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Écriture de l'Indus

Le terme écriture de l'Indus fait référence à des suites de symboles associées à la civilisation de la vallée de l'Indus (Afghanistan, Inde, Pakistan actuels), au cours de la période allant de 3200 à La plupart des signes ont été trouvés sur des sceaux, bien qu'ils soient présents aussi sur une douzaine d'autres supports.

Écriture de l'Indus
Image illustrative de l’article Écriture de l'Indus
Sceaux harappéens (British Museum)
Caractéristiques
Type Non déchiffrée (généralement considérée comme logographique, syllabique ou un mélange des deux)
Langue(s) Inconnue
Historique
Époque 2600 - 1900 av. J.-C.
Codage
ISO 15924 Inds

Historique

La premiĂšre publication concernant les sceaux de Harappa date de 1875, sous la forme de dessins rĂ©alisĂ©s par le britannique Alexander Cunningham. Depuis, plus de 4 000 objets portant des symboles indusiens ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, certains aussi loin qu'en MĂ©sopotamie, rĂ©gion avec laquelle les Indusiens Ă©taient trĂšs probablement en relation commerciale. AprĂšs , l'utilisation de ces symboles s'arrĂȘte avec la disparition de la civilisation de la vallĂ©e de l'Indus.

Les premiers chercheurs, dont Cunningham en 1877, pensaient que cette Ă©criture pouvait ĂȘtre un ancĂȘtre de la brahmi, l'Ă©criture alphasyllabaire utilisĂ©e sous le roi indien Ashoka, au IIIe siĂšcle av. J.-C., et ancĂȘtre des Ă©critures indiennes actuelles. Les chercheurs modernes voient plutĂŽt dans la brahmi un dĂ©rivĂ© de l'Ă©criture aramĂ©enne du Proche-Orient, avec de nombreuses adaptations rendues nĂ©cessaires par la phonologie trĂšs diffĂ©rente entre langues sĂ©mitiques et langues indo-iraniennes.

Le jĂ©suite espagnol Henry Heras, historien et archĂ©ologue enseignant aux facultĂ©s Saint-Xavier Ă  Bombay, a suggĂ©rĂ© le premier, dans les annĂ©es 1950, une approche logo-syllabique, y voyant des signes et caractĂšres linguistiques proto-dravidiens[1] - [alpha 1]. Cette hypothĂšse, reprise par le russe Youri Knorozov, a gagnĂ© en vraisemblance. Elle est acceptĂ©e par l’indianiste finlandais Asko Parpola, qui a Ă©ditĂ© un corpus de plusieurs volumes sur les inscriptions.

Au cours des années, plusieurs déchiffrements de l'écriture de l'Indus ont été proposés, mais aucun n'a trouvé les faveurs de la communauté scientifique dans son ensemble.

Description

On compte plus de 400 signes diffĂ©rents, mais plusieurs d'entre eux sont considĂ©rĂ©s comme des altĂ©rations ou des combinaisons de 200 signes de base.

Le sens de lecture va de droite à gauche puis alterne, selon un mode dit boustrophédon.

Évolutions

Harappéen ancien

Les premiers signes semblent remonter Ă  la pĂ©riode 2800–2600 AEC, trouvĂ©s sur des poteries, des sceaux et des poids, sur le site de Kot Diji[2].

Harappéen mature

Une deuxiĂšme phase dans l'Ă©volution des signes correspond Ă  la pĂ©riode 2600–1900 AEC : des chaĂźnes de signes se trouvent gĂ©nĂ©ralement sur des sceaux plats et rectangulaires, ainsi que sur une multitude d'autres objets, notamment des poteries, des outils, des tablettes et des ornements. Les signes ont Ă©tĂ© Ă©crits en utilisant une variĂ©tĂ© de mĂ©thodes, y compris la sculpture, le ciselage, le gaufrage et la peinture appliquĂ©e Ă  divers matĂ©riaux tels que la terre cuite, le grĂšs, la stĂ©atite, l'os, le coquillage, le cuivre, l'argent et l'or[3].

Harappéen tardif

L'harappĂ©en tardif, Ă  partir de 1900–1300 AEC, correspond Ă  une pĂ©riode de fragmentation des grandes citĂ©s et une forme de relocalisation qui a prĂ©cĂ©dĂ© le dĂ©but de l'Ăąge du fer dans tout le sous-continent indien. Des inscriptions ont Ă©tĂ© trouvĂ©es sur des sites associĂ©s aux phases localisĂ©es de cette pĂ©riode. À Harappa, l'utilisation de ces signes a largement cessĂ©, on ne trouve plus de sceaux inscrits vers 1900 AEC ; cependant, l'utilisation de ces signes peut avoir durĂ© plus longtemps dans d'autres rĂ©gions comme Ă  Ranipur, et dans le Gujarat, en particulier sous la forme de graffitis inscrits sur de la poterie. Certaines inscriptions dĂ©couvertes sur des tessons ressemblent Ă  l'Ă©criture Indus, et sont datĂ©s de 2200-1600 avant notre Ăšre, ils ont Ă©tĂ© trouvĂ©s sur des sites associĂ©s Ă  la culture Daimabad dans l'actuel Maharashtra[2].

Obstacles

Les facteurs suivants sont généralement considérés comme des obstacles majeurs à ce déchiffrage :

  • ni la langue de base, ni la famille Ă  laquelle elle appartient, ne sont identifiĂ©es ;
  • la longueur moyenne des inscriptions est de 5 signes, la plus importante en comportant 26 ;
  • aucun texte bilingue — une espĂšce de pierre de Rosette — n'a Ă©tĂ© mis au jour.

Si les signes étaient purement idéographiques, ils ne contiendraient alors aucune information phonétique sur la langue parlée par leurs créateurs.

Controverse

Certains chercheurs pensent que les signes de l'Indus ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une Ă©criture au vrai sens du terme, mais seulement comme une Ă©ventuelle proto-Ă©criture. Steve Farmer, Richard Sproat et Michael Witzel — respectivement un historien, un linguiste et un indianiste — ont tentĂ© de montrer en 2004 que les suites de symboles de l'Indus ne reprĂ©sentaient pas un texte, ce qui expliquerait la briĂšvetĂ© des inscriptions[4].

Notes et références

Notes

  1. Reconnaissant la contribution majeure faite par Henry Heras, le gouvernement indien a Ă©mis en 1981 un timbre Ă  son effigie, sur lequel il est reprĂ©sentĂ© en compagnie d’une tablette de Mohenjo-daro.

Références

  1. Henry Heras, Studies in Proto-Indo-Mediterranean Culture, Bombay, Indian Historical Research Institute, 1953
  2. (en) [PDF] Jonathan Mark Kenoyer, « The Origin, Context and Function of the Indus Script: Recent Insights from Harappa », in: Proceedings of the Pre-symposium and the 7th ESCA Harvard-Kyoto Roundtable, Kyoto, RIHN, 2006, pp. 9–27.
  3. (en) [PDF] Richard H. Meadow et Jonathan Mark Kenoyer, « Inscribed Objects from Harappa Excavations 1986-2007 », in: Asko Parpola, B. M. Pande, Petteri Koskikallio, (éd.), Corpus of Indus Seals and Inscriptions, vol. 3, New material, untraced objects, and collections outside India and Pakistan, Part 1: Mohenjo-daro and Harappa, Suomalainen Tiedeakatemia, 2010, p. X-XVIII.
  4. Farmer, Sproat et Witzel 2004.

Bibliographie

  • (en) Steve Farmer, Richard Sproat et Michael Witzel, « The collapse of the Indus-script thesis: The myth of a literate Harappan civilization », Electronic Journal of Vedic Studies (EJVS), vol. 11, no 2,‎ , p. 19‒57 (lire en ligne [PDF])

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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