa naissance jusqu'à sa résurrection. Sur les fenêtres du côté sud, restaurées après la première Guerre mondiale, on peut voir — d'est en ouest — le vitrail commémorant les morts de la Grande Guerre ainsi que des vitraux représentant Gustave II Adolphe de Suède, Jean-Sébastien Bach, Martin Luther entouré du Prince-Électeur Frédéric III le Sage et de Philippe Melanchthon, l'empereur Guillaume Ier L'unique vitrail à avoir été détruit pendant la guerre est remplacé en par le « vitrail de Saint-Thomas » (Thomasfenster).
Orgues et instruments
Les orgues de l'époque de Bach n'existent plus. L'orgue qui se trouve sur la tribune des choristes à l'ouest fut construit en 1889, pendant la grande rénovation, par l'organier Wilhelm Sauer. Il est particulièrement adapté à la musique romantique.Il était à l'origine composé de 63 jeux sonnants et en possède maintenant 88. En 1967, un deuxième orgue, construit par Alexander Schuke, fut installé dans la partie nord-est du bâtiment, puis transféré en 1999 dans la cathédrale Sainte-Marie de Fürstenwalde. Pendant l'an 2000, l'« année Bach »[2], a été créé le nouvel orgue "Bach", sur la galerie nord, en face de la fenêtre de Bach (Bachfenster). Il sert à l'interprétation des œuvres pour orgue de Bach et a été construit par l'atelier Gerald Woehl, facteur d'orgue à Marbourg. La tonalité de cet ouvrage avec ses 61 registres, 4 claviers manuels et pédales, s'apparente à celle de la construction d'orgue de l'Allemagne centrale du XVIIIe siècle. La forme du buffet s'inspire de l'orgue qui se trouvait dans l'église de l'université de Leipzig (église Saint-Paul), détruite depuis, et sur lequel Bach avait l'habitude de jouer ; sa façade est décorée de son monogramme.
Dans la sacristie du sud de l'église Saint-Thomas sont exposés des instruments de musique qui datent de l'époque où Bach était cantor : Deux violons, un alto, un violoncelle et deux timbales.
Le chœur de Saint-Thomas (Thomanerchor)
C'est dans un document datant de 1254 que le chœur Saint-Thomas (en allemand, le Thomanerchor) a été mentionné pour la première fois. Mais on peut supposer que le chœur a été créé avec le monastère. Le chœur qui était composé du temps de Bach de cinquante-quatre chanteurs en compte aujourd'hui cent. Sa mission est, parmi d'autres choses, de faire entendre l'œuvre de Bach dans les offices religieux hebdomadaires. Il y donne ses cantates et ses motets, mais aussi des œuvres de différents auteurs, et y interprète annuellement l'oratorio de Noël de Bach, et l'une de ses deux passions (selon saint Mathieu ou selon saint Jean).
Jean-Sébastien Bach a été maître de chapelle (Kantor) à l'église Saint-Thomas de 1723 jusqu'à sa mort le .
Références
- (de) Carl Niedner: Das Patrozinium der Augustiner-Chorherren-Stiftskirche St. Thomae zu Leipzig. Untersuchungen zur Frühgeschichte der Bach-Kirche und der Leipziger Altstadt. VEB Bibliographisches Institut, Leipzig 1952
- (de) Gunter Hempel: Episoden um die Thomaskirche und die Thomaner. Tauchaer Verlag, Taucha 1997 (ISBN 3-910074-67-7)
- Stefan Altner: Thomanerchor und Thomaskirche. Historisches und Gegenwärtiges in Bildern. Tauchaer Verlag, Taucha 1998 (ISBN 3-910074-84-7)
- (de) Martin Petzoldt: St. Thomas zu Leipzig. Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig 2000 (ISBN 3-374-01842-4)
- (de) Christian Wolff: Die Thomaskanzel. Orientierung zwischen Zweifel und Gewissheit. Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig 2004 (ISBN 3-374-02122-0)
- (de) Christian Wolff (Hrsg.): St. Thomas Church in Leipzig. A Place of Faith, Spirit and Music. Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig 2004 (ISBN 3-374-02190-5)
- (de) Christian Wolff (Hrsg.): Die Thomaskirche zu Leipzig. Ort des Glaubens, des Geistes, der Musik. Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig 2004 (ISBN 3-374-02169-7)
- (de) Christian Wolff (Hrsg.): Die Orgeln der Thomaskirche zu Leipzig. Evangangelische Verlagsanstalt, Leipzig 2005 (ISBN 3-374-02300-2)
- (fr) Pasteur Christian Wolff (trad. C. et M. Chautard), L'église St. Thomas : petit guide en langue française, Druckerei Böhlau, Leipzig, 2005
- (de) Encyclopédie de Leipzig en ligne (Leipzig-Lexikon), « Thomaskirche », (page consultée le ), <http://www.leipzig-lexikon.de/KIRCHEN/THOMAS.HTM>
Notes
- Ancien nom de Leipzig. Voir : Histoire médiévale et moderne de Leipzig
- Site du Ministère de la culture et de la communication, Célébrations nationales : 2000, (page consultée le ), <http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2000/bach.htm>
Liens externes
- (de) + (en) <www.ThomasKirche.org>, Site officiel de l'église Saint-Thomas
- (de) Thomaskirche, in: Stadt Leipzig, Dezernat Stadtentwicklung und Bau (Hrsg.), Leipzig-Innenstadt. Städtebaulicher Denkmalschutz 1994-2017, Beiträge zur Stadtentwicklung (Blaue Reihe), Heft 61, o.J., p. 26 f.