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Église Saint-Germain de Barneville

L'église Saint-Germain de Barneville est un édifice catholique, du XIIe siècle, très remaniée aux XVe, XVIIe, XVIIIe et notamment au XIXe siècle, placé sous le vocable de Germain d'Auxerre, qui se dresse sur le territoire de l'ancienne commune française de Barneville-sur-Mer, dans le département de la Manche, en région Normandie.

Église Saint-Germain de Barneville
Présentation
Type
Fondation
XIIe siècle
Style
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
49° 22′ 51″ N, 1° 45′ 05″ O
Carte

L'église est classée aux monuments historiques.

Localisation

L'église Saint-Germain est située sur le territoire de Barneville-sur-Mer commune intégrée à Barneville-Carteret, dans le département français de la Manche. Elle est édifiée à côté d'une motte castrale surmontée d'un calvaire dite « le tertre à Malet ».

Historique

On attribue la fondation de l'église à Roger de Barneville, mort en 1096[1] au cours de la première croisade, mais elle pourrait avoir été construite par son fils, Jourdain Ier de Barneville, vers 1150[1] - [note 1]. Une charte de cette époque nous apprend que Jourdain Ier donne des terres en alleux (allodiis de novo burgo apud Barnevillam), ce qui entraîna sans aucun doute une augmentation de la population du bourg et par voie de conséquence le besoin d'agrandissement de l'église. L'église est donné à l'abbaye de Grestain par Robert de Mortain († 1091), demi-frère de Guillaume le Conquérant. Robert donna, en plus des dîmes et du droit de patronage de l'église, quelques pièces de terres qui furent constitués en fief connu jusqu'à la Révolution sous le nom de fief de Grestain. C'est l'abbé de Grestain, qui nomme à la cure, perçoit les deux tiers des dîmes et sur son fief, des rentes en argent, grains, œufs et oiseaux. Le seigneur de Barneville n'est que patron honorifique[2].

Selon Robert Blondel, chroniqueur normand[note 2], en , lors de la reconquête de la Normandie par le roi de France, à la fin de la guerre de Cent Ans, une compagnie d'Écossais[note 3], enrôlée dans l'armée du roi de France Charles VII, qui s'y était retranchée afin de surveiller les havres de Carteret et de Portbail, résista aux assiégeant anglais venus de la garnison du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte[4]. Les Anglais ne parvinrent pas à pénétrer à l'intérieur de l'église[5].

Le , la déclaration de la cure faite par le curé Pierre Le Cannellier précise : « le domaine (du bénéfice cure) consiste au manoir presbytéral dudit lieu à usage de salle… ». Le revenu annuel de la cure est en 1692 de 350 livres[2].

Dans le chœur de l'église, fut inhumé par le curé du Rosel, en 1764, le corps du seigneur de Graffard, Pierre-Georges-François Pitteboult, époux d'Anne-Catherine de Hennot du Rosel, en présence d'un grand nombre d'ecclésiastiques[6].

Description

L'église Saint-Germain de Barneville adopte un plan rectangulaire sans transept à deux élévations : arcades et fenêtres hautes[7]. La nef romane du 2e quart du XIIe siècle à collatéraux[8], arbore de grandes arcades moulurées de bâtons brisés et de frettes décorées de chapiteaux à décor historié : lions, griffons, dragons, Daniel dans la fosse aux lions, baptême du Christ, végétaux, entrelacs[3]. Elle est composée de cinq travées qui ont été couvertes en croisée d'ogives en 1891[1]. Avant cette date, la nef devait probablement être couverte par une charpente[7] et un plafond plat. Les bas-côtés ont été refaits au XVIIe siècle[9]. Le porche d'entrée ouest date également de 1891[1], et est un pastiche du porche roman conservé dans le bas-côté nord. Le chœur a été refait au XIXe siècle[8].

L'église, comme beaucoup d'églises situées sur la côte du Cotentin, possède une tour carrée remontant au XIIe siècle, rehaussée et fortifiée au XIVe siècle[1] pendant la guerre de Cent Ans, appuyée ici sur le côté sud. On retrouve notamment ce type de clocher-tour à Portbail, La Haye du Puits ou Saint-Germain-sur-Ay. La tour est couronnée de mâchicoulis sur arc[note 4] s’appuyant sur des corbeaux réemployant des éléments de sarcophages dont on peut encore distinguer le décor. On y trouve une salle de garde pourvue d'une cheminée et elle est percée de trous de fusil. On y accède par une porte située dans la cinquième travée de la nef. La tourelle d'escalier ne datant que de 1726[1]. Entièrement reprise au XVe siècle, la base de la tour a conservé des parements en opus spicatum[10], ce qui laisse supposer, tout comme son vocable ancien, à l'existence d'une église pré-romane.

Protection aux monuments historiques

L'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du [11].

Mobilier

L'église abrite notamment un ancien maître-autel du XVIIIe siècle[8], des statues de saint Sébastien (XVIe siècle, et une Vierge à l'Enfant (XVIIIe siècle)[12].

Notes et références

Notes

  1. L'examen archéologique ne permet pas de faire remonter la construction de l'édifice au-delà du milieu du XIIe siècle[2].
  2. Robert Blondel est alors partisan du roi de France[3].
  3. Bernage précise qu'ils étaient quatorze[3].
  4. On retrouve l'arc arrondi au-dessus du mâchicoulis, variante locale dans l'architecture médiévale militaire à la La Haye-du-Puits et à Portbail[3].

Références

  1. Jeannine Bavay, « Barneville », Vikland, la revue du Cotentin, no 2,‎ juillet-août-septembre 2012, p. 14 (ISSN 0224-7992).
  2. Jean Barros, Le canton de Barneville-Carteret, t. 1, Valognes, Éditions de la Côte des Isles, , 391 p. (ISBN 2-9505339-0-6), p. 21.
  3. Georges Bernage, « La presqu'île du Cotentin - Le Bauptois », dans La Normandie médiévale : 10 itinéraires, Éditions Heimdal, coll. « La France Médiévale », , 174 p. (ISBN 2-902171-18-8), p. 21.
  4. Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 176 p. (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 35.
  5. Barros 1991, p. 25.
  6. Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 24.
  7. Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN 2-7134-0053-8), p. 123.
  8. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 54.
  9. Beck 1981, p. 155.
  10. Julien Deshayes, « L'église Saint-Pair de Digulleville et sa tour clocher préromane », Vikland, la revue du Cotentin, no 32,‎ février-mars-avril 2020, p. 31 (ISSN 0224-7992).
  11. « Église de Barneville », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 72.

Voir aussi

Bibliographie

  • Émile Travers, « L'église de Barneville », dans La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. : Manche 1re partie, Le Havre, Lemale & Cie, imprimeurs éditeurs, (lire en ligne), p. 331-332
  • Jean-Jacque Bertaux, « L'église de Barneville », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, , p. 93-108

Articles connexes

Liens externes

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