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Église Saint-Michel de Franceville

L'église Saint-Michel de Franceville, située dans l'actuel quartier d'El Omrane à Tunis en Tunisie, est une église catholique construite en 1949 à l'époque du protectorat français. Cédée au gouvernement tunisien en 1964, elle abrite de nos jours l'Institut supérieur d'art dramatique de Tunis.

Église Saint-Michel de Franceville
Image illustrative de l’article Église Saint-Michel de Franceville
Vue de l'édifice dans les années 1950.
Présentation
Culte Catholicisme
DĂ©but de la construction 1941
Fin des travaux 1949
Architecte René Moyen
Date de désacralisation 1964
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Tunis
Ville Tunis
CoordonnĂ©es 36° 48′ 52″ nord, 10° 10′ 01″ est

Construction de l'Ă©glise

La création par la société Franceville d'un centre de colonisation est à l'origine de la naissance de la ville et de son nom. Lors de la division de ce domaine en parcelles en 1923, deux de celles-ci sont réservées pour l'édification d'une chapelle et de son presbytère[1]. Si les archives gardent la trace d'un appel aux dons des fidèles pour construire ce lieu de culte, on n'a aucune trace de son emplacement, ni de sa date de construction[2].

L'augmentation de la population europĂ©enne de la ville justifie qu'elle soit Ă©rigĂ©e en paroisse le . Un nouvel appel aux dons est alors lancĂ© pour construire une Ă©glise suffisamment vaste pour rassembler les fidèles et un terrain d'une superficie de quatre ares 23 centiares est achetĂ© par le diocèse Ă  la SociĂ©tĂ© d'habitations Ă  bon marchĂ©[2].

La première pierre est posĂ©e en 1941 mais l'insuffisance des financements explique que la construction de l'Ă©difice se fasse par tranches. Si les dons des paroissiens se montent Ă  un million de francs[1], la rĂ©sidence gĂ©nĂ©rale accorde Ă©galement une subvention en 1941 et en 1947 pour un montant de 200 000 francs. MĂŞme la famille beylicale participe financièrement Ă  l'occasion d'un concert de soutien en 1944. Pour encourager les bonnes volontĂ©s, les noms des membres fondateurs (avec un don supĂ©rieur Ă  1 000 francs) et des membres bienfaiteurs (avec un don supĂ©rieur Ă  500 francs) sont inscrits sur les parois de l'Ă©glise[3].

Le chantier n'est achevé qu'en 1949. Le , les trois cloches sont mises en place et portent les noms de Vérité, Justice et Charité. Le , les vitraux, commandés au maître-verrier Montfollet, sont inaugurés. Devant l'incompréhension des fidèles présents, leur concepteur doit expliquer leur signification ; celui du milieu avec un lys représente l'Amour et la Charité tandis, que sur un autre vitrail, un cierge symbolise la Vierge Marie[4]. Les noms de certains donateurs sont toujours visibles sur les vitraux[5].

Architecture de l'Ă©difice

Les travaux ont été réalisés par l'entrepreneur Nicosio Vivona d'après des plans de l'architecte René Moyen. Comme beaucoup d'édifices de cette époque, le béton armé est largement employé en remplacement des pierres de taille généralement utilisées auparavant dans les constructions d'églises.

L'église est constituée de trois nefs séparées par deux grands arcs en béton armé. On accède à chacune de ces nefs par une porte encastrée dans un encadrement en forme d'arc ogival, la porte centrale étant la plus grande[6]. La façade est ornée d'une statue représentant l'archange saint Michel brandissant une croix latine. Un clocher, dont la section carrée diminue avec la hauteur, surplombe la nef droite. Chaque face de cette tour est percée jusqu'au sommet par un bandeau de claustras formés de quatre carrés fermés par des plaques de verre. Sa partie supérieure est équipée d'abat-sons superposés prenant ainsi la forme d'une tente.

Les murs sont construits en béton armé sur un soubassement en pierres de taille. La façade latérale droite est percée d'une haute fenêtre à baie ogivale unique et d'une rosace composée de cinq baies géminées. La façade latérale gauche présente la même rosace mais la haute fenêtre est remplacée par une fenêtre à deux baies jumelées[7].

Le narthex à l'entrée de l'église est également séparé des nefs par des arcs ogivaux en béton armé. C'est également ce matériau qui est utilisé pour la construction de la voûte en berceau de la nef centrale. L'abside de forme rectangulaire est orné d'une grande croix latine[8].

Bâtiment après l'indépendance

Un recensement de 1952 rĂ©vèle que la paroisse de Franceville compte 2 500 catholiques dont 406 sont pratiquants. Quatre ans plus tard, l'indĂ©pendance de la Tunisie provoque le dĂ©part de nombreux EuropĂ©ens. Cela n'empĂŞche pas l'archevĂŞque de Carthage, Mgr Maurice Perrin, d'inaugurer le nouvel harmonium Ă©lectrique le . Mais il ne reste dĂ©jĂ  plus Ă  cette Ă©poque que 160 familles sur les 700 qui peuplaient la paroisse en 1954[9].

L'église est finalement fermée à l'occasion du modus vivendi signé entre le gouvernement tunisien et le Vatican le . Le bâtiment est cédé gratuitement avec l'assurance qu'il ne sera utilisé qu'à des fins d'intérêt public compatibles avec son ancienne destination[10].

Il abrite désormais l'Institut supérieur d'art dramatique de Tunis[2]. La statue de l'archange saint Michel a disparu, remplacée par des fenêtres[6], mais le reste du bâtiment a été à peu près préservé. Même les cloches sont toujours en place[11].

Vie de la paroisse de Franceville[9]
BaptĂŞmes Mariages SĂ©pultures
1953622015
1954661318
1955612215
1956501720
195754159
195823109

Curés de la paroisse

  • AbbĂ© AbĂ©la (1940-1948) ;
  • AbbĂ© Rost (1948-1964).

Notes et références

  1. François Dornier (préf. Fouad Twal), La Vie des catholiques en Tunisie au fil des ans, Tunis, Imprimerie Finzi, , 643 p., p. 195.
  2. Saloua Ouerghemmi, Les églises catholiques de Tunisie à l'époque coloniale : étude historique et architecturale, Tunis/Tours, Université de Tunis-El Manar/Université de Tours, , p. 222.
  3. Ouerghemmi 2011, p. 223.
  4. Dornier 2000, p. 196.
  5. Ouerghemmi 2011, p. 228.
  6. Ouerghemmi 2011, p. 224.
  7. Ouerghemmi 2011, p. 225.
  8. Ouerghemmi 2011, p. 227.
  9. Dornier 2000, p. 197.
  10. « Modus vivendi entre le Saint Siège et la République tunisienne » [PDF], sur iuscangreg.it (consulté le ).
  11. Ouerghemmi 2011, p. 226.
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